9.12.11

Faut-il dévaluer l'Euro?

Fin d’année préoccupante pour l’Europe. Et je commence à penser que l’entêtement maladif de l’Allemagne à garder artificiellement un euro fort est peut-être une des principales sources de tensions.

L’euro ne vaut plus ce qu’il affiche, il a été perverti par les emprunts et les déficits, on l’a prêté à des gens qui n’auraient jamais du l‘emprunter et au lieu d’accepter cette dépréciation évidente, on espère la contrer contre vents et marées, on refuse d’imprimer des billets, on refuse de racheter les mauvaises dettes, on s’accroche au dogme de la monnaie forte sans compromis.

Un ami Allemand assimilait cette politique germanique à l’allure d’un voilier navigant au près serré, c'est-à-dire le plus près du vent possible. On garde la pression maximum sur les pays déficitaires, on indispose toute l’Europe qui gite dangereusement mais on avance sans dévier en lâchant le minimum. L’intérêt de cette allure est justement qu’elle optimise la trajectoire d’un bateau. Son danger est double : le premier est que le voilier peut s’arrêter net après une embardée face au vent et on sent bien la récession attaquer le continent de plein fouet. Le second danger n’est pas moins grave. Le voilier européen, sans quille solide, peut tout simplement chavirer.

16.11.11

Tintin par Spielberg

Les Tintinophiles sont éternellement frustrés qu'il n'y ait plus de nouveaux albums de Tintin, de nouvelles aventures ou même une fin pour Tintin et l'Alph-Art, l'ouvrage inachevé que nul n'eut jamais le droit de terminer... Ils seront donc heureux de redécouvrir leur héros préféré dans un film d'un genre nouveau et qui crée une belle double surprise.

La première est d'oser mélanger les aventures du célèbre reporter en mêlant le Crabe aux pinces d'or et le Secret de la Licorne et en changeant les méchants de rôle au risque de froisser les fanas qui verront l'honnête collectionneur Sakharine devenir un malfaisant descendant de Rackham Le Rouge! Hollywood innove ainsi en sortant de la routine dans laquelle un film trop fidèle à l'album aurait pu s'enfoncer mais on n'évite malheureusement pas une fin tronquée et bâclée.

Qu'importe! La seconde surprise est là pour qu'on pardonne tout! Tintin est tout simplement fantastique. La malice de Daniel Craig dans le look indiscutable de notre héros préféré, le capitaine est bon aussi et les Dupondt aussi stupides que leurs équivalents de bande dessinée. Les effets spéciaux sont spectaculaires avec une Licorne à l'abordage qui prend des allures de Titanic mais ils sont parfois de trop, on regrette par exemple que la bonne vieille médina de Bagghar se soit fait coiffer ... d'un lac de barrage totalement improbable pour qui connaît le Maroc et l'aridité criante du Crabe aux Pinces d'Or. Mais si c'est le prix à payer pour que l'Amérique aime enfin Tintin. Merci Spielberg.

30.10.11

À bas les grèves sauvages et égoïstes

Le personnel navigant d'Air France vivrait-il encore dans les trente Glorieuses? Leur est-il passé par l'esprit avant de déclencher leurs grèves qu'Air France vient d'annoncer 200 millions d'euros de pertes?

Cette grève suprise n'aurait jamais dû ètre autorisée. Bien sûr les employés d'Air France ont le droit de protester et débrayer mais ils ne devraient aucunement avoir le droit de prendre les voyageurs en otages pour leurs vacances. Le gouvernement devrait instaurer des préavis suffisamment longs pour les périodes de pointe pour permettre aux voyageurs de s'organiser différemment. Si les pilotes, stewards et hôtesses de l'air ont envie de couler leur compagnie, libre à eux de le faire mais il n'est pas de leur droit de ruiner les vacances des gens sans leur permettre de trouver des alternatives. Ils peuvent faire pression sur leurs patrons et provoquer des pertes mais ils ne devraient pas être autorisés d'empêcher les familles et les amis de se retrouver ni de mettre les honnêtes gens devant le fait accompli alors qu'ils auraient ou s'organiser différemment, prendre le train ou un autre transporteur ou changer leurs projets de vacances tout simplement.

D'ailleurs, en Australie, où les employés de Qantas avaient simultanément choisi de clouer les avions au sol, une décision de justice vient de les contraindre à reprendre le travail. La prise d'otage collective et égoïste prisée par des syndicats de compagnies de transport n'a plus le vent en poupe.

24.10.11

Gilad Shalit libre enfin...

On m'a demandé à plusieurs reprises mon commentaire sur la libération de Gilad Shalit. Et notamment ce que je pensais de l'inégalité de l'échange numérique de prisonniers.

En essayant d'éviter toute mièvrerie, j'ai envie de dire que le premier et peut-être seul vrai sentiment que j'éprouve est le soulagement. Soulagement de voir le calvaire d'une famille vivant la plus terrible des attentes se terminer, soulagement qu'un jeune de 25 ans retrouve la vie normale, libre sain et sauf indépendamment des circonstances de son enlèvement et les vicissitudes de sa libération, indépendamment de ce qu'il représente pour les Palestiniens et de ce que ses ravisseurs évoquent aux Israéliens. Le spectre de sa mort ou de son exécution m'avait toujours glacé. Gilad Shalit a maintenant toute la vie devant lui, comment ne pas s'en réjouir?

Alors ensuite, que penser des centaines de prisonniers Palestiniens qu'Israël a dû libérer? Je crois que je suis content pour beaucoup d'entre eux qui vont retrouver leurs familles aussi. Et oui, je sais que certains sont accusés de crimes graves et d'autres de crimes moins graves mais je suis quand même content pour beaucoup, tout come je suis content pour Gilad Shalit. Et à ceux qui s'offusquent que tant de Palestiniens parfois dangereux soient libérés, j'ai envie de poser cette question : Comment juger un peuple sous occupation depuis plus de quarante ans? Comment distinguer le résistant légitime qui mérite d'être libre de l'odieux assassin qui fomente des attentats contre les civils et qui mérite de rester prisonnier ? Sûrement pas en les appelant tous des terroristes et les jetant en prison par milliers, souvent sans jugement, comme le fait habilement Israël. Et réciproquement, comment distinguer le soldat de Tsahal qui défend son pays de celui qui laisse faire les colons armés ou bombarde les civils sans pitié à Gaza? Ce qui est certain, c'est que plus cette guerre dure, plus les lignes sont floues, plus elle pourrit et plus elle éprouve nos consciences.

Enfin, Tzipi Livni a critiqué cet accord en lui reprochant de renforcer le Hamas. Il est vrai qu'Israël ne semble parfois céder que devant ses plus hostiles ennemis: échanges de prisonniers avec Hamas et Hezbollah, retrait du Liban sous la pression armée de la guérilla du Parti intégriste... Pas beacoup de concessions en revanche faites aux modérés comme Abbas qui supplient Israël de cesser la colonisation et de reconnaître les frontières de 1967. Je n'en finis pas de le regretter.

4.10.11

Primaires Citoyennes

Soirée-débat sur les primaires citoyennes hier à Londres.

Axelle Lemaire, la représentante du PS en Grande-Bretagne a été excellente dans sa défense du projet des primaires : C'est bien une démarche positive pour le Parti Socialiste qui innove et s'ouvre à une base d'opinion plus large et plus riche, davantage tournée vers l'avenir. A un moment ou l’opinion publique en France est excédée par la classe politique, le manque de transparence et les affaires, les primaires citoyennes enrichissent le débat et la vie démocratique de notre pays. Et leur organisation meme a Londres est un effort qu'on ne peut que louer.

Dans le fond, on regrette toutefois que, malgré les bonnes intentions du programme PS, les mesures proposées pour relancer la compétitivité, l'innovation et la ré-industrialisation de la France ressemblent davantage à des traitements palliatifs d'accompagnement du déclin (emplois jeunes, subventions, redistributions fiscales) qu’à de vrais projets de changement. Il manque pour moi dans ces projets un souffle nouveau qui nous fasse un peu rêver. Au delà des clivages gauche-droite qui appartiennent au passé, on veut rêver qu’il y ait encore une bataille économique à gagner en France, qu’on puisse augmenter la compétitivité de nos PME et faire travailler nos jeunes dans des secteurs productifs où la France ferait encore la différence: nouvelles technologies, digital, luxe, tourisme ?...

Après tout, une de nos forces reconnue, c'est qu'il y a proportionnellement plus de jeunes en France qu'ailleurs en Europe Occidentale et plus d’enfants. Et la plupart de ces jeunes quelque soit leur origine, veut juste travailler mener une vie honnête et productive pour peu qu'on ait besoin d'eux et qu'on les embauche. C'est là le vrai enjeu du futur bien plus que dans des mesures de redistribution, d'imposition ou de taxation. Quelque soit le gagnant de ces primaires socialistes, les électeurs encore indécis comme moi l’attendrons sur ce point très précis et crucial pour l’avenir de la France.

28.9.11

Netanyahu ou le poids des symboles

J’ai lu le discours de M. Netanyahu à l’ONU.

