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14.4.20

Desserts voyageurs

Au risque de vous paraître un peu futile, laissez moi vous raconter en ces temps de confinement mondial la jolie épopée de ma boîte de desserts de Pâques.

Je dis souvent que dans mon Levant natal, nous avons raté tant de virages, détruit nos pays, un à un, par nos gueguerrres communautaires, nous avons perdu la Palestine, oblitéré la Syrie et transformé une partie de notre  beau Liban en forêt de béton et de corruption. Mais dans ce sombre tableau, nous avons au moins réussi une chose importante, c’est la cuisine. Et plus particulièrement aujourd’hui je vous parle des mamouls, ces merveilleuses pâtisseries fourrées de noix, pistaches, dattes ou amandes si difficiles à faire et dédiées à célébrer Pâques. Enfant à Beyrouth,  j’adorais observer ma grand-mère avec ses trois filles et ma mère lancer ce gros chantier des maamouls pendant la semaine sainte. Chacune des femmes avait un rôle bien spécifique pour venir à bout de cette entreprise fastidieuse. Le résultat était comme une petite œuvre d’art, chaque pâtisserie était tout à tour, délicatement sculptée, minutieusement fourrée puis décorée comme une poterie avant d’être enfournée puis saupoudrée de sucre. Ces fruits délicats d’heures de travail et de détails  étaient ensuite dévorés allègrement, en moins de trois secondes chacun, pour le plus grand bonheur de tous.

J’aimais surtout ce paradoxe que les maamouls, si chrétiens soient ils, pussent se trouver aussi en ville dans des pâtisseries renommées et notamment celles de nos quartiers musulmans, connues pour être les meilleures pour fabriquer ces délices pascals. Comme dans un pied de nez annuel  aux nombreux fanatiques et sectaires qui ont détruit le pays et la région, mes parents et moi aimions que les meilleurs maamouls célébrant la fête chrétienne fussent parfois arrivés de Tripoli, cette ville du nord à majorité musulmane, presque intimidante pour nous en temps de guerre civile et de massacres intercommunautaires. Toujours surprenante, cette ville fut d’ailleurs plus récemment le théâtre d’une révolte séculaire contre le communautarisme sur des sons endiablés d’un DJ révolutionnaire digne d’Ibiza. Autant de stéréotypes et de stigmates mis à mal par une boite de maamouls ou des jeunes qui rêvent d’un avenir meilleur.

C’est justement de cette ville de Tripoli qu’un site internet téméraire m’a proposé la semaine dernière des maamouls livrés mondialement dans une publicité Instagram, narguant le Covid et ses blocages. Et dans mon confinement New-yorkais, je ne pus résister à la tentation de commander par gourmandise et curiosité, avec assez peu d’espoir de voir ces boites arriver à bon port. En effet avec l’aéroport de Beyrouth fermé aux voyageurs, l’état des transports internationaux, la réputation sévère des douanes américaines, le périple de ces boites s’avérait long et tumultueux, une odyssée que je pus suivre non sans excitation sur mon écran d’ordinateur; les boites partirent de Tripoli le jour même de ma commande et arrivèrent donc à l’aéroport de Beyrouth jeudi soir. Le lendemain elles embarquèrent pour .... Bahreïn pour transiter vers... Bruxelles. D’où elles repartirent dimanche pour les États Unis. Pas le meilleur bilan carbone, je vous le concède! Elles atterrirent hier à Cincinnati où elles passèrent vaillamment la douane. Je tremblai à l’idée de voir ces boites vertes ornées d’inscriptions arabes provoquer la suspicion, être ouvertes ou saccagées, finir compostées dans une poubelle de l’Ohio ou, moins tristement, chez un douanier gourmand. Et non! Ce matin, DHL m’a informé qu’elles ont atterri à New York. Et cet après midi elles sont bien là chez moi à Manhattan en à peine cinq jours!

Miracle d’un dessert proustien d’Orient, fabriqué par les musulmans pour les chrétiens et  traversant la planète au temps du Coronavirus! Joyeuses Pâques à tous et un grand merci à  Hallab.com.lb et à mon bien sympathique livreur masqué DHL.

https://www.hallab.com.lb/international/

22.3.19

Pensée pour Alain

C’était l’été 1982, celui de l’invasion israélienne du Liban, où parmi plusieurs familles beyroutines, nous avions déménagé dans une petite station balnéaire à une quarantaine de kilomètres, loin de la ville assiégée et des raids aériens.

