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25.6.16

Not Brexcited

As a former UK resident, friend of British people and fan of British culture, it is of course a dull time for me.

I have to say that I always thought David Cameron was taking a huge risk putting Britain through such a volatile exercise and just for his political career's sake. Part of me knew the British people never fully embraced this European utopia and have always been half-in and half-out. Asking them the question so directly was a real gamble

After all, Britain is the motherland of pragmatism and there has always been something fundamentally non-pragmatic about  the European Union: The European dream and the British cynism have struggled to coexist. And with the difficulties of the single currency, the economic and demographic tensions and Brussels' utter failure to pursue any decent defence or foreign policy agenda, the British Eurosceptic tenors were often proven right in the latest decade. All this made me even more bearish about the outcome of this referendum.  

So if all this was not really a surprise, why was I disappointed today? Maybe because I once fell in love with this brilliant civilization, this precious art of living (even started gardening!) and really enjoyed feeling almost at home there as a European citizen. I never realized that this was fragile and could change one day. When voting for the municipal elections in London, I couldn't imagine that this nice and inclusive European practice would ever die. Also, a French friend rightly told me this afternoon: "the English are a bit like some cousins. They are annoying,m but you still like them. You criticize them, they make fun of you but at the end if the day, they're still family." And I said to myself: "We went through so much together, so the day they decide to go and leave us, we feel lost and sad."

And my most melancholic thought today went to all British soldiers who died on French soil in the battle of the Somme in 1916 or in Normandy in 1944. Their sacrifices granted us a free and peaceful Europe. No Brexit should ever alter this beautiful legacy. 

2.3.12

Kristy, ultime victime d'une jeunesse en crise

Kristy est un jeune de 15 ans torturé et tué par sa grande sœur et son ami qui l’accusaient de sorcellerie. Voila le fait divers qui défraye la chronique londonienne. 130 blessures et une noyade infligées a un jeune enfant qui visitait innocemment sa famille, ça choque, ça interpelle, ça alimente une actualité morose et lasse.


Mais au delà de l’horreur du fait divers et de l’incompréhension qu’il provoque, c’est un peu au débat sur le relativisme et l’anti-relativisme, aux discussions sur les civilisations et à la puissance effrayante de l’obscurantisme qu’on pense aujourd’hui aussi.

Ma pensée du jour n’est pas seulement pour ce jeune, il n’est que l’ultime victime visible de la stupidité et de la régression d’une Europe qui n’arrive plus a éduquer des pans entiers de sa société. Elle n’a plus les moyens financiers et humains de rassembler ses habitants dans un minimum de valeurs communes. Entre ce jeune sacrifié pour sorcellerie et ceux plus chanceux qui qui mènent une vie normale, il y a sans doute des milliers d’enfants qui souffrent. Peut-être pas au point d’être mutilés et paraitre dans la presse comme Kristy, mais ils sont nés dans des cités faites de décadence, chômage et d’ignorance. Dès leur naissance, ils sont embourbés dans une tiers-mondisation rampante aux portes de nos métropoles et ils sont de plus en plus nombreux à patir en silence d’une éducation déficiente et de parents parfois arriérés.

Au lieu de les montrer du doigt à des fins électoralistes et populistes comme en France ou de les ignorer dans une hypocrisie relativiste comme en Angleterre, nos dirigeants devraient se creuser les méninges pour leur tendre la main, les faire sortir de ce marasme La société a elle sa responsabilité, bien sur. Personnellement, je me sens coupable aujourd'hui de ne pas prendre le temps pour donner des cours ou aider ces jeunes en difficulté qui sont de plus en plus nombreux. Je me borne a entrainer des petits Anglais du quartier presque tous les dimanche au tag-rugby mais ils sont tous si bien élevés, mignons et leurs parents sont géniaux. C’est si facile. Ca serait sans doute une autre affaire de faire la même chose dans un council estate (HLM Britannique)! La jeunesse devient un boulet pour l’Europe alors qu’elle devrait en être le moteur.

19.8.11

Circulez, tout va bien en Angleterre

Je m'inquiete des émeutes en Grande-Bretagne.

