29.6.09

Les racines

Ce matin BBC London commentait sur l'avantage pour l'homme d'avoir des racines solides et de les connaître mais aussi sur le bénéfice de ne pas en avoir et les rechercher constamment. Dans cette planète ou nous voyageons de plus en plus et ou le mot "carrières" rime avec "internationales", nous sommes nombreux a etre concernés.

Surtout moi, né a Beyrouth, parti a 13 ans, devenu parisien puis français, marié a une française, avec mes deux enfants blonds et établi a Milan, Paris, Sydney puis Londres... Souvent je frémis de joie a l'idée de retourner dans ce vieil immeuble beyrouthin ou tout me rappelle mon enfance, les murs ocres, les volets rouges (il parait qu'ils sont devenus violets), la vigne vierge et les balcons en fer forgé.
Souvent je rêve de retrouver le village de mon grand-père et d'y redécouvrir la vieille maison ou mon père est né. Je n'en connais que de vieilles photos jaunies et la muraille extérieure que j'entrapercus a mes rares passages.
Souvent j'envie ceux qui restent si près et chérissent leurs origines au point de retourner tous les mois sur les lieux de leur naissance...

Mais parfois je me dis aussi que j'ai bien de la chance d'avoir vécu dans tant de contrées et découvert autant de gens et de choses. Qu'un arbre ne perd jamais ses racines mais que ses branches aiment parfois s'en éloigner.

27.6.09

Le triste sort de Michael

Il y a a la fois quelque chose de triste et de prévisible dans la sombre fin de Michael Jackson.

Typique est cette ascension effrénée vers la gloire et caractéristiques sont les records historiques de ventes. Magiques sont ces tubes qui nous ont tous fait danser, ces clips fabuleusement modernes et iconique  ce sourire blanc qui symbolisait le succès et le talent.

Puis comme une civilisation qui se perd dans ses richesses et ses bacchanales, Michael s'est égaré dans sa gloire. Et il s'est lentement mué en un personnage aux apparences inquiétantes, aux moeurs douteuses. Telle une cité décadente, il a sombré dans ses excès. 

Puis après des années d'hésitations, de faiblesses et de honte, vient le jour ou tout s'arrête provoquant tristesse pour les uns et soulagement pour d'autres. Thriller et Billie Jean sonnent plus que jamais dans nos têtes. Michael n'est plus et il en restera heureusement plus qu'une ridicule statue attrape-touriste deja prévue dans un célèbre grand magasin londonien.

13.6.09

Victoire des modérés au Liban

La majorité sortante pro-occidentale a gagné les élections au Liban. Le puissant clan sunnite des Hariri est le véritable vainqueur et ses allies chrétiens poussent un soupir de soulagement. L'Occident se plaît même a parler d'un effet Obama...
Du cote des perdants, le Hezbollah est quelque peu affaibli et le Général Aoun, mauvais perdant, tempête et conteste...

Pour ceux comme moi qui ont du mal a s'enthousiasmer pour les programmes creux et les discours stériles de toutes les familles politiques libanaises, j'ai une proposition: Dans un pays compliqué, je choisis de simplifier et juger chaque partie sur ses résultats passés  plutôt que sur ses promesses  - éternellement - futures et ses idéologies soporifiques. 

Les résultats de chaque partie... 
Cela enterre toutes les ex-milices et leurs chefs qui ont mis le pays a feu et a sang en s'entre-tuant pendant 20 ans, cela ébranle l'assurance d'un général qui n'a provoqué que des guerres quand il a eu le pouvoir, cela divulgue dans le tableau enjolivé du Hezbollah, grand libérateur du Sud-Liban, le souvenir d'attentats sanglants et d'otages occidentaux exécutés sans pitié...

