31.5.14

Tony le doorman de la 96eme rue

Il fait froid ici en hiver et attendre le bus scolaire a l’orée de Central Park n’est pas un plaisir quand les températures sont négatives. Heureusement que New York a aussi ses systèmes D et ses communautés. Un visage qui illumine nos matins est désormais celui de Tony.
Il est l’élégant doorman de cet immeuble d’avant-guerre de la 96eme rue.

Tony, c’est le rêve américain à lui tout seul. Né au Kosovo mais désormais plus new yorkais que quiconque, il règne sur ce block de l'Upper West side si naturellement, depuis trente ans, d’ un air débonnaire, gentil, attentionné, toujours en uniforme impeccable.

Il me repéra avec mes deux enfants s’abritant tant bien que mal sous l’auvent de l’immeuble voisin et depuis il nous offre l’hospitalité de son hall surchauffé. Il fait attendre le bus scolaire les très rares fois où nous sommes en retard. Il nous appelle un taxi les moins rares fois où le bus ne se présente pas. Il rit aux éclats des blagues de mon fils et s’attendrit sans cesse de la gentillesse de ma fille. Il me raconte sa famille, sa femme, sa fille et je lui raconte ma vie. Un épisode à la fois, juste le temps que le bus jaune se présente.
Les habitants de l'immeuble le saluent cordialement. Il connaît tous leurs noms meme si l'immeuble est immense. Quand il part en vacances, ils lui disent qu'il leur a manqué.
Deux hivers aux Etats-Unis et déjà des expériences qui rendent New York moins dur qu’il n’y parait, quand la chaleur de l’immeuble cossu et intimidant devient rendez-vous matinal pour bien commencer ma journée. « Have a nice day Alex, don’t work too hard », me dit-il chaque jour, sans faillir.