28.9.11

Netanyahu ou le poids des symboles

J’ai lu le discours de M. Netanyahu à l’ONU.

Bien sur, j’étais amusé que la moitié de l’hémicycle onusien ait boycotté  ce vrai ennemi non declaré de la Paix, que son texte froid et dur soit décrié par les journaux de Gauche Israéliens et je me suis ému de sa mauvaise foi quand il a minimisé les dégâts de la colonisation et la ségrégation dans les Territoires occupés et ignoré la souffrance de la population non Juive…

Mais j’ai aussi appris des choses et pour une fois, j’ai voulu jouer à comprendre plutôt que toujours critiquer. L’obsession du discours de M. Netanyahu sur la sécurité d’Israël nous apparait démagogique et exagérée. Mais il faut avouer qu’elle représente bien la vaste majorité de l’opinion israélienne et juive, obnubilée par le sentiment d’être menacée dans son existence et cela, nonobstant toutes les données factuelles qui paraissent rassurantes : surpuissance militaire, arme nucléaire, espionnage ultra-efficace et soutien total des Etats-Unis sans oublier les faiblesses et divisions chroniques de l’adversaire… En écoutant le faucon likoudien, je comprends un peu mieux pourquoi la première critique de l’autre bord est toujours centrée sur des questions symboliques liées à ce sentiment d’être menacé, nié, privé d’existence et de légitimité: le refus des Arabes de reconnaitre formellement Israël.

Ce refus de principe est lu en fait très différemment quand on est Arabe ou Juif. Je pense au boycott des produits Israéliens, aux vieilles cartes de géographie et aux livres d’histoires paléolithiques qui parlent de « Palestine occupée » et d’ « Entité sioniste », au refus d’accueillir des voyageurs ayant transité par Israël et à toutes ces mesures un peu vieillottes qui oscillent entre rétorsion et gesticulations vaines. Elles jouent en fait un rôle essentiel et assez insoupçonné par les Arabes dans le recroquevillement d’Israël sur lui-même et sa peur maladive de disparaitre. Et cette peur ne se comble que par un instinct de survie et une droit à l’autodéfense poussés a l’extrême et d’une brutalité surprenante. Alors que du point de vue Arabe, la reconnaissance d’Israël est totalement inéluctable car Israël existe et nul Arabe un peu réveillé n’espère vraiment chasser des millions d’Israéliens installés là depuis belle lurette. Mais cette reconnaissance est symbolique et elle signifie déposer complètement les armes, renoncer à tout droit supplémentaire pour les Palestiniens. Elle est donc vue comme la concession finale qu’il ne faudra faire que quand les Palestiniens auront récupéré les 22% de la Palestine historique, l’aboutissement du processus de paix. On amuse la populace et on s'amuse à faire semblant d'ignorer qu'Israël est bien là. Alors que pour Israël, la reconnaissance est peut-être le commencement de tout dialogue, l’antichambre à toute négociation et à toute concession. Sans elle, impossible de raisonner.

Il y a un cercle vicieux dans cette affaire, un nœud psychologique qu’on peine à briser. Mahmoud Abbas a fait un petit geste en renoncant clairement aux territoires d'avant 1967. Mais il aurait pu aller plus loin dans son discours. Les bloggeurs Juifs ou pro-israéliens se sont en réalité beaucoup crispés sur le fait qu’il ait parlé de Jésus et Mohammed a Jérusalem en omettant David ou Moise. Aussi, je suis convaincu qu’une mention empathique sur l’Holocauste dont l’héritage a tant empoisonné ce conflit aurait démontré sa bonne foi et représenté un geste fort sans lui coûter grand-chose. Il aurait coupé l'herbe sous le pied de ceux qui à tort mélangent anti-sémitisme et cause palestinienne.
Force des symboles au Proche-Orient et tant de chemins à parcourir encore.