Conscient du conservatisme de la population et de l’horreur qu’ont les Britanniques du désordre et de la délinquance, le gouvernement de David Cameron s’est concentré sur une politique populiste de répression et de punitions sévères des émeutiers. Même les plus jeunes, même les moins violents et les plus opportunistes des voleurs auraient écopé de peines fermes pour avoir fait trembler l’ordre et la sérénité des bons sujets. On rassure les ménagères et leurs banquiers sur leur Royaume paisible. Apres avoir dû rentrer précipitamment de Toscane à cause cette populace insubordonnée, on lance une guerre ouverte contre les méchants gangs sans aucune peur d’enfoncer les portes ouvertes. Le risque de prisons surpeuplées et surtout le danger de précipiter quelques mauvais gars dans une spirale d’incarcérations et de crime ne sont pas un sujet de conversation à la mode à Londres.

Quelques bonnes volontés ont quand même critiqué cette sur-répression un peu hâtive. Certes, nul n’est mécontent de voir des voyous agressifs et violents derrière les barreaux. Mais on soupçonne à juste titre cette communication intense et événementielle sur la loi, la justice et l’intransigeance du système de masquer un peu vite les problèmes, de cacher les vraies questions que pose cette poussée inattendue de violence. Cette révolte des pauvres contre les riches a bien des airs d’un autre temps. On se rappelle les révoltes médiévales quand les serfs allaient piller le château, on s’inquiète tout comme a Paris en 2005, on se demande comment cela peut-il se passer à  Londres au XXIème siècle. On voudrait chercher des solutions pour que cela ne puisse pas recommencer.

Mais pourquoi les Tories chercheraient ils à  éluder ces questions ? Peut-être parce qu’elles font peur tant elles nous évoquent la décadence de l’Europe et l’émergence d’une néo-prolétariat dans nos banlieues, ces questions feraient donc du mal à la confiance des ménages. Peut-être aussi parce que les champions du pragmatisme de la trempe de David Cameron préfèrent ne pas poser trop de questions quand ils savent bien qu’ils sont a court de véritables réponses.

22.7.11

Murdochtrinement

L'affaire de News of the World secoue le Royaume-Uni. Et à juste titre.

Tout d'abord, la presse puissante de ce pays, moralisatrice et impitoyable avec toute célébrité soupçonnée du moindre méfait, cette presse influente et cynique se retrouve cette fois sur le banc des accusés. Avec un drôle de goût amer de trahison ressenti par ses si nombreux lecteurs qui pensaient à tort pouvoir se fier à leurs journalistes incisifs et enquêteurs pour se défendre contre les abus des classes dirigeantes et des élites.
Aussi, c'est le premier défi de taille que rencontre David Cameron, le premier ministre le plus conservateur qui soit mais qui a conquis le pays par ses bonnes manières, son côté "bon gars" et sa politique de rigueur aussi redoutable que nécessaire. Le voilà éclaboussé par sa connivence avec les Murdoch, le soutien de Newscorp aux Tories, sa relation personnelle avec des journalistes malhonnêtes.
Enfin, le clan Murdoch a montré son image la plus répugnante avec la fermeture du journal incriminé dans l'affaire des écoutes sans le moindre geste de sympathie envers les employés innocents jetés à la rue avec des indemnités de quelques semaines. Cette famille puissante et si riche révèle en quelques jours la cruauté de son système, une presse sans morale prête à tout pour vendre plus, un respect inexistant et un manque total de mea culpa. La Grande-Bretagne elle qui se croyait fière de sa presse libérée et loquace demande désormas des explications et regrette amèrement de s'être laissée Murdochtriner.

4.5.11

Aucune chance

Les Britanniques se prononceront demain par référendum sur un éventuel changement du mode de scrutin. On leur propose de remplacer le scrutin majoritaire à un tour qui écarte les minoritaires et privilégie les deux grands partis par un système proportionnel. Rien de surprenant me diriez-vous, il est injuste que soit élu un candidat qui ne l'aurait jamais emporté s'il y avait un second tour.

Oui mais il y a un gros hic. Ou même plusieurs et je pense que cette réforme ne passera jamais. Le premier problème qui est de taille est le fait que la réforme ne propose pas un second tour mais un vote qui autorise un deuxième choix et donc une complexité inhabituelle outre-Manche. Dans un pays ou on chérit la clarté, la simplicité et le "straight to the point", cette complication a peu de chance de séduire une population peu politisée.

