29.12.09

Mon Londres-Paris: Etape 2 - Les falaises de Douvres

Les falaises crayeuses de Douvres sont moins impressionnantes que leur reputation pouvait le presager. Leur hauteur est un peu decevante pour une "forteresse Angleterre". Et dire que Hitler s'y est casse les dents! - du moins, dans notre imaginaire collectif. Leur blancheur indiscutable a donne a l'Angleterre le surnom d'Albion mais Douvres n'a evidemment rien de bien perfide, mis a part la desorganisation de P&O Ferries pris d'assaut par des centaines de voyageurs arrives de Londres depoussierant un mode de voyage desormais presque exclusivement reserve aux voitures.

On est quand meme la dans un lieu historique; la memoire de millions de passagers quittant l'ile y flotte encore et l'Angleterre est plus English que jamais, bobbys, black cabs et compagnie alors qu'elle fricote presque avec le continent.

27.12.09

Mon Londres-Paris: Etape 1 - Le Kent sous la neige



Les Noels blancs ont ca de miraculeux qu'ils recouvrent nos vies de cette belle et immaculee couche de lumiere. La neige donne aux gares les plus austeres des airs gais de station de sport d'hiver. Le blanc rend tout beau et egal et dissimule les verrues de notre quotidien. Il uniformise les villes et les reduit au silence. Il en cache la pollution le temps que la neige fonde. C'est comme un pansement, un traitement symptomatique, une morphine blanche pour le monde, il ne guerit rien mais il rend la vie plus belle, plus suppportable.


Sauf quand la neige ne parvient pas a resister, tombee sur une plaque de metal trop sale, trop chaude ou sur un objet trop eleve, trop aigu. L'ambiance de fete est alors compromise. La neige n'a pas tellement recouvert la condamnation a onze ans de prison de Liu Xiaobo, un dissident chinois, juste pour avoir appele au pluripartisme, ni le brillant nigerian devenu demon a Detroit, ni bien sur l'echec du sommet de Copenhague.

Mon Londres-Paris: Charing Cross



Faute d'Eurostar ou de place d'avion, un eternel voyageur comme moi ne pouvait accepter d'etre bloque a Londres contre son gre pour plus de 24 heures.
Resultat: je prends un autre train dimanche 20 decembre. Il part de Charing Cross pour Douvres, il est lent et melancolique mais il permet au moins de partir, d'etre en route, de quitter la case depart. Il me fait rencontrer des gens et me permet de m'ennuyer...

Une pensee par etape.

16.12.09

Et si on laissait l'Islam un peu tranquille?

Rarement l'Islam n'a été autant d'actualité. Se bousculent au portillon médiatique, la guerre en Iraq ou en Afghanistan, la loi sur la burqa, les minarets en Suisse et surtout l'invité encombrant de dernière minute, le débat sur l'identité nationale qui - comme son nom ne l'indique pas - a été purement centré sur la question de l'Islam en France.

En tant qu'Oriental, en tant que ressortissant d'un Liban largement musulman, en tant que cousin de musulmans, en tant qu'ami de musulmans, en tant que Français, en tant qu'immigré de première génération, en tant que Chrétien, j'ai envie de demander un moratoire, une halte:
Pourrait-on cesser de s'arquebouter sur ce mono-sujet qu'est l'Islam? Que l'Islam - à l'instar de tant de religions avant lui - traverse une période complexe, tiraillé entre tradition et modernité, entre fanatiques et réformistes, nul ne le nie. Mais il faut avouer que l'engouement actuel des politiciens et des médias pour la question de l'Islam est malsain. Il a un agenda politique et éléctoral indigne. Et il ne fait pas l'intérêt de la majorité des musulmans qui souhaitent vivre leur religion en paix et dans le respect des autres. Il est l'huile jetée sur le brasier des extrémistes, friands de victimisation et d'Occident islamophobe.

A force de parler d'Islam à outrance et comme un problème, on l'empêche peut-être de trouver tout seul, sereinement, les bonnes solutions.

12.12.09

Les failles de Dubaï


J'ai beaucoup de mal à être désolé des déboires de Dubaï et de ses opulentes sociétés immobilières.

Alors que le monde entier parlait de réchauffement et d'écologie, l'émirat construsait des tours vides et laides et des iles pharaoniques dans la mer. Alors que des pays ayant tout pour réussir, - main d'œuvre, valeurs, liberté et démocratie -, peinaient à s'épanouir faute d'infrastructures, Dubaï construisait un pléthore de routes, de ponts et de terre-plein sans se soucier de qui viendrait les utiliser. Alors que l'heure était enfin au commerce équitable et au respect des travailleurs étrangers, Dubaï réduisait en quasi-esclavage des milliers d'immigrés pakistanais ou autres attirés par l'Eldorado des sables. Alors que le tourisme international changeait et que l'on prônait le retour au charme et à la nature, Dubaï accueillait en ses tours bétonneuses les hordes de touristes opportunistes à l'affut d'un luxe aussi mauvais gout que bas de gamme. Cette ascension insensée de Dubaï faisait pourtant plus d'admirateurs que de critiques.

On pardonne souvent beaucoup de frasques aux princes mégalomanes qui arrosent la populace de deniers. C'est le jour où ses caisses se tarissent que l'on voit en un instant tous les défauts sordides d'un monarque peu éclairé.

6.12.09

Traditions... et mode masculine


Encore les traditions... Cette fois l'Ecosse. Quarante minute pour enfiler un kilt sans rien oublier ou presque. Ce n'est pas une simple jupe, c'est un véritable rideau. Les chaussettes sont grosses et ornées de flashers decoratifs et d'un couteau pour se défendre (un faux evidemment, les vrais sont interdits a Glasgow). Le "sborron", une bourse de Celte endurci sert a cacher le whisky mais par son poids, il tient en place ce vêtement un peu inquiétant pour les habitués du pantalon.

Ce que j'ai aimé, ce sont ces sourires et signes de connivence fraternelle que les Ecossais s'échangent à la vue de leur costume national. Un simple smoking parait tout d'un coup bien terne... "You look great" vous font-ils fraternellement. De quoi vous donner envie d'être Ecossais!

Quand est-ce que les designers d'autres pays s'empareront de leurs traditions oubliées? Pourquoi ne pas imaginer un retour du Tarbouche dans les soirées et les mariages Beyrouthins? Les marques Italiennes ne gagneraient-elle pas a réinstituer la Renaissance pour égayer les tenues milanaises un peu coincées? Puis les bérets basques feront-ils un jour leur come back dans GQ poussées par un Stefano Pilati ou un Jean-Paul Gautier en mal de tradition?

30.11.09

Urbaniste ou raciste?

Soyons francs... Pour ceux qui connaissent bien la Suisse, il faut avouer qu'un minaret oriental ne va pas très bien dans le décor d'un petit village alpin. Tout comme un clocher roman serait sans doute bizarre dans un village traditionnel afghan. Il y a surement là une question d'urbaniste. Pourquoi pas un projet architectural pour un minaret façon clocher alpin qui puisse s'insérer dans la tranquille montagne helvétique?
Trop tard... Le mauvais gout, le racisme et la xénophobie se sont emparé de l'affaire. Des affiches haineuses avec des minarets devenus missiles et la confédération a été débordée par ses pires démons. Ad nauseam.

