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21.7.20

Dernière saison ?

La courbe est bien plus grave que ce qu’on pouvait craindre, surtout les éternels optimistes comme moi. Aux Etats-Unis, le deuxième pic épidémique n’est pas juste un rebond, il est himalayen et terrifiant. Le décompte des contaminations quotidiennes a déjà largement dépassé le premier sommet et la courbe sinistre des décès monte implacable juste derrière, avec deux ou trois semaines de retard. 

L’ administration fédérale est passée de la guerre de l’intox et des contradictions au pur et simple déni: Après avoir lâchement délégué l’encombrante gestion de la crise aux États, on ne parle simplement plus du Covid, sauf pour critiquer la Chine et la peste qui en est venue. On se borne plutôt à faire campagne pour rester au pouvoir, contre vents et marées. On accuse les scientifiques de conspiration pour décrédibiliser leurs messages alarmants. 

Elle est là l’image lamentable de la plus puissante des démocraties travestie en mauvais show de télé réalité. Le candidat pour rester à la Maison Blanche est capable de tout, y compris sacrifier le pays sur l’autel de ses ambitions. Il est bien lointain le temps où cet homme faisait rire la galerie avec ses boutades. Il est soudain beaucoup plus tendu, la marée est bien basse et elle a dévoilé le varech nauséabond de son incompétence. Du coup, il passe à l’attaque, il tire à boulets rouges sur tous ses détracteurs, il les menace comme une hyène blessée. Il pousse même ses esbroufes jusqu’à attaquer la Chine sur ses atteintes aux droits de l’homme, lui, l’homme qui crache à longueur de journée sur les institutions et qui tourne en ridicule le droit international, il s’improvise en défenseur de contrées et de peuples lointains qu’il méprise et dont il ignore tout. 

Alors le show commence pour la première fois à battre de l’aile. Son audimat faiblit à mesure que les contaminations s’envolent. L’Amérique fière et patriotique s’inquiète, elle s’agace de sa débâcle sanitaire et économique, désormais internationalement reconnue. Alors, on ose un peu espérer que Novembre soit bien l’epilogue de cette pitoyable série. 

7.6.20

Déchéance ou sursaut

Il est toujours triste de voir des civilisations marquer le pas puis dépérir. J’ai toute été fasciné par la chute de Constantinople, dernier vestige de l’Empire Romain. La ville qui décelait selon les écrits plus de la moitié des richesses de l’Europe mourut en 1453 avec son empereur après des siècles de longue déchéance et de trahisons.

De même, on ne peut que s’attrister ces jours ci de l’état dégradé de la civilisation américaine. La plus flamboyante des démocraties, la patrie de la liberté, le pays du succès et de la prospérité traverse une bien sombre période. Tous ses maux se sont comme exacerbés en l’espace de quelques semaines : les armes à feu, les inégalités sociales, l’absence de protection médicale et maintenant  la blessure encore béante de l’esclavage et de la ségrégation. Cette crise semble en partie liée à un manque flagrant de leadership. Mais Trump est il la cause ou la manifestation de la déchéance? Un peu le deux sans doute  Les émeutes des derniers jours n’auraient peut être pas été aussi enflammées avec un president apaisé et rassembleur. En même temps, le magnat populiste pétri de télé réalité n’aurait pas gagné les élections de 2016 si la classe moyenne américaine n’avait pas autant faibli et que les inégalités sociales ne s’étaient si dangereusement creusées.

Alors on ne peut qu’espérer qu’il y ait du positif dans ce qu’il se passe actuellement et on veut tous y voir un réveil. Constantinople avait vomi les croisés qui l’avaient mise à sac et elle s’était ainsi donnée deux siècles de plus mais sans jamais retrouver sa vraie gloire. Aux Américains de faire mieux en rejetant les démons du populisme, du racisme et de l’arrogance. Ils en sont parfaitement capables. Ce matin la maire de Washington a fait peindre sur la  chaussée et en lettres géantes “Black Lives Matter” à quelques mètres seulement de la Maison Blanche.