Le petit appartement face à la mer censé nous accueillir en week-end devint un camp retranché pour ma famille où je passai,en enfant de 7 ans, un été remarquablement normal dans des circonstances hors du commun, en compagnie de ma soeur et mes cousins inséparables. Une autre famille d'amis habitait dans le même complexe, celle d’Alain. Même si mes souvenirs sont lointains et vagues  je me rappelle soudain aujourd’hui cette compétition de natation organisée dans la grande piscine de l’établissement. Alain, plus âgé que moi nageait très bien et gagna la médaille d’argent de sa catégorie suscitant notre admiration. Sa petite sœur participa aussi, ne gagna pas mais termina sa traversée courageusement malgré sa fatigue. Et le lendemain matin, ce fut elle qui portait la médaille d’Alain. Son grand frère la lui avait donnée par pure gentillesse et générosité. 

Ce matin à New York, j’ai appris avec tristesse la terrible nouvelle du tragique décès d’Alain. Et sur mon chemin du bureau en cette journée grise, ce lumineux souvenir vieux de plus de trente ans a resurgi dans ma mémoire, comme un clin d’œil, une petite consolation et un témoignage émouvant. Cet adolescent sportif et sympathique nous avait montré un exemple et des valeurs importantes cet été là: le don de soi, l’altruisme et l’importance de la famille. Même si je ne l’ai plus revu depuis des décennies, j’ai voulu lui rendre ce dernier hommage.


7.1.13

Adieu au père

Il est né en plein été 1939. Mais bien loin de l'agitation d'Europe centrale, là-haut dans cette belle montagne libanaise, en cette vieille maison en pierre où mes grands-parents fuyaient les chaleurs de la côte. Cette maison enserrée de pins parasol, au bout d'un long escalier, juste entre les versants encore verts et les sommets dolomitiques du Liban, je ne la vis jamais, évaporée avec tant de souvenirs d'enfance de mon père. Je ne l'aperçus que dans de vieilles photos noir et blanc où le fils tant attendu trônait paisiblement sur un cheval à bascule, entouré de ses soeurs et de ses cousins.
C'était un Liban insouciant, tranquille sous le mandat français, encore épargné par les troubles politiques et religieux qui devaient bien vite s'en emparer.

Contrairement à mon grand-père qui avait du partir et faire fortune en Argentine, loin de l'Empire Ottoman et de sa déchéance, papa eut la chance de connaître le meilleur du Liban, les années où le pays prospéra dans une torpeur trompeuse. Il perdit son père assez tôt. J'étais encore enfant quand il me raconta un jour comment, ce triste été, mon grand-père souffrant l'envoya chercher un barbier. En revenant avec ce dernier, mon père découvrit le vieil homme mort dans son lit. Il avait approché un petit miroir de la bouche du défunt pour pouvoir constater l'absence de buée et donc de respiration. Enfant, ce stratagème m'avait ému, je trouvai mon père bien perspicace et si courageux d'approcher un mort ou le toucher. C'était sans me douter que trente ans plus tard, je serai moi-même le dernier homme à le toucher dans son cercueil, au coeur d'une église en deuil.

Je ne suis pas sûr de vouloir disserter sur son existence, de creuser le pourquoi du comment, pourquoi ce jeune premier beau et rieur à qui tout semblait sourire buta ça et là sur les obstacles de la vie. Il aimait la vie, certes. Parfois beaucoup trop. Il aimait oublier tout et s'envoler vers ses rêves. Au point parfois de se brûler les ailes. J'ai envie d'évoquer les études en Suisse avec son bon ami Pierre, leurs quatre-cents coups et leurs mille photos, sans oublier sa rencontre avec Gilbert Bécaud... Je revois défiler aussi les pistes de ski à Faraya, le vieux copain de toujours Michel et son sourire inoubliable, les vieux coupés Alfa Roméo ou les plages de Saint Simon et les criques poissonneuses d'Amchit où papa croquait la vie à pleines dents. Moins forte est l'envie de se rappeler les bouleversements, la guerre, les méfaits du tabac, les problèmes de santé et toutes les vicissitudes qui ont eu raison de son insouciance. Je préfère tout simplement le remercier de cette famille qu'il fonda avec ma mère et qui traversa ces décennies de guerre puis de paix, saine et sauve. Je préfère méditer sur cette belle photo de lui avec Eddy, un de ses vieux copains, qui nous l'apporta lui-meme le jour des funérailles. On le voit, à droite, ce sourire d'un homme qui aimait la vie.

