30.3.10

Hurt Locker

Il a été tant plébiscité, il a été couvert de tant de prix, de six Oscars et de tant de Baftas que Hurt Locker me laisse un peu sur ma faim.

Kathryn Bigelow traite un thème fort et d'actualité, ces soldats qui se retrouvent tels des extra terrestres dans un Iraq pétri de violence. Leur mission, déminer l’indéminable. Au risque d’y perdre la vie à chaque sortie.

Il y a dans ce film une curieuse et inattendue similitude avec son rival déconfit Avatar. Dans les deux films, les civilisations se heurtent de plein fouet et sans aucun pare-choc. Les Américains sont comme sur une planète hostile et ils peuvent à peine respirer. A la différence près qu’Avatar décrit longuement la vie extra terrestre et l’idéalise là ou Hurt Locker ne s’intéresse presque pas à des locaux vaguement incarnés par un petit vendeur a la sauvette et un marchand antipathique. Le reste n’est que clichés sommaires de femmes voilées hurlant de chagrin en continu.

L’intensité dramatique tarde à s’installer dans Hurt Locker. Mais la bonne surprise vient avec le sergent James le personnage attachant et romanesque  qui éblouit par son jusque boutsisme, son humour, son courage démesuré et son brin de folie. On reconnaît un peu l’amour de Bigelow pour les hommes qui vont jusqu’au bout de leurs rêves et au prix de leur vie. Celui qui est prêt a mourir pour sauver un Irakien d’une ceinture de bombes rappelle un peu celui qui dans Point Break donnait sa vie aux vagues et aux démons du surf.

Alors pourquoi cette sensation d’inaccompli ?  Parce que les dialogues sont trop courts, trop schématiques. Parce qu’aucun des Bagdadis rencontrés ne me convainc. A croire que la guerre d’Iraq est un tel traumatisme pour notre civilisation, que le besoin réel d’en parler et de la méditer est si fort que quelques bonnes scènes de bombes et de désert ne pourront jamais nous rassasier.

28.3.10

Elections Régionales



Quelles leçons tirer des Régionales?

Qu'une moitié des Français s'en désintéresse et que les abstentionnistes foisonnent dans les régions en détresse, des banlieues difficiles à la Moselle désabusée (ou abusée par les promesses non tenues).
Que la Gauche y obtient en apparence ses meilleurs résultats depuis 1981. En apparence seulement, car ce succès de la Gauche désunie, sans un seul vrai leader mais avec tout plein de petits leaders ne doit pas faire oublier ses faiblesses et son manque de programme et d'idées.
Quand les Français punissent la Majorité dans des Elections locales, rien ne peut garantir qu'ils plébisciteront la gauche quand les enjeux nationaux seront d'une plus grande importance. Puis avec une droite aux saveurs clientélistes, des listes truffées de Balkany et de Tiberi, comment ne pas être tentés de faire l'impasse, voter pour l'opposition pour certains, rester chez soi et profiter d'un dimanche de printemps pour beaucoup d'autres?
Et enfin, profitant de cette confusion, le bulletin noir des électeurs frontistes et leurs alliés anti-minarets a démontré que les démons de l'extrémisme et de la xénophobie n'ont surement pas dit leur dernier mot. 

25.3.10

Du célibat des prêtres


L'embarras et la consternation provoqués par les scandales de pédophilie au sein de l'Eglise sont immenses.
Pour tout chrétien meme non catholique, on se désole de l'étendue de ce désastre médiatique et du discrédit qu'il jette sur le clergé. Pour tout parent, ces affaires atroces et répétées provoquent la stupeur, le degout et la peur. On se demande surtout si l'Eglise Catholique osera un jour revenir sur le célibat imposé aux prêtres, décision tardive du 11ème siècle qui l'a distinguée des autres églises. Rome dans son histoire est bien - et courageusement -revenue sur d'autres dogmes, pourquoi pas celui-là?

Certes, il n'est pas du genre du Vatican de réagir a chaud et de bruler les étapes, on le comprend. Mais la question reste plus que jamais brulante. Au delà des frustrations et des déviances que cela pourrait éviter, un prêtre père de famille serait un meilleur exemple pour les fidèles alors que le modèle familial est plus que jamais mis en péril. Et on espère qu'il ne faille pas encore attendre une aggravation de la crise des vocations (déjà criante) pour pousser le Pape à enfin transiger.