6.4.20

New York

Ville aux mille visages 
C’est dans ton sillage 
Que brillent les mirages 
Dont rêvent tous les âges

Ville jamais très sage
Tu roules sans virage 
Du Bronx au Village
Vaste embouteillage 

Ville aux cent ramages 
Broadway, pour image 
Le Met en hommage
Jazz qui déménage

Ville non sans orages 
Tes tours et étages 
Virent drames et ravages 
Jamais sans courage 

Ville tu as la rage  
De vivre sans ambage 
Ne dors pas, voyage
Comme dans ton adage

31.5.14

Tony le doorman de la 96eme rue

Il fait froid ici en hiver et attendre le bus scolaire a l’orée de Central Park n’est pas un plaisir quand les températures sont négatives. Heureusement que New York a aussi ses systèmes D et ses communautés. Un visage qui illumine nos matins est désormais celui de Tony.
Il est l’élégant doorman de cet immeuble d’avant-guerre de la 96eme rue.

Tony, c’est le rêve américain à lui tout seul. Né au Kosovo mais désormais plus new yorkais que quiconque, il règne sur ce block de l'Upper West side si naturellement, depuis trente ans, d’ un air débonnaire, gentil, attentionné, toujours en uniforme impeccable.

Il me repéra avec mes deux enfants s’abritant tant bien que mal sous l’auvent de l’immeuble voisin et depuis il nous offre l’hospitalité de son hall surchauffé. Il fait attendre le bus scolaire les très rares fois où nous sommes en retard. Il nous appelle un taxi les moins rares fois où le bus ne se présente pas. Il rit aux éclats des blagues de mon fils et s’attendrit sans cesse de la gentillesse de ma fille. Il me raconte sa famille, sa femme, sa fille et je lui raconte ma vie. Un épisode à la fois, juste le temps que le bus jaune se présente.
Les habitants de l'immeuble le saluent cordialement. Il connaît tous leurs noms meme si l'immeuble est immense. Quand il part en vacances, ils lui disent qu'il leur a manqué.
Deux hivers aux Etats-Unis et déjà des expériences qui rendent New York moins dur qu’il n’y parait, quand la chaleur de l’immeuble cossu et intimidant devient rendez-vous matinal pour bien commencer ma journée. « Have a nice day Alex, don’t work too hard », me dit-il chaque jour, sans faillir.

3.9.13

Impression newyorkaise 6: anniversaire

Un an déjà à New York.

Il y a une sensation de soulagement, presque de confort retrouvé. "We made it", nous nous en sommes sortis. Une année de tourmente et de tourbillons, une année où Manhattan vous teste, met votre corps et votre esprit à rude épreuve. Mais ne vous méprenez pas, cela ne se réduit pas à un bizutage, c'est plutôt un apprentissage rapide, sévère, soutenu mais qui donne satisfaction même si on ne peut en ralentir le rythme. Quand je relis mes cinq impressions, j'y revois ce parcours d'obstacles et de réussites, non sans un sourire.


Enfin, on réussit à voir le monde qui se cache derrière ce port, ce hinterland américain immense et riche, on se rend compte que New York n'est pas le centre de l'Amérique mais son port d'attache, sa porte d'entrée, son goulot chaotique. Enfin, je trouve le temps d'une escapade à Brooklyn, le plaisir d'un concert insolite sur une barge amarrée avec vue; un trombonne et une clarinette y chantent peut-être pour moi un air d'apaisement et de sérénité.


Puis ce matin, je pose trois dollars dans la gamelle du joueur d'alto avant de sauter dans mon train, je le prends en photo, spectacle d'un New York plus charmant, plus doux.

L'avantage surtout est qu'un an après son arrivée, on se sent résolument newyorkais légitime. Certes, on ignore encore beaucoup des secrets infinis de la cité mais on a le sentiment d'en connaitre déjà beaucoup. Et malgré l'énergie et la fatigue, on sait surtout qu'on est capable de survivre, y faire face, voire y trouver du plaisir.

7.7.13

Magnifique Gatsby

Magnifique Gatsby.

La critique sévère de ce film ne lui rend pas justice. Il y a bien plus dans Gatsby de Baz Luhrman que de merveilleux costumes, somptueuses maisons et soirées mirifiques.