22.6.11

Dîner dans le Noir

Drôle d'expérience que ce diner dans le noir total. Et pas seulement parce que vous vivez quelques moments de la vie d'un aveugle et que vous goûtez brièvement à son quotidien. L'absence de lumière et de couleur laisse naître des émotions contradictoires. L'inquiétude qui s'empare de vous est au départ immense mais les serveurs complaisants la modèrent et vous rassurent.

Comme il s'agit de manger, ce n'est pas sans une certaine animalité que vous vous retrouveze face à une assiette dont le contenu vous échappe. Peu importe, personne ne vous voit y mettre la main discrètement pour vérifier que l'assiette est vide. Je pensais que l'odorat m'aiderait bien pour deviner ce qui est servi, décarcassé du carcan de la vision, mais même dans le noir, sa faiblesse est patente. Le bon sens et l'instinct eux prévalent, on trouve des moyens, on remplit les verres en y mettant un doigt, on tâtonne maladroitement. La conversation dénoue la tension. La serveuse aveugle mène le bal et nous raconte qu'elle chante dans une chorale. On nous dit que ceux qui voient parlent naturellement beaucoup trop fort quand ils sont dans le noir.

Puis lorsqu'on vous appelle pour vous dire que c'est fini, il y a curieusement -en tout cas pour moi- une surprenante sensation de regret, ce "comment? c'est déjà la fin?" inattendu et qui vous dit bien qu'on s'habitue bel et bien a tout! Et l'aimable Sarah qui nous recommande de ne pas regarder la lumière directement, se méfier du crépuscule et nous protéger les yeux. Elle dont les yeux sont muets, je l'embrasse pour la remercier. A faire au moins une seule fois.

16.2.11

Adieu à ma Grand-Mere

Elle est née en 1920, un peu comme le Liban, du moins dans ses frontieres actuelles.

Et elle incarnait tant de belles facettes de ce pays : l’image d’une jeunesse éclairée, une éducation cosmopolite et un renouveau levantin de l’entre deux guerres, à l’ombre du tranquille mandat français. La douceur de cet Orient encore beau et peu construit, de ce Beyrouth ou les toits en tuile rouge régnaient encore à l’ombre des montagnes vertes et des pins parasols.

La force d’une femme d’Orient qui n’a pas eu peur de prendre son destin entre les mains et faire fi des conventions pourtant si lourdes au Liban. Et malgré sa fougue et sa rébellion, par son charme et sa générosité, elle semblait faire l’unanimité dans sa famille et dans la société beyrouthine. Avec ses cinq frères et sœurs, je pense qu’elle n’a jamais connu l’ombre d’une dispute et jusqu'à la fin de ses jours elle leur a voué une affection profonde, admirable et indélébile. Au volant de sa Volkswagen coccinelle, elle était admirée, courue, gâtée dans un Liban qui savait encore vivre.

Plus tard, avec la guerre, elle incarnait pour moi la tolérance religieuse. J’étais enfant mais je me souviens comment elle disait que ce conflit était d’une grande stupidité. Que les dissensions religieuses et les haines communautaires étaient fausses, non fondées, usurpées. Alors que le monde sombre dans ses querelles de religion, je me dis qu'elle avait tellement raison. Et me tenant la main, profitant des accalmies et des ouvertures de la ligne de démarcation, elle me faisait visiter ces rues si bruyantes de Beyrouth-Ouest ou elle habita jusqu’au bout, entourée et chérie par ses commerçants et ses voisins musulmans qui, aux pires moments de la guerre, semblaient la protéger jalousement, comme s’ils aimaient encore davantage cette grande dame chrétienne qui avait choisi de ne pas les craindre et ne pas fuir.

Il faut dire que sa générosité était absolument totale. Cette volonté de faire plaisir, de donner, de régaler (non sans gourmandise!) en faisait une véritable grand-mère. Son arrivée chez nous signifiait pour ma sœur et moi, cadeaux, amour et indulgence ! Que de moments de bonheur d’enfant, passés à choisir des bandes dessinées, manger des crêpes au sirop d’érable ou déjeuner dans des restaurants. Que de fois, je me réfugiais dans ses bras pour échapper aux punitions et trouver le réconfort.