24.3.10

Irlande du Sud

C'est en train que je suis arrivé à Dublin. Et la petite République a quelque chose d'attachant.

On croit deviner encore dans les modestes pavillons des banlieues de Dublin celui qui fut jadis le parent pauvre de l'Empire Britannique, l'ile verte oubliée et méprisée, les famines historiques et le passé de ressentiment contre l'Angleterre.


Dans Dublin, on ressent la chaleur de cette nation, dans la couleur des immeubles et les pubs innombrables placardés d'enseignes Guinness.


On voit le développement fulgurant des années 2000, dans les chantiers titanesques et les projets immobiliers. On se souvient que le Tigre celtique était même parvenu à battre son ancien suzerain en PNB par habitant.


Puis on reconnait aussi la crise, les magasins vides, les prix en euros beaucoup trop élevés qui poussent les Irlandais à faire leur course dans le Nord et bénéficier de la livre sterling dévaluée. La cruelle rivalité économique a remplacé l'animosité nationaliste! Les taxis sont trop nombreux et patientent pendant des heures à l'affut du moindre client. On se rappelle que l'Irlande qui fut tigre fait désormais partie des "PIGS", affreux surnom dont on affuble les pays en difficulté de la zone euro.






Mais la crise passera et Dublin est une belle ville. A voir et savourer, Guinness de rigueur.


Lire aussi:
http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/03/25/le-pib-irlandais-a-connu-une-chute-historique-de-7-1-en-2009_1324548_3214.html

23.3.10

Irlande du Nord

Drôle de pays que l'Irlande du Nord. Petit morceau de Royaume-Uni perdu dans la verte Irlande, chargé de mauvais souvenirs mais tourné vers l'avenir.

A Belfast, le ciel se charge de gris, déverse des trombes d'eaux puis se recolore de bleu en moins d'une demi-heure. Un peu comme l'histoire mouvementée de cette terre. On m'a reparlé de comment c'était avant 1997. Et comment tout cela parait impensable maintenant. Une directrice de magasin m'a meme avoué que les jeunes ne comprennent meme pas aujourd'hui comment, il y a seulement quelques années, Belfast pouvait être quadrillé par l'armée et pourquoi. Comment un pays aussi évolué avait pu sombrer dans la haine. Désormais, une seule  équipe de rugby représente les deux Irlandes et on passe la frontière sans s'en rendre compte.

En Irlande, on appelait cela les "troubles". C'est souvent qu'on utilise des euphémismes pour qualifier les sombres épisodes de son histoire. Au Liban (ou en Algérie) ne parle-t-on pas volontiers d'"Événements" pour qualifier les pires guerres civiles?

20.3.10

De l'intégration made in France ou made in the UK


En tant que Français Londoniens, nous n'en finissons pas de disserter sur les différences culturelles entre la France et l'Angleterre. Une des plus frappantes est la notion de l'intégration - ô combien d'actualité - des immigrés et de leurs enfants.

Pour faire court, en France nous persistons à croire au brassage total. L'étranger est invité a faire de son mieux pour devenir Français. La société encourage le mariage mixte, symbole de l'assimilation. L'école laïque jacobine gomme les différences et pourchasse presque la religion, la langue du bled ou l'accent. L'étranger se francise et la France l'absorbe et s'enrichit. Mais tout étranger qui ne joue pas le jeu et revendique ses origines court le risque d'être exclu, notamment dans le monde de l’entreprise. Le Président de la République lui même recommande la discrétion aux musulmans (dans sa tribune dans le Monde sur les minarets suisses).


Impensable et shocking en Grande-Bretagne ou l'étranger est libre de vivre avec ses coutumes et ses traditions même les plus exotiques. Aucun problème ou presque s'il préfère rester avec les siens dans des quartiers mono-ethniques. Pas de souci pour enseigner l'islam a l'école publique si la population du quartier le demande! Le voile intégral est synonyme de pétrodollars chez Harrods et n’occupe aucune place dans les débats nationaux. Mais la tolérance a des limites. Jamais, au grand jamais, cet étranger ne deviendra Anglais. Il sera au mieux Britannique. Dans le pays ou même les classes sociales n'ont aucun empressement à se mélanger, les mariages mixtes restent anecdotiques ou folkloriques. Les accents posh, cockney, écossais ou irlandais et a fortiori indiens ou moyen-orientaux sont cultivés sans aucune honte. Grand avantage, la couleur de peau et l'origine ne semblent avoir aucune importance dans la sphère professionnelle. En somme, les étrangers sont les amis des locaux au travail et au pub du vendredi mais presque jamais à la maison ou dans la famille.