Il y a d'abord la magie du roman de Scott Fitzgerald fidèlement interprété. Le jeu de qualité de Carey Mulligan en Daisy superficielle et légère, au bonheur futile et à la faiblesse patente ainsi que la belle performance de Tobey Maguire, le voisin de Gatsby, attachant et bienveillant mais qui manque parfois un peu d'aspérité. Sans doute est- ce pour mieux s'effacer devant Leonardo di Caprio, magique Gatsby, crédible, charmeur, tantôt fougueux tantôt rêveur, mais enfin si fragile. Il y a les décors somptueux d'une époque euphorique, fantasmée à souhait, une bande originale époustouflante, endiablée et incessante... au risque parfois de résonner disco et pas très entre-deux-guerres.

J'avais lu ce roman il y a des années et en avais gardé un souvenir doux mais confus, presque flou. Voir ce film me fit découvrir cette histoire touchante qui brouille les codes habituels et nous dit que l'amour le plus pur et la bonté la plus grande se cachent parfois derrière des murs de paillettes et d'apparente corruption. Peut-être que regarder ce film glorifiant le New York et Long Island des années 20 quand on habite là en 2013 a-t-il aussi contribué à mon enthousiasme, voire à un certain tropisme nostalgique de la Nouvelle Angleterre. Voilà comment j'enchaînai aujourd'hui en m'achetant un costume clair à rayures, à la grande déconvenue de mon épouse...

2.7.13

Impression newyorkaise 5: Premier été à Manhattan

L’été s’est emparé de New York.


C’est une chaleur lourde, moite, pesante. D’innombrables unités de climatisation (peut-être est-ce leur plus haute densité au monde?) se sont mises a vrombir, constamment, sourdement. Manhattan, la grande baleine en surchauffe n’en finit plus de suer et ronronner, de sentir fort et de se faire doucher plusieurs heures par jour d’une grosse pluie fugace mais quelque part rafraichissante.

Et les pauvres cadres comme moi, vestes à la main, cravates nouées puis vite dénouées, nous frayons notre passage au travers d'une foule de touristes en shorts, de badauds au torse nu, d'ouvriers en marcel qui se pavanent sans arrêt dans la ville fumante. Un peu comme tous les étés, on se sent un peu plus en vacances même quand on travaille, on boit davantage et on mange moins et on parle de weekends et de voyage.

Mais on observe aussi ceux qui partent vraiment. Chaque été New York renouvelle une bonne partie de sa population comme si elle rechargeait ses batteries. On les aide à déménager, on fait les pots d’adieu, on souhaite bonne chance aux futurs ex-Newyorkais. Ils sont souvent moroses de quitter cette hyper-ville, étourdis, enivrés par sa force. Puis on accueille les nouveaux, comme nous il y a presque un an déjà, fraichement arrivés, déboussolés et horrifiés par le bruit, la foule et les redoutables agents immobiliers.

27.5.13

Impression newyorkaise 4: l'échappatoire des Hamptons


On ne connaît pas vraiment New York si on n'a pas vu les Hamptons, l'alter ego de la cité mythique, étalé au bout de Long Island à deux heures de voiture. Une belle surprise est que New York et son Deauville sont comme l'alpha et l'oméga: la métropole la plus urbaine et bruyante est flanquée d'une ribambelle balnéaire des plus sauvages et des mieux préservées. Une lande immense sans aucun immeuble, couverte de pins, de dunes, de belles maisons en bois et de plages de sable fin interminables. Dans les Hamptons, la verticalité oppressante de la ville cède la place aux horizons les plus naturels, les demeures sont cachées dans des pinèdes ou derrière des haies patriciennes, les oiseaux, le vent de l'Atlantique et ses vagues sont les seules sources de vacarme.