Le deuxième hic est le conservatisme légendaire et l'attachement fort aux traditions. En un peu plus de deux siècles, la France a connu cinq républiques, deux monarchies, deux empires, un Etat fasciste et de nombreuses constitutions alors que Le Royaume-Uni lui n'a pas changé de régime si ce n'est un lent renoncement au pouvoir des aristocrates au profit des roturiers sans textes, ni lois, ni révolutions... Baromètre de cet esprit sarcastique et conservateur, la BBC London a passé les deux derniers jours à se moquer de cette réforme, les journalistes insistant sur son côté incompréhensible. Dans un pays ou l'idéalisme est perçu comme frivole, on a toujours préféré un système simple et injuste à une utopie bien fondée mais confuse.

Enfin, la date du scrutin a été sacrément bien choisie pour minimiser les chances du projet. Est-le choix perfide des Conservateurs qui ont dû accepter ce référendum de mauvaise grâce à la demande des centristes? Tenter de changer le Royaume-Uni au lendemain de célébrations royales qui rendent tout Britannique fier de son passé est une vraie gageure.

Verdict demain!

30.4.11

God save the Prince

Que penser du mariage royal?

Le positif d'abord avec l'admiration pour cette monarchie qui survit a toutes les vicissitudes, cette revanche d'une reine qu'on croyait définitivement affaiblie mais qui nous surprend par sa détermination et sa constance. Le jeune couple est beau: de quoi nous faire oublier les duchesses disgracieuses! on ne pouvait rever de mieux pour héritier du trone, un prince rayonnant, tout de rouge vetu et une jeune et belle Catherine qui devient en une heure la potentielle future reine. Tout faire rever les adolescentes et rassurer les fervents monarchistes.

Un peu d'étonnement quand on admire cette dynastie héritée d'un autre temps, blanche, anglicane et profondément réactionnaire mais qui continue a régner avec ses privilèges et son aristocratie hautaine sur un pays démocratique, cosmopolite, métissé et sur bien d'aspects plus progressiste que de nombreuses  républiques. Fascination des foules: on leur vend un peu de rêve dans les rues de Londres ce matin. Paradoxe de cette patrie du pragmatisme qui s'autorise cette frivolité royale que lui envient peut-être les ministères du tourisme des pays sans roi.

Antipathie enfin du Duc d'Edimbourg et de ce qu'il représente, suspicion sur la Reine elle-même qui n'a invité que des ex-premiers ministres conservateurs et pensée froide pour ces valeurs moins belles que défendent les Windsor, entre chasse a courre et autres privilèges désuets. Quand tout le monde entonne "God save the Queen", on ne peut que sourire de voir un mari chanter un hymne a sa propre épouse et un père de mariée trop heureux et ridiculement plus fervent que jamais. Ironie de cette monarchie qui valse avec les roturiers pour s'inventer un avenir.

23.12.10

Hiver et decadence

Apres mon periple de l’hiver 2009 ou je finis par rejoindre Paris de Londres via Douvres et Calais, je m’etais jure de ne plus vous raconter de voyages transeuropeens sur cette page. Je ne faillirai pas a ce serment meme si ces quatre derniers jours faits de voyage en train entre Milan et Londres (sic) puis deux journees d’attente a Heathrow m’auraient bien inspires.
Je voulais plutot commenter sur la debacle mediatisee de ces entreprises para-publiques comme Aeroports de Paris, BAA en Grande-Bretagne ou Eurostar qui pour le troisieme hiver froid en Europe n’ont toujours pas reussi a mettre en place la moindre des technologies, infrastructures ou processus que nos cousins canadiens ou scandinaves utilisent chaque annee sans encombre pour ne pas se laisser paralyser par la neige.

Mais les insuffisances hivernales sont trop generalisees en Europe Occidentale pour etre attribuees a un individu ou a une entreprise en particulier et laissent a penser qu’elle sont le symptome d’un mal bien plus profond, celui d’une Europe plus vieille, moins reactive, moins dynamique, incapable de s'adapter a une nouvelle donne climatique. A ce propos, simultanement, les Italiens manifestent contre la reforme de leur education sclerosee, les Espagnols protestent contre la refonte de leurs retraites, l’Allemagne se laisse tenter par le protectionnisme monetaire et la France par la xenophobie. Comme si le foid venu et la recession aussi, la decadence insidueuse et rampante de la vieille Europe pouvait se voir davantage tel un veilliard rhumatique qui souffre beacoup plus en hiver.