Puis elle a vieilli, elle a perdu ses soeurs, un frere et son fils beaucoup trop tot et à notre grand desespoir à tous. Puis elle a perdu cette force et cette confiance mais gardé sa bienveillance, son humour et son affection. Elle adorait ma femme et chérissait mes enfants. Encore en décembre, elle nous racontait ses croisières en Sardaigne dans les sixties et disait avec un petit sourire qu’elle était trop vieille, que c’était la fin. Puis elle est partie nous laissant juste ce magnifique souvenir et un de ces grands vides que rien ne saura vraiment combler.

20.10.10

Douce Cuisine

Les vieilles traditions culinaires libanaises se perdent par manque de temps.

Quel ne fut mon bonheur ces derniers jours en redécouvrant les bons plats de ma mère de passage a Londres. Ils portent en eux le magique souvenir de mon enfance et l'héritage raffin
é de générations de femmes qui en avaient fait un véritable art. Ma grand-mère paternelle les avait hérités de ses grandes sœurs et légués comme de précieux biens à mes tantes et à ma mère. Mais chacune excelle -in fine- dans une discipline particulière, alternant dextérité, sens du détail ou douceur du geste. Parfois elles se retrouvaient pour s'entraider et faire les desserts de Paques.

Mais l’art de prendre le temps pour bien faire les choses, l’art de ne pas cuire les choses trop vite, de ne pas trop assaisonner et de choisir les ingrédients en flânant dans les march
és un peu comme un peintre sélectionne les couleurs d’un tableau, l’art de ne pas remuer le riz qui cuit, de ne pas trop mélanger pour ne pas abimer, ou de mélanger sans cesse pour ne pas bruler, tout cela ne s’apprend et ne se transmet que lorsqu’on vit ensemble et qu’on passe de longues heures dans les grandes cuisines des vieilles demeures beyrouthines.

Or de nos jours, on ne vit plus trop ensemble et on n'a plus le temps.

11.10.10

Automne Morose

Il y a une ambiance morose cet automne.
Elle passe par le profond malaise politique que traverse une France ou le gouvernement regrette un peu d’avoir joué avec les démons de la xénophobie et ou on ne sait plus contre quoi on fait grève ni pourquoi des étudiants post-pubères manifestent contre des lois sur les retraites. Cette ambiance traverse l’Italie ou Berlusconi n‘en finit pas de se donner en spectacle et qui souffre de son manque de leadership et de stratégie. Elle passe par les chiffres déplorables des pays du Sud et des ratings dégringolants des agences de notation. Elle atterrit sur la table à peine apprêtée des négociations israélo-palestiniennes et que tout le monde a quitté en toute hâte après le premier plat devant un Obama déconfit. Elle se termine dans des boues rouges des catastrophes écologiques qui frappent l’Europe Centrale et je peine a trouver dans l’actualité une seule raison de me réjouir.
Même le prix Nobel de la Paix, dont l’attribution est en principe un motif de satisfaction nous met mal a l’aise, peut-être parce que la consternation de l’Occident devant la piètre situation des droits de l’homme en Chine n’a d’égal que l’admiration et l’envie que suscitent les succès économiques des Chinois.

26.9.10

Tout ou rien...

Madrid. Imaginez sortir d’une belle voiture aux vitres fumées et être accueilli aussitôt par une troupe de photographes. Crépitement des flash, la nuit s’illumine et le temps est en suspens pendant que Kate Winslet et Louis Dowler s’engouffrent dans la cour d’entrée du Musée Thyssen. Mario Testino reçoit le beau monde à son exposition Todo o Nada et je suis dans ce fou cortège (mais les flash ne crépitent pas à mon passage). Dans l'exposition, il regne une ambiance celeb-chaotique: on ne sait plus quoi regarder, les splendides photos des muses dans tous leurs états ou les muses en personnes harcelées par la foule et les photographes?


Le nouveau couple-icône a lui décidé de combler les paparazzi de baisers, caresses et signes d’affection. Et là, coup de chance, je réussis à me faire inviter à un diner avec Kate, Louis et Daria Werbovy la super model canadienne. L’ambiance y est plus intime (!) et bien plus détendue puis l’Espagne offre ce qu’elle a de mieux à Casa de Lucio, un restaurant typique ou Rioja, croquetas et belota comblent nos papilles. La soirée s’enchaine dans une villa madrilène opulente avec un jardin de cactus dans le salon et une piscine bleu nuit: Mario Testino reçoit « ses amis ». Et enfin, retour au Ritz ou Kate a la gentillesse de se faire prendre en photo avec des admirateurs qui la guettent encore. Elle est belle, jetaggée, amoureuse… Je les accompagne dans l’ascenseur les dépose au troisième étage, on s'embrasse presque comme si on était des amis (mais se souviendra-t-elle vraiment de moi?). Quelles stars !