25.9.11

Palestine: même des Israéliens en veulent

Pour quiconque ayant un minimum de sympathie pour le terrible destin du peuple Palestinien, pour ceux qui connaissent personnellement des gens jetés hors de chez eux à Haïfa, Jaffa ou ailleurs dans ce qui est aujourd'hui Israël, pour ceux qui contemplent sans trop le comprendre ce conflit interminable et même pour les Juifs et Israéliens modérés, il y a forcément de l'émotion ressentie à écouter la longue plaidoierie de M. Abbas qui a supplié le Monde vendredi soir de reconnaître l'Etat de Palestine sur 22% de la Palestine historique, les territoires envahis par Israël en 1967.

Au delà du méli mélo, de la manoeuvre diplomatique, il y a du bon sens dans la requête. Bien longtemps les deux parties ont négocié mais sans jamais déboucher sur rien. Et certes, comme l'a insinué Abbas tout au long de son discous, l'échec était souvent dû à l'intransigeance et la surpuissance d'Israël, un faucon likoudien fraîchement débarqué ou l'assassinat de Rabin, l'homme providentiel. Mais, ne nous leurrons-pas, l'échec était tout également dû à une représentation Palestinienne faible et corrompue, ne tenant pas ses troupes, ne rassurant pas l'opinion internationale, un pouvoir au passé lourd et qui flirtait avec le terrorisme. Comment un enfant rebelle, irréaliste, violent et faible à la fois pourrait-il négocier une paix avec un adulte terriblement égocentrique, si puissant et par son passé tout aussi noir, paranoïaque sur les bords?

Quelque part vendredi Mahmoud Abbas l'a admis. Malgré son destin si injuste, malgré la débâcle de 1948, malgré toute l'horreur de son histoire avortée, la Palestine a mûri, grandi et elle est désormais majeure. Elle est en âge d'assumer ses responsabilités et ses devoirs. Et de demander l'application de ses droits à sa terre et à sa liberté. Et négocier la paix avec Israël d'égal à égal, si j'ose dire, ou tout du moins en tant qu'Etat reconnu. Et enfin, auhourd'hui, à Tel Aviv, bien loin des arènes internationales, 20000 Israéliens ont manifesté leur soutien à la demande Palestinienne. On ne peut que saluer leur clairvoyance et regarder avec espoir ces images très émouvantes, preuve que tout est encore possible.

http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-4078157,00.html

21.9.11

Obama doit rendre son Prix Nobel

Barack Obama doit il perdre son Prix Nobel de la Paix ?
La question n’est pas une boutade. Alors qu’il a fait miroiter au monde l’espoir d’une Amérique plus juste, soucieuse des droits des palestiniens, déterminée à tendre la main au monde Arabe, le voila qui, trois ans plus tard, s’obstine a refuser aux Palestiniens leur droit le plus élémentaire, celui de vouloir vivre libres dans des territoires qu’Israël a conquis par la force et qu’il occupe et colonise illégalement.

Pour s’y opposer, l’administration américaine nous parle de son refus de l’unilatéralisme de la démarche palestinienne. Mais le vrai problème est que les Palestiniens auront tout essayé pour reconquérir leur dignité et ont échoué : guerres, militantisme, intifada et négociations sont tous restés vains. Et cela justement a cause de la surpuissance d’Israël et son unilatéralisme foudroyant. Occupation militaire, colonisation, politique d’apartheid au mépris de toute légalité internationale ne sont ils pas des démarches on ne peut plus unilatérales ?

Pour une fois, les Palestiniens entament une démarche certes unilatérale mais totalement pacifique et ils reconnaissent pour la première fois que la Palestine n’a plus de droits sur les territoires d’avant 1967 aujourd’hui Israéliens. C’est une demande symétrique de la démarche même de la création d’Israël en 1948. Ne pas leur tendre la main est la plus belle preuve de l’injustice américaine et le meilleur argument pour les mouvements radicaux qui diabolisent l’Occident. Pour cela Obama devrait rendre son prix Nobel et vaquer a ses préoccupations bassement électorales. A moins qu'il nous donne une seule raison d'y croire encore.