Le soir du long weekend de Memorial Day, les gratte-ciel de Manhattan se désemplissent telles des fourmilières évacuées à la hâte, les condos d'uptown se vident et les rues étroites sont prises par une fièvre de départ, on charge les 4x4, on fait tout pour échapper aux embouteillages. Les ponts et les tunnels reliant Manhattan et Long Island noircissent de voitures qui partent vers l'est, à l'assaut de cet anti-Manhattan avec ses villages clairsemés. Ces New Yorkais chanceux fuient leur ville folle, abandonnent leur île hypertrophiée pour se ressourcer de quelques embruns océaniques et de moultes fêtes mondaines.

Fidèle à mon habitude que j'évoquai déjà dans mes articles britanniques, je ne résistai pas à l'attrait d'une baignade même dans l'eau encore glacée de la plage de Southampton. Mon premier été Newyorkais est désormais baptisé.

29.4.13

Impression newyorkaise 3: La patrie du Process

Ces derniers mois, j'ai découvert que les Etats-Unis sont étrangement la patrie des procédures ou pour être moins franchouillard, du "Process" avec un grand P, et cela aussi bien dans ce qu'il a de plus frustrant que dans son efficacité méthodique.


C'est un pays génial quand vous êtes justement bien calé dans le "Process". Tout fonctionne à merveille, c'est rapide, simple et efficace. Comme pour moi l'autre jour ou je repassais mon code de la route comme l'exige l'Etat de New York. J'avais les documents demandés, mon nom et prénom n'ont ni accent ni particule et apparaissent identiques que ce soit sur mon passeport ou sur mes justificatifs... Tout se passe alors comme sur des chapeaux de roues. Expédié en une heure montre en main.

Mais essayez de sortir ne seule fois de la norme et vous voilà dans le pétrin. Tout s'arrête, s'enraye. On vous isole, on vous scrutinise et soupçonne. On n'aime pas ceux qui ne s'alignent pas sur les normes. En Amérique, les règles sont les règles et s'en démarquer n'est jamais bien vu. Il n'y a aucune subjectivité dans tout cela, au contraire. Il s'agit juste d'un respect scrupuleux, voire obsessionnel. Depuis qu'Ellis Island accueillait ou rejetait des millions d'immigrés, c'est un pays où il fait juste bon d'être sans histoires. Pour ne pas dire sans trop d'Histoire.

29.3.13

Impression newyorkaise 2: contrastes

Cette ville surprend souvent par son insalubrité, ses friches urbaines glauques qui coexistent avec les plus opulents palaces, ses taxis frénétiques aux conduites tiers-mondisantes. Brute et brutale, étouffante puis glacée, New York est la ville extrême avec ses avenues impersonnelles qui ne semblent jamais se terminer. Mais la cité sait séduire. Uptown, downtown, chaque rue a une âme, cachée, exsangue, proprette ou déglinguée. La chaleur et les sourires des uns panse la vénalité et la froideur des autres. Les gospels endiablés de Harlem nous font oublier l'empire du profit qui règne sans conteste de l'autre côté de l'île. Une balade à Central Park sous un ciel bleu, une traversée d'un pont dévoilant cette forêt de gratte-ciels mythiques et je suis à nouveau réconcilié, tombé sous le charme de la Reine des métropoles. 

26.3.13

Impression Newyorkaise 1: nouveau né



Il n'est pas simple de raconter une arrivée aux Etats-Unis. Il faut éviter les clichés et images d'Epinal et essayer de trouver ce qu'il y a de différent ou de nouveau. C'est une expérience galvaudée et fantasmée à souhait, et celà, par les plus grands auteurs comme par les plus banals bloggeurs. Je m'y tente quand même avec quelques impressions.

Arriver aux Etrats-Unis pour vivre à New York, c'est tout d'abord redevenir un nouveau né. Il faut repasser en accéléré par tous les processus administratifs possibles et imaginables, et Dieu sait qu'ils sont nombreux aux Etats-Unis. Entre le visa qui vous déshabille toute une vie, une session à la sécurité sociale, une crise avec la banque qui vous fait plus de misères pour un chéquier qu'à un gangster sorti de prison et la nécessité absurde de repasser son permis de conduire, il nous arrive de nous demander ce que nous faisons là, perdus dans une Amérique aux apparences hostiles aux étrangers, où on nous qualifie de titres mystérieux comme celui guère flatteur de "lawful alien". Ce qui me console, c'est que tant d'autres sont passés par là, d'Ellis Island à JFK et qu'ils semblent tous heureux de faire partie de cet Empire. Et on le dit parfois, New York est une Rome moderne où se déversent les peuples venus d'ailleurs, certains deviennent citoyens, prospèrent et épousent l'Amérique, d'autres repartent, expulsés, ignorés, incapables de faire fortune et s'intégrer. 