7.8.10

Bains de mer

Rien de tel que les bons bains de mer pour remettre tout en perspective.
Après mes premières baignades pour le moins rafraichissantes à Brighton ou dans le Devon, la joie de se retrouver en semi-apesanteur dans les eaux claires  et chaudes du littoral varois est immense.  Nous le disions ce matin encore, nous avons bien de la chance en France d’y gouter tous les matins avec presque pas de foule pour nous disputer les places sur le sable ni même les places de parking.  Dans la mer, tout parait bien plus simple, évident. Sans elle, l'été ne serait pas le même. Les vacances prennent une autre dimension dans l’immensité de la grande bleue.  Les soucis restent un peu sur la plage et les blackberrys aussi.

26.7.10

I love Devon


Le Devon. Par sa côte découpée, ses voiliers refugiés dans ses estuaires et son climat capricieux, il ne peut que rappeler la Bretagne. Je suis tombé sous le charme de son bocage vert, une merveille du travail harmonieux de l'Homme et de la Nature, ses routes minuscules taillées dans les feuillages et la vue de la mer qui  apporte comme toujours une délicieuse sensation d'apaisement et de sérénité.

Comme si cet horizon bleu et plat aplanissait les doutes et les aspérités de la vie et que le monotone chant des vagues pouvait bercer à jamais les bien trop grands enfants. Tout cela sans oublier le rituel des baignades dans les eaux glacées et les repas de crabes et de homards fraichement péchés. L’Angleterre comme on l’aime.

21.7.10

Restaurant éphémère

Dans cette planète où les tendances apparaissent et s’évanouissent à un rythme accéléré, le concept d’éphémère est plus que jamais d’actualité.

Un ex-garage reconverti en domicile design à Camden, une Italienne Ligure qui aime la cuisine et les gnocchis faits maison, un sympathique banquier-bohème canadien qui n’hésite pas à revêtir des vestes de dictateur indonésien et une vingtaine de convives venues de la City ou de l’Ouest: « Francesca's secret Kitchen » vous offre un brin d’Italie dans un joli jardin du nord de Londres.

Pour ceux comme moi qui ne se remettent pas de leurs expériences italiennes et n’ont pas de projet à Stromboli cet été, c’est une aubaine. Et pour vous qui vous lassez des restaurants du West End où on vous remplit les verres agressivement en vous expliquant qu’il y a un autre service dans quarante minutes, Francesca propose dans son loft une belle alternative insolite et cosmopolite.

http://francescassecretkitchen.wordpress.com/

9.7.10

Pensée pour l'Italie

On ne guérit jamais complètement de l’Italie.

Je ne parle évidemment pas de celle des cartes postales, des pizzerias attrape-touristes et des musées surpeuplés. Je pense a l’autre Italie, la vraie, l’Italie qu’on découvre seulement quand on parle italien, qu’on voyage avec des Italiens et qu’on a la chance d’aller chez des Italiens. Leur humour et leurs sourires vous rallongent la vie!, comme on dit en Orient. On ne se remet pas de ne plus visiter ses petites villes d’art méconnues aux splendeurs innombrables, ses canaux oubliés de la Giudecca, ses hauteurs d’Anacapri et ses plages de Sicile à l’ écart des sentiers battus. Même chez les meilleurs traiteurs de Londres ou de Paris, on ne retrouve pas vraiment le gout de ses bonnes pates ni les mêmes jambons et fromages. Enfin, on se désole que nos journaux ne restituent que l’image d’une Italie décadente et tapageuse, celle de la ligue ou de la mafia sous un nuage d’intolérance et de corruption.

Comme si sauver l’Italie s’avérait forcement être une mission utopique vouée à l’échec. Et la pensée du jour est pour Venise menacée par les eaux et qui construit un barrage contre l’Adriatique.

