1.11.16

Bonne chance Général(e)

L'espoir fait vivre. Et il réjouit beaucoup de Libanais aujourd'hui. Ils veulent croire à un renouveau, ils parlent de changement, de restauration de l'ordre et de lutte contre la corruption. Bref, ils veulent vivre et pour cela il leur faut y croire au moins un peu.

Peu importe que l'homme objet de leur espoir soit âgé de 82 ans. Tant pis s'il accède au pouvoir grâce au patronage de la Syrie et de l'Iran. Et oublions au passage la cupidité de ses jadis féroces ex-opposants qui ont hâte de retourner enfin  au pouvoir en s'alliant avec lui l'espace d'une journée au parlement. Avant de re-sombrer sans doute dans la discorde naturelle dès qu'il s'agit de se partager le pouvoir et ses butins... Bon j'arrête là car je risquerais de parler d'intérêt général et passer pour un fou.

Peu importe aussi si cet homme s'est distingué en 27 ans de vie politique par son appétit maladif pour le pouvoir, la violence de ses guerres n'ayant pour égale que la versatilité de ses allégeances. Un jour, il se posait en défenseur de l'Etat et ses institutions et puis l'autre, il bloquait leur fonctionnement par des boycotts dans l'unique dessein de promouvoir (efficacement!) sa carrière politique.  Il critiquait tantôt le clientélisme et le féodalisme mais bien vite  s'assurait que son beau-fils devînt ministre. Il est le champion des insultes dont il recouvre ses opposants mais il peine tant à balayer devant sa porte pourtant jonchée d'alliances contre nature, de populisme et de démagogie.

Quand on regarde cette élection de loin, pardonnez moi qu'il soit bien difficile d'en espérer grand chose. Peut être que cette vie en Occident m'a rendu cynique et blasé. Mais de quel droit oserais je critiquer ce nouveau chapitre de l'histoire de mon pays natal que j'ai quitté il y a si longtemps? Allez, bonne chance mon Liban et mon Général, il est aussi des miracles qui arrivent justement quand plus personne ne les attend. 

27.8.16

Les donneurs de leçon sur le burkini...

À essayer (vainement) de créer des règlements pour interdire le burkini, la France a attiré un torrent de critiques de nos voisins qui ne manquent pas une occasion de railler l'idéalisme français ou le manque de tolérance du modèle laïc à l'égard des communautés. Pour ma part, même si je ne suis pas favorable à une législation anti -burkinis je ne suis pas pour autant d'accord avec ces critiques et les trouve assez inappropriées.

Certes, même si j'abhorre cet accoutrement ridicule, avilissant et totalement inopportun en Occident (comment bien vivre en Occident si on veut être plus islamiste et orthodoxe que dans son propre pays d'origine ?), je pense que des lois anti burkini en plus de leur potentielle inapplicabilité ne feraient que glorifier ce phénomène et lui donner de l'importance, voire le mettre à la mode (un peu comme les burqas devenues presque plus nombreuses après la loi qui les a interdites).

Pour autant, les Britanniques, Américains ou Allemands ne devraient pas jeter la pierre si vite sur les tentatives françaises de combattre l'extrémisme islamiste et ses symptômes. Premier fait, La France est bien plus concernée  par le péril islamiste avec une population d'origine musulmane à hauteur de 10%. Aucun de ces pays donneurs de leçon n'a le même challenge d'intégration. De plus, la crispation autour des banlieues, le chômage et l'exclusion d'une partie des populations d'origine immigrée en France rend le phénomène plus aigu que dans aucun de ces pays communautaristes et qui se drapent de tolérance pragmatique pour critiquer. On ne pense pas aux jeunes filles et aux femmes musulmanes qui rêvent sans doute d'être débarrassées de ce carcan et de cette pression obscurantiste. On oublie que ces retours au communautarisme ne font que stigmatiser et isoler ces musulmans d'Occident et qu'il est vital de les décourager. Et bien sûr, il est bien facile aux tabloïds Anglais de minimiser le problème du burkini et nous couvrir de ridicule car comme tout le monde sait, ce n'est pas la Grande Bretagne qui risque de faire face à un phénomène de burkinis avec ses plages bien fraîches!