12.7.12

New York, New York


J'ai toujours aimé New York, son skyline légendaire hérrissé, son énergie contagieuse de Rome moderne où tout a l'air de se passer, ses gens semblant venir de tous les recoins de la planète déversés dans la cité aux avenues et aux rues, comme dans un jeu, éternellement étrangers mais si vite autochtones à la fois. J'étais le touriste fugace de quelques jours, goûtant au grâal cosmopolite l'espace d'un voyage d'affaires, à peine arrivé que je repartai, rêveur, épuisé mais heureux et grisé. Libre.

Mais maintenant que je me prépare à devenir New Yorkais, où est-ce la fatigue des quarante ans qui approche déjà?, je m'interroge. Comment vivrai-je dans cette Babylone bruyante et intense? Manhattan n'est pas une île. Les îles ne ronflent pas, elles ne fument pas, elles ne vibrent pas. Manhattan est comme une vieille baleine échouée, gigantesque, entre East River et Hudson. Sur son dos, on aurait construit comme par erreur, une ville aux mille odeurs, tantôt luxuriantes, parfois nauséabondes. La baleine vit encore, elle souffle et soupire, vrombit et tremble sans cesse. On l'a couverte de gratte-ciels, on l'a taggée, tatouée, enchaînée et ensablée.
Manhattan n'est pas une pomme non plus. Ou alors c'en est une pas très fraîche, qui a fait place aux vers les plus fous, les plus entrepreneurs, les plus créatifs et hyper-actifs à la fois. Ce serait un fruit à la chair magique, qui rend toute entreprise possible, tout défi mineur pour peu que le vers avance dans ses galeries innombrables.

Quoiqu'il en soit, l'inspiration y est garantie. Rendez- vous début septembre, la pensée du jour déménage en Amérique.

19.5.11

Obamasceptique


Peut-on croire encore à la bonne foi de M. Obama quand il nous parle de Moyen-Orient ? Le voilà qui se réveille et nous affuble d’un « Le Caire bis », nouveau discours d’ouverture vers le monde Arabe. Il prend le parti des manifestants contre les dictateurs en Syrie et ailleurs et il affirme son attachement à la création d’un Etat Palestinien dans les frontières de 1967 (ou presque) ce qui constitue un geste positif pour les Arabes.

Mais contrairement au premier discours du Caire, on a un peu de mal à y croire cette fois. Le Prix Nobel de la Paix trop vite gagné, Obama nous a déçu dans son incapacité à faire avancer les négociations israélo-palestiniennes  : On regrette trop sa faiblesse devant l’intransigeance du Likoud, son incapacité a stopper ou suspendre la colonisation, le veto américain à toute condamnation d’Israël à l’ONU, son silence inexplicable  alors que l’Etat Hébreux grignote les territoires arabes dans une politique du pire qui fait frissonner tant elle est profondément raciste et injuste.  Grace à son regain de popularité, réussira-t-il à faire mieux ?
Moi qui me disais obamaphile optimiste, je me retrouve obamasceptique.

2.5.11

Exit Ousama

Ben Laden n'est plus. Enfin tout du moins on l'espère. Je regrette pour ma part que son corps ne soit pas disponible pour me rassurer de ce décès et pour priver les fanatiques du triste personnage de leurs rêves de complot et de leurs faux-espoirs. Certes, une page noire se tourne dix ans après ce 11 septembre qui nous a précipités dans une ère de guerres et et surtout méfiance et hostilité entre les mondes occidentaux et arabo-musulmans. En revanche la nouvelle page qui s'ouvre n'est pas encore très claire. Le criminel est mort, pas les conflits qu'il a aidé à créer ou à perdurer.