29.11.09

Bethléem


Il y a 20 siècles, à Bethléem, naissait un homme qui allait changer le monde. On dit que l'enfant-Dieu était entouré de bergers. Puis il est devenu un berger, guidant ses disciples. Et il leur a parlé d'artisans de paix, d'amour, de pardon et de justice.
Aujourd'hui Bethléem est une ville cernée de murs et entourée des colonies. Un bantoustan arabe avec 40% de chômage. Et il n'y a toujours pas l'ombre d'un berger pour guider le peuple palestinien. Même ceux qui cherchaient en vain à l'être baissent les bras devant l'impossible mission.
En ce Noël, comment ne pas penser a cette contradiction de l'Orient, le lieu où sont nées ces civilisations mais peut-être aussi celui où elles se meurent?

Images du Mur de Bethléem:
http://www.youtube.com/watch?v=EvLXRfqhLdc

17.11.09

Traditions

On devrait faire plus attention aux traditions.
Je ne parle pas de celles qui avilissent ni de celles qui font du mal. Je ne parle pas de traditions ignobles qu'on justifie par le relativisme culturel hypocrite. Non. Il faudrait protéger les traditions qui rendent notre vie plus belle, plus riche.

Deux exemples récents de traditions malmenées m'y font penser. Le premier est la remise en cause de la tradition italienne d'avoir des croix en classe. Certes, on peut penser que cela est dépassé, que les écoles publiques italiennes doivent promouvoir la laïcité... etc etc Mais à qui cette croix fait-elle vraiment du mal? Pourquoi nier l'héritage profondément chrétien de l'Italie? La croix n'est pourtant ni une insulte, ni un affront pour ceux qui n'y croient pas.

Le second est ce député travailliste britannique qui a couvert la reine d'insultes en la traitant de parasite et de vermine sur Facebook... Il a déclenché l'opprobre, on réclame sa démission. Cela parait bien incroyable dans cette patrie du pragmatisme qu'est l'Angleterre. Et pourtant, la tradition si irrationnelle soit-elle a, outre-manche, ses fervents défenseurs.

15.11.09

Heureux Brésil

Dans les moroses pensées que suscitent les récentes actualités, un pays fait vraiment exception, c'est le Brésil.

Dans un continent ou les dictatures se perpétuent et ou les Chavez consolident leur pouvoir, Lula brille par ses qualités de dirigeant populaire et éclairé. Dans un G20 ou les puissances ne s'accordent que sur des voeux pieux, le grand pays vert se distingue par la transparence de sa politique. C'est aussi le premier pays émergent à s'engager à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dans une crise ou les systèmes économiques se débattent pour ne pas sombrer et sans vraiment réussir a convaincre, la vitalité économique du Brésil nous laisse envieux. L'attribution des jeux olympiques a Rio est une consécration de cet essor.

Quand je visitai Rio il y a quelques années, je ne pus que tomber raide amoureux de cette ville de la mer et des sourires. Sur les longues plages, les riches et les pauvres, les blonds et les noirs sont heureux. Même dans les favelas et les lieux les moins privilégies, j'y ai vu des enfants qui jouent et qui rient. Malgré l'insécurité, le crime, les gangs et la drogue, le Brésil reste un pays d'optimistes et ça leur réussit. Un pays qui espère, ça donne envie.

8.11.09

"An Education", un film vrai


An Education est un film vrai. Jenny est une vraie lycéenne dans une très vraie banlieue de Londres morose et moyenne. Son admirateur David est un vrai flambeur aussi sympathique que déroutant.
La magie du film fait que le spectateur passe de l'autre côté de l'écran, s'exclame avec l'héroïne: "mais elle a bien, raison toutes ces études ne servent a rien!". Puis déçu par cette aventure et le mirage de ce bonheur, il atterrit comme elle, dépité d'avoir cru voler si haut mais content d'être ramené a bon port.
Une jeune anglaise francophile qui égrène les 33 tours de Juliette Greco et rêve de notre beau Paris, c'est aussi bien sympathique à découvrir pour un londonien français. A voir.

Liban: les livraisons dangereuses


Un navire battant pavillon de complaisance et transportant des tonnes de roquettes et autres gadgets peu complaisants a été arraisonné par la marine israélienne avant qu'il n'arrive en Syrie et de là, probablement au Hezbollah, au Liban.

En silence, pendant que les partis Libanais se querellent sur un ministère de plus ou de moins, les armes continuent à affluer clandestinement, éternellement attirées par un pays du Cèdre ingouvernable. Pendant que le Général Aoun mauvais perdant et jusque-boutiste conteste et tempête exigeant sans pudeur des lambeaux d'un pouvoir qui n'existe plus, les bas-fonds du pays se préparent pour le prochain feu d'artifice mortel. Leurs télécommandes sont bien à Téhéran et à Damas, mais les nocifs jouets s'entreposent dans les camps de réfugiés, les misérables villages du Sud-Liban et les glauques cloaques de la banlieue sud ou des années de violence israélienne, d'embrigadement islamiste et de propagande ont fait de la haine une bonne raison de vivre et de mourir.

Pendant ce temps, Beyrouth vit sa vie, comme d'habitude, au jour le jour, comme si chaque nuit et chaque soirée étaient les dernières. Les bouchons de champagne y volent aussi vite que les oiseaux de mauvais augure. Mais l'avenir n'en est que plus incertain.

30.10.09

D'un siècle a l'autre


Il y a vingt ans, le XXème siècle s'est achevé dans l'euphorie de la chute du mur de Berlin. Pendant une bonne dizaine d'années, on a célébré ce happy end de la guerre froide, la victoire du moins mauvais des systèmes, du capitalisme humaniste, de la démocratie qui s'étendra partout. On a sonné le glas du racisme, on l'a enterré même en Afrique du Sud. On a vu pointer la fin de toutes les guerres, on a cru en la poignée de main historique entre des ennemis proche-orientaux, devant un sourire jovial de Bill Clinton. On a parlé de la fin de l'Histoire.

Puis le XXIème siècle a commencé le 11 septembre 2001. On s'est retrouvé en face de nouveaux démons, cachés, terrés et terrorisants. Les Cassandres se sont emparé de nos pensées, ils ont parlé de guerre de civilisations, d'incertitudes et de doutes. La planète un moment apaisée s'est fait peur. On a vu les océans monter inéluctablement, les génocides et les guerres se perpétuer, les pires dictatures perdurer et se muer en monarchies héréditaires. On a vu Kadhafi l'assassin reçu a l'Elysée. De nouveaux murs se sont érigés, entre pays riches et pauvres, entre Juifs et Arabes. Et le dernier bastion de nos certitudes, notre libéralisme anglo-saxon si pragmatique, si plein de bon sens a aussi dérapé dans un ravin de dettes et de crises financières. Pour achever de semer la stupeur, les épidémies d'un autre temps rappelant des pestes et des grippes espagnoles nous ont averti que l'Histoire n'est clairement pas finie.