6.11.10

Pragmatisme ou populisme

Etonnant ballet de Novembre pour nos dirigeants européens. La ou David Cameron excelle par l’application stricte de ses promesses de rigueur dans une ambiance de résignation bien britannique, la ou Nicolas Sarkozy fait passer sa réforme contre toute attente dans une France secouée par les convulsions sociales, Silvio Berlusconi doit s'expliquer sur ses orgies et sombre dans une décadence oubliée depuis les Médicis et Caligula sous l’œil affligé de l’opinion internationale.

En ces jours ou les londoniens arborent le coquelicot rouge en mémoire des soldats tombés, on peut se féliciter de la signature d’accords de coopération entre les armées françaises et britanniques pour son bon sens stratégique et économique mais aussi parce qu’elle rapproche la France et son président d’un premier ministre anglais pragmatique, sobre et poli (eh oui! c'est rare!) plutôt que l’envoyer surfer avec les scandales et le populisme nauséabond. Stratégies qui l’ont malheureusement trop souvent tenté.

29.10.10

Tolérance Zéro

Une chose frappe et indispose les Français résidents a Londres, c’est le respect rigoureux mais parfois extrême qu’ont les Britanniques pour les règles.

« The rules are here for a reason », est une phrase que j’entendis encore hier en atterrissant de Glasgow. Habitué aux compagnies aériennes qui autorisent les téléphones mobiles dès l’atterrissage, j’allumai mon blackberry pour un coup de fil urgent sans imaginer que cela puisse indisposer mon voisin, ultra-soucieux des règlements. Il se met à maugréer si bien que je raccroche rapidement puis tente une explication amicale : « Vous savez, après l’atterrissage de nombreuses compagnies autorisent les téléphones car il n’y a pas de souci réel. Qantas, pourtant une des compagnies les plus rigoureuses en terme de sécurité, l’autorise. » Peine perdue. Mon voisin me rappelle que les règles sont là pour une raison et me sermonne immanquablement sur la sécurité des passagers.

Même constat ce matin en écoutant un audio-reportage sur une descente de la police des frontières sur des travailleurs clandestins dans une banlieue de Londres. On a droit à l’interrogatoire musclé d’une étudiante sri lankaise. Par sa voix chevrotante, on devine le désarroi de l’ouvrière, attrapée en flagrant délit de travailler plus de 20 heures par semaine (la limite légale autorisée pour les étudiants extracommunautaires). Elle est payée 3,50 livres par heure. L’officier de police est agressive et la traite de menteuse. Cette fausse étudiante n’assiste en réalité à aucun cours et sera expulsée illico. Je me surprends à imaginer l’angoisse de cette jeune femme incarcérée hier soir et dont le rêve européen est mort en quelques minutes. Je m’attends à ce que le journaliste nous fasse part de son émotion ou sa sympathie devant ce triste spectacle et la violence de l’interview. Que nenni ! Le reportage est tout juste qualifié d’ "extraordinaire" et la BBC se borne à discuter du montant des amendes infligées à l’employeur.

Le pragmatisme Anglais a ses revers : Des lors qu’il s’agit du respect des règles, l’empathie et la capacité d’écoute frisent souvent le zéro absolu. Heureusement que les Britanniques se rattrapent par leur humour. Apres l’atterrissage d’hier, je raconte l’incident du blackberry à ma collègue anglaise. Elle me dit qu’elle aurait, dans les mêmes circonstances, demandé au voisin moralisateur du feu pour allumer une cigarette.

4.10.10

BBC caustique (ou hypocrite)

Lundi bien gris à Londres.
Le temps diluvien depuis ce weekend s’est désormais allié à un mouvement de grève de l’Underground pour le plus grand bonheur des Londoniens: chaussures mouillées dans des caniveaux débordants, queues interminables, autobus bondés et taxis inexistants. Dans l’impossibilité de rallier Piccadilly, j’annule mon petit déjeuner avec des journalistes et prend la route du bureau en voiture. 45 minutes pour un trajet habituel de 10 minutes, je ne m’en sors en fait pas si mal et cela me permet d’écouter Vanessa Feltz, la caustique animatrice de la BBC London.

