29.7.10

Affaire Cottrez: Ogresse en détresse

Difficile de réagir à l’affaire Cottrez sans tomber dans les poncifs et les banalités.
Au delà de l’horreur, l’incompréhension et le dégout qu’elle inspire, que penser de cette ogresse qui engendre et couve des petits pour ensuite les étouffer à leur naissance?

Peut-on y voir l’incapacité de notre société et de nos institutions à encourager les femmes en détresse à donner leurs enfants pour adoption? Alors que des couples malchanceux font des années de démarches et de voyages avant de trouver le bonheur d’être parents, ne serait-ce qu'une seule fois, on s'en désole. 

Je pense aussi à ce mari qui soi-disant  ne savait rien et je peine a comprendre comment on peut vivre huit grossesses de sa propre épouse sans s’en apercevoir, tous les pères qui lisent cette page me comprendront!
Je pense enfin à ces petits êtres fragiles qui n’ont rien demandé et dont le destin fut si bref.  Sans aucun élan mystique ou surfait, de tels drames me donnent envie de prier.

26.7.10

I love Devon


Le Devon. Par sa côte découpée, ses voiliers refugiés dans ses estuaires et son climat capricieux, il ne peut que rappeler la Bretagne. Je suis tombé sous le charme de son bocage vert, une merveille du travail harmonieux de l'Homme et de la Nature, ses routes minuscules taillées dans les feuillages et la vue de la mer qui  apporte comme toujours une délicieuse sensation d'apaisement et de sérénité.

Comme si cet horizon bleu et plat aplanissait les doutes et les aspérités de la vie et que le monotone chant des vagues pouvait bercer à jamais les bien trop grands enfants. Tout cela sans oublier le rituel des baignades dans les eaux glacées et les repas de crabes et de homards fraichement péchés. L’Angleterre comme on l’aime.

25.7.10

Education: France-Angleterre

Nous sommes nombreux à Londres a comparer les systèmes éducatifs Français et Anglo-saxons.

Avec généralement un constat consensuel : Là où l'éducation française prône l’excellence académique et tente de fabriquer des têtes bien pleines, les écoles d’outre-manche préfèrent cultiver la personnalité et la confiance en soi, parfois à outrance. Alors que les élèves talentueux sont poussés jusqu’au bout de leur limites dans les lycées parisiens où règne l’élitisme, ils risquent de s’endormir un peu sur leurs lauriers à Londres mais on leur dit qu’ils sont bons et ca les rend forts. Inversement, l’élève en difficulté sombre plus facilement en France qu’en Angleterre. Il est inondé par la complexité des programmes, écrasé par la culture du reproche et il perd toute envie d’apprendre d’où l’échec patent de l’Education Nationale dans les zones difficiles.

Comme souvent, l’idéal est quelque part au fond de la Manche, entre la rade de Calais et les falaises blanches de Douvres. Mais en France, il faut que nous osions raccourcir les programmes et arrêter de les modifier sans cesse. Simplifions notre cursus pléthorique, concentrons-nous sur les fondamentaux inévitables et mettons moins d’heures de cours mais moins d’élèves dans chaque classe pour leur apprendre - à défaut d'histoire de l'art et de chimie - à être des gens respectables et respectés.

Et le reste du temps, envoyons-les dans les stades, jouer, prendre du plaisir et se libérer de leurs démons.

22.7.10

J'ose un pensée pour Nicolas...

Une femme-icône qui semble lui échapper de plus en plus, des reformes entamées tambour battant mais qui patinent, des rangs qui se desserrent et un scandale politico-financier qui ne pouvait pas plus mal tomber : M. Sarkozy a du pain sur la planche ces temps-ci et son unique appui est désormais la chaleur estivale et la torpeur des vacances.

On peut reprocher beaucoup de choses à notre président hyperactif et gesticulateur mais force est de constater qu’il ne manque pas de détermination. Pour la France, et nonobstant tout ce qui en lui nous énerve, je pense qu’il faut lui souhaiter un peu de chance et de succès. Il a raison de vouloir réformer et nous savons tous, de droite ou de gauche, que c’est un défi énorme pour le pays.

21.7.10

Restaurant éphémère

Dans cette planète où les tendances apparaissent et s’évanouissent à un rythme accéléré, le concept d’éphémère est plus que jamais d’actualité.

Un ex-garage reconverti en domicile design à Camden, une Italienne Ligure qui aime la cuisine et les gnocchis faits maison, un sympathique banquier-bohème canadien qui n’hésite pas à revêtir des vestes de dictateur indonésien et une vingtaine de convives venues de la City ou de l’Ouest: « Francesca's secret Kitchen » vous offre un brin d’Italie dans un joli jardin du nord de Londres.