23.10.09

Crisothérapie

Drôle de crise qui s’est annoncée en 2008 comme une maladie grave, une affection plus violente que 1929 ou 1973 et que nos gouvernements ont accueilli par des remèdes de cheval –les principaux étant la baisse historique des taux et la montée inversement proportionnelle des déficits publics.
Drôle de pathologie qu’on a voulu si vite confiner, empêcher de s’installer, enrayer, avant même que ses symptômes ne soient tous visibles.
Cette métaphore nous donne un monde malade qui sait qu’il couve un mal terrible mais qui, à coup de médicaments pour la plupart symptomatiques, traverse l’épreuve avec un minimum de dégâts apparents.

La question que tout patient se pose est forcément sur la durabilité et l'efficacité de sa thérapie. Et c’est là qu’il peut osciller du plus grand pessimisme jusqu'à l’euphorie bon enfant :
A-t-on simplement caché les dysfonctionnements ce qui ne fait que les grandir a l'abri des regards ?
A-t-on empêché l’explosion et laissé la bulle s’entretenir et grandir ? Finira-t elle par éclater quand même ?
Ou a-t-on plutôt évité le pire et transformé un cataclysme imminent en une longue et graduelle rémission?

Baisser les taux à outrance, plonger les Etats dans une débauche dépensière, et maintenir les bulles financières, les profits des banques et autres bonus sous forte perfusion de cash se fait forcément avec l’argent de contribuables moyens « donneurs ». Même si c’est un long et imperceptible prélèvement, leur épargne ne rapporte plus rien, leurs monnaies s’écroulent, leurs richesses s’érodent pour maintenir un systeme artificiel et instable.
En somme, le patient se porte plutôt bien, couvert des soins intensifs. Mais comme pour tous les traitements de pointe, la facture hospitalière sera longue et douloureuse à payer. La guérison n'en est pas pour autant gagnée.

15.10.09

La France qui pleure et Jean qui rit


Nicolas Sarkozy n'en est plus a ses premières bourdes.

Au début de son mandat, je croyais qu'il s'était mal entouré, que ses conseillers en communication étaient des ânes, que les choses devaient vite rentrer dans l'ordre...
Mais après un troisième mariage sulfureux, des déclarations à l'emporte pièce sur le QI de Zapatero ou l'expertise d'Obama et autres menus scandales sur talonnettes, je commence à croire qu'il ne doit pas écouter grand monde de toute façon.

La carrière politique prématurée de son fils est aussi inopportune que néfaste. Le président n'aurait jamais du la laisser filer ou l'encourager. A supposer même que Jean Sarkozy ait voulu et mérité ce poste (grande supposition je le concède), la raison d'état et le simple bon sens auraient du l'en dissuader.

Nous étions nombreux a rêver que la France se ressaisisse sous l'impulsion du président. Incorrigible optimiste que je suis, j'avoue que je m'étais réjoui que M. Sarkozy par son énergie et sa force de travail ait changé la tradition des présidents français statiques, immobiles et au dessus de tout. J'espère désormais seulement que sa maladresse ne le réduise définitivement à un rôle de leader agité, despotique et en dessous de tout.


8.10.09

Mauvais Roman


Que penser de l'affaire Roman Polanski?

On pourrait etre piégé par la sympathie qu'inspirent son talent, la beauté d'un film comme le Pianiste ou le souvenir de la Palme d'or. Mais les faits que lui reprochent la justice Californienne sont tellement criants. Et il est difficile de trouver une raison valable pour laquelle il devrait en être délivré.

Pourquoi donc ces déclarations hâtives et cette indignation un rien teintée d'anti- américanisme primaire?
Ce n'est portant pas le Texas qui le condamne a mort, ce n'est pas George Bush fils qui le démonise, c'est une loi dont l'application n'aurait fait sourciller personne s'il elle n'incommodait pas un cinéaste reconnu et populaire. C'est un embrassement pour tout le monde de relativiser, nuancer ou de chercher a en atténuer l'application.

Ce que je pense c'est que Roman Polanski devrait accepter lui même d'affronter la justice américaine. Qu'il devrait admettre ses torts et laisser les juges décider s'il y a prescription ou circonstances atténuantes. Son capital sympathie n'en serait que grandi.

1.10.09

Nothing personal of course



Gordon Brown est plus que jamais la victime de l'opinion Brtitannique, un peu comme un exutoire collectif, une brebis galeuse détestée.

Bien perfides sont par exemple les réactions aux déclarations larmoyantes de Sarah Brown décrivant son mari "ce n'est pas un saint (...) mais il aime tant ce pays": Hier matin Lord Bingham, un célebre conservateur endurci, assénait à la BBC London que ces propos étaient "désastreux" et que ce qui le dérangeait le plus, c'est qu'on essaie de faire de la politique avec "de l'émotion avant l'intellect". Typique exemple de cette aversion si anglaise pour tout ce qui est émotionnel surtout quand il s'agit de démolir un des premier ministres les plus impopulaires et les moins charismatiques de tous les temps.

Aussi peu émotionnel est l'acharnement du tabloïd The Sun qui prétend meme décider des résultats des prochaines élections et cherche continuellement querelle a M. Brown. Pris au piège des provocations, le premier ministre a répondu que "les journaux ne décidaient pas des résultats d'élections générales", ce qui n'a fait que monter en sauce toute l'histoire car ils lui ont aussitôt rappelé avec cynisme qu'il ne disait pas cela à l'époque le Sun avait soutenu le Labour.


Ressentir des émotions (pro ou anti-Brown) face à ce lynchage médiatique est jugé en Angleterre comme un signe de faiblesse, de frivolité ou de mauvais goût. Quand je dis a mes collègues que M. Brown m'en est presque sympathique, je percois dans leur regard un abîme d'incompréhension devant mes émotions bien continentales. Toute cette Anti-Brown mania est évidemment proférée, déclarée, établie, récitée sans la moindre animosité, sans nulle excitation, ni enthousiasme, ni méchanceté assumée! Avec juste un peu d'humour peut-être. Mais rien de personnel bien sur! C'est la mise a mort d'un personnage et non d'une personne. Dans le plus grand flegme.

26.9.09

Colonisation... Toujours impunie

L'embellie aura été de courte durée. Les Etats-Unis ont cédé et accepté de ne plus exiger le gel de la colonisation israélienne des territoires occupés comme préalable - pourtant bien nécessaire- à une relance du processus de paix.

Pourtant, cette colonisation est une véritable agression continue contre le peuple Palestinien. Elle est née d'une politique nationaliste qui vise a "judaiser" les terres arabes et créer des faits accomplis pour empêcher la formation d'un Etat Palestinien viable. Elle grignote et émiette des territoires pris par la violence et que le droit international et les conventions protègent en principe. Et si tous les colons ne sont pas des extrémistes religieux et que beaucoup s'installent là faute de mieux, elle laisse aussi parfois des malades de la Bible et de la Terre Promise terroriser avec leurs armes des paysans Arabes désemparés et sans défense. A l'intérieur même d'Israel, les intellectuels et les ONG comme "La Paix maintenant" l'ont condamnée a moultes reprises.
Malgré tout cela, il y'a eu mille fois plus d'acharnement américain et occidental a condamner des armes prétendument chimiques en Iraq, des armes possiblement nucléaires en Iran que d'efforts pour dissuader Israël de poursuivre une colonisation nationaliste qui rappelle les pires pratiques du siècle dernier.