19.5.10

Souvenir Souvenir

Un professeur de mon école à Beyrouth nous disait : « Je ne me sentirai pauvre que lorsque, meme en privant, je n’aurai plus rien à donner ». C'est vrai que la plus grande misère est peut-être celle que ressent l’homme qui ne peut plus aider personne. Relégué au ban de l'échelle, il ne peut plus tendre la main car il ne voit personne en dessous de lui qui en ait besoin. Inversement, heureux celui qui croyait avoir tout perdu mais qui soudain prend conscience que certains ont encore besoin de son assistance. Se retrouver dans une situation ou il faut aider autrui redonne un sens à la vie des plus démunis.

Au delà de ces belles réminiscences, je concède que le plan d'aide à la Grèce ne semble hélas pas apporter beaucoup de satisfaction à nos sociétés egocentriques et obnubilées par leur bien-être financier. Il apporte inquiétude et doute sur le continent et une belle dose d’ironie eurosceptique outre-Manche.

20.4.10

Eyjafjöll


Drôle de volcan Eyjafjöll
Ses cendres alliées aux vœux d’Eole
Tous les avions clouent au sol
Et font que seuls les oiseaux volent

Ces fureurs venues des pôles
D’une terre vivante qui étiole
Le rythme d’une race folle
C'est un peu de stress qu'elles immolent

Jours sans vol ni protocole
Des transporteurs et leurs idoles
Mais ce matin redécollent
Les monstres ailés qui me désolent

25.3.10

Du célibat des prêtres


L'embarras et la consternation provoqués par les scandales de pédophilie au sein de l'Eglise sont immenses.
Pour tout chrétien meme non catholique, on se désole de l'étendue de ce désastre médiatique et du discrédit qu'il jette sur le clergé. Pour tout parent, ces affaires atroces et répétées provoquent la stupeur, le degout et la peur. On se demande surtout si l'Eglise Catholique osera un jour revenir sur le célibat imposé aux prêtres, décision tardive du 11ème siècle qui l'a distinguée des autres églises. Rome dans son histoire est bien - et courageusement -revenue sur d'autres dogmes, pourquoi pas celui-là?

Certes, il n'est pas du genre du Vatican de réagir a chaud et de bruler les étapes, on le comprend. Mais la question reste plus que jamais brulante. Au delà des frustrations et des déviances que cela pourrait éviter, un prêtre père de famille serait un meilleur exemple pour les fidèles alors que le modèle familial est plus que jamais mis en péril. Et on espère qu'il ne faille pas encore attendre une aggravation de la crise des vocations (déjà criante) pour pousser le Pape à enfin transiger.

24.3.10

Irlande du Sud

C'est en train que je suis arrivé à Dublin. Et la petite République a quelque chose d'attachant.

On croit deviner encore dans les modestes pavillons des banlieues de Dublin celui qui fut jadis le parent pauvre de l'Empire Britannique, l'ile verte oubliée et méprisée, les famines historiques et le passé de ressentiment contre l'Angleterre.


Dans Dublin, on ressent la chaleur de cette nation, dans la couleur des immeubles et les pubs innombrables placardés d'enseignes Guinness.


On voit le développement fulgurant des années 2000, dans les chantiers titanesques et les projets immobiliers. On se souvient que le Tigre celtique était même parvenu à battre son ancien suzerain en PNB par habitant.


Puis on reconnait aussi la crise, les magasins vides, les prix en euros beaucoup trop élevés qui poussent les Irlandais à faire leur course dans le Nord et bénéficier de la livre sterling dévaluée. La cruelle rivalité économique a remplacé l'animosité nationaliste! Les taxis sont trop nombreux et patientent pendant des heures à l'affut du moindre client. On se rappelle que l'Irlande qui fut tigre fait désormais partie des "PIGS", affreux surnom dont on affuble les pays en difficulté de la zone euro.






Mais la crise passera et Dublin est une belle ville. A voir et savourer, Guinness de rigueur.


Lire aussi:
http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/03/25/le-pib-irlandais-a-connu-une-chute-historique-de-7-1-en-2009_1324548_3214.html

23.3.10

Irlande du Nord

Drôle de pays que l'Irlande du Nord. Petit morceau de Royaume-Uni perdu dans la verte Irlande, chargé de mauvais souvenirs mais tourné vers l'avenir.

