27.12.19

Rêvons un peu

Contrairement à ce que beaucoup pensent, la nomination de Hassane Diab au poste de premier ministre du Liban n’est pas aussi négative qu’elle n’y parait. Et si elle n’est pas une vraie victoire, elle est loin d’être une défaite.

En effet, la révolution anti corruption et anti confessionnelle devrait se réjouir au moins modérément que ce soit un universitaire non affilié à un parti qui ait été choisi. Cela n’aurait pas eu lieu sans la pression de la rue. Quand on dit “Kellon ya3ne Kellon” on doit en toute honnêteté préférer un homme instruit à un énième oligarque ou même au premier ministre sortant. Un gouvernement techno politique sous M. Hariri n’aurait de toute façon rien réussi. Qu’un des trois présidents ne soit plus un caïd, c’est peut être un tout petit pas en avant.

Bien sûr, le fait que M. Diab soit nommé par l’actuelle majoritaire parlementaire, alliance du Hezbollah, Amal et CPL peut naturellement inquiéter. Et il aura sans doute peu d’autonomie pour réformer. Mais là aussi, on ne peut s’opposer au système parlementaire, si imparfait soit-il, sans risquer le chaos. Le 8 mars a la majorité et a donc techniquement le droit de gouverner. A nous de travailler pour évincer tous ces partis incompétents aux prochaines élections. Ou mettre la pression sur le nouveau premier ministre pour qu’il en organise de manière anticipée. Si on rejette tout, on court le risque de faire le jeu de ce même 8 mars qu’on critique. Il avait bloqué les institutions et paralysé le pays pour que Michel Aoun soit élu président  en prétendant que le chrétien le plus populaire dans son camp devait absolument accéder à la présidence, créant une nouvelle règle sectaire qui complique encore plus notre système déjà impossible.

En conclusion, Hassane Diab a désormais un job titanesque devant lui. Plutôt que lui cracher dessus tout de suite, il faut peut-être lui souhaiter de l’intelligence voire de la ruse. Et de la chance. Il faut rêver que le bien du pays soit vraiment son objectif. Nous n’avons finalement pas beaucoup à perdre. Notre cynisme, défaitisme et fatalisme ne nous ont jamais menés nulle part.