25.3.12

Toulouse Toulouse

Une pensée bien sûr pour la ville rose meurtrie. Au delà du crime abominable.

Quand on a vécu en France et qu'on connaît l'atroce mémoire de l'Holocauste dans ce pays, tout crime commis contre des Juifs réouvre des blessures amères, des plaies qui sont appelées à rester là pour qu'on ne les oublie pas. Quand on touche à des enfants parce qu'ils sont juifs, on touche au coeur de notre passé, de tout ce qu'on déteste et ça fait mal. Mohammed Merah a franchi beaucoup de lignes dans sa folie meurtrière mais celle-là donne encore plus de frissons. Moi le défenseur de la Justice et l'ennemi juré de la peine de mort, je me surprends à ètre soulagé qu'il soit mort, qu'on n'ait plus à soutenir son discours, son image et le défi criminel dans son regard. Je lui en veux aussi bien évidemment d'avoir osé mélanger ses crimes à la souffrance d'enfants Palestiniens. Ce faisant, il a sali la mémoire des victimes et insulté une cause juste. Enfin, le criminel est bien sûr la manifestation ultime et extrême d'un malaise général de nos banlieues, de ces jeunes sans identité et en échec qui peuvent succomber aux plus terrifiantes tentations.

La France doit désormais faire le deuil de ses victimes. Ne pas oublier que le forcené a aussi tué des soldats dont deux musulmans. On prie pour que l'horreur de son crime ne monte pas les Français les uns contre les autres, mais qu'au contraire, elle nous rassemble.

4.3.12

Plus de blagues sur Homs

Aujourd'hui, le monde entier pense à Homs, cette grande ville syrienne assiégée devenue ville symbole et ville martyre.

Enfant, au Liban, je me souviens qu'on aimait à se moquer de Homs ou plutôt de ses habitants. Les blagues sur les gens d'Homs étaient nos blagues belges. Pauvre Homsis, on les affublait de toutes les tares et de tous les déboires, parfois en imitant l'accent lancinant des Syriens et la longueur des voyelles prononcées. Pour de nombreux Libanais victimes des violences de l'armée Syrienne, ces nombreuses blagues étaient comme des petites vengeances discrètes et inoffensives.

Bien plus tard, je me souviens d'être passé par Homs lors d'un voyage avec mes amis Français. La cité n'avait pas le charme d'Hama, la ville voisine bien plus pittoresque avec ses grands moulins sur l'Oronte (le grand fleuve qui traverse la région) et ville qu'Hafez el Assad avait fait bombarder en 1982 pour y écraser une révolte. J'ai gardé l'image d'une grande ville syrienne un peu aseptisée, perdue dans une plaine immense. Une de ces villes bardée de portraits de dictateurs et endormie comme toute la Syrie de l'époque sous une chape de peur.

Désormais, le destin tragique d'Homs est le symbole d'une révolte devenue guerre. Ses images rappellent aux Beyrouthins d'hier de bien tistes souvenirs, les snipers, les orgues de staline, les mortiers, les barricades, les bombardements de civils... tous ces ingrédients qu'on connait si bien et que le régime Baasiste expérimente toujours aussi impunément mais cette fois sur son propre peuple. Aujourd'hui, Homs et ses habitants ne nous font plus rire du tout. On s'en sent très proches et on prie pour que leur supplice se termine.

2.3.12

Kristy, ultime victime d'une jeunesse en crise

Kristy est un jeune de 15 ans torturé et tué par sa grande sœur et son ami qui l’accusaient de sorcellerie. Voila le fait divers qui défraye la chronique londonienne. 130 blessures et une noyade infligées a un jeune enfant qui visitait innocemment sa famille, ça choque, ça interpelle, ça alimente une actualité morose et lasse.


Mais au delà de l’horreur du fait divers et de l’incompréhension qu’il provoque, c’est un peu au débat sur le relativisme et l’anti-relativisme, aux discussions sur les civilisations et à la puissance effrayante de l’obscurantisme qu’on pense aujourd’hui aussi.

Ma pensée du jour n’est pas seulement pour ce jeune, il n’est que l’ultime victime visible de la stupidité et de la régression d’une Europe qui n’arrive plus a éduquer des pans entiers de sa société. Elle n’a plus les moyens financiers et humains de rassembler ses habitants dans un minimum de valeurs communes. Entre ce jeune sacrifié pour sorcellerie et ceux plus chanceux qui qui mènent une vie normale, il y a sans doute des milliers d’enfants qui souffrent. Peut-être pas au point d’être mutilés et paraitre dans la presse comme Kristy, mais ils sont nés dans des cités faites de décadence, chômage et d’ignorance. Dès leur naissance, ils sont embourbés dans une tiers-mondisation rampante aux portes de nos métropoles et ils sont de plus en plus nombreux à patir en silence d’une éducation déficiente et de parents parfois arriérés.

Au lieu de les montrer du doigt à des fins électoralistes et populistes comme en France ou de les ignorer dans une hypocrisie relativiste comme en Angleterre, nos dirigeants devraient se creuser les méninges pour leur tendre la main, les faire sortir de ce marasme La société a elle sa responsabilité, bien sur. Personnellement, je me sens coupable aujourd'hui de ne pas prendre le temps pour donner des cours ou aider ces jeunes en difficulté qui sont de plus en plus nombreux. Je me borne a entrainer des petits Anglais du quartier presque tous les dimanche au tag-rugby mais ils sont tous si bien élevés, mignons et leurs parents sont géniaux. C’est si facile. Ca serait sans doute une autre affaire de faire la même chose dans un council estate (HLM Britannique)! La jeunesse devient un boulet pour l’Europe alors qu’elle devrait en être le moteur.