A Belfast, le ciel se charge de gris, déverse des trombes d'eaux puis se recolore de bleu en moins d'une demi-heure. Un peu comme l'histoire mouvementée de cette terre. On m'a reparlé de comment c'était avant 1997. Et comment tout cela parait impensable maintenant. Une directrice de magasin m'a meme avoué que les jeunes ne comprennent meme pas aujourd'hui comment, il y a seulement quelques années, Belfast pouvait être quadrillé par l'armée et pourquoi. Comment un pays aussi évolué avait pu sombrer dans la haine. Désormais, une seule  équipe de rugby représente les deux Irlandes et on passe la frontière sans s'en rendre compte.

En Irlande, on appelait cela les "troubles". C'est souvent qu'on utilise des euphémismes pour qualifier les sombres épisodes de son histoire. Au Liban (ou en Algérie) ne parle-t-on pas volontiers d'"Événements" pour qualifier les pires guerres civiles?

7.3.10

La synagogue de Beyrouth (suite)

Aux premiers jours de ce blog, il y a presque un an, je me félicitai de la rénovation annoncée de la synagogue de Beyrouth. Vous pensez bien, l'amoureux des vieilles pierres, le nostalgique des tuiles rouges, le fervent partisan du dialogue israélo-arabe, le défenseur des minorités religieuses que je suis, une pareille nouvelle ne pouvait que me combler.


Et par bonheur, ce n'était pas une rumeur! Les travaux avancent sur cette jolie synagogue lovée dans ce vieux quartier qui un temps hébergeait plus de 10000 Juifs Libanais. Par un pur hasard, je suis moi-même né dans ces rues du centre-ville de Beyrouth. Peut-être qu'on se sent spirituellement davantage concerné par ce qui se passe dans son quartier natal meme si on ne le connait pas bien.

Certes l'écrasante majorité des Juifs Libanais sont partis –il en resterait une petite centaine - mais la restauration de leur synagogue reste un bel hommage. Meme dans la patrie des plus féroces antisionistes, de ceux qui démonisent l'autre sans nuance, les messages de paix peuvent triompher. La synagogue de Beyrouth en sera un, comme une rose au milieu des ronces.



Voir la page Facebook d'ou je tiens ces bonnes nouvelles:



3.3.10

Beau Chopin

Dans ma voiture ce matin résonne le Nocturne de Chopin en mi bémol majeur…

Tout n’évoque que virtuosité, la subtilité des accords, la beauté de la mélodie et la délicieuse surprise de quelques dissonances à la fin des envolées. Mais aussi la légèreté des doigts, l’extraordinaire habileté et la finesse du pianiste, un vieux copain qui se reconnaitra si un jour il lit ces lignes. J’explique à ma fille intriguée par mon enthousiasme, qui est Chopin, pourquoi c’est si beau et aussi surtout qui est cet Emmanuel qui joue si bien. J’explique comment leur alliance fonctionne à merveille. Et pourquoi le génie de celui qui a écrit n’est rien sans le talent incroyable de celui qui interprète.


Loin des regards, loin des couleurs, loin des images, la musique quand elle est si juste nous touche toujours en plein cœur. La journée s’annonce tout à coup beaucoup plus belle même si les nuages ont repris possession du ciel de Londres.

6.12.09

Traditions... et mode masculine


Encore les traditions... Cette fois l'Ecosse. Quarante minute pour enfiler un kilt sans rien oublier ou presque. Ce n'est pas une simple jupe, c'est un véritable rideau. Les chaussettes sont grosses et ornées de flashers decoratifs et d'un couteau pour se défendre (un faux evidemment, les vrais sont interdits a Glasgow). Le "sborron", une bourse de Celte endurci sert a cacher le whisky mais par son poids, il tient en place ce vêtement un peu inquiétant pour les habitués du pantalon.

Ce que j'ai aimé, ce sont ces sourires et signes de connivence fraternelle que les Ecossais s'échangent à la vue de leur costume national. Un simple smoking parait tout d'un coup bien terne... "You look great" vous font-ils fraternellement. De quoi vous donner envie d'être Ecossais!

Quand est-ce que les designers d'autres pays s'empareront de leurs traditions oubliées? Pourquoi ne pas imaginer un retour du Tarbouche dans les soirées et les mariages Beyrouthins? Les marques Italiennes ne gagneraient-elle pas a réinstituer la Renaissance pour égayer les tenues milanaises un peu coincées? Puis les bérets basques feront-ils un jour leur come back dans GQ poussées par un Stefano Pilati ou un Jean-Paul Gautier en mal de tradition?