12.5.10

Discours de circonstance


Deux discours en deux jours.

Le premier est celui de David Cameron hier qui prend possession du célèbre numéro 10. Ce bâtiment si mythique mais si modeste, tellement British, l’arrogance et la puissance enrobées dans la plus banale des maisons en briques. Le leader conservateur – soit dit en passant que j’avais prédit qu’il  gagnerait – semble mal à l’aise, aussi heureux d’être là que soucieux de ce qui va suivre. Le parlement « suspendu » comme ils disent - que j’avoue avoir cru évitable - lui fait peur tout comme il fait grincer des dents l’Angleterre entière. Apres un remerciement glacial à l’équipe sortante et une série répétitive de poncifs sur le travail, la responsabilité et la solidarité, une phrase se dégage et me laisse perplexe : J’aime ce pays et je crois que le meilleur est encore là venir. Espoir naïf du plus jeune premier ministre que le Royaume-Uni ait connu depuis 200 ans ou antiphrase dissimulant un bien plus triste pronostic?

Mais ce matin, dans le jardin ensoleillé, le premier duo Cameron-Clegg devant un partenaire de journalistes semble plus prometteur. Là encore, on nous sert des banalités, on nous parle d’un gouvernement fort et stable (sic). Cette justification ne fait que mettre d’autant plus en évidence le mal inhérent a cette cohabitation de la carpe et du lapin. Mais à la différence d’hier, l’humour britannique finit par l’emporter. Un journaliste impertinent demande à Cameron s’il regrette d’avoir dit par le passé que sa meilleure blague était Nick Clegg en personne. Le Tory sourit (pour la première fois depuis 24 heures ?) et s’en sort par une pirouette. Nick Clegg se déride et fait mine de quitter la scène puis revient. Tout le monde rit. L’Angleterre s’installe sur une table bancale mais le repas est quand meme servi. Et dans les règles.

2 commentaires:

  1. Magnifiques resumes de la scene politique anglaise. Bravo Alex!

    Le dernier episode est fabuleux: une touche d'humour qui a fait la premiere page de TOUS les journaux le lendemain et qui effacent d'un eclat de rire l'integralite des debats de campagne souvent virulents entre Clegg et Cameron. Une pirouette et les 'Con-Libs' sont lances.

    Legitimement inquiet de l'avenir de leur pays qui se dessine sur fonds de cohabitation et de crise economique, les Anglais se retrouvent sur leurs fondamentaux, sur leur "british humour" si caracteristique. Sarcastique, ironique, moqueur, parfois mechant, et jamais aussi bien utilise qu'envers eux-meme, c'est desormais tout ce qui leur reste aux Anglais, leur humour, pour porter leurs espoirs et leur fierte ...mais c'est deja beaucoup.

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  2. Merci Tristan! Trop sympa de savoir que tu lis mes pensees.

    Effectivement, on n'a pas fini de rigoler avec notre nouveau duo de choc. Au moins ils ont tous les deux un accent impeccable. Normal, l'un sort d'Eton et l'autre de Westminster, c'est vrai qu'ici au moins, on ne cherche pas a faire semblant d'etre issu du peuple. Bonne semaine.

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