3.6.11

Win win

Win win est une bonne surprise. La comédie dramatique américaine parait banale et manque de rythme de prime abord : Le père de famille ordinaire, avocat médiocre a la vie étouffante entre le manque d’argent et des hobbies improbables et sa femme aussi américaine que moyenne, ca ne fait pas rêver.

Mais ces gens insipides se retrouvent soudainement devant des responsabilités et des émotions et ils se sentent investis de devoirs envers d'autres et d’affection pour des personnages attachants, tout d’un coup, par hasard. La sortie de la banalité, la sortie de l’ennuyeux se transforment alors en soulagement pour le spectateur. Même ceux qui croyaient avoir raté leur vie peuvent d’un coup lui retrouver un sens et y prendre gout.

1.6.11

Ratko et Djoko

Drôle de printemps animé d'alphas et d'omegas, d’anges et de démons.

Je pense au rebelle Libyen adolescent et innocent et au vieux colonel pourri qui fait tirer sur le peuple et s’accroche, je vois la manifestante syrienne se jeter dans la gueule d’une police tueuse championne de la répression, je n'oublie pas ce clivage français entre hommes normaux et hommes pervers et je termine par l’amusant concours de circonstance qui propulse ensemble au devant de la scène serbe le tennisman le plus adulé et le militaire psychopathe le plus détesté.

L’un nous fait rire et suscite l’admiration partout (Vogue US lui consacre même plusieurs pages ce mois-ci), l’autre nous plonge dans les pires souvenirs d’une guerre qu’on pensait impossible. Je me réjouis évidemment que les clichés en souffrent et que l’homme Serbe ne soit plus réduit à des apparatchiks poursuivis pour génocide. En espérant que d’autres nations à l’image noircie se parent bientôt de leur Novak et qu’elles démontrent qu’elles peuvent faire rêver… aussi.

24.5.11

Retour des classes

On ne se lasse plus de disserter sur notre Europe où les inégalites ne font que se creuser.

Il ne s'agit pas d'effondrement mais plutot d'affaissement lent et insidueux du pouvoir d'achat des classes moyennes. Il y a trente ans, un médecin, un professeur de lycée, un cadre et leurs familles bénéficiaient pleinement de ce que la société avait à offrir: maison et jardin en province ou appartement familial à Paris, voiture, vacances au soleil pour la famille, garantie d'une éducation nationale gratuite et de qualité. Aujourd'hui, après une stagnation des salaires, une inflation continue, une explosion de l'immobilier, leur situation se retrouve soudainement bien précaire: les personnes vivant en couple avec enfants doivent toutes deux travailler, les loyers sont onéreux, l'accès à la propriété réservé à des minorités et les écoles publiques de leurs enfants sombrent doucement dans la médiocrité. Pire encore, les étudiants bardés de diplômes peinent à trouver un emploi. Je me sens très enuyeux, presque rébarbatif mais mon constat est flagrant. Vingt ans après la chute du communisme, la classe moyenne qui l'avait enterré se re-prolétarise dangereusement.
Face à elle, les élites privilégiées n'en paraissent que plus tapageuses. Une néo-aristocratie détestable et bigarrée composée de magnats démagos au mieux et mafieux russes au pire sans oublier les banquiers arrogants, leurs prostituées de luxe et les dirigeants politiques débridés et corrompus. On en finit presque par regretter l'aristocratie de l'ancien régime qui avait meilleur goût et meilleures valeurs.

Et les voilà qui se font face sans se parler. Les privilégiés des soirées de Cannes avec leur champagne et leurs paillettes d'un côté, les manifestants de la Puerta del Sol qui réclament emplois et croissance à leurs dirigeants ineptes de l'autre. Triste décadence Europénne, retour des classes et des castes avec tous leurs dangers.

19.5.11

Obamasceptique


Peut-on croire encore à la bonne foi de M. Obama quand il nous parle de Moyen-Orient ? Le voilà qui se réveille et nous affuble d’un « Le Caire bis », nouveau discours d’ouverture vers le monde Arabe. Il prend le parti des manifestants contre les dictateurs en Syrie et ailleurs et il affirme son attachement à la création d’un Etat Palestinien dans les frontières de 1967 (ou presque) ce qui constitue un geste positif pour les Arabes.

Mais contrairement au premier discours du Caire, on a un peu de mal à y croire cette fois. Le Prix Nobel de la Paix trop vite gagné, Obama nous a déçu dans son incapacité à faire avancer les négociations israélo-palestiniennes  : On regrette trop sa faiblesse devant l’intransigeance du Likoud, son incapacité a stopper ou suspendre la colonisation, le veto américain à toute condamnation d’Israël à l’ONU, son silence inexplicable  alors que l’Etat Hébreux grignote les territoires arabes dans une politique du pire qui fait frissonner tant elle est profondément raciste et injuste.  Grace à son regain de popularité, réussira-t-il à faire mieux ?
Moi qui me disais obamaphile optimiste, je me retrouve obamasceptique.

17.5.11

DSK Catastrophe

Il n’est pas facile de se prononcer sur l’affaire DSK.
Dois-je m’abandonner à ce faisceau de présomptions qui accablent ce monstre de la politique? Ou dois-je me confiner à la sacro-sainte présomption d’innocence tout en me demandant comment un homme intelligent, averti et fin politique ait pu se faire piéger de façon aussi triviale, sans parler de théories de complot qui en découleraient et que je déteste par principe?

En tout cas, j’avoue que je suis stupéfait, voire terrifié que le mythe de Dr Jekyll et Mr Hyde puisse se concrétiser ainsi pour la France politique: l’homme puissant et sérieux, donné (certes un peu trop vite) favori dans la course pour l’Elysée se dévoilant, un jour de folie, en monstre violent et pervers ! Et je me demande: est-ce donc une fatalité que les hommes de pouvoir soient des malades du sexe ? De tout temps, des orgies des Romains aux libertinages des Rois en finissant par Clinton, Berlusconi, DSK et Sarkozy, leur exercice du pouvoir détraquerait-il leurs niveaux de testostérone? Ou alors au contraire, y aurait-t-il une malformation congénitale, un mal inconnu qui amène des maniaques du sexe à conquérir les hautes sphères et gouverner ? La poule ou l’œuf ? Le fait que de nombreux monarques héréditaires (qui n’ont rien eu à conquérir) aient présenté ces symptômes de subversion rend plus plausible la première hypothèse. Le pouvoir monte certes à la tête mais il descend aussi en dessous de la ceinture.

Sans être un fan de M. Strauss-Kahn, je me surprends à espérer qu’il puisse en être autrement, que l’homme puisse se défendre, tout nous expliquer et se sortir de cette pathétique impasse. Contrairement à de nombreux critiques, je ne pense pas que DSK soit encore définitivement enterré. S’il arrivait à prouver son innocence, qui sait ce qu’il adviendrait ? L’opinion publique n’est-elle pas aussi prompte à réagir qu’empressée d’oublier ? Mais s’il terminait condamné, humilié, écroué comme un vulgaire délinquant sexuel, quid de cette époque française qui ressemble à un naufrage de notre classe politique et de nos élites ? Les éclaboussures de l’affaire Woerth, la débâcle des ministres corrompus et aujourd’hui les crimes terribles de candidats à la magistrature suprême… Les défenseurs du populisme et du « Tous pourris » doivent se frotter les mains. Pauvre France !