Bien sur, j’étais amusé que la moitié de l’hémicycle onusien ait boycotté  ce vrai ennemi non declaré de la Paix, que son texte froid et dur soit décrié par les journaux de Gauche Israéliens et je me suis ému de sa mauvaise foi quand il a minimisé les dégâts de la colonisation et la ségrégation dans les Territoires occupés et ignoré la souffrance de la population non Juive…

Mais j’ai aussi appris des choses et pour une fois, j’ai voulu jouer à comprendre plutôt que toujours critiquer. L’obsession du discours de M. Netanyahu sur la sécurité d’Israël nous apparait démagogique et exagérée. Mais il faut avouer qu’elle représente bien la vaste majorité de l’opinion israélienne et juive, obnubilée par le sentiment d’être menacée dans son existence et cela, nonobstant toutes les données factuelles qui paraissent rassurantes : surpuissance militaire, arme nucléaire, espionnage ultra-efficace et soutien total des Etats-Unis sans oublier les faiblesses et divisions chroniques de l’adversaire… En écoutant le faucon likoudien, je comprends un peu mieux pourquoi la première critique de l’autre bord est toujours centrée sur des questions symboliques liées à ce sentiment d’être menacé, nié, privé d’existence et de légitimité: le refus des Arabes de reconnaitre formellement Israël.

Ce refus de principe est lu en fait très différemment quand on est Arabe ou Juif. Je pense au boycott des produits Israéliens, aux vieilles cartes de géographie et aux livres d’histoires paléolithiques qui parlent de « Palestine occupée » et d’ « Entité sioniste », au refus d’accueillir des voyageurs ayant transité par Israël et à toutes ces mesures un peu vieillottes qui oscillent entre rétorsion et gesticulations vaines. Elles jouent en fait un rôle essentiel et assez insoupçonné par les Arabes dans le recroquevillement d’Israël sur lui-même et sa peur maladive de disparaitre. Et cette peur ne se comble que par un instinct de survie et une droit à l’autodéfense poussés a l’extrême et d’une brutalité surprenante. Alors que du point de vue Arabe, la reconnaissance d’Israël est totalement inéluctable car Israël existe et nul Arabe un peu réveillé n’espère vraiment chasser des millions d’Israéliens installés là depuis belle lurette. Mais cette reconnaissance est symbolique et elle signifie déposer complètement les armes, renoncer à tout droit supplémentaire pour les Palestiniens. Elle est donc vue comme la concession finale qu’il ne faudra faire que quand les Palestiniens auront récupéré les 22% de la Palestine historique, l’aboutissement du processus de paix. On amuse la populace et on s'amuse à faire semblant d'ignorer qu'Israël est bien là. Alors que pour Israël, la reconnaissance est peut-être le commencement de tout dialogue, l’antichambre à toute négociation et à toute concession. Sans elle, impossible de raisonner.

Il y a un cercle vicieux dans cette affaire, un nœud psychologique qu’on peine à briser. Mahmoud Abbas a fait un petit geste en renoncant clairement aux territoires d'avant 1967. Mais il aurait pu aller plus loin dans son discours. Les bloggeurs Juifs ou pro-israéliens se sont en réalité beaucoup crispés sur le fait qu’il ait parlé de Jésus et Mohammed a Jérusalem en omettant David ou Moise. Aussi, je suis convaincu qu’une mention empathique sur l’Holocauste dont l’héritage a tant empoisonné ce conflit aurait démontré sa bonne foi et représenté un geste fort sans lui coûter grand-chose. Il aurait coupé l'herbe sous le pied de ceux qui à tort mélangent anti-sémitisme et cause palestinienne.
Force des symboles au Proche-Orient et tant de chemins à parcourir encore.

25.9.11

Palestine: même des Israéliens en veulent

Pour quiconque ayant un minimum de sympathie pour le terrible destin du peuple Palestinien, pour ceux qui connaissent personnellement des gens jetés hors de chez eux à Haïfa, Jaffa ou ailleurs dans ce qui est aujourd'hui Israël, pour ceux qui contemplent sans trop le comprendre ce conflit interminable et même pour les Juifs et Israéliens modérés, il y a forcément de l'émotion ressentie à écouter la longue plaidoierie de M. Abbas qui a supplié le Monde vendredi soir de reconnaître l'Etat de Palestine sur 22% de la Palestine historique, les territoires envahis par Israël en 1967.

Au delà du méli mélo, de la manoeuvre diplomatique, il y a du bon sens dans la requête. Bien longtemps les deux parties ont négocié mais sans jamais déboucher sur rien. Et certes, comme l'a insinué Abbas tout au long de son discous, l'échec était souvent dû à l'intransigeance et la surpuissance d'Israël, un faucon likoudien fraîchement débarqué ou l'assassinat de Rabin, l'homme providentiel. Mais, ne nous leurrons-pas, l'échec était tout également dû à une représentation Palestinienne faible et corrompue, ne tenant pas ses troupes, ne rassurant pas l'opinion internationale, un pouvoir au passé lourd et qui flirtait avec le terrorisme. Comment un enfant rebelle, irréaliste, violent et faible à la fois pourrait-il négocier une paix avec un adulte terriblement égocentrique, si puissant et par son passé tout aussi noir, paranoïaque sur les bords?

Quelque part vendredi Mahmoud Abbas l'a admis. Malgré son destin si injuste, malgré la débâcle de 1948, malgré toute l'horreur de son histoire avortée, la Palestine a mûri, grandi et elle est désormais majeure. Elle est en âge d'assumer ses responsabilités et ses devoirs. Et de demander l'application de ses droits à sa terre et à sa liberté. Et négocier la paix avec Israël d'égal à égal, si j'ose dire, ou tout du moins en tant qu'Etat reconnu. Et enfin, auhourd'hui, à Tel Aviv, bien loin des arènes internationales, 20000 Israéliens ont manifesté leur soutien à la demande Palestinienne. On ne peut que saluer leur clairvoyance et regarder avec espoir ces images très émouvantes, preuve que tout est encore possible.

http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-4078157,00.html

21.9.11

Obama doit rendre son Prix Nobel

Barack Obama doit il perdre son Prix Nobel de la Paix ?
La question n’est pas une boutade. Alors qu’il a fait miroiter au monde l’espoir d’une Amérique plus juste, soucieuse des droits des palestiniens, déterminée à tendre la main au monde Arabe, le voila qui, trois ans plus tard, s’obstine a refuser aux Palestiniens leur droit le plus élémentaire, celui de vouloir vivre libres dans des territoires qu’Israël a conquis par la force et qu’il occupe et colonise illégalement.

Pour s’y opposer, l’administration américaine nous parle de son refus de l’unilatéralisme de la démarche palestinienne. Mais le vrai problème est que les Palestiniens auront tout essayé pour reconquérir leur dignité et ont échoué : guerres, militantisme, intifada et négociations sont tous restés vains. Et cela justement a cause de la surpuissance d’Israël et son unilatéralisme foudroyant. Occupation militaire, colonisation, politique d’apartheid au mépris de toute légalité internationale ne sont ils pas des démarches on ne peut plus unilatérales ?

Pour une fois, les Palestiniens entament une démarche certes unilatérale mais totalement pacifique et ils reconnaissent pour la première fois que la Palestine n’a plus de droits sur les territoires d’avant 1967 aujourd’hui Israéliens. C’est une demande symétrique de la démarche même de la création d’Israël en 1948. Ne pas leur tendre la main est la plus belle preuve de l’injustice américaine et le meilleur argument pour les mouvements radicaux qui diabolisent l’Occident. Pour cela Obama devrait rendre son prix Nobel et vaquer a ses préoccupations bassement électorales. A moins qu'il nous donne une seule raison d'y croire encore.

16.9.11

D'Utopia à Utoya

Dix ans après, le 11 Septembre est un peu comme une blessure dont on soulève enfin le pansement pour voir si elle est guérie.

Il y a un peu d’appréhension quand le monde s’arrête ainsi, se retourne et contemple d’atroces souvenirs et les dix années qui l’en séparent. Ces images terribles, même vues et revues, ne laissent jamais indifférent. Au contraire elles font un peu plus mal et peur à chaque fois. Dix ans après, elles n’ont rien perdu de leur message, de l’étendue inimaginable de la haine et du mal dont les hommes sont capables. A dix ans d’écart, en 2001, Manhattan et en 2011 Utoya sont désormais des iles-symbole, portant la marque du meurtre glacial, méthodique et sans regret, des iles antinomiques d’une Utopia désormais enterrée dans les tréfonds de l’histoire tout comme d’autres rêves humanistes et communistes.

Le résultat est un XXIème siècle qui ne reve plus. Un monde qui nous angoisse par son libéralisme à outrance, sa récession cuisante, la décadence de l’Europe et l’émergence brutale de nouveaux marchés bien plus épris de richesses que de droits de l’homme. Avec quand même quelques soupçons d’espoir, des Etats-Unis moins belliqueux, comme apaisés après une décennie de guerres, un printemps arabe aussi surprenant que bénéfique, des dictateurs qui tombent un à un avec leur corruption fumante (sans parler de Chirac et ses dollars africains), une monnaie unique qui tient encore, une Europe qui n’a peut-être pas dit son dernier mot ?