On peut bien sur déguiser les choses et se dire que la colonisation israélienne semble moins haïssable ou plus "politically correct" que l'anti-sémitisme et le négationnisme stupide des extrémistes arabes. Mais on peut aussi renvoyer dos à dos le Likoud et ses pires ennemis tant ils excellent ensemble dans l'art de nier à l'autre son histoire et son droit d'exister.



17.9.09

L'Italie entre ange et démon


L'Italie a de tous temps allié les plus beaux anges et les pires démons. Pour ceux qui comme moi sont amoureux de ce pays, la querelle ouverte entre Ezio Mauro, le rédacteur en chef de la Repubblica et Silvio Berlusconi en est le bel exemple récent et frappant.

Par de bien nombreux aspects, Berlusconi rassemble en effet à lui seul le pire de ce que l'Italie peut offrir.
On peut s'amuser a voir des ressemblances inquiétantes entre les orgies Romaines et les fêtes Berlusconiennes. On peut imaginer Lucrèce Borgia réapparaître dans les toxiques querelles conjuguales du "Cavaliere" qui -en français tout du moins- porte vraiment bien son surnom et au sens figuré. Ses perfides joutes verbales et sa malhonnêteté intellectuelle sont dignes de Vénitiens détournant une quatrième croisade. La manipulation des lois dont il est le spécialiste et son mépris pour l'intérêt public sont réminiscents de la décadence des Médicis. Seule sa grossièreté reste inégalée. Et on se surprendrait presque à espérer l'arrivée d'un Brutus moderne qui puisse nous débarrasser de cette ploutocratie dépravée.

Ezio Mauro, lui, par sa finesse et son talent nous rappelle le meilleur de l'Italie. Son courage dans sa bataille médiatique avec l'homme le plus riche et le plus puissant de la péninsule rappelle la bravoure d'un Horace ou d'un juge Falcone. Son flegme, son humour et ses dix questions embarrassantes provoquent l'admiration comme une oeuvre d'art. Espérons que l'habileté de son approche et l'intelligence de ses propos soient un signe avant-coureur d'une nouvelle Renaissance Italienne, d'un réveil qui tous les jours devient plus urgent.

5.9.09

Inglorious Pensée


Il y a 70 ans, presque jour pour jour, la grave voix de Neville Chamberlain annonçait aux Britanniques "This country is at war with Germany". Dans ses mots solennels prononcés sur les ondes de la BBC, on pouvait deviner toute la déception de devoir engager la Nation dans une guerre qu'il s'était évertué à éviter, l'appréhension de devoir combattre une dictature sur-armée et la peur des pertes humaines et militaires inéluctables.

La pensée du jour va donc forcement à ces dizaines de millions de victimes en moins de six ans, à ce déchaînement de l'humanité contre elle-même et à tous ces démons cachés, censurés, écrasés et qui se sont réveillés un matin de septembre, libres de sévir sans merci et sans frontieres. La pensée va évidemment aux Juifs déportés, à tous ces innocents assassinés sauvagement et méthodiquement. La pensée va aussi à ces villes alliées, japonaises ou allemandes qui se sont écroulées sur leurs habitants.
Cette apocalypse si courte - six ans ce n'est pas grand chose finalement - et pourtant si riche en souvenirs atroces et images noires. Comme un avertissement pour rappeler a l'homme jusqu'où il peut descendre et avec quelle vitesse.

Sans calmer ces réminiscences inquiétantes, le dernier film de Tarantino les transforme et il nous console par sa créativité, la beauté de ses images et son jeu d'acteurs exceptionnel. Si l'on ose enfin transformer l'apocalypse en fiction sans que cela ne soit comique ou de mauvais goût, c'est peut-être parce qu'on a enfin commence a l'accepter, la comprendre et la digérer.

21.8.09

La realpolitik et sa laideur


La realpolitik n'en finit pas de nous affliger.

La libération anticipée de M. Megrahi -jugé responsable de l'attentat de Lockerbie- en est elle le dernier exemple?
Oui, selon beaucoup qui accusent le gouvernement britannique d'avoir influencé cette décision de justice pour des raisons économiques. Non, selon la justice écossaise qui invoque des raisons purement humanitaires.

En tous cas, le spectacle pitoyable de cette foule stupide qui acclame le terroriste à son arrivée en Libye est une démonstration de plus (s'il en faut) de toutes les couleuvres que nos gouvernements complaisants acceptent d'avaler pour plaire a M. Kadhafi. Sommes-nous donc si décadents pour brader la douleur et le deuil des familles d'innocents assassinés en échange de quelques pétrodollars? Il semble bien que oui. Voilà de quoi nous faire espérer la fin du pétrole et des réserves d'hydrocarbures. Plutôt rouler en voiture hybride et voyager en paquebot que supporter sans cesse la laideur, la goujaterie et l'ignorance.

15.8.09

Jérusalem et Gaza

Deux pensées ces jours-ci pour deux villes de Palestine.

Ma première contemple Jérusalem-Est, territoire occupé et annexé illégalement par Israël. Là-bas, tout comme dans le reste de la Cisjordanie, la colonisation de terres arabes, les explusions de ressortissants non Juifs et les confiscations en tout genre battent toujours leur plein, sous l'oeil à peine réprobateur des puissances occidentales. Le sentiment d'injustice est immense. Comment s'attend-on à ce que les populations arabes et musulmanes comprennent la complaisance vis-à-vis d'Israël malgré ses constantes violations du droit international? Il ne faudrait pourtant pas laisser Netanyahu et ses sbires enterrer ainsi jour après jour tout espoir de paix et pourtant, il a bien les mains libres en Palestine et il n'y a même pas l'ombre d'une sanction pour freiner l'allitération de faits accomplis qu'il entreprend avec hargne.

Ma deuxième pensée est pour Gaza. Après le déchaînement de la machine guerre istaélienne fin 2008, la ville maudite est retombée un peu dans l'oubli. Mais qu'attend-on au juste de cette bande de terre désertique, surpeuplée et gouvernée par des extrémistes?
Le Hamas s'y bat maintenant avec un mouvement salafiste qui lui reproche trop de laisser-aller en teme de moeurs (sic). Triste et ironique quand on sait que les femmes ne peuvent même plus rire sur les plages sans courir le risque de se faire arrêter... Non moins inquiétante est cette organisation de camps "scouts" où on parle déjà de violence à des enfants qui n'ont plus rien.

http://www.lemonde.fr/proche-orient/video/2009/08/11/a-gaza-le-hamas-organise-ses-camps-d-ete_1227656_3218.html#ens_id=1106055

Jusqu'au jour où quelqu'un décidera qu'il est temps de tout redétruire, lancera une roquette sur Israël et provoquera un déluge de feu et de plomb sur la cité de la misère. On invoquera bien sûr la légitime défense et le droit d'Israël à répondre à des attaques contre ses citoyens. D'un territoire que l'Etat Hébreu a pourtant colonisé, occupé, meurtri et maltraité pendant trente ans et dont il continue à empêcher le ravitaillement, on exige bien sûr un comportement irréprochable, une absence de violence et d'appels à la haine et une civilité dignes de celles d'un canton suisse.

