29.1.10

Blair vicié

Que penser de Tony Blair?
Charismatique, oui. Intelligent, certes. Brillant, sans doute.


Il comparait aujourd’hui hui dans le cadre de la commission Chilcot chargée de tirer les leçons de la guerre en Iraq. Il va surement s’en sortir par une savante pirouette verbale, un peu de mauvaise foi et une touche d’empathie. Mais il ne faut pas oublier qu’en 2003, il avait envoyé les troupes britanniques pourchasser des armes chimiques inventées malgré la plus grosse manifestation anti-guerre de l’histoire du Royaume-Uni.
Il ne faut pas omettre comment il a cédé à la folie guerrière d’un George W Bush et au diktat du complexe militaro-industriel…


Plus que jamais maintenant, l’Occident reconnait l’immoralité de cette guerre, son apport nul, voire négatif a la lutte contre le terrorisme et son intention falsifiée de combattre la dictature et la répression alors qu’on les laisse s’épancher sans un mot en Chine, en Afrique et ailleurs.


100 000 morts en Iraq auraient peut-être pu être évitées. 100 000 familles endeuillées. Cela restera pour moi le chiffre le plus parlant pour décrire l’héritage de Tony Blair, bien avant son talent politique ou son cruel et efficace pragmatisme.

28.1.10

Liban: alerte à l'incivisme



Le Liban: Peu de pays allient à la fois un développement humain et culturel aussi élevés et un niveau de responsabilité de l'Etat et un civisme aussi primaires.

C'est l'endroit ou on se targue d'avoir les meilleures universités de la région, c'est une ville ou - à l'inverse d'un Moyen-Orient obscurantiste - foisonnent journaux, maisons d'édition, théâtres, festivals et expositions. Ce sont des rues ou les jeunes se retrouvent dans d'innombrables cafés, restaurants, boites de nuit et parlent deux à trois langues presque comme dans une métropole européenne. C'est la cité des mosquées serrées contre les églises et ou la synagogue est restaurée...

C'est aussi le pays qui n'en finit plus de perdre son héritage. C'est là qu’on démolit sans aucun état d'ame de beaux palais du XIXeme pour les remplacer en tours hideuses.  Ce sont ces promoteurs qui renoncent volontiers à un toit en tuile rouge, à des arcades aux allures italiennes pour nous fabriquer vite et mal un Dubaï version anarchique ou règnent sans partage les bulldozers et les centres commerciaux. C'est bien la ville ou le moindres lois d'urbanisme sont mises à mort, ou les parcs sont anecdotiques, ou respecter un feu rouge reste un acte farfelu et ou la voie ferrée a été remplacée par une route goudronnée (c'est difficile à croire mais vrai!). Ce sont les bars enfumés ou parler de loi anti-tabac me fait passer pour un idiot.

A chacun de mes passages nostalgiques a Beyrouth, je me demande: Quand les Libanais commenceront-ils à se soucier de civisme et d'Etat? N'est-il pas grand temps de renoncer à ce grand mythe irresponsable du phénix qui se détruit et se renouvelle, avant que le ciment ne remplace le dernier cèdre?

24.1.10

Les records d'Avatar

Avatar bat beaucoup de records. Et pas seulement ceux du box office.

Le record des effets spéciaux bien sûr, innombrables et sophistiqués sans qu'ils ne soient en tout cas pour moi le seul intérêt du spectacle.
Le record du manichéisme tant l'Homme est dépeint dans sa plus vénale et cruelle nature contre le grand indigène extra-terrestre, loyal, fort, pur et épris de spiritualité.
Le record de l'écologisme par sa vision fantasmée d'une Nature qui à la fois effraie, materne et nourrit l'homme dans une harmonie utopique.
Le record de l'antimilitarisme, par l'horreur qu'y inspirent les machines à tuer pilotées par des Rambos assoiffés de violence...

Les thèmes sont d'actualité, l'image surprenante, l'action soutenue. Avec une histoire d’amour entre races pour nous attendrir. L'alchimie du cinéma américain est passée à une vitesse supérieure, à ne pas rater.

23.1.10

Diner de star

Julia est très belle, elle semble heureuse.  Son mythique sourire est au rendez-vous. Daniel est prévenant, amoureux, sympathique... on se demande un peu ce que ca doit faire d'être l'homme de l'ombre, dans le sillage d'une star.
Elle est comme dans les films, rayonnante, spontanée. Elle feint d'être presque "overwhelmed" comme si c'était la première fois qu'on l'ovationnait. Pas comme ces célébrités qu'on adule sur les écrans et qui nous déçoivent dans la vraie vie. Elle est vraiment la meme que dans Pretty Woman et du coup, grâce a elle, nous nous sentons, l'espace d'un diner, un peu comme  des figurants sur un plateau de tournage a Hollywood.
Charmeuse pour nous éblouir mais suffisamment inaccessible pour maintenir la magie... Julia Roberts est une vraie star!



http://www.wwd.com/beauty-industry-news/julia-roberts-on-beauty-and-more-2423463

14.1.10

Pause pour Haiti




C’est un siècle ou les inégalités se creusent. Le siècle des nouveaux riches, de plus en plus fortunés et aussi celui des pauvres, de plus en plus démunis.


