17.12.23

Une artiste redonne vie à la maison de mes aïeux

 La maison  pittoresque qui vit naître mon grand-père  est cachée dernière notre immeuble familial de la rue Trabaud, à Beyrouth.  Elle a traversé tant d’épreuves, un peu comme ce pays : des éboulements occasionnés par les gratte ciel avoisinants, conçus sans aucun souci d’urbanisme, des obus de la guerre civile qui se sont abattus sans pitié sur ses vieilles tuiles, puis bien sûr, l’explosion fatale du 4 août 2020 qui la rendit inhabitable. Cette petite bicoque du dix-neuvième siècle, modeste vestige d’un  Achrafieh encore bucolique tenait encore debout mais n’était plus que l’ombre d’elle-même, et son jardin suffoquait entre groupes électrogènes et tours de béton. 


Heureusement, notre ville bien-aimée  ne manque jamais de ressources ni d’espoir. Et quand une artiste nous proposa de la restaurer pour la transformer en atelier et y déménager ses activités de Londres à Beyrouth, l’idée nous conquit. Obtenir des permis et réparer une maison centenaire ne fut pas sans embûches dans une ville qui ne fait vraiment aucun cadeau aux amoureux  de maisons anciennes. Mais un charpentier syrien dégourdi, une architecte supportive de la Direction Générale des Antiquités, une entrepreneuse perspicace et la bonne volonté de tous finirent par l’emporter… et voici la vieille maison prête pour une nouvelle vie et à temps pour les fêtes de fin d’année!


Mon arrière grand-père était artisan et y produisait des plats en argent et des icônes. La nouvelle occupante, Syma, est une star de la céramique et elle vous ouvre la maison  dès ce weekend samedi et dimanche, de 15h à 20h, pour le plaisir des yeux (et du shopping de Noël bien sûr). Elle me confiait encore hier à quel point elle était fière de pouvoir rendre à notre quartier natal un peu de son cachet et authenticité.


Syma Ceramics

Rue Trabaud

Achrafieh Beyrouth 







Un grand merci  à

Oussama Kallab 

Jeanine Nahra

Nada Soukarieh

Zeina Choueiri Jalkh

May Choueiri

9.12.23

Gaza



Original en francais (scroll down for English)

Au réveil chaque matin ses images me parviennent 

Elles sont crues, elles sont noires, elles me remplissent de peine

Sa tourmente, son histoire , sa tristesse se font miennes 

Gaza réveille en moi  la cause Palestinienne 


Motaz son journaliste nous guide dans ses ruelles 

Sa caméra foudroie, ses photos sont cruelles 

La nuit dans les décombres en souffrance irréelle 

Gaza plonge dans le noir et les bombes l’écartèlent


Les diplomates trébuchent, les vétos entrent en scène 

Pendant que l’assassin, sans victoire, se déchaîne 

Les otages oubliés, les enfants pleurent et saignent 

Et Gaza ne meurt pas,assiégée mais pérenne 


Le monde entier rejette ce carnage du ciel 

Les foules à l’unisson dénoncent les criminels 

 Juifs, Arabes, Blancs, ou Noirs tous ensemble ils appellent 

Paix pour la Palestine  Gaza et Israël


Mes questions du matin brûlent encore et m’étreignent 

Motaz est il vivant? Combien d’eux  encore tiennent  ?

Les vautours sont repus, leurs escadrons reviennent ? 

Gaza est-elle perdue dans son destin ébène? 


In English 


Gaza


When I wake up at dawn, its images reach me

They are raw, they are dark, and with pain they fill me

Its torment , history, and  sadness become mine

Gaza awakes in me  and pleads for Palestine


Motaz, its journalist, guides me through its alleys

His camera is thunder, his photos injuries 

At night, under rubble, in unreal sufferings

Gaza dives in the dark, and is slain by bombings 


Diplomats run around, vetos enter the scene

While the assassin goes on with his vain killing

The hostages are lost, the children cry and bleed

But Gaza wouldn’t die, eternal while besieged 


The whole world is appalled by this wrath from the sky

Jews, Arabs, white or black altogether they cry

The crowds in unison denounce the criminal

For Peace in Palestine, Gaza, and Israel 


My morning questions burn and hold  me very tight

Has Motaz come home safe? How many have survived?

Are the vultures now  full, or are their squadrons back ?

Is Gaza, forever, lost on its somber track?



3.12.23

l’antichambre de l’horreur





 Quel automne meurtrier.

La colère du peuple israélien, après l’attaque du Hamas et les terribles crimes commis contre les civils a poussé le gouvernement le plus extrémiste qu’Israël ait jamais connu à enclencher une campagne de bombardements massifs et indiscriminés, avec comme résultat, d’autres crimes de guerre et des suspicions inquiétantes d’intentions génocidaires  Comme si massacrer plus de dix Palestiniens pour la mort d’un Israélien était nécessaire pour calmer le courroux du peuple israélien et l’empêcher de se débarrasser de son premier ministre.