D'aucuns diront que juger sur les résultats enfonce aussi le clan Hariri dans un carcan fait d'accusations de corruption, d'augmentation de la dette publique, de ploutocratie et de clientélisme. Ils ont peut-être raison. Mais une chose très importante distingue quand même la famille du premier ministre défunt de la plupart des autres caïds Libanais, c'est de ne pas avoir participé a la guerre civile ni pris le armes. Une couleur manque a leur tableau, celle du sang de leurs ennemis.


6.6.09

Le General sort ses derniers atouts

Le Général continue de sévir: "Tout est Hariri. Nous en avons assez de Hariri. Il ne manquerait plus que Notre-Dame du Liban devienne Notre Dame de Hariri"

Pour tout connaisseur des aventures politiques du General Aoun, pour tout habitué des bassesses électorales au Liban, cette phrase n'étonne pas vraiment, ce n'est pas une boutade émotionnelle, ce n'est pas un égarement, ni une blague, ni une colère et c'est encore moins un accès de religiosité. C'est une phrase soigneusement préparée pour tenter de rallier l'électorat chrétien conservateur et le retourner contre la puissante famille musulmane sunnite. Ces gesticulations et ce populisme a outrance ne sont pas sans rappeler les pires dictateurs de l'Amérique Latine.

Alors qu'il s'improvise  - a la dernière minute et a défaut de programme électoral - en défenseur de la chrétienneté du Liban, cela ne dérange nullement le général Aoun d'etre en meme temps l'allie concupiscent et jusque-boutiste du Hezbollah et de ses miliciens islamistes, anti-démocratiques, belliqueux et qui sortent leurs armes contre les civils a la moindre contrariété. Aussi habile dans son populisme qu'insuffisant dans ses arguments le général est sans scrupule dans sa  quête assoiffée du pouvoir.

S'il gagne les elections demain avec ses allies pro-iraniens et grace a ceux qui succombent a sa demagogie, je me dis que ce n'est peut-être pas une si mauvaise chose. Sa soif maladive de pouvoir et son autoritarisme ridicule seront peut-être quelque peu étanchés. Rien que pour ne plus l'entendre vociférer et critiquer tout et rien, rien que pour ne plus contempler de loin ses campagnes sexistes consternantes, rien que pour qu'il arrête d'appeler a la haine religieuse, on a presque envie de voter pour lui... Juste pour qu'il se taise.

Susan Boyle dans l'arene

Quand tout le monde s'est extasié devant Susan Boyle et ses dizaines de millions de Youtube-spectateurs, certains avaient vu un moment de bonheur, la revanche d'un véritable talent enseveli sous les préjugés esthétiques de notre société éprise de beauté et malade de superficialité.

J'étais un peu plus sceptique quant a la candeur de ce moment. Ne s'agissait-il pas plutôt d'un bon coup médiatique? Pourquoi cette chaîne de télévision britannique experte des shows et des prime-time n'avait-elle pas au moins fait coiffer cette candidate? Pourquoi ne lui avait-on pas conseillé de se préparer physiquement pour l'occasion? "Elle est comme-ça m'a-t-on repondu, pourquoi la changeraient ils?". Soit.

Mais quand bien même, ne l'avaient-ils pas identifiée comme une de ces anomalies qui amusent, une voix d'ange dans un corps disgracieux, et décidé froidement d'en faire un objet d'amusement, une bête curieuse jetée en pâture a des téléspectateurs qui commencaient a s'ennuyer? Tel un animal qu'on rapporte des colonies, un nain qu'on utilise comme jouet, une Susan Boyle avec laquelle on donne aux masses l'impression d'être sensibles et émues?

Etre jetée en pâture n'est pas sans conséquences et preuve en est, cette écossaise a pris le chemin de la clinique pour s'en remettre, tout comme beaucoup d'autres victimes de divertissements malsains.
Destin moins funeste que celui d'un gladiateur jeté dans une arène. Peut-etre pas aussi grave que le sort des cyclistes professionnels. Mais en tout cas, tout aussi cruel.