10.9.11

Proche-Orient; Des convulsions aux rêves


De graves convulsions ont agité le Proche-Orient ces derniers jours. Alors que les Palestiniens se préparent à demander a l’ONU ce qu’ils auraient toujours du demander depuis 1947, la reconnaissance d’un Etat Palestinien, l’isolement international d’Israël ne fait qu’augmenter et les soutiens a la politique immorale du Likoud se font de plus en plus gênés et discrets.

Après que la Turquie a réduit le niveau de ses relations diplomatiques et rappelé son ambassadeur à Tel Aviv, c’est le tour de l’Egypte dont la foule a réussi à investir les locaux de l’ambassade israélienne comme pour se débarrasser d’un symbole par trop détesté.  Bien sur, les likoudiens et leurs supporters jusqu’au boutistes verront dans ces gestes une preuve supplémentaire de l’incapacité du monde arabo-musulman à accepter Israël et se recroquevilleront sur leur politique répressive qui refuse l’existence des palestiniens sur leur propre terre, dans une symétrie sans avenir : je ne te reconnais que si tu me reconnais et vice-versa. Les modérés eux, condamneront la violence contre l’ambassade du Caire mais feront part de leur inquiétude qu’Israël se coupe un peu plus de ses quelques rares voisins conciliants.

On espère en tout cas aujourd’hui que les Israéliens se souviennent qu’il fut un temps ou les Arabes refusaient même leur existence et qu’ils prennent conscience que que ce temps est bel et bien révolu. Qu’ils se rendent compte que ces mêmes Arabes ne revendiquent plus aujourd’hui à l’ONU que des territoires qu’ils avaient déjà en 1967  et que cela est peut-etre une victoire pour l’OLP mais c'est une victoire pour Israël aussi. Et que la balle est désormais dans le camp Israélien. Refuseront-ils un Etat Palestinien tout comme les Arabes avaient hâtivement refusé un Etat Juif en 1948 ?

On se surprend alors à espérer que la Palestine une fois reconnue comme Etat non-membre, surprenne le monde et reconnaisse unilatéralement l’Etat d’Israel dans les frontières de 1967, coupant l’herbe sous le pied des extrémistes des deux bords. On rêve aussi que le peuple Israélien se réveille et fasse de même, arrête la colonisation et la ségrégation et tende la main au nouvel Etat... Oui, je sais. Eternel rêveur que je suis!

28.8.11

Tracey Emin: Love is what you want

Tracey Emin represente un art contemporain provocant, très autobiographique, souvent cru, parfois cruel mais qui incarne en quelques salles d'exposition, tous les malheurs, toutes les émotions et déceptions de la femme britannique mal-aimée, issue des classes ouvrières.

J'en retiens une adolescence volée faite d'abus, de viol, de junk food et de junk sex dans un médiocre port du Kent dont les plages grises furent le théátre du début d'un long naufrage sentimental. On s'étonne de l'intensité de son besoin d'amour, brut et volontairement vulgaire, fait pour choquer et déranger, un peu comme un appel au secours. On frissonne enfin de ses récits poignants de grossesses interrompues dans la plus grande douleur physique et psychologique.

On voyage entre des dessins, des tapisseries, des souvenirs, des sculptures et de films qui convergent tous pour crier que la vie est dure en Angleterre pour des jeunes femmes comme Tracey Emin. Il y a aussi quelque chose de puérile dans ces images et ces films où elle danse, dans ces textiles beaux et colorés qui pouraient presque parer une chambre d'enfant si ce n'était les textes scabreux qui y sont écrits. Une bouche déformée, des dents de misère, autant d'emblèmes pour une femme qui a sûrement grandi trop vite et dont l'enfance continue à s'exprimer en filigrane, derrière une montagne de désillusions.

25.8.11

La piel que habito

La Piel que habito ne faillit pas aux traditions Almodovariennes avec, comme toujours, la représentation nue et crue de l’être humain aux prises avec ses pires vices et ses plus belles émotions.

Un casting princier et multi-générationnel, tout en contrastes : Marisa Paredes dans le rôle de la mère névrosée, terriblement malsaine mais toujours drôle et attachante. Antonio Banderas réapparait après une longue absence en Docteur maléfique, cruel et monstrueux mais qui provoque quand même la compassion. Une magnifique trouvaille, Elena Anaya, une nouvelle version de Victoria Abril avec un air de Natalie Portman: un corps de rêve dont la beauté naturelle contraste avec l’artificialité que le scénario lui attribue. Son innocence et son charme fragile n’ont d’égal que l’atrocité de son destin. Enfin Jan Cornet, un jeune premier à la tète angélique et surtout, Roberto Alamo en brute immonde jouent le rôle habituel des chiens fous dans un jeu de quille, un peu comme des répliques masculines d’une Rossy de Palma qu’on regrette toujours autant.

Le mythe de la séquestration est revisité des années après Attache-Moi, moins torride mais tout aussi romanesque et délicieusement ambigu. Le sexe est omniprésent, parfois burlesque mais jamais vulgaire. L’intrigue est rocambolesque bien sûr, une mise en scène minutieuse des horreurs potentielles de la science et de l’homme devenu rat de laboratoire. Curieux avertissement de bioéthique signé Almodovar. Inattendu, prétentieux ou déplacé, diront certains.  L’esthétique est superbe, sans surprise. Moi, j’adore.

20.8.11

Dirigeants Européens, au travail!

Pourquoi l'Europe souffre-t-elle tant ces jours-ci?

Elle est bien loin l'euphorie de 1989 et la chute du Mur et du communisme. Elle est aussi loin la joie du nouveau millénaire et l'arrivée d'une monnaie unique forte, symbole d'une politique monétaire exemplaire, menaçant même la suprématie du dollar. Elle a vécu la suppression des frontières entre les Etats...
Le 11 Septembre et la tempête mondiale qu'il a déclenché y a peut-être contribué un peu. La guerre d'Iraq a divisé gouvernements et populations mettant en exergue l'impuissance politique de l'Europe. Alors que les Etats-Unis se serraient les coudes, les Etats Européens se sont séparés voire querellés. Ensuite, l'élargissement rapide de l'Union a compliqué une gestion déjà taxée d'être bureaucrate et éloignée des préoccupations quotidiennes. Les Européens ont voté contre ces institutions coûteuses et distantes et ces fonctionnaires incompris en rejetant la Constitution Européenne, entérinant le divorce entre l'Europe et les Européens. L'adhésion de la Turquie divise tout autant comme si on n'arrivait plus à s'entendre sur aucun sujet. Enfin et surtout la récession depuis 2008 a exacerbé les difficultés comme si un moteur déjà mal au point perdait son huile. Et voici que l'euro est lui-même menacé par le poids des dettes et les dissensions. On est nombreux à s'interroger si cette Union touche à sa fin au grand bonheur des nationalismes et des extrêmes.

Pourtant plus que jamais, alors que son déclin s'accélère, l'Europe aurait besoin d'être unie et de se ressaisir. Face aux menaces économiques que représentent les baisses de compétitivité, des exportations et le creusement des déficits, face au chômage et à un terrible vieillissement de sa population, l'Europe devrait s'accrocher à son modèle, attirer les talents, relancer la natalité et et ré-investir dans l'innovation. Plutôt que se diviser et s'épuiser à se battre seuls, les Etats devraient travailler ensemble. D'où pourrait venir l'électrochoc? Monsieur Sarkozy, Madame Merkel et -pourquoi pas?- Monsieur Cameron, au travail!

19.8.11

Circulez, tout va bien en Angleterre

Je m'inquiete des émeutes en Grande-Bretagne.

Conscient du conservatisme de la population et de l’horreur qu’ont les Britanniques du désordre et de la délinquance, le gouvernement de David Cameron s’est concentré sur une politique populiste de répression et de punitions sévères des émeutiers. Même les plus jeunes, même les moins violents et les plus opportunistes des voleurs auraient écopé de peines fermes pour avoir fait trembler l’ordre et la sérénité des bons sujets. On rassure les ménagères et leurs banquiers sur leur Royaume paisible. Apres avoir dû rentrer précipitamment de Toscane à cause cette populace insubordonnée, on lance une guerre ouverte contre les méchants gangs sans aucune peur d’enfoncer les portes ouvertes. Le risque de prisons surpeuplées et surtout le danger de précipiter quelques mauvais gars dans une spirale d’incarcérations et de crime ne sont pas un sujet de conversation à la mode à Londres.

Quelques bonnes volontés ont quand même critiqué cette sur-répression un peu hâtive. Certes, nul n’est mécontent de voir des voyous agressifs et violents derrière les barreaux. Mais on soupçonne à juste titre cette communication intense et événementielle sur la loi, la justice et l’intransigeance du système de masquer un peu vite les problèmes, de cacher les vraies questions que pose cette poussée inattendue de violence. Cette révolte des pauvres contre les riches a bien des airs d’un autre temps. On se rappelle les révoltes médiévales quand les serfs allaient piller le château, on s’inquiète tout comme a Paris en 2005, on se demande comment cela peut-il se passer à  Londres au XXIème siècle. On voudrait chercher des solutions pour que cela ne puisse pas recommencer.

