29.11.12

Gaza encore...

J'ai hésité à écrire sur Gaza. Tant ces opérations sont devenues répétitives et horriblement banales. Le fameux droit d'Israël à se défendre, les infâmes roquettes qui répondent aux ignobles assassinats, et bien sûr, les discours improbables des secrétaires d'état américains chargés de défendre les actions de Tsahal.

Ces discours défendant 
Israël bec et ongle furent jadis belliqueux et excités aux temps de Condolezza Rice, de la guerre contre le terrorisme et ses amalgames. Aujourd'hui je les trouve un peu plus embarassés et profil bas. Et c'est vrai, comment convaincre le monde quand on n'est pas vraiment convaincu soi-même? Comment justifier les actions d'un premier minisre israélien qui prône colonisation des terres arabes un jour puis légitime défense contre les Arabes le lendemain. Comment ne pas imaginer que les élections dans deux mois seulement y sont pour quelque chose et que les morts, des deux côtés d'ailleurs, sont un peu tombés pour que M. Netanyahu soit réélu. Sans compter l'enjeu financier de tester les boucliers anti-missile et prouver leur efficacité qui pourrait être une des causes de cette nouvelle guéguerre.

Ce qui m'inquiète, c'est l'aveuglement persistant de certains. Bernard Henri Lévy se fourvoie en écrivant qu'Israël a évacué Gaza et que cette nouvelle opération de légitime défense se justifie donc pleinement. Il oublie vite que les habitants de Gaza sont pour la plupart des réfugiés chassés de Palestine par Israël, qu'ils ont grandi dans une bande désertique et surpeuplée, dans la misère, et que le retrait d'Israël apres des décennies d'occupation n'était q'un geste pragmatique et une renonciation à tenir une poudrière sans intérêt ni ressources.

A chaque opération, Israël s'isole un peu plus du monde et de sa région. Après le mur physique en Cisjordanie, c'est le bouclier virtuel anti-missile, sans compter le fossé psychologique qui se creuse. À chaque punition collective infligée à une Nation Palestinienne en déroute, c'est un morceau de la légitimité même d'Israël qui tombe aux yeux du monde. L'image empathique du réfugié Juif persécuté et retournant en Terre Promise est évincée par ce colon arrogant qui tire sur les palestiniens. Exodus est remplacé par des bateaux de guerre. Le kibboutz pionnier, prônant solidarité et humanisme est remplacé par une forteresse capitaliste surarmee entourée d'une mer de misère. Si bien et tellement qu'il n'y aura bientôt plus personne pour essayer d'expliquer ce qui se passe à Gaza. À part un secrétaire d'Etat américain besogneux et un philosophe biaisé.