Pour ceux comme moi qui ne se remettent pas de leurs expériences italiennes et n’ont pas de projet à Stromboli cet été, c’est une aubaine. Et pour vous qui vous lassez des restaurants du West End où on vous remplit les verres agressivement en vous expliquant qu’il y a un autre service dans quarante minutes, Francesca propose dans son loft une belle alternative insolite et cosmopolite.

http://francescassecretkitchen.wordpress.com/

Contre le Tour de France

Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas friand de provocations et de positions extrêmes. Pourtant, j'ai souvent plaidé pour l'interdiction du Tour de France, du moins dans son dispositif actuel.

Je m'attriste de ces cyclistes qui se donnent corps et sang à leurs sponsors, assistés d'équipes médicales pléthoriques qui les dopent et les transfusent comme des machines. Je me désole des statistiques écœurantes: cinq fois plus de chances pour les cyclistes  de mourir d'un arrêt cardiaque avant 45 ans. Je me demande comment notre société qui se veut humaniste et éclairée peut accepter que des hommes soient ainsi livrés à cette mortelle surenchère.

Enfin, je rêve d'un Tour de France revisité ou les sponsors et les soigneurs seraient bannis, à part quelques médecins de campagne et infirmiers bénévoles. Un Tour de France ou la surperformance malsaine cèderait la place au vrai sport, sans triche et sans poisons.

15.7.10

Etreintes Brisées

"Etreintes Brisées" est un bel Almodovar, sans pour autant être mon préféré.

On y reconnait certes les grands classiques du cinéaste célébrissime comme l’omniprésence du sexe, la séduction ravageuse de Penelope Cruz et les personnages déchirants d’humanité et de beauté. Il y a même quelques réminiscences amusantes telles qu’un gazpacho empoisonné réemprunté de « Femmes au bord de la crise de nerfs » ou une fugace apparition de l’actrice fétiche Rossy de Palma, plus Almodovarienne que jamais pour mieux réveiller nos souvenirs.

Ce qui manque alors ? Almodovar s’est–il un peu trop fait plaisir? A-t-il raison de visiter ainsi tout ce qu’il aime de manière sporadique, en mélangeant son drame à des scènes et des musiques hitchcockiennes ou en évoquant Jeanne Moreau et son ascenseur pour l’Echafaud ? Aussi, Penelope Cruz s’impose bien comme l’héritière légitime de Victoria Abril mais elle est beaucoup moins renversante et plus triviale que dans « Volver » ou son regard éternellement embué nous laissait sans voix.

Peu importe, on attend quand meme le prochain avec impatience.

10.7.10

Pensée pour B'tselem

Cela fait des années que je m’indigne de la colonisation des territoires palestiniens. Israël a conquis ces territoires par la force au but d’une guerre éclair que l’Etat Hébreu a lui meme initié. Et depuis, une judaïsation forcée a eu lieu, tantôt ouvertement au nom de la politique des faits accomplis de Yitzhak Shamir, tantôt de façon larvée mais non moins efficace comme sous les gouvernements travaillistes après les accords d’Oslo. Tout cela dans l’indifférence totale de l’Occident et au grand désespoir des Palestiniens.

En 2010, on commence a sentir que le reste du monde y accorde enfin un peu plus d’attention. On s’étonne que le nombre de colons Juifs ait doublé entre 1991 et 2010. On s’inquiete de la poursuite de la judaïsation de Jérusalem-Est et de l’expulsion de ses habitants non-Juifs s’ils osent s’en éloigner trop longtemps. On se désole de voir des dizaines de milliers de Palestiniens incapables de mener une vie normale quand Israël dresse ses murailles « de sécurité » dans leurs champs plutôt que sur la ligne verte internationalement reconnue.

La colonisation des terres d’autrui est immorale. De nombreuses voix en Israël ont désormais le courage et le mérite de la condamner ouvertement. Quand une ONG Israélienne comme B'tselem denonce les choses, cela a plus de valeur que quand ce sont les Palestiniens ou leurs amis. Et B'tselem a raison de le faire. Cette colonisation conforte tous les ennemis jurés d’Israël dans leur conviction que l’Etat Hébreu est construit sur l’oppression et la dépossession des Arabes de leurs droits. Il est grand temps qu’Israël arrête d’utiliser ses gens pour consolider ses conquêtes. Colonies expansionnistes et nationalistes d’une part, boucliers humains pour le Hezbollah et le Hamas d’autre part, on n’en finit pas d’instrumentaliser des civils pour enterrer la paix au Proche-Orient.

http://www.btselem.org/English/index.asp

9.7.10

Pensée pour l'Italie

On ne guérit jamais complètement de l’Italie.