Mais pourquoi les Tories chercheraient ils à  éluder ces questions ? Peut-être parce qu’elles font peur tant elles nous évoquent la décadence de l’Europe et l’émergence d’une néo-prolétariat dans nos banlieues, ces questions feraient donc du mal à la confiance des ménages. Peut-être aussi parce que les champions du pragmatisme de la trempe de David Cameron préfèrent ne pas poser trop de questions quand ils savent bien qu’ils sont a court de véritables réponses.

17.8.11

Question sur la Syrie

Le terrible régime Assad vacille. Enfin. Après des décennies d’obscurantisme. En Orient, on n’ose pas l’évoquer de peur d’être déçu par une ultime résurrection de ce système répressif et cruel bâti sur le mensonge d’Etat, la torture, l’impunité du pouvoir et de ses sbires et l’écrasement de 20 millions de syriens sous le poids de la loi du plus fort.

La Syrie au sens large a pourtant longtemps été le berceau des civilisations dans cette région. C’était là (au Liban et sur la cote Syrienne) que les Phéniciens inventèrent l’alphabet. C’était aussi une riche province de l’Empire Romain. Plus tard, Damas a vu naitre le califat arabe le plus prospère et le plus éclairé, celui-là même qui rayonna jusqu’en Andalousie. Les villes Syriennes ont longtemps été des havres de tolérance entre communautés, de douceur de vivre et d’hospitalité. Mais depuis le XVIIème siècle, le féodalisme, l’obscurantisme Ottoman a plongé la Syrie dans un Moyen-âge tardif. Puis au XXème siècle, le marasme Palestinien a rendu la région totalement instable et sujette aux dissensions tiraillant le pays entre rêves militaires, socialisme déficient et fanatismes de toutes sortes. Aujourd’hui, la dictature héréditaire a fini de réduire la Syrie à un pays apathique, un nain économique et un néant culturel. Je repense à ces soldats Syriens qui nous terrorisaient pendant la guerre civile libanaise avec leurs checkpoints, leurs bérets rouges et leurs armes soviétiques… Ils étaient en fait chétifs et ils avaient faim, ils étaient opprimés aussi. Je revois ces ouvriers pauvres qui viennent désormais travailler pour trois fois rien dans les chantiers de Beyrouth. Ils dorment dans la rue et se font racketter par leur propre gouvernement quand ils rentrent au pays avec quelques maigres devises. Je réfléchis a cette population qui a oublié le goût de la liberté, que fera-t-elle quand le tyran partira ?

Renaissance ou chaos ? Par la place stratégique de ce pays, la question Syrienne porte en elle l’avenir de toute la région.

7.8.11

Mont-Liban: Quand le désert avance

C'est une montagne verte, couverte d'innombrables pins parasols mais cette surface boisée est menacée. Au dessus de 1400 mètres, les pins se raréfient et le paysage se fait plus aride, dolomitique et la neige hivernale y creuse les rochers. Ce désert des hauteurs qui recouvre le Mont-Liban ressemble à la tonsure d'un moine mais il est au moins naturel et beau. La laideur, elle, vient d'en bas et elle est galopante. Elle arrive de la côte et de Beyrouth sous forme d'immeubles bâclés, de ciment en abondance qui gravit les pentes sans relâche. Pas une loi, pas un décrêt n'a été imaginé pour encadrer cette urbanisation. La populace la voit peut-être comme un progrès. Chaque pin parasol qui tombe marquant l'avancée de l'homme et de sa civilisation de pacotille aux yeux d'une plèbe bien incivile.

Bien pire que les immeubles qui recouvrent les montagnes trop proches du littoral, la nouvelle plaie est tres certainement la nouvelle autoroute qu'un président en mal d'idées a fait construire pour desservir son village d'origine. Un paysage de montagnes et des collines éventrées, de forêts saccagées, de bretelles inutiles qui se déversent dans un petit village de montagne.

L'autoroute a été affublée d'un panneau pompeux au nom du dirigeant mégalomane, au moins il n'a pas honte de ses méfaits et il les signe. Le Liban a perdu des milliers d'arbres au profit des camions et des voitures qui empruntent désormais cette n-ième autostrade. Certes elle permet d' échapper aux routes engorgées principalement par un manque de signalisation, de civisme et de transports en commun. Mais elle est une blessure inutile, un pas de plus vers la désertification. Cette Montagne aux frontières des déserts, cette tâche verte dans une mer de sable, on la consomme, on ne sait plus l'aimer, on la ravage sans pitié.


22.7.11

Murdochtrinement

L'affaire de News of the World secoue le Royaume-Uni. Et à juste titre.

Tout d'abord, la presse puissante de ce pays, moralisatrice et impitoyable avec toute célébrité soupçonnée du moindre méfait, cette presse influente et cynique se retrouve cette fois sur le banc des accusés. Avec un drôle de goût amer de trahison ressenti par ses si nombreux lecteurs qui pensaient à tort pouvoir se fier à leurs journalistes incisifs et enquêteurs pour se défendre contre les abus des classes dirigeantes et des élites.
Aussi, c'est le premier défi de taille que rencontre David Cameron, le premier ministre le plus conservateur qui soit mais qui a conquis le pays par ses bonnes manières, son côté "bon gars" et sa politique de rigueur aussi redoutable que nécessaire. Le voilà éclaboussé par sa connivence avec les Murdoch, le soutien de Newscorp aux Tories, sa relation personnelle avec des journalistes malhonnêtes.
Enfin, le clan Murdoch a montré son image la plus répugnante avec la fermeture du journal incriminé dans l'affaire des écoutes sans le moindre geste de sympathie envers les employés innocents jetés à la rue avec des indemnités de quelques semaines. Cette famille puissante et si riche révèle en quelques jours la cruauté de son système, une presse sans morale prête à tout pour vendre plus, un respect inexistant et un manque total de mea culpa. La Grande-Bretagne elle qui se croyait fière de sa presse libérée et loquace demande désormas des explications et regrette amèrement de s'être laissée Murdochtriner.

17.7.11

Miròbolant...



Mirò captive par son art fougeux et rebelle, tantôt figuratif, tantôt minimaliste puis grandiose dans des élans de surréalisme hauts en couleurs et mouvements.
Rarement une exposition laisse vivre les étapes de la vie d'un homme avec autant de clarté. Chaque pièce de la Tate Modern vous fait pénétrer dans l'intimité du peintre Catalan. Des débuts barcelonais à l'époque sauvage des années trente, la guerre d'Espagne dont les blessures béantes s'impriment sur les toiles, on passe à des périodes plus calmes, faites d'exil et de simplicité, d'humour et de sensualité. La vie et la mort se disputent Mirò, parfois coloré et souriant mais souvent sinistre et violent, des toiles trouées et brûlées vous surprennent, l'homme condamné injustement l'obnubile, Mai 68 le fascine.

Puis vers la fin, on découvre un drôle d'autoportrait, superposition de personnalités contradictoires, un talent classique et traditionnel couvert d'une âme de taggeur moderne et provocateur. Admirable rétrospectve d'une richesse incroyable. Des collections privées, du MoMA, de Paris ou de Barcelone, les toiles et les sculptures ont convergé à Londres pour un hommage unique au peintre Catalan. A voir absolument.

10.7.11

Gaza ou l'injustice internationale

On n'en finit pas de parler de Gaza sans que rien n'y change pour la population de cette bande de pauvreté, d'extrémismes et d'oppression.

Des flotilles dérisoires se lancent à l'assaut de ce ghetto à ciel ouvert et calent dans des ports grecs sous l'influence de la machine diplomatique americaine et likoudienne. Le Hamas corrompu et dément sert d'épouvantail bien commode à la droite israélienne qui à force de propagande a fini par se convaincre elle-même (comme dans un retournement de l'espace-temps!) que c'est en fait le Hamas qui est à l'origine de tous les malheurs des Palestiniens, de la Naqba au blocus en passant par l'occupation et non le contraire, et qu'Israël n'a réagi de tout temps que pour se défendre contre de méchants terroristes enturbannés.

Tout cela sous le regard bovin de l'Amérique plus que jamais léthargique sur le sujet trop épineux du Proche-Orient. Triste spectacle d'une région à la dérive, bousculée par les vents prometteurs de révoltes mais accablée par le poids de l'injustice internationale contre le peuple palestinien.

2.7.11

DSK suite

Quand j'ai appris ce soir qu'une impensable lueur d'espoir se profilait dans le ciel New-Yorkais noir de suspicion autour de l'affaire DSK je me suis étonné à aller d'abord relire ma pensée du jour de son arrestation. L'avais-je enterré trop vite ou avais-je choisi la modération? Ces posts de blog qui immortalisent une réaction parfois intempestive pourraient bien se retourner contre moi!

Soulagement de relire mes propres lignes. Suspicieux, je l'étais bien mais j'avais au moins espéré (sans trop y croire) qu'il puisse ètre innocent. Pas tant pour DSK que pour la France, son image et celle de ses élites... Bon, je ne m'en sors pas trop mal mais j'ai eu chaud. J'étais quand même prêt à jeter la pierre. Et du coup, je pense éberlué à cette femme qui, paraît-il, aurait tout inventé. Si sa fourberie était avérée, c'est à elle qu'on aurait envie de jeter la pierre. Non seulement pour sa malhonnêteté mais aussi au nom des vraies victimes de viol, celles dont la vie est détruite par l'agression mais qui peinent à obtenir justice justement parce que des menteuses les discréditent, salissent leur souffrance et incitent le monde à mettre en doute leur parole.

