9.9.18

Venise forever

Venise est de ces cités qui  de tout temps  inspirent et incitent à écrire.

Unica al mondo, me confirmait Gianmarco le chauffeur de taxi-bateau qui m’emmena de l’aéroport à l’hôtel. Il est un peu bourru, blond vénitien bien évidemment, à l’accent lourd et la fierté presque touchante. La seule fois où il vécut hors de Venise, ce fut trois mois à ... Ferrare qu’il trouva beaucoup trop bruyante (!) et où « l’eau lui manqua »...
Son grief contre les touristes - surtout les « nouveaux », dit il - c’est qu’ils ne respectent pas sa ville. L’un jette des mouchoirs dans le canal, l’autre réchauffe son repas au gaz sur la place Saint-Marc sans parler de cet homme qui s’installe en premier dans le bateau en laissant sa femme manquer de tomber à l’eau et sans que Gianmarco n’ait le droit de la tenir pour l’accueillir à bord pour des raisons « religieuses » ... 

Si Venise me semble toujours aussi sereine par son silence troublant à peine interrompu par le bruit des vaporettos, les nouvelles du monde nous parviennent mais se dissipent aussitôt. Donald Trump et la Maison Blanche au bord de la crise de nerfs, les catastrophes naturelles qui s’abattent sur le Japon et les désastres écologiques qui n’en finissent pas de secouer notre Terre en surchauffe, autant de tumultes qui semblent s’évanouir dans cette lagune impassible. Et Morella, notre élégante  guide vénitienne qui nous entraine dans des quartiers inconnus sans touristes qui nous comblent de surprises et
 nous font presque tout oublier. 

Ici, les gondoliers en marinières continuent leur besogne depuis de siècles. Dix-sept ans que je n’ai pas vu Venise et elle me semble totalement inchangée, comme si ses flots murmuraient: cette ville restera la même bien plus longtemps que ses hordes de visiteurs qui vieillissent.  

Quelques jours et moments précieux, un festival du cinéma et son tapis rouge, un cher ami Italien qui arrive et repart et le rêve vénitien se termine déjà comme un théâtre qui baisse ses rideaux de velours. Dans le cœur aucune tristesse, le bonheur d’être revenu et l’espoir d’y retourner.