Dans les peuples qui courent vers les sommets, on voit en tête du peloton, les riches Chinois, les mafieux, les pétroleux, les financiers, les Occidentaux chanceux. Et chez ceux qui dévalent la pente, se bousculent au plus bas, les laissés pour compte, les Yéménites, les Somaliens, les Vénézuéliens, les Palestiniens et Congolais, tous ces peuples qui n’en finissent pas de se faire la guerre. Les deux groupes s’éloignent l’une de l’autre et se regardent rarement.


Pourtant, parfois, la double-course marque une pause. Avant-hier, la terre a tremblé dans les Caraïbes terrassant une des familles qui courait vers le bas, aggravant le malheur de ceux qui croyaient déjà avoir tout perdu. Tout le monde alors s'arrete et reprend son souffle. L'humanité  se rassemble sur la toile et sur les ondes, on compte les morts et devant l’ampleur du désastre, les riches parlent soudain d’entraide et de solidarité.


Jusqu'à ce que les reportages s’arrêtent, que les photos poignantes se tarissent, que les bloggeurs se déconnectent et que les chaines de télévision se lassent de Haiti. Chacun reprendra alors sa place et sa course effrénée, les uns vers des sommets chimériques de la richesse sans y trouver aucun bonheur, les autres abandonnés, dégringolant de plus belle dans des abimes de sous-développement.

12.1.10

Esprit pas sportif

Le sport est unanimement reconnu comme la manière noble de se confronter à l’autre sans lui faire de mal. C’est pour cela qu’on est particulièrement choqué quand la violence physique ou idéologique s’en empare.

En 1936, Hitler pervertissait déjà l’olympisme pour en faire un hymne a la gloire du Reich et du racisme. En 1972, onze athlètes Israéliens venus concourir pacifiquement étaient assassinés a Munich provoquant stupeur et dégoût. En 1985 les hooligans du stade de Heysel nous détruisaient un mythe en tuant par bousculade trente-neuf supporters innocents. Et plus récemment, les attaques contre les joueurs algériens au Caire ou la fusillade contre l’équipe de football togolaise en Angola nous refont douter : notre monde est-il si pétri de violence que même le sport est devenu un exercice à haut risque? 

11.1.10

Terre hérissée de murs


L'ironie: Vingt ans après la chute du mur de Berlin, la terre promise se hérisse de barrières et Israël continue à construire des murs. Après celui de Cisjordanie, c’est un nouveau chantier qu'on annonce, cette fois pour isoler Gaza (encore plus), la couper de l’Egypte et parachever sa ghettoisation.



Certes, la comparaison entre le mur de Berlin et les murs Israéliens peut se discuter. Le souci de sécurité et le souvenir atroce des attaques suicides contre les civils Israéliens peuvent justifier pour certains la construction de ces murs comme un mal nécessaire, en attendant que les choses changent. Ce n'est pas la muraille « anti-impérialiste » érigée par la RDA en 1961. Mais quoiqu’on dise, reste pour moi l’image forte du paysan Arabe perdant l’accès a ses oliviers. Reste qu' Israël utilise clairement ce mur pour s’approprier encore plus de terres Arabes et en expulser les habitants Palestiniens. Les murs s'érigent autour de bantoustans et sont condamnés de maniere unanime par toutes les instances internationales.

Il y a dix ans, Khaled, un gamin Palestinien de Jérusalem-Est participant à un camp israélo-palestinien pour la paix m’avait dit, les larmes dans la voix « Tu devrais voir tout ce qu’ils construisent, tous ces immeubles sur les collines, il ne va plus rien nous rester dans ce pays. » Dix ans plus tard, je repense à Khaled et je me dis qu’il avait malheureusement raison. Les Arabes de Palestine ont tout perdu ou presque en moins d’un siècle depuis la création de foyer Juif en Palestine. Les murs ne font qu’entériner cette perte et l’aggraver, jusqu’aux dernières collines, jusqu’aux derniers champs,... et tout cela dans une grande indifférence.

9.1.10

Mon Londres-Paris: Epilogue Gare du Nord








Deux heures et demi pour un TGV Lille-Paris, ca use les nerfs. 