22.6.11

Dîner dans le Noir

Drôle d'expérience que ce diner dans le noir total. Et pas seulement parce que vous vivez quelques moments de la vie d'un aveugle et que vous goûtez brièvement à son quotidien. L'absence de lumière et de couleur laisse naître des émotions contradictoires. L'inquiétude qui s'empare de vous est au départ immense mais les serveurs complaisants la modèrent et vous rassurent.

Comme il s'agit de manger, ce n'est pas sans une certaine animalité que vous vous retrouveze face à une assiette dont le contenu vous échappe. Peu importe, personne ne vous voit y mettre la main discrètement pour vérifier que l'assiette est vide. Je pensais que l'odorat m'aiderait bien pour deviner ce qui est servi, décarcassé du carcan de la vision, mais même dans le noir, sa faiblesse est patente. Le bon sens et l'instinct eux prévalent, on trouve des moyens, on remplit les verres en y mettant un doigt, on tâtonne maladroitement. La conversation dénoue la tension. La serveuse aveugle mène le bal et nous raconte qu'elle chante dans une chorale. On nous dit que ceux qui voient parlent naturellement beaucoup trop fort quand ils sont dans le noir.

Puis lorsqu'on vous appelle pour vous dire que c'est fini, il y a curieusement -en tout cas pour moi- une surprenante sensation de regret, ce "comment? c'est déjà la fin?" inattendu et qui vous dit bien qu'on s'habitue bel et bien a tout! Et l'aimable Sarah qui nous recommande de ne pas regarder la lumière directement, se méfier du crépuscule et nous protéger les yeux. Elle dont les yeux sont muets, je l'embrasse pour la remercier. A faire au moins une seule fois.

16.6.11

Impuissants pour la Syrie

Des milliers de réfugiés aux frontières turques ou libanaises, des villages entiers jetés en prison, des soldats qui se rebellent, la Syrie est véritablement entrée en ébullition.

Cette révolte au départ timide, qu'on croyait vouée à se décourager face à une machine de guerre impitoyable, cette vague de colère née ça et là dans des campagnes méconnues, la voilà qui gronde sans arrêt, la voilà qui pousse partout dans les villes et qui s'épanche malgré la peur, les dangers et la terreur officielle orchestrée par un régime aux abois. Que peut-on faire pour ces Syriens qu'on assassine impunément? Militer pour une intervention militaire? Le bourbier Libyen semble vouloir nous en dissuader sans compter les nombreux dangers qu'une nouvelle aventure militaire pourrait engendrer: guerre au Liban, flambée israélo-arabe ou autre artifice de diversion dont le Baas Syrien est spécialiste.

Mais comment aider ces gens, les soutenir dans ce combat si juste? Prier pour la Syrie? Est-ce suffisant?

15.6.11

Il faut reconnaître la Palestine

En septembre à l'ONU, se posera la question de la reconnaissance d'un Etat Palestinien sur les frontières de 1967. J'espère que de nombreux pays et notamment les puissances Occidentales accepteront de faire ce geste historique en faveur des droits des Palestiniens à disposer de leur terre.

En 1948, dans des circonstances différentes mais avec plusieurs similarités, l'ONU avait voté la création de deux Etats, l'un Juif, l'autre Arabe. Les Occidentaux trop pressés de résoudre le bourbier Palestinien et panser, autant que faire se peut, les plaies encore béantes de l'Holocauste y ont vu une solution miracle. Les Palestiniens, erreur historique, l'avaient rejeté en bloc tant ils ne pouvaient imaginer que leurs terres, leurs villages, leurs villes soient perdues à jamais au bénéfice de colons et de réfugiés venus d'Europe à l'instigation de la puissance coloniale britannique. Ils ne s'en sont jamais remis.

Aujourd'hui, la situation semble inversée. Les victimes sont moins les Juifs que les Palestiniens et un consensus mondial se fait autour de la nécessité de créer un Etat en Cisjordanie et à Gaza (avec échange de quelques terres colonisées contre des lambeaux de désert...), et cela en échange d'une paix et d'une reconnaissance d'Israël. Les pays Arabes s'y sont aussi résolus dès 2002 et c'est seul  Israël qui maintenant s'entête (notamment la Droite au pouvoir). Ayant occupé illegalement ces territoires pendant si longtemps, ils s'imaginent les posséder nonobstant une réalité démographique et humanitaire évidente. Erreur tout aussi grave que celles des Palestiniens en 1948?

C'est pour cette raison qu'il est urgent que l'Occident donne aux Palestiniens modérés une raison de croire en leur choix pour la non violence et la construction d'un Etat. Certes l'Autorité Palestinienne est imparfaite mais elle a le mérite d'exister dans des conditions épouvantables et humiliantes faites de blocus et de barrages. Certes ce sera surtout un symbole et la réalité militaire sera inchangée sur le terrain mais c'est un symbole très fort. Il ne faut pas oublier que les émotions jouent dans ce conflit un rôle énorme. La moindre humiliation y entraîne des guerres meurtrières mais une main tendue peut calmer les esprits les plus belliqueux. Espérons que M. Obama et ses alliés osent s'y aventurer. Il n'y a en fin de compte pas grand chose à y perdre à part sans doute une nouvelle crise de nerfs de M. Netanyahu...

11.6.11

Simplifier ou Gaspiller

Contraste saisissant entre l'actualité politique française peuplée de scandales sexuels affligeants et de débats populistes xénophobes (comme les récentes convulsions contre la double nationalité) d'une part et le sérieux de la situation du pays entre menaces de déclassement des agences de notation et absence de croissance, de réformes et de programmes économiques.

Méchant binational que je suis, je me suis retrouvé au Consulat de France à Londres pour retirer le passeport de mon fils. Ma femme avait déjà passé près d'une matinée entière dans une salle d'attente pour donner tous les documents. Je pensais que ce serait rapide. J'arrive pour l'ouverture et je dois attendre dans le froid avec mon fils de quatre ans (sa présence est impérative...). Ça me rappelle quand j'étais étranger et que je passais de longues matinées pour renouveler ma carte de séjour. C'etait une file d'attente beaucoup plus longue et plus stressante mais étrangement plus facile à supporter: J'étais l'étranger, il était naturel pour moi de patienter, de souffrir un peu pour obtenir mes documents, j'étais demandeur. Mais là, c'est étrangement pénible.

Je finis par rentrer enfin, et là, des hordes de fonctionnaires s'affairent. Je pensais que le passeport serait disponible au guichet. Non, on me dit que je dois patienter dans une salle déjà bondée pour qu'une fonctionnaire me fasse signer des documents et vérifie les empreintes de mon fils. Je renonce à arriver à l'heure à mon rendez-vous de travail mais mon fils reste patient, la salle est moderne et propose une télévision à écran plat! Enfin, on m'appelle. Je signe un papier. Personne ne regarde l'enfant, j'aurais pu prendre un ours en peluche. Je ressors une heure plus tard en réfléchissant à ces pays qui renouvellent les passeports par correspondance et à l'argent public qu'on gaspille par des réglements absurdes. Je me demande qui osera simplifier la France et investir pour booster notre économie plutôt que pour rallonger les procédures et faire attendre les citoyens.

4.6.11

Europe Adieu?

Est-ce le début de la fin de l’Union Européenne ? De nombreux signes avant-coureurs semblent malheureusement le démontrer.

Le divorce avec l’opinion publique semble être consommé. Seuls les Etats des Balkans et la Turquie semblent encore rêver de ce club prospère et pacifique fondé en 1957. A l’intérieur du club, Les mouvements anti-européens n’ont au contraire jamais été aussi puissants. La Commission Européenne est un des principaux épouvantails brandis comme dans les manifestations à Madrid. Ailleurs, l’Europe est un sujet de controverse au mieux comme en Irlande, ou de moquerie comme en Angleterre.

L’élargissement précipité a l’Est a ébranlé la cohésion déjà imparfaite de l’Union. Entre pays corrompus et souffrant de systèmes mafieux comme la Bulgarie ou la Roumanie, les pays au tropisme Atlantique comme la Pologne, les agendas sont presque aussi nombreux que les langues parlées à Bruxelles, triste double-capitale d’un pays symbole de désunion. L’utopie supra nationale est comme tombée justement là où elle est née entre Flandres et Wallonie.

La politique étrangère de l’Union est inexistante, Catherine Ashton est invisible et le rôle de l’Europe est minime sur tous les grands sujets. Le plus fort symbole qu’était l’Union monétaire ne semble exister que pour la simple raison qu’il serait trop difficile et coûteux de le remettre en cause. Schengen est dépecé par les loups du populisme et la peur de l’immigration. Les signes d’antipathie entre l’Allemagne et la France sont flagrants. A l’ère de la mondialisation, de la crise et du déclin des exportations, le chacun pour soi règne en seul maitre.
C’est un peu comme ces clubs très cool et très select qui se retrouvent banals et délétères car ils ont admis trop de membres, trop vite et qu’ils y ont perdu leur raison d’exister.