Si la réaction vengeresse de M. Netanyahou et de son cabinet  n’étonne plus personne,c’est plutôt le manque de clairvoyance de l’administration Biden qui continue à stupéfier. Donner carte blanche à un gouvernement fasciste après le traumatisme du 7 octobre ressemble à l’ouverture des camps palestiniens de Sabra et Chatila aux meutes miliciennes juste après lassassinat de leur chef il y a quarante ans à Beyrouth. La colère et la peur existentielle deviennent souvent l’antichambre de l’horreur.


Et quand le massacre de Gaza commença, les responsables américains ont fait preuve de l’hypocrisie la plus révoltante en appelant Israël à épargner les victimes civiles tout en lui livrant des tonnes de bombes pour les larguer sur des camps de réfugiés surpeuplés. Après la faillite morale de la guerre d’Iraq, justifiée par des armes chimiques inexistantes, le soutien inconditionnel pour détruire Gaza est une nouvelle tâche noire sur l’image déjà ternie des gouvernements occidentaux, plus que jamais vilipendés pour leur injustice et leur impérialisme.


En plus du drame humain que nous vivons tous ensemble,les dégâts sont considérables pour l’ordre international, la protection des droits de l’homme et les valeurs démocratiques dont l’Occident se gargarise. Sans oublier le grand cadeau que M. Biden a offert à tous les islamistes qui font de l’injustice américaine et de la violence israélienne leur meilleur fond de commerce.


Si M. Biden avait une réelle préoccupation pour la sécurité à long terme d’Israel, il aurait dû pourtant savoir que la violence comme seule réponse n’a jamais fonctionné dans l’histoire même de cette région. Chaque guerre, chaque invasion, chaque fait accompli n’ont engendré que plus de misère et d’extrémisme. Et en soutenant l’enfant terrible qu’est devenu M. Netanyahu, il n’a fait que ternir encore davantage l’image d’Israël. Déjà épinglé pour son occupation, sa colonisation et l’apartheid instauré dans les territoires occupés , le voilà peut-être relégué dans les annales des États génocidaires. Le malheur des victimes israéliennes du 7 octobre et le drame des otages ont été éclipsés par le déluge de feu et la destruction systématique d’une ville et de son people, avec ses femmes et ses enfants exterminés par des bombardements sans relâche. C’est un massacre historique d’une ampleur inouïe, observé avec consternation  par les médias internationaux -même israéliens -, toutes les instances internationales et 

 ONG en Israël ou ailleurs. 


Dans ce contexte terrifiant, appeler à un arrêt immédiat des bombardements ne revient pas à soutenir le Hamas et son nihilisme détestable. Demander l’arrêt du massacre en criant “Cease-fire now” n’a rien rien à voir avec l’antisémitisme. Le peuple Juif ne se réduit certainement pas à un gouvernement de  corrompus, de racistes ou d’anciens terroristes. De même, denander la fin de l’occupation et exiger la reconnaissance des droits Palestiniens en disant “Free Palestine” n’appellent pas à la destruction d’Israel.  Si difficile soit-il de l’imaginer, Israël peut exister en paix avec une Palestine libre à ses côtés. C’est d’ailleurs la seule solution possible. 


Dans cet Armageddon humanitaire, militaire et diplomatique, dans ma tristesse quotidienne et dans mon deuil pour ma région meurtrie, je ne peux que me raccrocher à ces quelques images qui -je l’espère- nous unissent encore malgré tout. La vidéo d’un otage israélien qui retrouve ses parents éplorés me console tout autant que celle du gamin palestinien encore vivant qui  célèbre avec un grand

sourire l’arrêt des bombardements. Malgré l’horreur, un enfant reste un enfant, les armes les plus redoutables  ne peuvent détruire l’espoir d’un peuple, les guerres ne sont jamais éternelles et la lumière triomphe toujours de l’obscurité.

Palestine…


 Palestine ton nom m’est tristement familier 

Que de guerres et souffrances tu as pu traverser 

On te dit belliqueuse mais je sais ta soif de paix 

Tes enfants, je les connais, les aime et les ai pleurés


 Deux peuples en une seule terre avaient cru au partage

 Un jour la solution fut proche mais par dommage

 Cette  paix, ce rêve fou , devint un frêle mirage 

Bien vite anéanti  par la haine et la rage 


Aujourd’hui la douleur est devenue naufrage 

La barbarie emporte  Gaza dans son sillage 

Des morts amoncelés, des blessés, des otages  

Festin des extrémistes de tous les rivages


 Palestine voisine,  concubine, sœur de  lait 

Ce soir dans mon miroir il y a le reflet  

D’un ami fidèle qui te ressemble dans ses traits 

Tu hantes son cœur, il saigne à tes côtés