Idéaliste en France, rêvant d'une assimilation continue mais se heurtant de plein fouet à la crise économique, au racisme latent et aux conflits. Trop pragmatique et désabusée en Angleterre, excluant tout véritable brassage mais moins frustrée puisque moins rêveuse. L'intégration reste un grand dilemme.

13.3.10

Carla et Nicolas: le retour

Ca faisait longtemps qu'on ne les avait pas vus défrayer la chronique. C'est par la presse anglaise dans une page ostentatoire du Daily Mail (dans un avion, il faut bien lire ce qu’on trouve!) que j'ai appris que Carla et Nicolas refaisaient parler d'eux.

Le quotidien à gros tirage s'est donné à cœur joie de déterrer les passées respectifs de notre couple présidentiel. On se re-gausse du petit maire coureur des jupons, surtout ceux des femmes qu'il a lui-même mariées. On re-savoure la libertine autoproclamée et pro-polygamie, sans oublier les histoires de talonnettes qui n'en finissent plus d'amuser l'Angleterre. Et enfin pour terminer le tout, on étale des supputations sulfureuses sur la liaison de Carla avec Benjamin Biolay et l'aventure du Président avec sa ministre de l'écologie.

Amusant que Twitter se mêle des intrigues de palais. Intéressant que le Daily Mail qui n'est pourtant pas un tabloïd n'ait eu besoin d'avancer aucune preuve ou source pour servir cet article. Quelle que soit l'issue et la vérité de toute cette histoire, elle me donne l'impression qu'elle n'intéresse que les intéressés … et un peu les Anglais?

7.3.10

La synagogue de Beyrouth (suite)

Aux premiers jours de ce blog, il y a presque un an, je me félicitai de la rénovation annoncée de la synagogue de Beyrouth. Vous pensez bien, l'amoureux des vieilles pierres, le nostalgique des tuiles rouges, le fervent partisan du dialogue israélo-arabe, le défenseur des minorités religieuses que je suis, une pareille nouvelle ne pouvait que me combler.


Et par bonheur, ce n'était pas une rumeur! Les travaux avancent sur cette jolie synagogue lovée dans ce vieux quartier qui un temps hébergeait plus de 10000 Juifs Libanais. Par un pur hasard, je suis moi-même né dans ces rues du centre-ville de Beyrouth. Peut-être qu'on se sent spirituellement davantage concerné par ce qui se passe dans son quartier natal meme si on ne le connait pas bien.

Certes l'écrasante majorité des Juifs Libanais sont partis –il en resterait une petite centaine - mais la restauration de leur synagogue reste un bel hommage. Meme dans la patrie des plus féroces antisionistes, de ceux qui démonisent l'autre sans nuance, les messages de paix peuvent triompher. La synagogue de Beyrouth en sera un, comme une rose au milieu des ronces.



Voir la page Facebook d'ou je tiens ces bonnes nouvelles:



3.3.10

Beau Chopin

Dans ma voiture ce matin résonne le Nocturne de Chopin en mi bémol majeur…

Tout n’évoque que virtuosité, la subtilité des accords, la beauté de la mélodie et la délicieuse surprise de quelques dissonances à la fin des envolées. Mais aussi la légèreté des doigts, l’extraordinaire habileté et la finesse du pianiste, un vieux copain qui se reconnaitra si un jour il lit ces lignes. J’explique à ma fille intriguée par mon enthousiasme, qui est Chopin, pourquoi c’est si beau et aussi surtout qui est cet Emmanuel qui joue si bien. J’explique comment leur alliance fonctionne à merveille. Et pourquoi le génie de celui qui a écrit n’est rien sans le talent incroyable de celui qui interprète.


Loin des regards, loin des couleurs, loin des images, la musique quand elle est si juste nous touche toujours en plein cœur. La journée s’annonce tout à coup beaucoup plus belle même si les nuages ont repris possession du ciel de Londres.