29.7.16

La grève perfide

L'été meurtrier en France nous émeut tous. Après l'effroi, l'heure est au recueillement comme dans cette belle image des musulmans et des chrétiens recueillis ensemble à Saint Étienne du Rouvray. L'heure est aussi, on l'espère en tout cas, à l'examen de conscience et à l'acceptation qu'il faut renforcer davantage notre dispositif de sécurité et faire respecter plus strictement l'état de droit en France.

Ce qui est en revanche inopportun, au delà des appels à la haine et à la guerre civile, c'est l'égoïsme forcené et l'indécence de certains de nos concitoyens comme certains personnels navigants d'Air France qui profitent perfidement du chasse croisé des vacanciers pour se mettre en grève. Dans leurs conflits répétitifs et mesquins avec leurs patrons ils ont oublié que la France souffre, que le tourisme décline et que leur pays s'appauvrit. Pour un détail aussi technique que la durée (et non le contenu) d'un accord, ils poignardent l'économie et affaiblissent leur entreprise alors que que le nombre de voyageurs s'effondre et que la France souffre économiquement et moralement. Alors que les familles pleurent leurs victimes, que les Francais s'inquiètent pour leur pays, ils contrarient leurs déplacements et leurs vacances pour acquérir un petit avantage supplémentaire. 

Bien sûr nul ne remet en cause leur droit à la grève. On sollicite plutôt leur conscience, leur respect d'un pays en deuil et leur décence. Un pays attaqué, touché en plein cœur par ses ennemis mérite un brin d'abnégation.

28.7.16

L'idéalisme béat des élites a encore frappé en France

Dans une église de Normandie, un prêtre est mort dans la sauvagerie la plus aveugle. Une fois de plus les extrémistes ont gagné. Une fois de plus le criminel était connu et fiché, relâché de prison... On attend toujours la démission d'un ministre ou la prise de responsabilité après ce nouveau couac tragique. Du haut de l'Etat les réactions paraissent un tout petit peu plus fermes mais sont immédiatement contingentées dans le carcan du politiquement correct. Les règles utopistes et inadaptées qui ont coûté la vie aux innocents de Nice et de Rouen restent la priorité.

Dans l'intérêt du pays, de la liberté et la démocratie et surtout celui de l'écrasante majorité des musulmans de France innocents et stigmatisés, notre réponse devrait être beaucoup plus ferme. Il n'y a pas de démocratie ou de liberté si on vit dans la peur et si les criminels sont en liberté. Il est donc grand temps d'incarcérer et ne pas libérer ces gens partis en Syrie pour soutenir Daech. Et oui, il faut beaucoup plus de monde en prison... Il faut des lois plus dures, moins utopistes. Et pardon si ça peut choquer, tant pis pour celui dont les libertés sont réduites. Tant pis pour l'islamiste parti combattre mais sincèrement repenti qui se retrouve derrière les barreaux.Tant pis pour l'imam qui a dérapé verbalement mais qui n'est pas aussi dangereux qu'on le croit. Tant pis!! La realpolitik et la nécessité de sauver les vies s'impose désormais en France.  

A force de l'ignorer, nos élites au pouvoir, totalement dénuées de pragmatisme, nous poussent lentement et sûrement vers la peur, la colère et donc le chaos. Les seuls gagnants de cette paralysie idéaliste et laxiste sont plus que jamais l'extrême droite xénophobe (en plus de Daech évidemment dont les sbires sont arrêtés et relâchés par nos magistrats). Il ne faudra pas s'étonner quand la Trumpification s'emparera de la France en 2017.

16.7.16

Nice: de l'urgence de rétablir l'Etat de droit

Quelque chose est mort à Nice, c'est notre insouciance nationale, me disait bien justement un de mes collègues français à New York. 

Au delà de la colère et ses égarements qui inondent internet, je veux plutôt parler du sentiment légitime  que nos dirigeants (et leurs opposants d'ailleurs) n'ont pas encore pris la mesure de la menace terroriste. Ils continuent à dépenser trop d'énergie dans leurs guéguerres électorales, leur loi du travail vidée de son sens et leurs ambitions personnelles alors que la patrie est en danger, les vies innocentes sont fauchées et que l'ennemi s'épanche de ville en ville.

