1.10.12

Pensée pour Alep

Un peu comme ceux de Beyrouth dans les années 70, c'est au tour des souks d'Alep d'être ravagés par des guerres civiles sauvages et sans issue.

En 1999, je sillonnais ces vieux souks d'Alep avec des amis en voyage, accablés par la chaleur mais séduits par la gentillesse de la population, la beauté du lieu et le charme Orientaliste de cette grande ville. J'en ai gardé un drôle de bonnet en corset rouge noir et vert que je ne mis sans doute jamais mais qui me suivit dans tous mes déménagements. Ce bonnet aleppin, je le retrouverai avec plaisir la semaine prochaine dans mes cartons fraichement arrivés a New York et il sera comme une relique de ces souks désormais disparus, le souvenir doux d'un périple syrien incroyable.

C'était une Syrie vivant sous la dictature ou la peur du pouvoir se lisait dans les regards mais c'etait une Syrie tranquille, belle, désertée par les touristes à notre grand bonheur. Une Syrie remplie de tradition, d'hospitalité et fiere de nous devoiler son héritage intact, une Syrie qui efface à jamais toute rancoeur. Cet Orient qu'on ne cesse de chanter, ces pays qui s'anéantissent puis se reconstruisent et dont on vante l'éternel renouvellement, ils me fatiguent, ils me dégoûtent. Je pense à ce marchand d'Alep qui a perdu la boutique de son père. Je me dis que j'ai de la chance d'être loin. Et je prie pour que cette folie meurtrière s'arrête.