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9.1.20

La cause de tous nos maux: serait-ce la langue arabe?


Le Moyen Orient en ce début d’année n’en finit pas de sombrer dans la pire décadence qu’il n’ait jamais connue. Pas un pays vraiment en paix de la Libye à l’Iraq, pas un succès économique qui ne soit artificiel ou gonflé de pétrodollars, pas une vraie démocratie qui fonctionne, le bilan est déprimant.
L’impasse où se trouve la civilisation arabo musulmane annoncée par Amin Malouf dans “Le dérèglement du monde” semble se matérialiser un peu plus chaque année.
Cela pousse à s’interroger sur les vraies raisons de ce déclin.


Une cause trop souvent évoquée pour nos difficultés moyen orientales est l’héritage obscurantiste et féodal de la domination ottomane dont le règne s’établit du XVIIème au XXème siècles en divisant les communautés sur base de religions et d’appartenances et des petits caïds locaux. Soit. Mais les Turcs sont partis il y’a désormais cent ans. Pourquoi ne sommes nous toujours pas sortis de ce carcan? 

Une cause prônée par les islamophobes est la nature obscurantiste et sexiste de l’Islam qui tire les populations vers le bas. Mais cette théorie raciste se démonte facilement dans des pays musulmans loin du moyen orient qui ont des niveaux de développement comparables à leurs voisins non musulmans. C’est plutôt  la place disproportionnée que la religion occupe qui semble être le problème.

Trop souvent évoquées sont aussi les accusations coutre l’impérialisme occidental et Israël, causes supposées de tous les maux. Mais la aussi, la cupidité des puissances occidentales depuis des siècles a recouvert tous les continents et nous n’en avons pas le monopole. Tout pays faible est exposé à l’impérialisme sans exception. Quant à Israël, il est difficile d’expliquer son influence sur les malheurs libyens, algériens ou irakiens  

Une cause bien plus plausible de nos problèmes est l’alphabétisation trop faIble et une éducation longtemps dépriorisée. Élément à charge, selon l’UNESCO, et bien que n’étant pas les pays les plus démunis de la planète, les pays arabes enregistrent les taux d'alphabétisme des adultes les plus bas du monde; seuls 62,2% des plus de 15 ans étaient capables de lire et d'écrire; ce taux est nettement inférieur a la moyenne mondiale [84%] et à celle des pays en développement (76,4%).

Au delà de l’incurie des politiciens, ces  retards sont intimement liés à l’obsolescence de la langue. La langue officielle, l’arabe littéral, fonctionne comme le latin d’avant la Renaissance en Europe. Plus personne ne sait le parler, il est difficile à apprendre et lire. On ne l’entend plus que dans des discours officiels, les prières et les journaux télévisés. Avec la digitalisation, il s’éteint encore plus vite. Les gens parlent et textent en utilisant  leur dialecte local qui ne s’écrit pas. Ou ils l’écrivent avec des caractères latins entrecoupés de chiffres pour remplacer les sons qui n’existent pas en Occident. Notre attachement à la belle langue arabe classique ne s’explique que par une nostalgie romantique, son statut de seul vrai rassembleur des pays arabes ou de langue du Coran.
Or il existe près de 65 millions d'analphabètes dans le monde arabe soit 43 % de la population (32 % parmi les hommes et 56 % parmi les femmes). Et il est beaucoup plus difficile d’alphabétiser une population avec une langue qu’ils n’utilisent presque jamais dans la vie courante. 
Autre preuve troublante, toutes les classes moyennes et tout le business privé dans le monde arabe utilisent généralement une autre langue, l’anglais un peu partout ou le français en Afrique du Nord et au Liban. 
Or sans alphabétisation, pas de développement, pas de classe moyenne et pas de démocratie. Cela laisse le terrain fertile aux despotes et mollahs. Et aux interventions étrangères visant les ressources. 
La solution? Peut être faut il se résoudre à créer un arabe moderne simplifié au moins pour le Levant ou les dialectes sont similaires (Liban, Syrie, Palestine et Jordanie). 

Illettrisme, divisions et omniprésence des religions à l’extérieur des temples, les voilà les ingrédients médiévaux de notre débâcle. Si l’Orient veut sortir de l’impasse, c’est à eux qu’il faut s’attaquer.