10.8.09

Les bonus et les salaires fixes

Difficile d'avoir un avis tranché au sujet des extravagantes rénumérations des banquiers.

Ma première réaction face au tollé que provoquent les impertinentes annonces de bonus a longtemps été un mélange de fatalisme et de pragmatisme. Ler capitalisme n'est pas un système basé sur la justice ou l'équité. Ce qui compte, c'est l'offre et la demande. On n'a là qu'un des côtés choquants de ce système mais il faut bien l'accepter.

Pourtant, au fur et à mesure - serait-ce mon séjour actuel en France qui me rendrait idéaliste? - j'avoue que je commence à penser qu'il y a peut-être des manières de réguler cet aspect du capitalisme qui a visiblement dégénéré.

Mais plutôt que chercher à priver nos traders de leurs bonus ce qui n'aboutirait qu'à les voir émigrer dans les pays anglo-saxons plus complaisants et détruire de la valeur pour l'économie française, je pense que les solutions sont comme souvent dans la régulation du système.
Par exemple, une vraie question se pose: Pourquoi les traders et autres aventuriers de la Finance ne reçoivent-ils pas de salaires fixes significatifs qui reflètent leur expérience et leurs compéténces? Qu'on veuille rémunérer leur performance de façon variable est certes compréhensible mais pourquoi la part de variable est-elle devenue disproportionnée au risque de faire de leur travail et de leur vie une perpétuelle fuite en avant? Pourquoi leurs salaires fixes sont ils si anecdotiques?
Si la machine du risque et de la rémunération s'est emballée, les coupables sont moins les traders que les banques qui font reposer le risque sur leurs employés et leur rémunération. D'où des comportements jusque-boutistes et malsains que l'on connaît. Ne pourrait-on pas penser à des mesures fiscales pour pousser les établissements financiers à réduire la part de vraiable dans la rémunération des traders, en résumé, payer plus de fixe et donc moins de bonus?

A cela, mes amis banquiers me soutiennent que de véritables mesures contre les prises de risque insensées (notamment celles qui consisteraient à forcer les banques à garder dans leur bilan une partie des valeurs qu'elles commercialisent) pourraient significativement réduire les dérapages et la production d'actifs vérolés. Pourquoi de telles mesures ne sont toujours pas à l'ordre du jour? Nos technocrates et faiseurs de loi ne comprennent=il plus rien au monde de la finance?

Les autorités pourraient baisser les niveaux de risques pour les employés dans leur salaire et forcer les banques à prendre elles-mêmes plus de responsabilités ce qui pourrait avoir comme résultat une baisse des niveaux de risque pour toute l'économie et pour la société en général.

3.8.09

D'Ouessant à Beyrouth




Cette semaine, je lisais qu'à Ouessant, Molène et dans l'île de Sein, les municipalités ont subventionné le remplacement du vieil éléctroménager de leurs habitants en matériel plus moderne et moins surconsommateur d'énergie. Cela devrait à terme faire baisser de 15% la consommation d'électricité dans ces belles îles bretonnes.
Plus au Sud, dans sa maison du Var qu'il nous loue pour les vacances, un sympathique ancien officier de marine a bardé son toit de panneaux photovoltaiques et vend de l'électricité à EDF.
La France semble se mettre au vert et plus vite que prévu. Et celà vaut bien plus qu'une victoire électorale inattendue et par défaut des Verts ou un projet de taxe dans les tiroirs du gouvernement.



Reste à espérer que de l'autre côté de la méditerranée, les Libanais suivront l'exemple. Dans un pays ou le manque d'électricté et la surconsommation d'hydrocarbures sont un fléau national, on peut rêver qu'un premier ministre éclairé songe enfin à tapisser les toits de ces magiques panneaux solaires. Avec ses 300 jours d'ensoleillement par an, la côte libanaise devrait presque atteindre l'autosuffisance énergétique! Quand je pense que l'ex-ministre de l'énergie pensait plutôt installer des groupes électrogènes dans les villages pour pallier l'insuffisance du réseau national, je me dis qu'il y a vraiment urgence à se mettre au vert. Après tout le Liban est le seul pays que je connaisse à avoir un arbre pour symbole national.

28.7.09

Kitsch et visionnaire



La magie de youtube est celle de mettre à notre portée presque n'importe quel tube de notre jeunesse dans une multitude de versions, même celles non commercialisées, instantanément et bien entendu sans coût.

Pour ceux comme moi, éternels nostalgiques de Starmania, un vrai plaisir les attend s'ils redécouvrent en un simple click, France Gall et Daniel Balavoine qui chantent dans des décors de carton pâte aux ambitions futuristes des chansons comme "Plus rien à perdre" ou "Monopolis les villes de l'an 2000".

http://www.youtube.com/watch?v=IT4CdmjfRPQ
http://www.youtube.com/watch?v=aL29VHr93uw&feature=related

Et même ceux qui honnissent les variétés françaises, les faux airs de rockers de France Gall - moi, j'aime! - et les notes beaucoup trop hautes de ce mythique duo, ils devront quans même avouer que nos mégalopoles se ressemblent effectivement beaucoup trop, qu'il n'y a plus vraiment d'étrangers et que Starmania était décidément très visionnaire il y a plus de trente ans déjà...

17.7.09

Obamaphilie...


Certains hommes incarnent le succès avec une spontanéité, une élégance et une évidence qui s'impose. Barack Obama en est le plus bel exemple.

A un tel point que notre société et nos médias ont très vite renoncé a lui chercher des poux et ont choisi de l'aduler tout bonnement et comme il le mérite. C'est vrai qu'il n'en finit pas de nous éblouir tant par la justesse de ses propos sur le protocole de Kyoto, que par l'équité de sa vision de la paix au Proche-Orient et même par sa dextérité a assommer une mouche qui perturbait son interview. J'ai enfin pu écouter ce soir l'intégralité de son discours du Caire et je ne peux que déclarer mon Obamaphilie!

On peut le dire sans honte ou fausse pudeur, l'élection d'Obama a été une bénédiction dans ce monde ravagé par la crise, les guerres et les doutes. Quand bien même il ne ferait rien de tout ce qu'il a promis, le seul fait que ce Noir progressiste et philanthrope ait été choisi par l'Amérique représente déjà une merveilleuse source d'apaisement pour les tensions inter-ethniques, un pied de nez a ceux qui voient le racisme partout et un beau message d'espoir pour tous.

La seule vraie peur qui me traverse quand je pense à Obama est peut-être celle de le voir menacé par un déséquilibré ou un extrémiste. Peur légitime car bien d'autres messagers de paix ont été assassinés avant lui.