Apres avoir diffusé la voix ultra-posh de Boris Johnson, le maire conservateur de Londres qui critique vertement le débrayage alors qu’il est à la conférence Tory à Birmingham, elle interviewe un des chefs de file du mouvement qui prône la grève. Lui n’a pas du tout l’accent d’Eton mais un accent très écossais. Plutôt que l‘attaquer directement, elle le met d’abord en confiance en se positionnant comme arbitre et évoquant les arguments et les contre-arguments. Elle tisse sa toile tout doucement, le ton est amical. Puis elle le malmène un peu en mentionnant que les Oyster cards automatisées devraient forcément conduire à des réductions d’heures et d’effectifs, elle feint de ne pas comprendre pourquoi on s'opposerait a cela. Lui objecte laborieusement que des « mesures exactes» de temps de travail devraient être faites avant de réduire les effectifs et que les Oyster cards ont peut-être créé de nouvelles tâches. Et Vanessa qui reprend son armure foncierement anti-greviste d’attaquer : Des « mesures » ? Pourquoi ne les faites-vous pas vous-même ? Vous empêchez les médecins, les infirmières d’aller travailler avant d’avoir même mesuré ce dont vous parlez etc, etc.… Dans un savant mélange de fausse-objectivité et d'hypocrisie assumée, elle met a mort sa victime. En Angleterre on appelle ca « se faire griller » dans une interview. C’est bien la seule "chaleur" qui se dégage de ce matin maussade.

18.9.10

Le président qui rétrécit?

Les lecteurs réguliers de The Economist connaissent la gallophobie chronique de l’éminent hebdomadaire britannique, sa propension à ne couvrir que les pires vicissitudes de la vie politique et économiques françaises dans des pamphlets antipathiques généralement coiffés de titres moqueurs à moitié en français tels que « Bonjour Tristesse » (qui raillait les taux de suicide élevés en France) il y a quelques mois.

Mais si la couverture de la semaine dernière a atteint un nouveau degré dans la cynisme cinglant du magazine, l’éditorial correspondant est en fait remarquablement plus modéré et, je dois avouer pour une fois, assez objectif. The Economist y reconnaît les talents réformateurs et volontaristes de M. Sarkozy et le potentiel qu’il représentait pour enfin changer la France et la remettre sur les rails de la croissance économique. Mais il regrette aussi les faiblesses du président, l’oubli des valeurs positives qu’il voulait incarner (travail, rigueur, reconnaissance et intégration des minorités), le naufrage réactionnaire de cet été et le fait que l’économie française soit encore à la traine avec des exportations inferieures à celle des Pays-Bas.

Tout cela est très juste et on rêve que le Président lise The Economist plutôt que se perdre dans les querelles stériles de la vie politique actuelle. C’est  aussi en écoutant l’avis de nos meilleurs ennemis et nos plus féroces détracteurs d'outre-manche qu’on peut parfois le mieux progresser. 


8.9.10

Uniformes: pour ou contre?

Parmi les choses importantes de la rentrée, les uniformes tiennent une place de choix dans la société anglaise.

Outre les écoles, ils couvrent énormément de domaines comme les clubs de sport locaux et les corps de métier extrêmement codifiés. La fierté de porter un uniforme, le sens d’appartenance qu’il apporte et le plaisir esthétique qu’il engendre sont des valeurs ancrées dans la culture de ce pays. Au delà des races, des classes et des communautés qui se juxtaposent sans trop se mélanger, les uniformes fédèrent mais ils peuvent aussi exacerber les différences. Quand je vantais l’uniforme de mon fils rentrant a l’école on me fit remarquer que les uniformes scolaires étaient beaux et en bon état dans les écoles privées mais pouvaient très vite devenir des haillons dans les écoles moins favorisées. Sans parler des uniformes d’écolières qui les portent avec le voile islamique autorisé Outre-Manche, défaisant ainsi l’objectif premier de la jupe écossaise et de la veste british.

En France, Xavier Darcos s’est dit favorable au retour des uniformes à l’école. Pour signaler l’appartenance à l’établissement. Mais pour l’instant, aucun geste dans ce sens ne semble s’esquisser sans doute pour des raisons budgétaires. Est-ce une priorité ? Les élèves se sentiraient-ils plus unis et plus solidaires s’ils étaient en uniforme ? Sans doute. Et dans les clubs de football parisiens, des uniformes contribueraient à éviter des clivages entre les « bourges » et les autres. Ce serait un petit geste symbolique pour conjurer la fatalité d’une France qui se désunit.

6.9.10

Rires et Rugby

Une expérience londonienne extrêmement positive est la première session de rugby pour mon fils au Hammersmith and Fulham Rugby club.