16.9.11

D'Utopia à Utoya

Dix ans après, le 11 Septembre est un peu comme une blessure dont on soulève enfin le pansement pour voir si elle est guérie.

Il y a un peu d’appréhension quand le monde s’arrête ainsi, se retourne et contemple d’atroces souvenirs et les dix années qui l’en séparent. Ces images terribles, même vues et revues, ne laissent jamais indifférent. Au contraire elles font un peu plus mal et peur à chaque fois. Dix ans après, elles n’ont rien perdu de leur message, de l’étendue inimaginable de la haine et du mal dont les hommes sont capables. A dix ans d’écart, en 2001, Manhattan et en 2011 Utoya sont désormais des iles-symbole, portant la marque du meurtre glacial, méthodique et sans regret, des iles antinomiques d’une Utopia désormais enterrée dans les tréfonds de l’histoire tout comme d’autres rêves humanistes et communistes.

Le résultat est un XXIème siècle qui ne reve plus. Un monde qui nous angoisse par son libéralisme à outrance, sa récession cuisante, la décadence de l’Europe et l’émergence brutale de nouveaux marchés bien plus épris de richesses que de droits de l’homme. Avec quand même quelques soupçons d’espoir, des Etats-Unis moins belliqueux, comme apaisés après une décennie de guerres, un printemps arabe aussi surprenant que bénéfique, des dictateurs qui tombent un à un avec leur corruption fumante (sans parler de Chirac et ses dollars africains), une monnaie unique qui tient encore, une Europe qui n’a peut-être pas dit son dernier mot ?

10.9.11

Proche-Orient; Des convulsions aux rêves


De graves convulsions ont agité le Proche-Orient ces derniers jours. Alors que les Palestiniens se préparent à demander a l’ONU ce qu’ils auraient toujours du demander depuis 1947, la reconnaissance d’un Etat Palestinien, l’isolement international d’Israël ne fait qu’augmenter et les soutiens a la politique immorale du Likoud se font de plus en plus gênés et discrets.

Après que la Turquie a réduit le niveau de ses relations diplomatiques et rappelé son ambassadeur à Tel Aviv, c’est le tour de l’Egypte dont la foule a réussi à investir les locaux de l’ambassade israélienne comme pour se débarrasser d’un symbole par trop détesté.  Bien sur, les likoudiens et leurs supporters jusqu’au boutistes verront dans ces gestes une preuve supplémentaire de l’incapacité du monde arabo-musulman à accepter Israël et se recroquevilleront sur leur politique répressive qui refuse l’existence des palestiniens sur leur propre terre, dans une symétrie sans avenir : je ne te reconnais que si tu me reconnais et vice-versa. Les modérés eux, condamneront la violence contre l’ambassade du Caire mais feront part de leur inquiétude qu’Israël se coupe un peu plus de ses quelques rares voisins conciliants.

On espère en tout cas aujourd’hui que les Israéliens se souviennent qu’il fut un temps ou les Arabes refusaient même leur existence et qu’ils prennent conscience que que ce temps est bel et bien révolu. Qu’ils se rendent compte que ces mêmes Arabes ne revendiquent plus aujourd’hui à l’ONU que des territoires qu’ils avaient déjà en 1967  et que cela est peut-etre une victoire pour l’OLP mais c'est une victoire pour Israël aussi. Et que la balle est désormais dans le camp Israélien. Refuseront-ils un Etat Palestinien tout comme les Arabes avaient hâtivement refusé un Etat Juif en 1948 ?

On se surprend alors à espérer que la Palestine une fois reconnue comme Etat non-membre, surprenne le monde et reconnaisse unilatéralement l’Etat d’Israel dans les frontières de 1967, coupant l’herbe sous le pied des extrémistes des deux bords. On rêve aussi que le peuple Israélien se réveille et fasse de même, arrête la colonisation et la ségrégation et tende la main au nouvel Etat... Oui, je sais. Eternel rêveur que je suis!