Certes le terrorisme et l'islamisme radical sont souvent le fait de personnes nées en France et radicalisées et il n'y a pas de solution magique ou rapide. Mais  il se trouve cette fois que notre assassin au camion est un ressortissant étranger, violent, condamné à de la prison avec sursis mais toujours titulaire de sa carte de résident et toujours en liberté à Nice. N'est-il pas temps, sans émotion, sans aucune polémique et aucune xénophobie de demander à tout ressortissant étranger condamné pénalement de quitter immédiatement le territoire national ? C'est ce que feraient, il me semble, un immense nombre de pays comme les États Unis, le Royaume Uni sans aucune suspicion de racisme ou de xénophobie. 

J'ai été moi même titulaire de cette même carte de résident en France avant d'être naturalisé, je suis actuellement titulaire d'un visa de résident aux Etats Unis et je sais que la moindre condamnation ici aurait pour conséquence finale une expulsion. 

Sous prétexte de tolérance, on accepte le laxisme, sous prétexte de combattre l'extrême droite on la laisse proliférer et accaparer le bon sens. La France est menacée, touchée en plein cœur mais on répond mollement, on s'excuse et se justifie sans cesse d'instaurer l'état d'urgence, les médias nous parlent sans cesse du pauvre imam modéré injustement assigné à résidence alors que la France entière est en sursis. On laisse des syndicalistes et anarchistes prendre nos villes en otage et jeter des pavés sur des policiers et on s'excuse presque de leur envoyer les CRS. Sous je ne sais quel prétexte, on refuse de contrôler systématiquement les frontières. 

On en oublie que la liberté et la justice meurent d'abord et surtout quand la loi est bafouée, quand des zones de non-droit sont acceptées, que la police ne peut se rendre dans certaines banlieues, quand les crimes sont tolérés, quand les forces de l'ordre sont insultées impunément. La liberté souffre bien sûr mais elle ne meurt pas quand des suspects innocents sont arrêtés, assignés à résidence en attendant qu'il soient disculpés, la liberté tremble mais ne meurt pas quand de criminels sont jetés en prison sans sursis ou quand des étrangers délinquants sont reconduits à la frontière ni quand des militaires patrouillent pour protéger le civil innocent. 

Avant de critiquer la montée de l'extrême droite, il est urgent pour la classe politique modérée de changer de discours et d'instaurer sans complexes un état de droit plus fort en France. Certes, depuis le traumatisme de Vichy, il n'est pas bien vu de demander plus de policiers, plus de contrôle, plus d'expulsions et plus de prisons mais il est grand temps de se remettre en cause ... Un état de droit n'est pas une dictature ni un tabou. Une police efficace, respectée et présente n'est pas forcément une Milice raciste. Une cité HLM où l'armée patrouille pour éviter les crimes et protéger les citoyens n'en est  pas pour autant un ghetto. On ne pourra pas gagner la guerre de l'éducation si les enseignants ont peur des étudiants, on ne pourra pas créer des emplois dans des zones ou la police ne peut se rendre. On ne pourra pas protéger les gens du racisme et de l'islamophobie si on laisse l'extrême droite populiste être la seule à réclamer la fermeté.

Il en va de notre liberté et de notre fraternité. Le racisme, la haine et l'intolérance ne grandissent jamais mieux que sur des terrains de peur et de laxisme, d'absence de l'Etat et d'impunité.

25.6.16

Not Brexcited

As a former UK resident, friend of British people and fan of British culture, it is of course a dull time for me.

I have to say that I always thought David Cameron was taking a huge risk putting Britain through such a volatile exercise and just for his political career's sake. Part of me knew the British people never fully embraced this European utopia and have always been half-in and half-out. Asking them the question so directly was a real gamble

After all, Britain is the motherland of pragmatism and there has always been something fundamentally non-pragmatic about  the European Union: The European dream and the British cynism have struggled to coexist. And with the difficulties of the single currency, the economic and demographic tensions and Brussels' utter failure to pursue any decent defence or foreign policy agenda, the British Eurosceptic tenors were often proven right in the latest decade. All this made me even more bearish about the outcome of this referendum.  

So if all this was not really a surprise, why was I disappointed today? Maybe because I once fell in love with this brilliant civilization, this precious art of living (even started gardening!) and really enjoyed feeling almost at home there as a European citizen. I never realized that this was fragile and could change one day. When voting for the municipal elections in London, I couldn't imagine that this nice and inclusive European practice would ever die. Also, a French friend rightly told me this afternoon: "the English are a bit like some cousins. They are annoying but you still like them. You criticize them, they make fun of you but at the end of the day, they're still family." And I said to myself: "We went through so much together, so the day they decide to go and leave us, we feel lost and sad."