Tous les dimanches matin, nous nous retrouverons, parents, enfants et moniteurs bénévoles pour deux heures de jeux. J’ai aimé la joie des enfants habillés aux couleurs rouges du club, le caractère pédagogique de ces jeux, intenses et physiques sans être violents et privilégiant la camaraderie et l’esprit d’équipe. On apprend à tomber sans se faire mal. Les coachs sont drôles, les parents sont encouragés à participer et aider l’encadrement. Et oui, me voilà lancé dans des courses derrière des gamins en furie pour leur attraper (et arracher) leur « tags », sortes de bandelettes adhésives. Cela remplace les plaquages qui sont proscrits pour les plus jeunes…

Beaucoup de rires en conclusion et aussi une certaine admiration pour ce système ouvert, simple et efficace propres à la vie des quartiers anglais. Nous devrions vraiment réfléchir à s'en inspirer en France.

26.7.10

I love Devon


Le Devon. Par sa côte découpée, ses voiliers refugiés dans ses estuaires et son climat capricieux, il ne peut que rappeler la Bretagne. Je suis tombé sous le charme de son bocage vert, une merveille du travail harmonieux de l'Homme et de la Nature, ses routes minuscules taillées dans les feuillages et la vue de la mer qui  apporte comme toujours une délicieuse sensation d'apaisement et de sérénité.

Comme si cet horizon bleu et plat aplanissait les doutes et les aspérités de la vie et que le monotone chant des vagues pouvait bercer à jamais les bien trop grands enfants. Tout cela sans oublier le rituel des baignades dans les eaux glacées et les repas de crabes et de homards fraichement péchés. L’Angleterre comme on l’aime.

25.7.10

Education: France-Angleterre

Nous sommes nombreux à Londres a comparer les systèmes éducatifs Français et Anglo-saxons.

Avec généralement un constat consensuel : Là où l'éducation française prône l’excellence académique et tente de fabriquer des têtes bien pleines, les écoles d’outre-manche préfèrent cultiver la personnalité et la confiance en soi, parfois à outrance. Alors que les élèves talentueux sont poussés jusqu’au bout de leur limites dans les lycées parisiens où règne l’élitisme, ils risquent de s’endormir un peu sur leurs lauriers à Londres mais on leur dit qu’ils sont bons et ca les rend forts. Inversement, l’élève en difficulté sombre plus facilement en France qu’en Angleterre. Il est inondé par la complexité des programmes, écrasé par la culture du reproche et il perd toute envie d’apprendre d’où l’échec patent de l’Education Nationale dans les zones difficiles.

Comme souvent, l’idéal est quelque part au fond de la Manche, entre la rade de Calais et les falaises blanches de Douvres. Mais en France, il faut que nous osions raccourcir les programmes et arrêter de les modifier sans cesse. Simplifions notre cursus pléthorique, concentrons-nous sur les fondamentaux inévitables et mettons moins d’heures de cours mais moins d’élèves dans chaque classe pour leur apprendre - à défaut d'histoire de l'art et de chimie - à être des gens respectables et respectés.

Et le reste du temps, envoyons-les dans les stades, jouer, prendre du plaisir et se libérer de leurs démons.

21.7.10

Restaurant éphémère

Dans cette planète où les tendances apparaissent et s’évanouissent à un rythme accéléré, le concept d’éphémère est plus que jamais d’actualité.

Un ex-garage reconverti en domicile design à Camden, une Italienne Ligure qui aime la cuisine et les gnocchis faits maison, un sympathique banquier-bohème canadien qui n’hésite pas à revêtir des vestes de dictateur indonésien et une vingtaine de convives venues de la City ou de l’Ouest: « Francesca's secret Kitchen » vous offre un brin d’Italie dans un joli jardin du nord de Londres.

Pour ceux comme moi qui ne se remettent pas de leurs expériences italiennes et n’ont pas de projet à Stromboli cet été, c’est une aubaine. Et pour vous qui vous lassez des restaurants du West End où on vous remplit les verres agressivement en vous expliquant qu’il y a un autre service dans quarante minutes, Francesca propose dans son loft une belle alternative insolite et cosmopolite.

http://francescassecretkitchen.wordpress.com/

28.6.10

Comme des enfants

Une des choses que j’aime regarder dans cette coupe du monde de football est l’expression des joueurs prise dans le feu de l’action. Ces prises de vue rapprochées, presque indiscrètes nous offrent une vraie lecture inédite de leurs émotions.
C’est l’ère du football-réalité ! Après des décennies où on observait des surhommes en tout petit, manier le ballon comme des magiciens pour être ensuite incroyablement frustrés par des interviews d’après match affligeantes et sans contenu, voila que nous sommes virtuellement sur le gazon avec eux et que nous les observons sans censure.