1.10.12

Pensée pour Alep

Un peu comme ceux de Beyrouth dans les années 70, c'est au tour des souks d'Alep d'être ravagés par des guerres civiles sauvages et sans issue.

En 1999, je sillonnais ces vieux souks d'Alep avec des amis en voyage, accablés par la chaleur mais séduits par la gentillesse de la population, la beauté du lieu et le charme Orientaliste de cette grande ville. J'en ai gardé un drôle de bonnet en corset rouge noir et vert que je ne mis sans doute jamais mais qui me suivit dans tous mes déménagements. Ce bonnet aleppin, je le retrouverai avec plaisir la semaine prochaine dans mes cartons fraichement arrivés a New York et il sera comme une relique de ces souks désormais disparus, le souvenir doux d'un périple syrien incroyable.

C'était une Syrie vivant sous la dictature ou la peur du pouvoir se lisait dans les regards mais c'etait une Syrie tranquille, belle, désertée par les touristes à notre grand bonheur. Une Syrie remplie de tradition, d'hospitalité et fiere de nous devoiler son héritage intact, une Syrie qui efface à jamais toute rancoeur. Cet Orient qu'on ne cesse de chanter, ces pays qui s'anéantissent puis se reconstruisent et dont on vante l'éternel renouvellement, ils me fatiguent, ils me dégoûtent. Je pense à ce marchand d'Alep qui a perdu la boutique de son père. Je me dis que j'ai de la chance d'être loin. Et je prie pour que cette folie meurtrière s'arrête.

4.3.12

Plus de blagues sur Homs

Aujourd'hui, le monde entier pense à Homs, cette grande ville syrienne assiégée devenue ville symbole et ville martyre.

Enfant, au Liban, je me souviens qu'on aimait à se moquer de Homs ou plutôt de ses habitants. Les blagues sur les gens d'Homs étaient nos blagues belges. Pauvre Homsis, on les affublait de toutes les tares et de tous les déboires, parfois en imitant l'accent lancinant des Syriens et la longueur des voyelles prononcées. Pour de nombreux Libanais victimes des violences de l'armée Syrienne, ces nombreuses blagues étaient comme des petites vengeances discrètes et inoffensives.

Bien plus tard, je me souviens d'être passé par Homs lors d'un voyage avec mes amis Français. La cité n'avait pas le charme d'Hama, la ville voisine bien plus pittoresque avec ses grands moulins sur l'Oronte (le grand fleuve qui traverse la région) et ville qu'Hafez el Assad avait fait bombarder en 1982 pour y écraser une révolte. J'ai gardé l'image d'une grande ville syrienne un peu aseptisée, perdue dans une plaine immense. Une de ces villes bardée de portraits de dictateurs et endormie comme toute la Syrie de l'époque sous une chape de peur.

Désormais, le destin tragique d'Homs est le symbole d'une révolte devenue guerre. Ses images rappellent aux Beyrouthins d'hier de bien tistes souvenirs, les snipers, les orgues de staline, les mortiers, les barricades, les bombardements de civils... tous ces ingrédients qu'on connait si bien et que le régime Baasiste expérimente toujours aussi impunément mais cette fois sur son propre peuple. Aujourd'hui, Homs et ses habitants ne nous font plus rire du tout. On s'en sent très proches et on prie pour que leur supplice se termine.

17.8.11

Question sur la Syrie

Le terrible régime Assad vacille. Enfin. Après des décennies d’obscurantisme. En Orient, on n’ose pas l’évoquer de peur d’être déçu par une ultime résurrection de ce système répressif et cruel bâti sur le mensonge d’Etat, la torture, l’impunité du pouvoir et de ses sbires et l’écrasement de 20 millions de syriens sous le poids de la loi du plus fort.

