19.6.14

Pensée pour Benzema

Est-ce l’âge qui me rend émotif ? Ou seraient-ce les blessures encore ouvertes de l’Afrique du Sud, ce souvenir triste d’une France désunie, divisée, gangrénée par ses haines ?

La victoire contre le Honduras m’a en tout cas ému.
Et contrairement à beaucoup, ce ne sont pas les vrais buts – certes splendides - de Karim Benzema qui m’ont le plus touché. Ni même le beau travail d’équipe contrastant avec les individualismes persistants du passé.

C’est le penalty réussi de Benzema qui m’a comblé. Car ce penalty représentait bien plus qu’un premier but de bon augure pour la coupe du monde. C’était un test dur, imprévu, rapide. Un jeu terrible du hasard, une première note du concert et elle se devait d’être juste, parfaite. Un penalty à couper le souffle où la moindre faute eût été cataclysmique, de nature à réveiller les pires démons et propulser l’opinion publique et les médias dans le négativisme chronique dont la France souffre si souvent .

Qu’on le veuille ou pas, qu’on l’aime ou pas, Benzema représente beaucoup de Français. Et une France qui a plus que jamais besoin de rêver. La vraie victoire serait qu’il soit un héros et qu’il fasse un Mondial exemplaire. Il n’en faudra pas beaucoup plus à la France pour l’aimer à nouveau.
Et peut-être qu’il saura le lui rendre un peu mieux aussi. On a envie de lui dire : « Allez Karim, tu es né à Lyon, la France t’a fait ce que tu es devenu, chante la Marseillaise et deviens un symbole d’union, pas de division».
La France est dans un besoin quasi-pathologique de cohésion nationale et de renouveau. Et aujourd’hui, ces deux batailles se jouent aussi un peu au Brésil.