30.4.11

God save the Prince

Que penser du mariage royal?

Le positif d'abord avec l'admiration pour cette monarchie qui survit a toutes les vicissitudes, cette revanche d'une reine qu'on croyait définitivement affaiblie mais qui nous surprend par sa détermination et sa constance. Le jeune couple est beau: de quoi nous faire oublier les duchesses disgracieuses! on ne pouvait rever de mieux pour héritier du trone, un prince rayonnant, tout de rouge vetu et une jeune et belle Catherine qui devient en une heure la potentielle future reine. Tout faire rever les adolescentes et rassurer les fervents monarchistes.

Un peu d'étonnement quand on admire cette dynastie héritée d'un autre temps, blanche, anglicane et profondément réactionnaire mais qui continue a régner avec ses privilèges et son aristocratie hautaine sur un pays démocratique, cosmopolite, métissé et sur bien d'aspects plus progressiste que de nombreuses  républiques. Fascination des foules: on leur vend un peu de rêve dans les rues de Londres ce matin. Paradoxe de cette patrie du pragmatisme qui s'autorise cette frivolité royale que lui envient peut-être les ministères du tourisme des pays sans roi.

Antipathie enfin du Duc d'Edimbourg et de ce qu'il représente, suspicion sur la Reine elle-même qui n'a invité que des ex-premiers ministres conservateurs et pensée froide pour ces valeurs moins belles que défendent les Windsor, entre chasse a courre et autres privilèges désuets. Quand tout le monde entonne "God save the Queen", on ne peut que sourire de voir un mari chanter un hymne a sa propre épouse et un père de mariée trop heureux et ridiculement plus fervent que jamais. Ironie de cette monarchie qui valse avec les roturiers pour s'inventer un avenir.

28.4.11

Belle-ile-du-Mozambique

Vamizi est une ile perdue au large du Mozambique. Une plage blanche immaculée, à peine une dizaine de villas somptueuses à l’architecture coloniale et des fonds marins spectaculaires. Un cadre idyllique pour méditer sur ce monde qui bouge trop vite et qui fait peur et qui semble s’arrêter des qu’on embarque à bord d’un petit avion.

Une pensée pour ce village qui borde la piste de fortune ou un coucou se pose non sans un petit air de Saint-Exupéry, ou ni électricité, ni asphalte, ni eau potable ne sont arrivés. Et ses enfant souriants qui saluent le riche touriste venu du Nord. Une pensée pour l’écotourisme, si beau sur le papier, si dur a appliquer. Certes pas de climatisation, ni de télévision à Vamizi ni même de vitres aux fenêtres. Mais quid du dessalement et de l'eau chaude, quid du groupe électrogène qui ne s’arrête que cinq minutes par jour? Puis comme nous le disait Ryan, un sympathique Irlandais du Kenya, un de ces nombreux blancs d’Afrique, il ne faut pas développer l’ile trop vite au risque de voir sa population doubler en quelques mois et ravager l’environnement.

Une pensée pour Paulo, l’instructeur de plongée, il vient de Maputo mais il ressemble a Bob Marley et c’est un fou des profondeurs qui vous emmène dans des crevasses infestées de requins et me donne son détendeur pour rallonger ma plongée avant de lui-même manquer d’air. Une pensée pour ces tortues et ces innombrables poissons qu’on admire par 35 mètres de fond puis aussi ces fruits de mer qu’on savoure, pieds nus dans des diners aux chandelles d’exception.

Tout cela avant de plier bagage et subir le chic d’une escale d’horreur a Dar Es Salam dans un Hilton climatisé comme importé de Dubaï, immeuble sans âge tel un attentat architectural et une piscine bétonnée bercée par un orchestre soporifique. On rêve alors de cet espoir impossible que ces iles d’Afrique restent vierges, qu’elles ne cèdent pas aux tentations de la croissance et du profit, que leurs plages demeurent désertes pour les plus beaux bains de minuit.