14.7.09

Mais il semble bien que ce soit la peste

Il y a quelque chose qui rappelle Camus et les débuts de La Peste à Oran dans cette épidémie de grippe porcine à Londres.
Certains la prennent avec leur légendaire humour. "Si tu ne l'as pas en arrivant aux urgences, tu l'as en repartant", m'ont-il dit avant d'appeler leur nouveau-né sous traitement préventif "mon petit tamiflu" :-).
D'autres prennent plus de précautions et ont sorti prématurément leurs enfants des écoles ou ont cessé de prendre les transports en commun.
Les médias eux raffolent de ceux qui commencent à céder à la panique. Un médecin ce matin confiait son inquiétude à la radio en apprenant qu'une fillette de 6 ans et un médecin seraient morts de la grippe A. Un autre appelait a mettre toute la population sous antiviraux. Un dernier plaidait pour une vaccination généralisée immédiate.
Et je me dis en les écoutant tous que plus que jamais dans ces épidémies modernes qui nous secouent, une seule chose est vraiment certaine, c'est le doute.


13.7.09

Instinct de survie... attention danger.

Une jeune cinéaste libanaise, Danielle Arbid, fit un jour un beau film sur la guerre civile, en mémoire de toutes ses victimes oubliées. Elle interrogea un ex-milicien franc-tireur sur la première fois qu'il tira sur un autre homme et les raisons qui le poussèrent a l'abattre froidement. Il lui répondit qu'il ne se décida a tirer sur l'autre et l'abattre que quand son chef lui dit: "si tu ne le tues pas tout de suite, c'est lui qui va te voir et te tuer."

L'instinct de survie est un puissant moteur qui peut nous pousser a commettre l'irréparable, l'inacceptable. A l'échelle de nations entières, c'est cette volonté suprême de ne pas disparaître qui a été manipulée pour commettre les plus grands crimes. "Tue pour ne pas être tué"... A des degrés divers, des Balkans au Rwanda, menacer l'homme de sa propre disparition sert a en faire un monstre aveugle, sans conscience.
L'opération d'Israël a Gaza n'a-t-elle été jugée acceptable par l'opinion Israélienne que parce qu'on a prétendu que le Hamas menaçait l'existence meme d'Israël? Le sort misérable réservé aux réfugiés palestiniens par l'Etat Libanais n'est-il pas fonde sur le fait que leur intégration pourrait prétendument détruire le Liban?


5.7.09

La santé outre-Manche


J'ai toujours dénigré le système médical anglo-saxon en disant: "ce système est génial tant qu'on n'est pas vraiment malade".

Il est vrai que depuis nos séjours en Australie et jusqu'à Londres, la même recette sévit: "it is just a virus, give him some panadol" ... " No sir, there is no syrup for the cough" ... Pas de medicament de confort, un triage draconien, voila de quoi décourager les hypocondriaques... et éviter les dépenses excessives... Mais quand on a vraiment un problème, quand on a véritablement mal, quel stress... Certains disent meme que les médecins généralistes sont financièrement encouragés a prescrire le moins de choses possibles!

Je dois dire que notre dernière expérience dans les urgences d'un hôpital de Chelsea m'a un peu fait nuancer mon point de vue. Ce qui nous aida ce soir-la a traverser les barrières d'infirmières décidées a nous renvoyer avec du paracetamol fut clairement le fait de connaître la condition médicale de mon fils a grands renforts de surf sur internet. Dans une salle d'urgences bondee de gens qui toussaient et d'enfants qui hurlaient, nous fûmes traités avec des égards inattendus dans la mesure on nous venions pour une véritable urgence. Quelle chance!

Morale de l'histoire: Renseignez vous bien quoiqu'en disent les médecins qui décrient l'internet-mania de leurs patients. Un homme averti en vaut deux dans les hôpitaux anglais.

29.6.09

Les racines

Ce matin BBC London commentait sur l'avantage pour l'homme d'avoir des racines solides et de les connaître mais aussi sur le bénéfice de ne pas en avoir et les rechercher constamment. Dans cette planète ou nous voyageons de plus en plus et ou le mot "carrières" rime avec "internationales", nous sommes nombreux a etre concernés.

Surtout moi, né a Beyrouth, parti a 13 ans, devenu parisien puis français, marié a une française, avec mes deux enfants blonds et établi a Milan, Paris, Sydney puis Londres... Souvent je frémis de joie a l'idée de retourner dans ce vieil immeuble beyrouthin ou tout me rappelle mon enfance, les murs ocres, les volets rouges (il parait qu'ils sont devenus violets), la vigne vierge et les balcons en fer forgé.
Souvent je rêve de retrouver le village de mon grand-père et d'y redécouvrir la vieille maison ou mon père est né. Je n'en connais que de vieilles photos jaunies et la muraille extérieure que j'entrapercus a mes rares passages.
Souvent j'envie ceux qui restent si près et chérissent leurs origines au point de retourner tous les mois sur les lieux de leur naissance...

Mais parfois je me dis aussi que j'ai bien de la chance d'avoir vécu dans tant de contrées et découvert autant de gens et de choses. Qu'un arbre ne perd jamais ses racines mais que ses branches aiment parfois s'en éloigner.

27.6.09

Le triste sort de Michael

Il y a a la fois quelque chose de triste et de prévisible dans la sombre fin de Michael Jackson.

Typique est cette ascension effrénée vers la gloire et caractéristiques sont les records historiques de ventes. Magiques sont ces tubes qui nous ont tous fait danser, ces clips fabuleusement modernes et iconique  ce sourire blanc qui symbolisait le succès et le talent.

Puis comme une civilisation qui se perd dans ses richesses et ses bacchanales, Michael s'est égaré dans sa gloire. Et il s'est lentement mué en un personnage aux apparences inquiétantes, aux moeurs douteuses. Telle une cité décadente, il a sombré dans ses excès. 

Puis après des années d'hésitations, de faiblesses et de honte, vient le jour ou tout s'arrête provoquant tristesse pour les uns et soulagement pour d'autres. Thriller et Billie Jean sonnent plus que jamais dans nos têtes. Michael n'est plus et il en restera heureusement plus qu'une ridicule statue attrape-touriste deja prévue dans un célèbre grand magasin londonien.

13.6.09

Victoire des modérés au Liban

La majorité sortante pro-occidentale a gagné les élections au Liban. Le puissant clan sunnite des Hariri est le véritable vainqueur et ses allies chrétiens poussent un soupir de soulagement. L'Occident se plaît même a parler d'un effet Obama...
Du cote des perdants, le Hezbollah est quelque peu affaibli et le Général Aoun, mauvais perdant, tempête et conteste...

Pour ceux comme moi qui ont du mal a s'enthousiasmer pour les programmes creux et les discours stériles de toutes les familles politiques libanaises, j'ai une proposition: Dans un pays compliqué, je choisis de simplifier et juger chaque partie sur ses résultats passés  plutôt que sur ses promesses  - éternellement - futures et ses idéologies soporifiques. 

Les résultats de chaque partie... 
Cela enterre toutes les ex-milices et leurs chefs qui ont mis le pays a feu et a sang en s'entre-tuant pendant 20 ans, cela ébranle l'assurance d'un général qui n'a provoqué que des guerres quand il a eu le pouvoir, cela divulgue dans le tableau enjolivé du Hezbollah, grand libérateur du Sud-Liban, le souvenir d'attentats sanglants et d'otages occidentaux exécutés sans pitié...

