30.10.09

D'un siècle a l'autre


Il y a vingt ans, le XXème siècle s'est achevé dans l'euphorie de la chute du mur de Berlin. Pendant une bonne dizaine d'années, on a célébré ce happy end de la guerre froide, la victoire du moins mauvais des systèmes, du capitalisme humaniste, de la démocratie qui s'étendra partout. On a sonné le glas du racisme, on l'a enterré même en Afrique du Sud. On a vu pointer la fin de toutes les guerres, on a cru en la poignée de main historique entre des ennemis proche-orientaux, devant un sourire jovial de Bill Clinton. On a parlé de la fin de l'Histoire.

Puis le XXIème siècle a commencé le 11 septembre 2001. On s'est retrouvé en face de nouveaux démons, cachés, terrés et terrorisants. Les Cassandres se sont emparé de nos pensées, ils ont parlé de guerre de civilisations, d'incertitudes et de doutes. La planète un moment apaisée s'est fait peur. On a vu les océans monter inéluctablement, les génocides et les guerres se perpétuer, les pires dictatures perdurer et se muer en monarchies héréditaires. On a vu Kadhafi l'assassin reçu a l'Elysée. De nouveaux murs se sont érigés, entre pays riches et pauvres, entre Juifs et Arabes. Et le dernier bastion de nos certitudes, notre libéralisme anglo-saxon si pragmatique, si plein de bon sens a aussi dérapé dans un ravin de dettes et de crises financières. Pour achever de semer la stupeur, les épidémies d'un autre temps rappelant des pestes et des grippes espagnoles nous ont averti que l'Histoire n'est clairement pas finie.



23.10.09

Crisothérapie

Drôle de crise qui s’est annoncée en 2008 comme une maladie grave, une affection plus violente que 1929 ou 1973 et que nos gouvernements ont accueilli par des remèdes de cheval –les principaux étant la baisse historique des taux et la montée inversement proportionnelle des déficits publics.
Drôle de pathologie qu’on a voulu si vite confiner, empêcher de s’installer, enrayer, avant même que ses symptômes ne soient tous visibles.
Cette métaphore nous donne un monde malade qui sait qu’il couve un mal terrible mais qui, à coup de médicaments pour la plupart symptomatiques, traverse l’épreuve avec un minimum de dégâts apparents.

La question que tout patient se pose est forcément sur la durabilité et l'efficacité de sa thérapie. Et c’est là qu’il peut osciller du plus grand pessimisme jusqu'à l’euphorie bon enfant :
A-t-on simplement caché les dysfonctionnements ce qui ne fait que les grandir a l'abri des regards ?
A-t-on empêché l’explosion et laissé la bulle s’entretenir et grandir ? Finira-t elle par éclater quand même ?
Ou a-t-on plutôt évité le pire et transformé un cataclysme imminent en une longue et graduelle rémission?

Baisser les taux à outrance, plonger les Etats dans une débauche dépensière, et maintenir les bulles financières, les profits des banques et autres bonus sous forte perfusion de cash se fait forcément avec l’argent de contribuables moyens « donneurs ». Même si c’est un long et imperceptible prélèvement, leur épargne ne rapporte plus rien, leurs monnaies s’écroulent, leurs richesses s’érodent pour maintenir un systeme artificiel et instable.
En somme, le patient se porte plutôt bien, couvert des soins intensifs. Mais comme pour tous les traitements de pointe, la facture hospitalière sera longue et douloureuse à payer. La guérison n'en est pas pour autant gagnée.

15.10.09

La France qui pleure et Jean qui rit


Nicolas Sarkozy n'en est plus a ses premières bourdes.

Au début de son mandat, je croyais qu'il s'était mal entouré, que ses conseillers en communication étaient des ânes, que les choses devaient vite rentrer dans l'ordre...
Mais après un troisième mariage sulfureux, des déclarations à l'emporte pièce sur le QI de Zapatero ou l'expertise d'Obama et autres menus scandales sur talonnettes, je commence à croire qu'il ne doit pas écouter grand monde de toute façon.