3.6.11

Win win

Win win est une bonne surprise. La comédie dramatique américaine parait banale et manque de rythme de prime abord : Le père de famille ordinaire, avocat médiocre a la vie étouffante entre le manque d’argent et des hobbies improbables et sa femme aussi américaine que moyenne, ca ne fait pas rêver.

Mais ces gens insipides se retrouvent soudainement devant des responsabilités et des émotions et ils se sentent investis de devoirs envers d'autres et d’affection pour des personnages attachants, tout d’un coup, par hasard. La sortie de la banalité, la sortie de l’ennuyeux se transforment alors en soulagement pour le spectateur. Même ceux qui croyaient avoir raté leur vie peuvent d’un coup lui retrouver un sens et y prendre gout.

1.6.11

Ratko et Djoko

Drôle de printemps animé d'alphas et d'omegas, d’anges et de démons.

Je pense au rebelle Libyen adolescent et innocent et au vieux colonel pourri qui fait tirer sur le peuple et s’accroche, je vois la manifestante syrienne se jeter dans la gueule d’une police tueuse championne de la répression, je n'oublie pas ce clivage français entre hommes normaux et hommes pervers et je termine par l’amusant concours de circonstance qui propulse ensemble au devant de la scène serbe le tennisman le plus adulé et le militaire psychopathe le plus détesté.

L’un nous fait rire et suscite l’admiration partout (Vogue US lui consacre même plusieurs pages ce mois-ci), l’autre nous plonge dans les pires souvenirs d’une guerre qu’on pensait impossible. Je me réjouis évidemment que les clichés en souffrent et que l’homme Serbe ne soit plus réduit à des apparatchiks poursuivis pour génocide. En espérant que d’autres nations à l’image noircie se parent bientôt de leur Novak et qu’elles démontrent qu’elles peuvent faire rêver… aussi.

24.5.11

Retour des classes

On ne se lasse plus de disserter sur notre Europe où les inégalites ne font que se creuser.

Il ne s'agit pas d'effondrement mais plutot d'affaissement lent et insidueux du pouvoir d'achat des classes moyennes. Il y a trente ans, un médecin, un professeur de lycée, un cadre et leurs familles bénéficiaient pleinement de ce que la société avait à offrir: maison et jardin en province ou appartement familial à Paris, voiture, vacances au soleil pour la famille, garantie d'une éducation nationale gratuite et de qualité. Aujourd'hui, après une stagnation des salaires, une inflation continue, une explosion de l'immobilier, leur situation se retrouve soudainement bien précaire: les personnes vivant en couple avec enfants doivent toutes deux travailler, les loyers sont onéreux, l'accès à la propriété réservé à des minorités et les écoles publiques de leurs enfants sombrent doucement dans la médiocrité. Pire encore, les étudiants bardés de diplômes peinent à trouver un emploi. Je me sens très enuyeux, presque rébarbatif mais mon constat est flagrant. Vingt ans après la chute du communisme, la classe moyenne qui l'avait enterré se re-prolétarise dangereusement.
Face à elle, les élites privilégiées n'en paraissent que plus tapageuses. Une néo-aristocratie détestable et bigarrée composée de magnats démagos au mieux et mafieux russes au pire sans oublier les banquiers arrogants, leurs prostituées de luxe et les dirigeants politiques débridés et corrompus. On en finit presque par regretter l'aristocratie de l'ancien régime qui avait meilleur goût et meilleures valeurs.

Et les voilà qui se font face sans se parler. Les privilégiés des soirées de Cannes avec leur champagne et leurs paillettes d'un côté, les manifestants de la Puerta del Sol qui réclament emplois et croissance à leurs dirigeants ineptes de l'autre. Triste décadence Europénne, retour des classes et des castes avec tous leurs dangers.

19.5.11

Obamasceptique


Peut-on croire encore à la bonne foi de M. Obama quand il nous parle de Moyen-Orient ? Le voilà qui se réveille et nous affuble d’un « Le Caire bis », nouveau discours d’ouverture vers le monde Arabe. Il prend le parti des manifestants contre les dictateurs en Syrie et ailleurs et il affirme son attachement à la création d’un Etat Palestinien dans les frontières de 1967 (ou presque) ce qui constitue un geste positif pour les Arabes.

Mais contrairement au premier discours du Caire, on a un peu de mal à y croire cette fois. Le Prix Nobel de la Paix trop vite gagné, Obama nous a déçu dans son incapacité à faire avancer les négociations israélo-palestiniennes  : On regrette trop sa faiblesse devant l’intransigeance du Likoud, son incapacité a stopper ou suspendre la colonisation, le veto américain à toute condamnation d’Israël à l’ONU, son silence inexplicable  alors que l’Etat Hébreux grignote les territoires arabes dans une politique du pire qui fait frissonner tant elle est profondément raciste et injuste.  Grace à son regain de popularité, réussira-t-il à faire mieux ?
Moi qui me disais obamaphile optimiste, je me retrouve obamasceptique.

17.5.11

DSK Catastrophe

Il n’est pas facile de se prononcer sur l’affaire DSK.
Dois-je m’abandonner à ce faisceau de présomptions qui accablent ce monstre de la politique? Ou dois-je me confiner à la sacro-sainte présomption d’innocence tout en me demandant comment un homme intelligent, averti et fin politique ait pu se faire piéger de façon aussi triviale, sans parler de théories de complot qui en découleraient et que je déteste par principe?

En tout cas, j’avoue que je suis stupéfait, voire terrifié que le mythe de Dr Jekyll et Mr Hyde puisse se concrétiser ainsi pour la France politique: l’homme puissant et sérieux, donné (certes un peu trop vite) favori dans la course pour l’Elysée se dévoilant, un jour de folie, en monstre violent et pervers ! Et je me demande: est-ce donc une fatalité que les hommes de pouvoir soient des malades du sexe ? De tout temps, des orgies des Romains aux libertinages des Rois en finissant par Clinton, Berlusconi, DSK et Sarkozy, leur exercice du pouvoir détraquerait-il leurs niveaux de testostérone? Ou alors au contraire, y aurait-t-il une malformation congénitale, un mal inconnu qui amène des maniaques du sexe à conquérir les hautes sphères et gouverner ? La poule ou l’œuf ? Le fait que de nombreux monarques héréditaires (qui n’ont rien eu à conquérir) aient présenté ces symptômes de subversion rend plus plausible la première hypothèse. Le pouvoir monte certes à la tête mais il descend aussi en dessous de la ceinture.

Sans être un fan de M. Strauss-Kahn, je me surprends à espérer qu’il puisse en être autrement, que l’homme puisse se défendre, tout nous expliquer et se sortir de cette pathétique impasse. Contrairement à de nombreux critiques, je ne pense pas que DSK soit encore définitivement enterré. S’il arrivait à prouver son innocence, qui sait ce qu’il adviendrait ? L’opinion publique n’est-elle pas aussi prompte à réagir qu’empressée d’oublier ? Mais s’il terminait condamné, humilié, écroué comme un vulgaire délinquant sexuel, quid de cette époque française qui ressemble à un naufrage de notre classe politique et de nos élites ? Les éclaboussures de l’affaire Woerth, la débâcle des ministres corrompus et aujourd’hui les crimes terribles de candidats à la magistrature suprême… Les défenseurs du populisme et du « Tous pourris » doivent se frotter les mains. Pauvre France !

14.5.11

La Syrie dans mon coeur

Allez une pensée pour la Syrie. Pour cette révolte déséspérée et ces villes suicidaires qui se soulèvent sans armes et qui défient la dictature héréditaire et sectaire la plus virulente qui soit.

Pensée nostalgique pour mon professeur d'histoire du Liban au Lycée Français de Beyrouth qui nous décrivait ce régime voisin en nous donnant des frissons: en Syrie, si vous êtes opposant, on ne vous arrête que rarement, on ne vous juge pas, on ne vous emprisonne pas, nous disait-il. Non. Généralement, un beau jour, vous disparaissez purement et simplement. On n'entend plus jamais parler de vous...

Souvenir noir de ces jours d'enfance passés à écouter, craindre et maudire ces obus syriens qui s'abattaient par centaines sur Beyrouth-Est où on osait défier Assad le père, le tyran de Damas. Pensée émue pour ces morts pour la plupart civils dans d'horribles attentats à la voiture piégée, marque de fabrique favorite des services de renseignement syriens. Et au delà du Liban, une pensée pour ce peuple qu'on écrase, qu'on emprisonne depuis des décennies dans le sous-développement et l'obscurantisme. J'ai dans la mémoire aujourd'hui le merveilleux souvenir des voyages dans cette Syrie méconnue, la surprise d'être accueilli par ces gens comme si j'étais de leur famille, loin des clichés hérités de la guerre, loin de l'antagonisme inventé par les despotes et les miliciens.

Que de victimes, que d'assassinats, que d'injustices commises par une famille sanguinaire qui accapare pouvoir et argent. Ces champions de la répression ont encore frappé, comme à Hama en 1982 où ils avaient rasé une ville entière sans pitié. Mais s'ils gagnent cette nouvelle manche à coup de canon, espérons que leur chute inéluctable n'en soit que plus brutale, qu'ils soient jugés un jour et que justice soit faite pour la Syrie.