La Syrie au sens large a pourtant longtemps été le berceau des civilisations dans cette région. C’était là (au Liban et sur la cote Syrienne) que les Phéniciens inventèrent l’alphabet. C’était aussi une riche province de l’Empire Romain. Plus tard, Damas a vu naitre le califat arabe le plus prospère et le plus éclairé, celui-là même qui rayonna jusqu’en Andalousie. Les villes Syriennes ont longtemps été des havres de tolérance entre communautés, de douceur de vivre et d’hospitalité. Mais depuis le XVIIème siècle, le féodalisme, l’obscurantisme Ottoman a plongé la Syrie dans un Moyen-âge tardif. Puis au XXème siècle, le marasme Palestinien a rendu la région totalement instable et sujette aux dissensions tiraillant le pays entre rêves militaires, socialisme déficient et fanatismes de toutes sortes. Aujourd’hui, la dictature héréditaire a fini de réduire la Syrie à un pays apathique, un nain économique et un néant culturel. Je repense à ces soldats Syriens qui nous terrorisaient pendant la guerre civile libanaise avec leurs checkpoints, leurs bérets rouges et leurs armes soviétiques… Ils étaient en fait chétifs et ils avaient faim, ils étaient opprimés aussi. Je revois ces ouvriers pauvres qui viennent désormais travailler pour trois fois rien dans les chantiers de Beyrouth. Ils dorment dans la rue et se font racketter par leur propre gouvernement quand ils rentrent au pays avec quelques maigres devises. Je réfléchis a cette population qui a oublié le goût de la liberté, que fera-t-elle quand le tyran partira ?

Renaissance ou chaos ? Par la place stratégique de ce pays, la question Syrienne porte en elle l’avenir de toute la région.

16.6.11

Impuissants pour la Syrie

Des milliers de réfugiés aux frontières turques ou libanaises, des villages entiers jetés en prison, des soldats qui se rebellent, la Syrie est véritablement entrée en ébullition.

Cette révolte au départ timide, qu'on croyait vouée à se décourager face à une machine de guerre impitoyable, cette vague de colère née ça et là dans des campagnes méconnues, la voilà qui gronde sans arrêt, la voilà qui pousse partout dans les villes et qui s'épanche malgré la peur, les dangers et la terreur officielle orchestrée par un régime aux abois. Que peut-on faire pour ces Syriens qu'on assassine impunément? Militer pour une intervention militaire? Le bourbier Libyen semble vouloir nous en dissuader sans compter les nombreux dangers qu'une nouvelle aventure militaire pourrait engendrer: guerre au Liban, flambée israélo-arabe ou autre artifice de diversion dont le Baas Syrien est spécialiste.

Mais comment aider ces gens, les soutenir dans ce combat si juste? Prier pour la Syrie? Est-ce suffisant?

14.5.11

La Syrie dans mon coeur

Allez une pensée pour la Syrie. Pour cette révolte déséspérée et ces villes suicidaires qui se soulèvent sans armes et qui défient la dictature héréditaire et sectaire la plus virulente qui soit.

Pensée nostalgique pour mon professeur d'histoire du Liban au Lycée Français de Beyrouth qui nous décrivait ce régime voisin en nous donnant des frissons: en Syrie, si vous êtes opposant, on ne vous arrête que rarement, on ne vous juge pas, on ne vous emprisonne pas, nous disait-il. Non. Généralement, un beau jour, vous disparaissez purement et simplement. On n'entend plus jamais parler de vous...

Souvenir noir de ces jours d'enfance passés à écouter, craindre et maudire ces obus syriens qui s'abattaient par centaines sur Beyrouth-Est où on osait défier Assad le père, le tyran de Damas. Pensée émue pour ces morts pour la plupart civils dans d'horribles attentats à la voiture piégée, marque de fabrique favorite des services de renseignement syriens. Et au delà du Liban, une pensée pour ce peuple qu'on écrase, qu'on emprisonne depuis des décennies dans le sous-développement et l'obscurantisme. J'ai dans la mémoire aujourd'hui le merveilleux souvenir des voyages dans cette Syrie méconnue, la surprise d'être accueilli par ces gens comme si j'étais de leur famille, loin des clichés hérités de la guerre, loin de l'antagonisme inventé par les despotes et les miliciens.

Que de victimes, que d'assassinats, que d'injustices commises par une famille sanguinaire qui accapare pouvoir et argent. Ces champions de la répression ont encore frappé, comme à Hama en 1982 où ils avaient rasé une ville entière sans pitié. Mais s'ils gagnent cette nouvelle manche à coup de canon, espérons que leur chute inéluctable n'en soit que plus brutale, qu'ils soient jugés un jour et que justice soit faite pour la Syrie.