28.6.10

Comme des enfants

Une des choses que j’aime regarder dans cette coupe du monde de football est l’expression des joueurs prise dans le feu de l’action. Ces prises de vue rapprochées, presque indiscrètes nous offrent une vraie lecture inédite de leurs émotions.
C’est l’ère du football-réalité ! Après des décennies où on observait des surhommes en tout petit, manier le ballon comme des magiciens pour être ensuite incroyablement frustrés par des interviews d’après match affligeantes et sans contenu, voila que nous sommes virtuellement sur le gazon avec eux et que nous les observons sans censure.


Par exemple, que s’est-il passé dans la tête de Frank Lampard juste au moment où il apprend que son but (pourtant si juste) n’est pas validé à cause d'une erreur d'arbitrage ? C'est son seul but de la coupe du monde et sans doute sa dernière occasion. Le joueur bellâtre du Chelsea qu’on croyait imbu de sa fortune et de son succès apparait un moment désemparé et bien malheureux. Que l’envie, le ressentiment ou l’adoration que tous ces joueurs provoquent en nous ne nous fassent pas oublier que ce sont juste des enfants qui ont grandi bien vite...

25.6.10

Nouvel ennemi public

Un nouvel ennemi public. Apres que la population et les medias se sont enfin lassés de la burqa et des polygames, le gouvernement peut désormais s’emparer goulument du malheur du football français pour divertir la foule et éviter les sujets qui fâchent.

Alors que les discussions sur les retraites s’échauffent (inévitablement), voilà que Roselyne Bachelot s’est lancée dans une sordide diatribe contre les Bleus. Non seulement elle n’a pas hésité à se contredire, elle qui vantait la FFF, les joueurs et même Domenech il y a à peine un mois, mais elle n’a pas non plus lésiné à jouer l’émotion en parlant des rêves brisés de millions d’enfants. Il n’y a pas de limite a la démagogie quand on est (presque) sur qu’elle va marcher… 

Je me dis tout simplement : Oui, finalement nos Bleus ont mal joué, oui, Domenech avait sans doute tort, oui, Anelka est une tête brulée, oui, la FFF devrait tirer les leçons de cette débâcle. Oui, on est tous déçus. Mais voir Sarkozy, Bachelot et leurs amis se jeter sur ce malheur et en faire une opportunité pour leur populisme, c’est inquiétant. Seul Kim Il Jong leur a sans doute emboité le pas en harcelant ses pauvres joueurs. Meme les unes italiennes ne montrent pas Berlusconi, pourtant champion du populisme intervenir sur la défaite des Azzurri. On aurait attendu cela d’Hugo Chavez ou de Fidel Castro si leurs équipes étaient qualifiées au Mondial puis sorties du premier tour. 
Et verra-t-on aussi la Reine d’Angleterre intervenir sur le dossier en cas d’échec de l’Angleterre devant l’Allemagne ? Je ne le crois pas. Il lui reste trop de dignité.

21.6.10

Israël : l'enfant terrible devenu tyran

La vague d’indignation soulevée par la flottille de Gaza ne s’est pas encore totalement résorbée qu’Israël frappe à nouveau, au cœur de Jérusalem en autorisant la destruction de 22 maisons arabes dans le secteur oriental occupé de la ville sainte.

Cette nouvelle provocation en dit long sur l’enfermement du pouvoir israélien dans une logique aventurière et opposée à toute possibilité de paix. Et voila qu’il teste une fois de plus la patience inébranlable du grand allié américain, supporter aveugle de toujours mais récemment de plus en plus soucieux et pointilleux.

C’est un réveil difficile pour l’administration US. On a tant couvé, défendu, protégé et soutenu  cet Etat Hébreu aux vertus démocratiques et pro-occidentales. On a tellement fermé les yeux sur ses écarts, tellement minimisé ses bavures et presque souri à ses incartades. Puis un jour, un peu trop tard, on se rend compte avec horreur que l’enfant terrible attendrissant s'est mué en un adolescent tyrannique et entêté. 

20.6.10

Football horribilis

Jusqu'où ira l’équipe de France ? Humiliée face au Mexique, passe encore.  Sortie de la coupe du Monde, quoi de plus banal ? Mais le lavage de linge sale qui a lieu depuis samedi a de quoi nous faire frissonner.