La carrière politique prématurée de son fils est aussi inopportune que néfaste. Le président n'aurait jamais du la laisser filer ou l'encourager. A supposer même que Jean Sarkozy ait voulu et mérité ce poste (grande supposition je le concède), la raison d'état et le simple bon sens auraient du l'en dissuader.

Nous étions nombreux a rêver que la France se ressaisisse sous l'impulsion du président. Incorrigible optimiste que je suis, j'avoue que je m'étais réjoui que M. Sarkozy par son énergie et sa force de travail ait changé la tradition des présidents français statiques, immobiles et au dessus de tout. J'espère désormais seulement que sa maladresse ne le réduise définitivement à un rôle de leader agité, despotique et en dessous de tout.


8.10.09

Mauvais Roman


Que penser de l'affaire Roman Polanski?

On pourrait etre piégé par la sympathie qu'inspirent son talent, la beauté d'un film comme le Pianiste ou le souvenir de la Palme d'or. Mais les faits que lui reprochent la justice Californienne sont tellement criants. Et il est difficile de trouver une raison valable pour laquelle il devrait en être délivré.

Pourquoi donc ces déclarations hâtives et cette indignation un rien teintée d'anti- américanisme primaire?
Ce n'est portant pas le Texas qui le condamne a mort, ce n'est pas George Bush fils qui le démonise, c'est une loi dont l'application n'aurait fait sourciller personne s'il elle n'incommodait pas un cinéaste reconnu et populaire. C'est un embrassement pour tout le monde de relativiser, nuancer ou de chercher a en atténuer l'application.

Ce que je pense c'est que Roman Polanski devrait accepter lui même d'affronter la justice américaine. Qu'il devrait admettre ses torts et laisser les juges décider s'il y a prescription ou circonstances atténuantes. Son capital sympathie n'en serait que grandi.

1.10.09

Nothing personal of course



Gordon Brown est plus que jamais la victime de l'opinion Brtitannique, un peu comme un exutoire collectif, une brebis galeuse détestée.

Bien perfides sont par exemple les réactions aux déclarations larmoyantes de Sarah Brown décrivant son mari "ce n'est pas un saint (...) mais il aime tant ce pays": Hier matin Lord Bingham, un célebre conservateur endurci, assénait à la BBC London que ces propos étaient "désastreux" et que ce qui le dérangeait le plus, c'est qu'on essaie de faire de la politique avec "de l'émotion avant l'intellect". Typique exemple de cette aversion si anglaise pour tout ce qui est émotionnel surtout quand il s'agit de démolir un des premier ministres les plus impopulaires et les moins charismatiques de tous les temps.

Aussi peu émotionnel est l'acharnement du tabloïd The Sun qui prétend meme décider des résultats des prochaines élections et cherche continuellement querelle a M. Brown. Pris au piège des provocations, le premier ministre a répondu que "les journaux ne décidaient pas des résultats d'élections générales", ce qui n'a fait que monter en sauce toute l'histoire car ils lui ont aussitôt rappelé avec cynisme qu'il ne disait pas cela à l'époque le Sun avait soutenu le Labour.


Ressentir des émotions (pro ou anti-Brown) face à ce lynchage médiatique est jugé en Angleterre comme un signe de faiblesse, de frivolité ou de mauvais goût. Quand je dis a mes collègues que M. Brown m'en est presque sympathique, je percois dans leur regard un abîme d'incompréhension devant mes émotions bien continentales. Toute cette Anti-Brown mania est évidemment proférée, déclarée, établie, récitée sans la moindre animosité, sans nulle excitation, ni enthousiasme, ni méchanceté assumée! Avec juste un peu d'humour peut-être. Mais rien de personnel bien sur! C'est la mise a mort d'un personnage et non d'une personne. Dans le plus grand flegme.