And my most melancholic thought today went to all British soldiers who died on French soil in the battle of the Somme in 1916 or in Normandy in 1944. Their sacrifices granted us a free and peaceful Europe. No Brexit should ever alter this beautiful legacy. 

Not Brexcited

As a former UK resident, friend of British people and fan of British culture, it is of course a dull time for me.

I have to say that I always thought David Cameron was taking a huge risk putting Britain through such a volatile exercise and just for his political career's sake. Part of me knew the British people never fully embraced this European utopia and have always been half-in and half-out. Asking them the question so directly was a real gamble

After all, Britain is the motherland of pragmatism and there has always been something fundamentally non-pragmatic about  the European Union: The European dream and the British cynism have struggled to coexist. And with the difficulties of the single currency, the economic and demographic tensions and Brussels' utter failure to pursue any decent defence or foreign policy agenda, the British Eurosceptic tenors were often proven right in the latest decade. All this made me even more bearish about the outcome of this referendum.  

So if all this was not really a surprise, why was I disappointed today? Maybe because I once fell in love with this brilliant civilization, this precious art of living (even started gardening!) and really enjoyed feeling almost at home there as a European citizen. I never realized that this was fragile and could change one day. When voting for the municipal elections in London, I couldn't imagine that this nice and inclusive European practice would ever die. Also, a French friend rightly told me this afternoon: "the English are a bit like some cousins. They are annoying,m but you still like them. You criticize them, they make fun of you but at the end if the day, they're still family." And I said to myself: "We went through so much together, so the day they decide to go and leave us, we feel lost and sad."

And my most melancholic thought today went to all British soldiers who died on French soil in the battle of the Somme in 1916 or in Normandy in 1944. Their sacrifices granted us a free and peaceful Europe. No Brexit should ever alter this beautiful legacy. 

9.5.16

Beirut Blues

Ah Beyrouth tu es vraiment incorrigible...
Tu avais une chance de te refaire et tu ne l'as pas saisie... Tu as tourné le dos à l'espoir intense de voir des gens intelligents et philanthropes oser s'aventurer dans ton paysage politique débilitant.

Telle une fille de mauvaise vie qui se plaint de son quotidien, rêve d'échapper à ses proxénètes tout en sombrant chaque jour un peu plus dans sa déchéance, tu as préféré succomber à tes démons habituels: le clientélisme, l'argent, la fascination ou la peur des caïds. Ton pire ennemi, c'est ton cynisme teinté de paresse, cet air blasé de ceux qui n'y croient jamais; tels des drogués sans volonté, ils sortent à peine d'une cure de désintoxication pour se rendre aussitôt chez leur dealer.

Ce matin j'ai d'abord envie de dire un grand merci à ces gens courageux qui ont osé un moment te réveiller. Pour une fois, je me suis reconnu en leurs mots, j'ai rêvé que les choses puissent changer, j'ai prié pour qu'ils triomphent et te sauvent. Et j'espère qu'ils continueront leur combat. J'aime cette cinéaste brillante qui -je m'en souviens- fut une des rares après la guerre à travailler sur notre devoir de mémoire. Quelle victoire eût-ce été de la voir gérer notre ville! Les hommes ont échoué, la rédemption viendra telle des Libanaises? J'aime aussi cet Ibrahim et je ne sais même pas quelle est sa religion ou sa communauté, et ça aussi c'est un miracle au Liban. Parfois je rêve que nous ayons tous été appelés de ces prénoms laïcs, Karim, Fady ou Ibrahim et qu'on ne puisse pas savoir nos religions. Et puis mon Marwan qui est la bonté, l'humour, l'ouverture d'esprit et la philanthropie réunies. Et les autres que je ne connais pas mais que j'ai tant voulus voir gagner. Merci d'avoir tenté l'impossible. Goliath a tremblé un moment en vous voyant surgir. 

Et puis pour ma part, natif de Beyrouth, enregistré à Beyrouth, moi qui aurais sans doute pu voter si j'étais là, je vous demande pardon de ne pas avoir pris un vol de New York et déposé un bulletin... et je ressens ce matin, un peu plus que d'habitude, le goût amer de mon lointain exil.