Par exemple, que s’est-il passé dans la tête de Frank Lampard juste au moment où il apprend que son but (pourtant si juste) n’est pas validé à cause d'une erreur d'arbitrage ? C'est son seul but de la coupe du monde et sans doute sa dernière occasion. Le joueur bellâtre du Chelsea qu’on croyait imbu de sa fortune et de son succès apparait un moment désemparé et bien malheureux. Que l’envie, le ressentiment ou l’adoration que tous ces joueurs provoquent en nous ne nous fassent pas oublier que ce sont juste des enfants qui ont grandi bien vite...

12.5.10

Discours de circonstance


Deux discours en deux jours.

Le premier est celui de David Cameron hier qui prend possession du célèbre numéro 10. Ce bâtiment si mythique mais si modeste, tellement British, l’arrogance et la puissance enrobées dans la plus banale des maisons en briques. Le leader conservateur – soit dit en passant que j’avais prédit qu’il  gagnerait – semble mal à l’aise, aussi heureux d’être là que soucieux de ce qui va suivre. Le parlement « suspendu » comme ils disent - que j’avoue avoir cru évitable - lui fait peur tout comme il fait grincer des dents l’Angleterre entière. Apres un remerciement glacial à l’équipe sortante et une série répétitive de poncifs sur le travail, la responsabilité et la solidarité, une phrase se dégage et me laisse perplexe : J’aime ce pays et je crois que le meilleur est encore là venir. Espoir naïf du plus jeune premier ministre que le Royaume-Uni ait connu depuis 200 ans ou antiphrase dissimulant un bien plus triste pronostic?

Mais ce matin, dans le jardin ensoleillé, le premier duo Cameron-Clegg devant un partenaire de journalistes semble plus prometteur. Là encore, on nous sert des banalités, on nous parle d’un gouvernement fort et stable (sic). Cette justification ne fait que mettre d’autant plus en évidence le mal inhérent a cette cohabitation de la carpe et du lapin. Mais à la différence d’hier, l’humour britannique finit par l’emporter. Un journaliste impertinent demande à Cameron s’il regrette d’avoir dit par le passé que sa meilleure blague était Nick Clegg en personne. Le Tory sourit (pour la première fois depuis 24 heures ?) et s’en sort par une pirouette. Nick Clegg se déride et fait mine de quitter la scène puis revient. Tout le monde rit. L’Angleterre s’installe sur une table bancale mais le repas est quand meme servi. Et dans les règles.

9.5.10

Le sacre des rois du stade



A défaut d’avoir élu de façon nette celui qui prendra le pouvoir au 10 Downing Street, l’Angleterre a sacré aujourd’hui le plus clairement possible son équipe championne de football.

Chelsea en écrasant Wigan un sombre club des Midlands remporte le titre dans une ambiance survoltée. Pour un non-habitué des stades comme moi, on ne peut rester insensible à ce tremblement de joie gigantesque, cette résonance des excités du football et le bonheur le plus simple et le plus brut qui se dégage des supporters. J’en oublie l’odeur de bière qui vous prend un peu à la gorge dès qu’un spectateur s’approche de vous, le spectacle désolant de ceux qui ne tiennent meme plus debout à la mi-temps et le coté arène moderne qui ne m’enchante pas toujours. Puis huit buts ! J’en ai vraiment eu pour ma peine. A moins que la mafia russe n’ait acheté le match comme l’insinuent déjà  quelques mauvaises langues expertes.

C'est vrai que tout était savamment orchestré et que la cérémonie du sacre ne laissait aucune place a l'improvisation. Feux d'artifice, tapis géant et tout le tralala. Peu importe, je suis content d’immortaliser par blackberry le tir au but de Lampard (il paraît que c’est une star), mon voisin Anglais m’a offert une écharpe de supporter que j’ai arboré sans aucun état d’ame et je sors du stade enchanté par l’expérience.

30.4.10

Sur qui parier en Angleterre (suite)

Sans vouloir craner (mais un peu quand même) mon pronostic d'hier matin s'avère prometteur à l'issue du débat télévisé d'hier soir !
Regardez :
Après un peu de fantaisie Lib-Dem, David Cameron remonte et Albion " is back to basics".