Ils doivent exulter les éternels détracteurs de ces footeux-étoiles, ceux qui les disent bêtes, impolis (pour ne pas dire racailles), imbus de leur réussite et imbuvables.  Ces critiques qui se multiplient aux heures de défaite doivent être bien heureux de voir les bleus perdre la face puis s’entre-déchirer comme des hyènes blessées.  

Ils doivent se sentir trahis, les autres, les plus nombreux, ceux qui ont voulu y croire. Ceux qui ont acheté le maillot national ou ceux qui ont fait le long voyage d’Afrique du Sud. Entre la mollesse et la couardise du sélectionneur, les injures du mauvais joueur, les bagarres et les têtes de turc, ils ne doivent plus reconnaître ceux qu’ils croyaient être leurs héros.

Puis derrières nos écrans, entre les médias français qui se jettent sur ce malheur comme des vautours et la consternation un rien amusée de leurs homologues d’outre-manche, nous nous attristons et n’osons plus rêver d’un sursaut.
Taisez-vous les Bleus, jouez une dernière fois et rentrez chez vous. Maintenant, il va juste falloir essayer d’oublier. 

17.6.10

Débâcle pour la France

Ce qui attriste dans cette débâcle footballistique, ce n'est pas seulement la médiocrité saisissante de nos joueurs millionnaires, leur manque d'entrain et de rapidité. C'est aussi le constat comme celui de la télévision britannique qui met le doigt sur une sélection composée a priori de bons joueurs mais qui n'a plus d'esprit d'équipe, d'envie ou de cohésion. Quand on sait l'importance du symbole de cette équipe plurielle, le mythe du succès black-blanc-beur et ce rêve d'une France forte de ses différences, cela fait un peu mal... C'est enfin l'apathie et le flegme du sélectionneur le plus honni de l'histoire et la déception de ne le voir meme pas faire rentrer un Thierry Henry pour nous donner un dernier espoir, meme vain.

La semaine prochaine, on leur souhaite de se décarcasser au moins pour l'honneur. On a envie de les détester tellement ils nous déçoivent mais un seul but nous rendra le sourire, meme si la partie est a priori terminée.

16.6.10

Trocadéro électrique

Trocadéro électrique
Comme un concert acoustique
Dans ses tripots eclectiques
Peuplés de bières et de plastique

Des brunes cambrées magnifiques
Sans distinctions honorifiques
Et là, des gars soporifiques
Leur chantent des rêves prolifiques

Amphithéâtre réplique
D'une tour Eiffel diabolique
Cerné de pontes et leurs cliques
Soufflant haleines éthyliques

D'Amérique ou d'Armorique
Dans cette ambiance catalytique
Ils vivent là tous les cantiques
De leurs agences touristiques

1.6.10

Triste Flottille

L’attaque israélienne contre la flottille humanitaire pour Gaza a de quoi faire couler de l’encre et susciter le dégout. Sans rentrer dans le débat assez stérile sur qui a provoqué et qui a surréagi, une évidence s’impose: ce blocus de quatre ans contre Gaza ne mene Israël nulle part. Il n’a pas empêché le Hamas de s’approvisionner en armes ou de rester au pouvoir, il a simplement couté cher à une population déjà fort démunie, accru le sentiment de désespoir et le ressentiment contre l’Etat Hébreu.

Ce qui émeut quand meme, ce sont les déclarations intempestives de diplomates israéliens évoquant qu’Al-Qaïda ou des terroristes soient derrière l’expédition. Jamais le terme « terroriste » n’aura été utilisé autant à tort et à travers que depuis  qu’Israël l’a accaparé pour décrédibiliser toute action pro palestinienne. Mais  la force de l’argument à son apogée après les attaques du 11 septembre ne fait désormais que décliner.

En tentant de justifier les mortelles bavures de ses soldats, sans doute dépassés par la gravité de la situation et de leur propres gestes, Israël s’enfonce dans un isolationnisme dangereux. Des voix israéliennes s’élèvent heureusement contre cela et le journal Haaretz parle meme d’une politique viciée et d'un fiasco en haute mer. Il avertit ses lecteurs et le gouvernement que c’est le drame de l’Exodus qui délégitima fatalement le pouvoir britannique en Palestine en 1947. Espérons que l’électeur Israélien accepte cette leçon de l‘Histoire.