Je ne parle évidemment pas de celle des cartes postales, des pizzerias attrape-touristes et des musées surpeuplés. Je pense a l’autre Italie, la vraie, l’Italie qu’on découvre seulement quand on parle italien, qu’on voyage avec des Italiens et qu’on a la chance d’aller chez des Italiens. Leur humour et leurs sourires vous rallongent la vie!, comme on dit en Orient. On ne se remet pas de ne plus visiter ses petites villes d’art méconnues aux splendeurs innombrables, ses canaux oubliés de la Giudecca, ses hauteurs d’Anacapri et ses plages de Sicile à l’ écart des sentiers battus. Même chez les meilleurs traiteurs de Londres ou de Paris, on ne retrouve pas vraiment le gout de ses bonnes pates ni les mêmes jambons et fromages. Enfin, on se désole que nos journaux ne restituent que l’image d’une Italie décadente et tapageuse, celle de la ligue ou de la mafia sous un nuage d’intolérance et de corruption.

Comme si sauver l’Italie s’avérait forcement être une mission utopique vouée à l’échec. Et la pensée du jour est pour Venise menacée par les eaux et qui construit un barrage contre l’Adriatique.

8.7.10

L'Arnacoeur

L'Arnacoeur (the Heartbreaker) est enfin arrivé a Londres. Comme le jeu de mot qui lui sert de titre, ce film est subtil sans être surfait, burlesque sans être grossier, tout simplement bien trouvé avec un excellent jeu d'acteurs.

Romain Duris est taillé sur mesure pour le rôle du briseur de ménages. Beau sans être bellâtre, drôle mais un peu malgré lui, héros moderne, comique et jamais ennuyeux, il parle toutes les langues, pratique toutes les religions et toute la planète lui succombe. Vanessa Paradis est la Juliette moderne idéale. Pas une ride sur son beau visage, pas une imperfection dans son jeu. Elle nous fait fondre quand elle répond en italien à une question intempestive d'un barman indiscret.

Un petit regret pour le rôle du barbouze Serbe, brebis galeuse de l'histoire. Par mes voyages entre Paris et Londres, j'ai encore récemment pu constater que ce pays n'est surement pas ce qu'on essaye de lui faire porter.

6.7.10

Turquie: Peur ou phobies?

La Turquie d’Erdogan tourne-t-elle le dos à l’Occident ?
On peut le penser après les réactions d’Ankara au drame de la flottille de Gaza, la rhétorique anti-israélienne et le durcissement des relations avec l’Etat Hébreu. On peut l’imaginer parce que le parti d’Erdogan a des sympathies islamistes. On peut le craindre quand on écoute l’opinion publique turque de plus en plus soucieuse de se plonger dans son passé impérial oublié et de se rapprocher des causes islamiques.

Mais en réalité, le parti au pouvoir est plus proche d'une version musulmane d’un parti démocrate-chrétien que d’un Hezbollah aguerri. Istanbul cette année sera la capitale culturelle de l’Europe, la situation des droits de l’homme s’est nettement améliorée sous Erdogan et l’influence des militaires a décru. Le génocide arménien est au moins devenu un sujet de conversation. La Turquie sous bien d’aspects va mieux et se rapproche du modèle qu'on lui souhaite.

Ce n’est peut être pas tant la Turquie qui nous tourne le dos que nous-mêmes qui avons de plus en plus peur de la Turquie. Maintenant que l’Union Européenne s’est de facto diluée en un vaste ensemble d’Etat-Nations hétéroclites avec des langues, des cultures et des niveaux de développement bien disparates, nous n’avons plus de vraie raison d'en exclure ce pays, mises a part des  phobies à peine avouables. Au risque de la précipiter un jour dans les bras de nos ennemis.

1.7.10

Les blues du Smicard

Il gagne 1343,77 € brut par mois, ce qui correspond à 1056,24 € net.

Il doit se sentir bien seul. Celui qui travaille dur et exerce un métier honorable pour empocher sa petite paye.
 Il doit se sentir un peu amer quand il lit nos journaux. A la une figurent tour a tour, des familles qui se disputent sur des dons en milliards, des bonus de banquiers annoncés sans vergogne, des dépenses somptuaires de l’Elysée, des cigares à 12 000 euros d’un ministre-nabab et des appartements de fonction ostentatoires tous financés par le contribuable.

Il doit se sentir bien mal, il est dans le bas de cette classe moyenne qui n’en finit plus de s’effondrer. Dans ce cycle économique ou les inégalités se creusent dangereusement, rien ne baisse aussi vite que son pouvoir d’achat pendant que le luxe tapageur s’épanche autour de lui. Et dire qu’il n’y a pas si longtemps, on pensait que gagner son SMIC était déjà un succès, une garantie d’accès a une vie décente.

Son seul espoir, désormais est que la France se ressaisisse économiquement, qu’on ait davantage besoin de lui et de son travail. A moins que ce ne soit une chimère. Même nos dirigeants nous donnent parfois l’impression qu’ils font juste semblant d'y croire.