D'aucuns diront que juger sur les résultats enfonce aussi le clan Hariri dans un carcan fait d'accusations de corruption, d'augmentation de la dette publique, de ploutocratie et de clientélisme. Ils ont peut-être raison. Mais une chose très importante distingue quand même la famille du premier ministre défunt de la plupart des autres caïds Libanais, c'est de ne pas avoir participé a la guerre civile ni pris le armes. Une couleur manque a leur tableau, celle du sang de leurs ennemis.


6.6.09

Le General sort ses derniers atouts

Le Général continue de sévir: "Tout est Hariri. Nous en avons assez de Hariri. Il ne manquerait plus que Notre-Dame du Liban devienne Notre Dame de Hariri"

Pour tout connaisseur des aventures politiques du General Aoun, pour tout habitué des bassesses électorales au Liban, cette phrase n'étonne pas vraiment, ce n'est pas une boutade émotionnelle, ce n'est pas un égarement, ni une blague, ni une colère et c'est encore moins un accès de religiosité. C'est une phrase soigneusement préparée pour tenter de rallier l'électorat chrétien conservateur et le retourner contre la puissante famille musulmane sunnite. Ces gesticulations et ce populisme a outrance ne sont pas sans rappeler les pires dictateurs de l'Amérique Latine.

Alors qu'il s'improvise  - a la dernière minute et a défaut de programme électoral - en défenseur de la chrétienneté du Liban, cela ne dérange nullement le général Aoun d'etre en meme temps l'allie concupiscent et jusque-boutiste du Hezbollah et de ses miliciens islamistes, anti-démocratiques, belliqueux et qui sortent leurs armes contre les civils a la moindre contrariété. Aussi habile dans son populisme qu'insuffisant dans ses arguments le général est sans scrupule dans sa  quête assoiffée du pouvoir.

S'il gagne les elections demain avec ses allies pro-iraniens et grace a ceux qui succombent a sa demagogie, je me dis que ce n'est peut-être pas une si mauvaise chose. Sa soif maladive de pouvoir et son autoritarisme ridicule seront peut-être quelque peu étanchés. Rien que pour ne plus l'entendre vociférer et critiquer tout et rien, rien que pour ne plus contempler de loin ses campagnes sexistes consternantes, rien que pour qu'il arrête d'appeler a la haine religieuse, on a presque envie de voter pour lui... Juste pour qu'il se taise.

Susan Boyle dans l'arene

Quand tout le monde s'est extasié devant Susan Boyle et ses dizaines de millions de Youtube-spectateurs, certains avaient vu un moment de bonheur, la revanche d'un véritable talent enseveli sous les préjugés esthétiques de notre société éprise de beauté et malade de superficialité.

J'étais un peu plus sceptique quant a la candeur de ce moment. Ne s'agissait-il pas plutôt d'un bon coup médiatique? Pourquoi cette chaîne de télévision britannique experte des shows et des prime-time n'avait-elle pas au moins fait coiffer cette candidate? Pourquoi ne lui avait-on pas conseillé de se préparer physiquement pour l'occasion? "Elle est comme-ça m'a-t-on repondu, pourquoi la changeraient ils?". Soit.

Mais quand bien même, ne l'avaient-ils pas identifiée comme une de ces anomalies qui amusent, une voix d'ange dans un corps disgracieux, et décidé froidement d'en faire un objet d'amusement, une bête curieuse jetée en pâture a des téléspectateurs qui commencaient a s'ennuyer? Tel un animal qu'on rapporte des colonies, un nain qu'on utilise comme jouet, une Susan Boyle avec laquelle on donne aux masses l'impression d'être sensibles et émues?

Etre jetée en pâture n'est pas sans conséquences et preuve en est, cette écossaise a pris le chemin de la clinique pour s'en remettre, tout comme beaucoup d'autres victimes de divertissements malsains.
Destin moins funeste que celui d'un gladiateur jeté dans une arène. Peut-etre pas aussi grave que le sort des cyclistes professionnels. Mais en tout cas, tout aussi cruel.

31.5.09

Inviter la Reine en Normandie

En 2003, Au plus fort de la tension entre la France et les Etats-Unis precedant la guerre d'Iraq, les actions et declarations anti-francaises se multipliaient outre-atlantique. Certaines nous avaient fait sourire comme les freedom fries, d'autres nous avaient peut-etre inquietes comme le boycott de nos vins et fromages et une seule m'avait particulerement consterne: celle d'un sombre politicien neo-conservateur qui appela a rapatrier les corps de tous les soldats americains des cimetieres de Normandie provoquant un tolle de reprobation.

Le debarquement en Normandie et ses martyrs sont au coeur de ce qui rapproche la France de ses allies anglo-saxons.  Toucher a ce souvenir ou le salir, c'est toucher au fondement des valeurs de notre monde Occidental. C'est pour cette raison que la non-invitation de la Reine d'Angleterre aux celebrations du 65eme anniversaire du debarquement est une affaire sensible et importante pour l'image de la France. Quelle que soit sa responsabilite dans ce fiasco mediatique, M. Sarkozy ferait bien  de prendre les devants et clarifier la position de la France en personne. Je suis convaincu qu'une majorite de Francais souhaitent evidemment avoir la Reine ou ses representants le 6 Juin dans le Calvados. Il incombe a l'Elysee de le rappeler solennellement.

30.5.09

Escapade benefique


Il n'y a peut-etre rien de plus apaisant qu'une escapade de trois jours dans une ile greque. Surtout si cette ile correspond aux attentes du voyageur. En particulier, la presence de la petite eglise blanche aux volets bleus est par exemple a mes yeux totalement necessaire. Petite, fragile mais stoique et defiant l'air de la mer. Coup de chance, elle decorait la fenetre de ma chambre.

Dans une semaine ou j'etais en proie au stress professionnel, j'hesitai un moment de faire ce voyage. Les avions, les ports, les ferries, l'attente... Et puis quelqu'un d'etranger m'a demande:"sur ton lit de mort, penses-tu que tu regretteras de ne pas avoir passe le weekend a travailler a Londres ou plutot que tu regretteras de ne pas etre alle au mariage de ta super-cousine?"

Je remplis mon petit trolley et je partis. Et je gagnai ma petite eglise blanche aux volets bleus. Puis je rentrai a Londres en forme et serein. Et je fis, apaise, ma presentation a ces grands patrons. 

18.5.09

Constantinople en Europe?

L'opposition de principe de M. Sarkozy a l'adhesion de la Turquie a l'Union Europeenne est regrettable.
Certes l'entree d'un pays gouverne par des islamistes (moderes), qui ne reconnait pas le genocide armenien, ni la republique de Chypre et dont les militaires tirent encore les ficelles peu democratiques du pouvoir peut faire peur. L'entree de la Turquie dans l'UE ne devrait pas se faire sans que de nombreux minima democratiques comme le respect des populations kurdes et des droits de l'homme en general ne soient remplis.