4.5.11

Aucune chance

Les Britanniques se prononceront demain par référendum sur un éventuel changement du mode de scrutin. On leur propose de remplacer le scrutin majoritaire à un tour qui écarte les minoritaires et privilégie les deux grands partis par un système proportionnel. Rien de surprenant me diriez-vous, il est injuste que soit élu un candidat qui ne l'aurait jamais emporté s'il y avait un second tour.

Oui mais il y a un gros hic. Ou même plusieurs et je pense que cette réforme ne passera jamais. Le premier problème qui est de taille est le fait que la réforme ne propose pas un second tour mais un vote qui autorise un deuxième choix et donc une complexité inhabituelle outre-Manche. Dans un pays ou on chérit la clarté, la simplicité et le "straight to the point", cette complication a peu de chance de séduire une population peu politisée.

Le deuxième hic est le conservatisme légendaire et l'attachement fort aux traditions. En un peu plus de deux siècles, la France a connu cinq républiques, deux monarchies, deux empires, un Etat fasciste et de nombreuses constitutions alors que Le Royaume-Uni lui n'a pas changé de régime si ce n'est un lent renoncement au pouvoir des aristocrates au profit des roturiers sans textes, ni lois, ni révolutions... Baromètre de cet esprit sarcastique et conservateur, la BBC London a passé les deux derniers jours à se moquer de cette réforme, les journalistes insistant sur son côté incompréhensible. Dans un pays ou l'idéalisme est perçu comme frivole, on a toujours préféré un système simple et injuste à une utopie bien fondée mais confuse.

Enfin, la date du scrutin a été sacrément bien choisie pour minimiser les chances du projet. Est-le choix perfide des Conservateurs qui ont dû accepter ce référendum de mauvaise grâce à la demande des centristes? Tenter de changer le Royaume-Uni au lendemain de célébrations royales qui rendent tout Britannique fier de son passé est une vraie gageure.

Verdict demain!

2.5.11

Exit Ousama

Ben Laden n'est plus. Enfin tout du moins on l'espère. Je regrette pour ma part que son corps ne soit pas disponible pour me rassurer de ce décès et pour priver les fanatiques du triste personnage de leurs rêves de complot et de leurs faux-espoirs. Certes, une page noire se tourne dix ans après ce 11 septembre qui nous a précipités dans une ère de guerres et et surtout méfiance et hostilité entre les mondes occidentaux et arabo-musulmans. En revanche la nouvelle page qui s'ouvre n'est pas encore très claire. Le criminel est mort, pas les conflits qu'il a aidé à créer ou à perdurer.

Tout d'abord, où en est l'Iraq qui a payé le 11 septembre par une guerre injustifiée, fausses preuves à l'appui? On attend toujours qu'un regret soit exprimé à Londres ou a Washington, qu'un mot d'excuse soit prononcé pour ces centaines de milliers de morts, pour ces chaises vides aux dîners des familles meurtries, pour les enfants irakiens qui ont grandi sans père ou mère (pour reprendre presque mot pour mot le discours d'Obama qui parlait lui des victimes de Ground zero). Tout ce sang versé pour pourchasser des armes inexistantes et déboulonner un dictateur certes inique mais sûrement pas davantage que Bachar el Assad ou Kadhafi qu'on a courtisé. Et aussi, quid du bourbier afghan? Qu'y fait on encore dix ans après? Est-ce vraiment une guerre défensive? Qui protège-t-on au juste à Kaboul et ne courons-nous pas le risque de créer plus de taliban encore? Et enfin, qu'en est-il de la Palestine, la mère de tous les conflits arabo-occidentaux, la plus grande injustice financée par les Etats-Unis avec deux ou trois milliards de dollars annuels, la concupiscence et l'acceptation qu'un pays colonise les terres d'un autre sans l'ombre d'une réprobation? Les bonnes promesses de M. Obama au Caire ont vécu, laminés par l'intransigeance d'Israel et le manque de sympathie pour les victimes de ce conflit, le désintérêt terrible pour ces étrangers sur leur propre terre qu'on "judaïse" impunément, ces hommes sans droits, sans passeports, sans Etat.

Toutes ces plaies restent ouvertes et maintenant qu'Ousama n'est plus, il est temps que l'Occident travaille à les refermer. Pour éviter plus de haine et plus d'extrémisme et pour nous assurer une paix pérenne, meilleure qu'un plan vigipirate renforcé.

30.4.11

God save the Prince

Que penser du mariage royal?

Le positif d'abord avec l'admiration pour cette monarchie qui survit a toutes les vicissitudes, cette revanche d'une reine qu'on croyait définitivement affaiblie mais qui nous surprend par sa détermination et sa constance. Le jeune couple est beau: de quoi nous faire oublier les duchesses disgracieuses! on ne pouvait rever de mieux pour héritier du trone, un prince rayonnant, tout de rouge vetu et une jeune et belle Catherine qui devient en une heure la potentielle future reine. Tout faire rever les adolescentes et rassurer les fervents monarchistes.

Un peu d'étonnement quand on admire cette dynastie héritée d'un autre temps, blanche, anglicane et profondément réactionnaire mais qui continue a régner avec ses privilèges et son aristocratie hautaine sur un pays démocratique, cosmopolite, métissé et sur bien d'aspects plus progressiste que de nombreuses  républiques. Fascination des foules: on leur vend un peu de rêve dans les rues de Londres ce matin. Paradoxe de cette patrie du pragmatisme qui s'autorise cette frivolité royale que lui envient peut-être les ministères du tourisme des pays sans roi.

Antipathie enfin du Duc d'Edimbourg et de ce qu'il représente, suspicion sur la Reine elle-même qui n'a invité que des ex-premiers ministres conservateurs et pensée froide pour ces valeurs moins belles que défendent les Windsor, entre chasse a courre et autres privilèges désuets. Quand tout le monde entonne "God save the Queen", on ne peut que sourire de voir un mari chanter un hymne a sa propre épouse et un père de mariée trop heureux et ridiculement plus fervent que jamais. Ironie de cette monarchie qui valse avec les roturiers pour s'inventer un avenir.

28.4.11

Belle-ile-du-Mozambique

Vamizi est une ile perdue au large du Mozambique. Une plage blanche immaculée, à peine une dizaine de villas somptueuses à l’architecture coloniale et des fonds marins spectaculaires. Un cadre idyllique pour méditer sur ce monde qui bouge trop vite et qui fait peur et qui semble s’arrêter des qu’on embarque à bord d’un petit avion.

Une pensée pour ce village qui borde la piste de fortune ou un coucou se pose non sans un petit air de Saint-Exupéry, ou ni électricité, ni asphalte, ni eau potable ne sont arrivés. Et ses enfant souriants qui saluent le riche touriste venu du Nord. Une pensée pour l’écotourisme, si beau sur le papier, si dur a appliquer. Certes pas de climatisation, ni de télévision à Vamizi ni même de vitres aux fenêtres. Mais quid du dessalement et de l'eau chaude, quid du groupe électrogène qui ne s’arrête que cinq minutes par jour? Puis comme nous le disait Ryan, un sympathique Irlandais du Kenya, un de ces nombreux blancs d’Afrique, il ne faut pas développer l’ile trop vite au risque de voir sa population doubler en quelques mois et ravager l’environnement.

Une pensée pour Paulo, l’instructeur de plongée, il vient de Maputo mais il ressemble a Bob Marley et c’est un fou des profondeurs qui vous emmène dans des crevasses infestées de requins et me donne son détendeur pour rallonger ma plongée avant de lui-même manquer d’air. Une pensée pour ces tortues et ces innombrables poissons qu’on admire par 35 mètres de fond puis aussi ces fruits de mer qu’on savoure, pieds nus dans des diners aux chandelles d’exception.

Tout cela avant de plier bagage et subir le chic d’une escale d’horreur a Dar Es Salam dans un Hilton climatisé comme importé de Dubaï, immeuble sans âge tel un attentat architectural et une piscine bétonnée bercée par un orchestre soporifique. On rêve alors de cet espoir impossible que ces iles d’Afrique restent vierges, qu’elles ne cèdent pas aux tentations de la croissance et du profit, que leurs plages demeurent désertes pour les plus beaux bains de minuit.

31.3.11

Fukushima en Ecosse

Les journaux de Glasgow titraient avant-hier que le nuage radioactif avait atteint l’Ecosse et bien sur, on pouvait penser que c’était encore une de ces unes sensationnelles dans la pure tradition de la presse britannique. Mais en s'y penchant un peu plus longuement, on ne peut que frissonner à l’idée que ces molécules empoisonnées puissent voyager si loin et que même si aucun des réacteurs n’a heureusement explosé, le désastre écologique soit déjà patent au Japon. On lit avec effroi que ces molécules de césium peuvent rayonner jusqu'à 300 ans et rendre les sols impropres à la culture.

