Ces derniers jours au Liban furent
instructifs. Embouteillages monstrueux, escapade a Tripoli, discussions
politiques plus stériles que jamais…
Le trafic a atteint dans Beyrouth et sa
banlieue des niveaux de saturation qui encouragent beaucoup a rester chez eux.
Ils sont le symptôme le plus éclatant de la vision court termiste des
dirigeants. Il y a trop de voitures sur la route ? Construisons une
autoroute (ou ‘autostrade » comme on dit là-bas). L’autostrade est trop encombrée?
Elargissons la. Elle est toujours bouchonnée ? Construisons plus d’échangeurs.
A chaque fois, l ‘Etat s’endette un peu plus et quelqu’un sans doute se
remplit un peu plus les poches. Meme les chauffeurs de taxi excédés reparlent
du train et des ses bienfaits. Et moi qui adore les voies ferrées, je rêvais
dans les bouchons de la
renaissance de cette ligne ou ce tramway qui remettrait le centre-ville a 10mn des banlieues
sans smog ni klaxons.
L’urbanisation sauvage n’en finit pas de faire
des dégâts dans les quartiers centraux de Beyrouth et sur une cote submergée de
ciment. Pas une seule loi d’urbanisme, pas une seule règle… On laisse des
promoteurs construire des barres de béton sur des collines de pins parasols comme s’ils les avaient récupérées de
la Courneuve. Sans compter l’autoroute qui éventre la montagne pour desservir
le village d’un politicien mégalomane. Il ne reste plus grand chose de la jolie
montagne vantée par la Bible et chérie par les Orientalistes. Il y a une vraie
urgence a arrêter ce massacre et il n’est jamais trop tard. Heureusement, quelques vieilles maisons traditionnelles résistent et me remplissent de joie!
Une escapade a Tripoli et vous voilà plongés
dans une véritable ville d’Orient avec ses souks, ses mosquées et ses
incroyables pâtisseries. Le tout surplombé d'une forteresse croisée,
Tripoli a de l’allure et sa réputation de ville radicale, islamiste et sale est
injuste. Les gens y sont très amicaux et fiers de leur cité. Ironie, alors que
j’habitais a 8 km au nord de Beyrouth et donc a 70 km de Tripoli, je fis le
trajet plus rapidement que pour aller dans la capitale!
Le bilan pour moi est que le Liban a cruellement
besoin de services et d’un Etat stable qui travaille. Et qu’il n’a pas besoin
de discussions politiques, de débats ou de grands slogans nationalistes. Les querelles confessionnelles, pro- ou
anti-syriennes, pro- ou antioccidentales ne sont qu’une drogue administrée a
ces gens pour leur faire oublier leur véritables soucis. Comme si les innombrables discours
politiques a la radio divertissaient les automobilistes excédés pour les empêcher de se rebeller.