En revanche, s'opposer a priori a toute possibilite d'entree des Turcs fait le jeu des extremistes, de ceux qui accusent l'Occident d'islamophobie. Il est bien hypocrite de pretendre que Constantinople ne fait pas partie de l'Europe alors meme qu'on y accepte Chypre a 100 kilometres des cotes Syriennes ou Malte plus proche de l'Afrique que de l'Italie. Le refus de M. Sarkozy - meme s'il s'en defend - provient bien d'un probleme de religion. Il ferait mieux de l'admettre plutot qu'essayer de le deguiser.
De plus seules la France et l'Autriche s'opposent officiellement a cette adhesion alors que 22 pays de l'UE y sont favorables ce qui relegue la France a une position delicate de pays islamophobe. Bien en contradiction avec nos ideaux de laicite.

8.5.09

Israel gagne du temps et en perd


Avigdor Lieberman, le peu diplomate ministre des affaires etrangeres israelien a evite les medias pendant son voyage en Europe. Peut etre etait-ce la plus sage des decisions. Les rumeurs autour de sa visite sont inquietantes: A Paris, le Quai d'Orsay a parle de deux monologues plutot qu'un dialogue tant Lieberman s'oppose a toute paix incluant la creation d'un Etat Palestinien. A Berlin, un expert allemand l' accuse de considerer les Europeens comme "une bande de laches" parce qu'ils osent parler du droit des palestiniens a l'auto-determination...
Pendant ce temps, Benjamin Netanyahu promettait a des journalistes russes qu'Israel ne se retirera jamais du Golan syrien et qu'il tiendra tete a Barack Obama.

Les positions de la nouvelle administration israelienne provoquent la consternation mais aussi la perplexite.
Certes, on peut comprendre qu'ecarter toute possibilite de paix permet a Israel de maintenir un statu quo confortable a court terme. Les colonies continuent a essaimer en Cisjordanie grignotant le reste des terres arabes. Les faits accomplis et les exactions contre les residents arabes se font en toute tranquilite. Le reve du grand Israel semble se profiler a l'horizon.
Mais a plus long terme, tout le monde sait que l'evolution demographique entre les populations arabes et juives ne joue pas en faveur d'Israel. La haine de l'Etat juif ne fait que s'accentuer dans le monde arabe et meme au-dela. A long terme, sans accords de paix, l'avenir d'Israel est loin d'etre garanti.

Tout cela n'est sans doute pas tres important pour un gouvernement fait d'extremistes et d'apparatchiks opportunistes. On peut juste esperer que l'opinion israelienne ne se leurre pas trop longtemps. Gagner du temps est une arme a double-tranchant.

3.5.09

Delanoe et le Renard


C'est amusant. Le Monde d'aujourd'hui se felicite d'incursions de renards a Paris et des nouvelles pratiques de la mairie qui encouragent la bio-diversite. A Parsons Green, mon quartier de Londres, on rencontre des renards presque tous les soirs.

Mais entre Londres et Paris, le vrai fosse se trouve dans les parcs. De sublimes pelouses vertes avec toboggans, balancoires parsement les quartiers de Londres alors qu'elles sont rarissimes a Paris. On est en droit de se demander pourquoi le maigre gazon du square du Temple se bat en duel avec celui du Parc Monceau, pourquoi les Buttes Chaumont sont bondees et les Tuileries nous etouffent de leur poussiere.

Urbanisation certes, manque d'espace peut-etre mais en tout cas pas manque de moyen. Manque de volonte, c'est sur. Meme les rares espaces verts dans Paris ne sont pas valorises, les pelouses sont minuscules et il y est difficile de pique niquer. Avant d'organiser des Nuits blanches et des velibs - initatives au demeurant fort sympathiques - le maire de Paris ferait bien de s'inspirer de ce que les Anglais ont mieux reussi. Apres tout, ils n'ont pas hesite a copier ce que Paris a de mieux, epiceries fines, boulangeries et cafes-pubs-trottoir.

26.4.09

Fulham-Stoke


Je suis enfin alle a un match de foot... A 34 ans, il etait grand temps.
Il parait que ce n'etait clairement pas le match de l'annee, Fulham-Stoke 1-0, les deux experts qui m'accompagnaient n'etaient pas impressionnes.
Mais j'ai aime le soleil, les cris de joie des petits Anglais qui nous entouraient. J'ai moins aime les siffflements que subit un joueur a la moindre erreur. Tout un stade qui vous denigre et vous meprise, ces hurlements haineux dans le dos, ca doit etre terrible. Moi qui prend mal (et perso) une mauvaise semaine de ventes sans que personne ne se moque de moi, je n'aurais jamais pu le supporter.
Une (autre) bonne raison pour laquelle je ne saurai jamais jouer au foot.

15.4.09

La synagogue de Beyrouth


Bonne nouvelle. La synagogue de Beyrouth est sur le point d'etre renovee.
C'est une victoire pour tous les Libanais et un pas enorme vers un Liban pacifique, en guerison de de ses haines et ses rancoeurs.
C'est aussi un merveilleux message de paix.

11.4.09

Pontifier ou rester muet

Il n'est jamais simple de se prononcer sur les questions de morale. Les dernieres gesticulations d'un eveque bresilien l'ont une fois de plus demontre. Faut-il toujours donner une opinion sur un sujet qui touche la vie des fideles? Ou vaut-il mieux laisser a la conscience la liberte de choisir dans les cas les plus epineux?

L'approche de l'Eglise Catholique cherche generalement a apporter la reponse la plus juste de facon relativement systematique.
J'ai recemment decouvert que celle de l'Eglise Orthodoxe se borne plutot a donner les principes mais, sans doute faute d'autorite centrale qui puisse representer une seule voix, elle n'adopte pas vraiment de position tranchee dans les debats epineux qui divisent l'opinion.

L'approche catholique a l'avantage de clarifier les choses pour tous au risque de choquer dans les cas les plus sensibles tels que la contraception, le preservatif ou l'avortement therapeuthique etc. L'orthodoxie a le desavantage de rester trop muette trop souvent mais elle laisse l'Homme juger en dernier recours en sa bonne conscience et evite les ecueils mediatiques. Elle renonce a l'eclat mais aussi aux eclaboussures.

Maserati et Credit Crunch


Tout le monde à Londres ne parle que de credit crunch.

En particulier, la crise passionne les chauffeurs de taxis qui raffolent de mauvaises nouvelles et de pronostics funestes. Quand dans un de mes nombreux trajets entre la gare St Pancras et Parsons Green, je leur dis sur une note optimiste: "vous savez, il y a beaucoup de ménages britanniques qui ont plus de revenu grâce a la baisse des taux d'intérêt. Leurs remboursements d'emprunts sont moins lourds", j'ai l'impression de passer pour un illuminé ou un fou.

Apres tout je ne suis qu'un étranger candide et irresponsable. Pourtant rien à Londres ne rappelle des images de la Grande dépression. Les voitures de sport sont toujours là, la City a certes ses chômeurs mais aussi ses banquiers plus fébriles que jamais et les restaurants ne désemplissent pas.

La crise est dans les chiffres des journaux et dans la bouche des oiseaux de mauvais augure. Et ils sont majoritaires.