25.4.12

Bref, j'ai voté

Je n’ai pas voulu écrire trop tôt au sujet de la campagne présidentielle.


Peut-être que trop de pensées contradictoires me traversent et ont du mal à se poser en quelques mots sur cette page. Peut-être qu’aussi, j’hésite a dévoiler publiquement mes doutes sur les différents candidats et montrer publiquement mon indécision.
Ma première tentation a été bien sûr de sanctionner M. Sarkozy. Le punir pour s’être fait élire en rassembleur puis avoir gouverné dans l’agression verbale et l’offense. Lui dire par l’urne que nous sommes nombreux à ne pas comprendre que la xénophobie soit devenue acceptable dans l’arène publique et qu’elle soit tolérée au point qu’un ministre condamné pour injure raciale soit maintenu dans ses fonctions. Certes, on m’oppose souvent le pragmatique discours des électeurs frontistes et de la nécessité – o combien d’actualité - de les amadouer. Mais on oublie ce faisant les dégâts faits a cette France d'origine immigrée qui travaille, qui n’est pas délinquante, ni islamiste ni terroriste. Quand on ressasse à ces Français qui se croyaient bien intégrés que les problèmes de sécurité proviennent « d’années d’immigration mal maitrisée », quand on leur assène des plus hauts sommets de l’Etat que les « Français ne sentent plus chez eux », on les écœure, on fait justement le jeu de ceux qui ont rejeté la France, qui se marginalisent et sévissent dans ses banlieues. L’autre raison de sanctionner le sarkozysme est l’omniprésence des affaires (entre Epad, Woerth, Alliot-Marie… et j’en passe) et la suspicion désagréable de voir s’éterniser un régime presque ploutocrate, un Balkany-Tiberisme à grande échelle. Il y a une volonté presque viscérale et immunitaire de balayer par les urnes cette brochette de dirigeants corrompus, flirtant en permanence avec le conflit d’intérêt. Mais il reste un petit regret de jeter avec l’eau du bain, un travail plutôt réussi de François Fillon qui a su ne pas se trahir, une ardeur et une force de travail du Président qu'on a rarement vue dans la cinquième république, des réformes et un programme économique qui pour l’essentiel demeurent dans la bonne direction.

En face, François Hollande aurait pu représenter l’alternative raisonnable, une gauche centriste qui prend en compte les déficits mais qui s’attelle à  relancer la production et la compétitivité. L'agréable alternance. Mais le souci est double : François Hollande devra gouverner à gauche et sera inévitablement freiné par les illusions et les discours irréalistes de son camp et des partenaires sociaux. Or la France doit justement et plus que jamais avancer plus vite, se réformer et se décarcasser de tous ces privilèges du passé. La fonction publique elle-même devient victime d’un système ou le mérite n’est pas pris en compte, ou celui qui ne fait rien ou presque a le même parcours que celui qui trime. On veut garder notre nombre énorme de fonctionnaire ? Mais ne serait-il pas mieux d’en avoir moins et qu’ils soient mieux payés, mieux récompensés, mieux managés si j’ose dire ? On veut embaucher plus de professeurs ? Mais que fait-on des autres fonctionnaires  occupés juste à changer sans cesse les programmes dans les bureaux et les rectorats et qui ne voient jamais un élève, que fait-on de ce programme pléthorique et idéaliste qui laisse sur la touche des milliers d’élèves en échec ? Une réforme figure au programme du PS mais pourront-ils la mener à bout dans une gauche plurielle et trop souvent utopiste? Le second souci est justement cette faiblesse apparente de M. Hollande, un manque d’autorité, de charisme, de leadership. Que fera-t-il face aux ténors et aux éléphants ? Saura-t-il diriger ce paquebot qui ressemblerait à une arche de Noé?

Au premier tour, pour la première fois, et sans grand enthousiasme, j’ai voté Bayrou. (On se croirait dans un des Bref, le court-métrage de Canal Plus, « Bref j’ai voté Bayrou »). Oui, je ne pensais pas ne pas voter "utile" et pourtant j'ai choisi contre mes propres attentes, le bulletin centriste. Non pas par admiration pour le politicien poussiéreux et égocentrique mais plutôt pour un programme réaliste, sans insultes, sans populisme. Pour dire avec mon petit bulletin à nos finalistes que la France de la modération existe aussi et qu’elle écoute et réserve encore sa décision.