Heureusement, je tombe sur un couple d'internes dans les hôpitaux parisiens épris de musique classique et bien sympathiques. Je n'ai rien à leur offrir à part un paquet de chips...
Le voyage-chemin de croix se termine sur une note amicale. Il suffit d'un sourire, d'une conversation et tout vous parait plus simple. Avec mes nouveaux compagnons, voila qu'on parle de Paris, de médecine, du Japon (il est Franco-Japonais), d'opéra, de quoi me faire oublier que le train frustrant avance a 35 kilometres a l'heure dans une France glacée...


On arrive gare du Nord. 12 heures se sont écoulées depuis Charing Cross. Mais je n'ai pas été vaincu par l'Eurostar et ses déboires hivernaux. Mon acolyte américain partant pour l'Allemagne a eu moins de chance, il m'écrit le soir même qu'il est toujours bloqué a Bruxelles... 

7.1.10

Mon Londres-Paris: Etape 5 - Lille et les charmes de la SNCF


Si un jour, comme moi, malheureux voyageur d'outre-manche exténué, vous voulez rejoindre Paris de Calais et devez changer de train à Lille, il faut savoir que les TER de Calais arrivent à  Lille-Flandres (gare traditionnelle) alors que les TGV pour Paris partent de Lille Europe, gare ultra moderne mais a 10 minutes à  pied dans le verglas. Résultat: quand le TER est en retard de dix minutes, le TGV lui est à l'heure et il vous file sous le nez.



Mais au fond, pourquoi ces deux gares à dix minutes à pied l'une de l'autre? Et quand bien même deux gares seraient nécessaires, pourquoi les trains de Calais ne s'arrêtent-ils pas à Lille-Europe aussi permettant des correspondances décentes? On pense à une aberration d'ingénieurs trop intelligents, on imagine Lille-Europe en gare-Frankenstein effrayante, monstrueuse et inutile, l'ultime créature issue de l'entreprise publique monopoleuse éprise d'innovation mais peu soucieuse de sens pratique...

Faisons donc une nouvelle loi dédommageant les passagers qui glissent avec leurs bagages entre ces deux gares qui se regardent sans se parler, ouvrons un débat national sur le destin des vieilles gares traditionnelles… Aaaah!! Il fait si bon d'être en France... Et hop! Une heure d'attente (de plus) et une coupe de champagne avec une charmante voyageuse de Londres, on se console comme on peut.

4.1.10

Mon Londres-Paris: Etape 4 - Calais blues...





La nuit commence à tomber et il est 16h30. Calais sous la neige a des allures de port russe tiré de films de James Bond. Ses docks sont glauques et sales, le transport pour la gare inexistant et les deux taxis disponibles pris d'assaut par des hordes de passagers. Ayant reservé une voiture depuis le bateau, je me crois sorti d'affaire. Quelle n'est pas ma déconvenue quand on m'annonce que mon chauffeur a été obligé d'embarquer d'autres passagers sous la pression de la foule... Bienvenue en France! Auto-stopper des automobilistes antipathiques pour vous éviter de rater le train, je n'ai pas su bien le faire. 2,5 kilomètres de course dans la neige jusqu'à la gare SNCF: Le voyage pseudo-romanesque tourne au cauchemar...


Ce Calais froid et moche, ces panneaux mentionnant Sangatte, cette ambiance post-soviétique et ces Calaisiens hostiles, c'est une France bien difficile qui m'accueille! Petite pensée pour les sans-papiers qui moisissent dans ce port; sur 2,5 kilomètres, j'ai fait une infime partie de leurs longs voyages.

3.1.10

Mon Londres-Paris: Etape 3 - La traversée


Ils l’appellent le Dover straight (détroit de Douvres), nous l’appelons le Pas-de-Calais. Ce sont trente bien petits kilomètres de mer qui nous séparent mais ils représentent aussi parfois un abime d’incompréhension et de différences culturelles.

Derrière moi, l’Angleterre puissante, résiliente, pragmatique, discrète mais dans le fond si sure d’elle et de son passé. L’Angleterre si insulaire, finalement peu encline à se remettre en cause tant sa gloire, sa langue, son modèle économique sont peu discutés.
Et très vite se dessinant en face de moi, la France, toute blanche pour l’occasion, fière, orgueilleuse, un peu fanfaronne, délicieuse, plus belle que sa rivale mais toujours en proie aux doutes et éternellement en remise en cause de son modèle. La traversée dure une heure et demie mais on sent que ca reste un grand voyage!

A l’arrivée à Calais, je dis a mon compagnon de circonstance, un Américain rencontré dans le train de Douvres: « Now that we’re on the continent, everything should be easier! ». Je voulais faire part de ma satisfaction d’avoir passé la Manche, rien de plus. Mais au même moment, un voyageur sans doute Anglais entend mes propos et me fusille du regard les ayant sans doute interprétés comme une simple et injuste critique de l’Angleterre. Proximité mais méfiance…