Si on s’amusait à faire des statistiques, on prendrait le nombre de centrales, de sous-marins et autres engins nucléaires à travers le monde et on chercherait à prévoir la possibilité d’autres accidents. Dans la mesure où ces réacteurs sont partout, dans des pays riches et démocratiques mais aussi dans des dictatures et régimes douteux, cette probabilité de désastre existe bel et bien et ses conséquences seraient gravissimes.

Est-il déjà trop tard, a-t-on perdu la raison en laissant le danger de l’atome envahir la planète avec d’insidieuses bombes à retardement ? Peut-être. En tout cas, pour les dirigeants, il n’est pas trop tard pour agir et envisager une sortie graduelle de cette énergie qu’on maitrise beaucoup moins bien qu’on ne le pensait (ou qu’on nous faisait croire). On avait mis Tchernobyl sur le compte de l'effondrement du communisme, mais que dira-t-on de Fukushima?

24.3.11

Marine Le Pen et les journalistes du Grand Journal

Marine Le Pen est un danger pour la France. Et cela, justement parce que je l'ai plutôt trouvée talentueuse voire sympathique cette semaine au Grand Journal devant des journalistes mal à l’aise, tantôt arrogants, tantôt méprisants et en tout cas incapables de la tester et la mettre en difficulté sur le fond de ses idées et de son programme.

Ils se trompent quand ils lui ressortent des vidéos poussiéreuses de 1987 ou Jean-Marie Le Pen déblatérait son négationnisme et son antisémitisme primaire. Ils devraient attaquer Mme Le Pen sur le vrai fond problématique de son discours. Celui de l’incitation à la xénophobie, de l’utilisation des immigrés et d’une partie des Français comme boucs émissaires, celui de la fermeture de la France au monde et l’irréalisme de sa vision de la mondialisation.

Mais que nenni, Jean-Michel Aphatie très décevant a préféré l’attaquer sur son éducation et son manque d’expérience. Cette arrogance ne fait que conforter le sentiment des sympathisants FN d’être constamment méprisés et humiliés par des élites qui accaparent les medias et le pouvoir. Certes, sans surprise Ali Badou a été trop émotif pour soutenir une vraie conversation. Moi qui tout comme lui suis Français issu de l’immigration, je ne peux pas le lui reprocher tant le FN me rappelle des mauvais souvenirs d’adolescence et cette horrible sensation d’être l’ennemi public parce qu’on est étranger.

En conclusion, il est dommage que personne n’ait pu expliquer a Marine Le Pen (et aux Francais qui la soutiennent) que c’est justement son discours de haine qui est le plus gros moteur de la stigmatisation des jeunes en banlieue, de leur sentiment d’être exclus et haïs. C’est aussi parce que Marine Le Pen appelle à les détester qu’ils ne chantent pas la Marseillaise.

19.3.11

Faut-il sauver Benghazi?


Faut-il sauver Benghazi?
Etonnant monde ou les diplomates américains sont embarrassés par le spectre d’un troisième conflit armé en Orient après les bourbiers afghans et irakiens. Ils se disent peut-être: on s’était trompé de dictateur en s’acharnant sur Saddam Hussein alors qu’il y avait au moins aussi cruel que lui en Afrique du Nord. D’aucuns pourraient rajouter que Saddam Hussein n’avais pas fait sauter la Pan Am sur Lockerbie ni UTA dans le Sahel, il n’avait pas financé l’IRA non plus.
En tout cas, la France a décidé d'intervenir. Qu’elle soit née d’une volonté d’apaiser l’opinion et gagner des points dans les sondages ou pas, il faut de toute façon saluer la pro activité du gouvernement français et celle de ses alliés britanniques. Et critiquer la passivité et la frilosité d'Angela Merkel trop occupée a fermer des centrales nucléaires et surfer sur la psychose issue du Japon.
Que Benghazi ne devienne pas une nouvelle Srebrenica. Mettons fin à l’arrogance de l’ignoble tyran avant qu’il ne soit trop tard.

15.3.11

Pensons au Japon d'abord

La terre a tremblé trop fort au Japon et la nature s’est déchainée sur l’archipel. Et maintenant, comme si les impensables images de cette mer se vidant dans les plaines ne suffisaient pas, c’est l’horreur des accidents nucléaires qui saisit le monde d’effroi. Mais égocentrisme humain oblige, la catastrophe nous rappelle surtout via les médias Occidentaux que nous vivons tous sur des pièges nucléaires qui peuvent se refermer sans préavis. Tout comme le drame libyen a déclenché plus d’angoisses sur l’immigration arabe que de véritables signes d’empathie pour les peuples en rébellion.

Nos pensées devraient en premier lieu être pour le Japon et les Japonais qui ont déjà tant souffert des horreurs du nucléaire et qui se trouvent une nouvelle fois face a une angoisse d’autant plus terrible qu’elle ravive les pires blessures. Et bien sur, ensuite, il faudra penser à mieux surveiller et sécuriser l’énergie nucléaire en France, créer un contrôle qui soit indépendant comme le péroraient hier les politiciens les plus rapides et les plus opportunistes.
Mais que nos pensées et nos prières aillent d’abord pour nos amis du Japon.

11.3.11

Pensée pour la femme libanaise

Avec un peu de retard, une pensée pour les femmes qui se battent pour leurs droits à travers le monde.
Et plus particulièrement pour les Libanaises qui souffrent de lois discriminatoires honteuses. Ce pays ingouvernable peut au moins se targuer d’une absence de dictateur, d’une tradition démocratique certes très imparfaite mais vieille de 77 ans et d’élections parlementaires tous les quatre ans. Mais au Liban, les femmes ne peuvent toujours pas donner la nationalité a leurs enfants si leur mari est étranger (sous le prétexte rocambolesque de ne pas faciliter l’implantation des refugiés palestiniens). C’est une honte pour le Liban et pour les femmes et une source de frustration immense pour ces couples binationaux qui vivent au Liban et dont les enfants tous Libanais soient-ils sont étrangers dans leur propre pays.

Plus globalement, le fait que les droits civiques au Liban soient encore régis par la religion est un vrai problème et particulièrement pour les femmes. Bien que membre fondateur de l’ONU et signataire de la charte universelle des droits de l’homme, le Liban offre des droits différents à ses femmes selon leur religion! De la femme musulmane qui peut être répudiée sans raisons à la femme catholique qui ne peut divorcer, l’archaïsme de ce système est criant. Le système confessionnel absurde, l’absence de mariage civil, des règles de succession différentes selon la religion semblent provenir d’un autre âge. Il est dommage qu’aucun politicien ne s’empare sérieusement de ce vrai sujet.

Les parlementaires libanaises ont une grande responsabilité et elles ne peuvent pas vraiment fanfaronner. On ne les entend jamais alors qu'elles pourraient en se réveillant, sonner le glas d'un système sclérosé. Il sera plus facile d'accepter l'abolition du confessionalisme politique avec des femmes politiciennes au devant de la scène qu'avec les ex-caïds de guerre devenus politiciens bien virils, parfois effrayants et souvent fanatiques.

8.3.11

Ambiance populiste et décadente

J’ai souvent critiqué cet acharnement du sarkozysme à se pencher sur l'Islam de manière populiste et malsaine dans le but de combattre le FN sur son terrain de prédilection, celui de la peur et la haine d’autrui. On se souvient de la maladresse du débat sur l’identité nationale tellement stigmatisant, sans oublier le tapage médiatique intense sur l’épiphénomène de la burqa et l’acharnement hystérique de M. Hortefeux sur des faits divers inconséquents comme la conductrice voilée et son compagnon polygame…

Et cela n’est malheureusement pas fini! Jean-François Copé nous propose désormais tout simplement, tout bonnement et avec son arrogance habituelle un pur débat sur l’islam ! On se demande bien pourquoi il faudrait débattre aujourd'hui et aux frais du contribuable d’une religion et de sa pratique en France alors que l’essentiel de nos soucis sont d’ordre économique (et diplomatique !). Et plus maladroit que jamais, M. Sarkozy essaie dans la foulée de nous faire pleurer de joie (ou de honte) sur la beauté de nos cathédrales alors que la géopolitique bouge et avance en Afrique du Nord et qu’on attend de l’Etat qu’il joue son rôle dans ce changement extraordinaire qui traverse le monde arabe plutôt que verser dans un nationalisme nostalgique de bas étage. On voudrait vraiment croire que la France est moins décadente que leurs discours ne laissent a penser.

Mais surtout, ces derniers jours révèlent l’échec cuisant de cette politique aventureuse. Marine Le Pen n’a jamais été aussi populaire et est donnée gagnante du premier tour de 2012! Elle a au moins le « mérite » d’avoir choisi ouvertement le populisme anti-islam et elle assume sans hypocrisie son discours xénophobe. Rien d’étonnant qu’elle profite de ce brouhaha sur l’islam que la majorité a instauré volontairement. On dit même que des musulmans laïcs la trouvent sympathique tant la majorité les dégoute et la gauche les endort. Il faut avouer que la corruption qu’elle décrie et le « Tous pourris » qu'elle rabache ont atteint leur apogée avec l’affaire Woerth suivie de l’affaire MAM, le retour de M. Juppé et de M. Longuet tous salis par des affaires et les échappées belles de M. Chirac éternellement immune a la moindre justice. Ca me donnerait presque envie de voter pour Eva Joly…