Tout d'abord, où en est l'Iraq qui a payé le 11 septembre par une guerre injustifiée, fausses preuves à l'appui? On attend toujours qu'un regret soit exprimé à Londres ou a Washington, qu'un mot d'excuse soit prononcé pour ces centaines de milliers de morts, pour ces chaises vides aux dîners des familles meurtries, pour les enfants irakiens qui ont grandi sans père ou mère (pour reprendre presque mot pour mot le discours d'Obama qui parlait lui des victimes de Ground zero). Tout ce sang versé pour pourchasser des armes inexistantes et déboulonner un dictateur certes inique mais sûrement pas davantage que Bachar el Assad ou Kadhafi qu'on a courtisé. Et aussi, quid du bourbier afghan? Qu'y fait on encore dix ans après? Est-ce vraiment une guerre défensive? Qui protège-t-on au juste à Kaboul et ne courons-nous pas le risque de créer plus de taliban encore? Et enfin, qu'en est-il de la Palestine, la mère de tous les conflits arabo-occidentaux, la plus grande injustice financée par les Etats-Unis avec deux ou trois milliards de dollars annuels, la concupiscence et l'acceptation qu'un pays colonise les terres d'un autre sans l'ombre d'une réprobation? Les bonnes promesses de M. Obama au Caire ont vécu, laminés par l'intransigeance d'Israel et le manque de sympathie pour les victimes de ce conflit, le désintérêt terrible pour ces étrangers sur leur propre terre qu'on "judaïse" impunément, ces hommes sans droits, sans passeports, sans Etat.

Toutes ces plaies restent ouvertes et maintenant qu'Ousama n'est plus, il est temps que l'Occident travaille à les refermer. Pour éviter plus de haine et plus d'extrémisme et pour nous assurer une paix pérenne, meilleure qu'un plan vigipirate renforcé.

10.1.11

Mes voeux pour Obama

Que souhaiter à Barak Obama pour 2011 ?

Ce cher président cumule les superlatifs. Il est le président américain le plus populaire dans le monde. Il est aussi malheureusement le président le moins apprécié localement après seulement deux années de mandat. Il est sans nul doute le président le plus inspirant et charismatique. Mais il est aussi l’un des plus malchanceux en terme de conjoncture économique. Je crois que c'est le président le plus ouvert d’esprit et le seul à s’être profondément intéressé au problème israélo-arabe dès le début de son mandat ; sa main tendue à l’Islam dans son discours du Caire a crée tant d’espoirs. Mais aussi, (et en conséquence), il est le président le plus malmené par Israël depuis sa création, celui dont l’autorité et le leadership ont été le plus traînés dans la boue par un Etat Hébreu gouverné par une droite extrémiste qui ne veut pas vraiment la paix.

Alors je lui souhaite un peu plus de fortune, plus de croissance et plus d’emplois. Je lui souhaite de ne pas se renfermer face aux difficultés et que sa popularité à l’international ne faiblisse pas, qu’il continue à changer l’image des Etats-Unis dans le monde. Je lui souhaite un changement de régime en Israël, qu’il puisse composer avec des gens un peu plus décents qu’un premier ministre inique et un ministre des affaires étrangères raciste. Et enfin, bien sur –Obamaphilie oblige – je lui souhaite de reconstruire sa popularité afin d'être réélu en 2012. Bonne chance Obama !

9.11.10

The social network

Que penser de Mark Zuckerberg ? L’admiration est la première réaction évidente tant Facebook est un phénomène qui a changé nos vies : Le génie de connecter les gens en assouvissant a priori leur désir de socialiser mais en y rajoutant une belle pincée ingénue de voyeurisme et de curiosité mal placée. Mais le rêve Facebook ayant vite pris des allures de cauchemar juridique, The Social Network a le mérite de nous aider à comprendre un peu mieux la complexité du personnage et la puissance du phénomène.

Dès les premières minutes du film, on se sent bel et bien dans les lieux de cette incroyable genèse : ces campus enviés de la Cote Est, peuplés de brillants étudiants, de nerds, de gicks et de fils de bonne famille trop parfaits pour être vrais. Le jeu d’acteurs est exceptionnel. Pris dans cette tempête de milliards, Jesse Eisenberg (en Mark Zuckerberg) incarne à merveille le drame de ce jeune brillantissime créateur trop jeune pour être éthique, trop fort pour être modeste, trop fragile pour conserver les valeurs qui nous sont chères et notamment celle de la fidélité aux amis et aux premiers soutiens. Et avec comme question sous-jacente : Est-il trop humain pour qu’on puisse vraiment le détester ? Justin Timberlake en fondateur de Napster nous enthousiasme vite dans son énergie et ses rêves Californiens aussi faciles que dangereux : « One Million is not cool, one billion is cool », la messe américaine a cela de bien qu’elle est toujours dite en si peu de mots.

Un bon film parce que le sujet ne peut nous laisser indifférent. A l’exception de quelques irréductibles fanas de vie privée et de faux-pudiques trop occupés, la machine Facebook est infernale et nous emporte tous sur son passage.

1.11.10

Pour ou contre Halloween?

Halloween de plus en plus célébré en Europe et tout particulièrement à Londres. Cette fête venue d’ailleurs semble combler un vide sentimental et émotionnel dans nos sociétés en manque de repères, en perte de spiritualité, et par là même en soif d’occasions de célébrer les choses ensemble.


En trainant mes enfants dans les rues bien animées de Parsons Green, je contemplai perplexe les sorcières et les vampires, les citrouilles décorant les maisons et les fausses toiles d’araignée sur les bosquets. On peut y voir l’ultime coup d’une société vide de vérités et avide de futilités mais on peut aussi se consoler qu’au moins Halloween nous amuse et nous fait célébrer avec nos voisins sans prétendre justement apporter la moindre (fausse) spiritualité. Et du coup, elle est par définition ouverte à tout le monde.

A l’inverse des Saint Valentin ou autres fêtes inventées et qui s’inventent un sens, Halloween a au moins le mérite de faire la fête sans prétendre changer le monde ni chasser le moindre esprit. Il faut dire que les esprits eux sont déjà bien ensevelis sous les cadeaux et coffrets de Noel dans tous les grands magasins londoniens.

30.9.10

Pathétiques négociations

Pathétique. Alors que le gel partiel de la colonisation israélienne n’avait en fait eu comme effet que ralentir et non stopper la progression des colonies, Barack Obama s’est aujourd’hui abaissé à offrir encore plus de concessions a M. Netanyahu pour le convaincre de prolonger le gel de maigres deux mois additionnels… Haaretz rapporte que pour ralentir une activité pourtant totalement illégale et contraire aux droits de l'Homme, Israël se verrait récompenser d’engagements énormes en terme de sécurité, de soutien à un maintien de ses troupes dans la vallée du Jourdain, d’un veto US systématique (sic) contre toute résolution anti-Israël au conseil de sécurité et j’en passe.

Sans doute affaiblis par les prochaines élections générales, Obama et la puissance de la Maison-Blanche semblent réduits à très peu face aux faucons fascisants et intransigeants du pouvoir israélien et cela laisse présager d'une fin bien rapide et pitoyable pour ce processus de paix miné par l’inégalité des parties, la partialité impuissante de l’arbitre et son acceptation qu’Israël bénéficie d’une impunité totale. De surcoit, on dit que M. Netanyahu - ivre de ses succès? - ne serait meme pas enclin à accepter ce nouveau compromis dans le compromis...

Dans ce contexte, je ne peux que comprendre (après l'avoir un moment regrettée) l'attitude des Palestiniens qui crient a la fraude et refusent que M.Abbas négocie en leur nom. Ils sont nombreux dans la blogosphère à  dénoncer la faiblesse de l'autorité Palestinienne et appeler à  un retrait immédiat. C’est vrai que la Palestine a déjà presque tout perdu sur le terrain à cause de ses divisions et la surpuissance de son occupant soutenu aveuglément par les Etats-Unis. Les récents développements démontrent qu’elle n’a aussi plus rien à gagner de cette table bancale et de négociations de dupes, sous forme de diktat.