Difficile d'avoir un avis tranché au sujet des extravagantes rénumérations des banquiers.
Ma première réaction face au tollé que provoquent les impertinentes annonces de bonus a longtemps été un mélange de fatalisme et de pragmatisme. Ler capitalisme n'est pas un système basé sur la justice ou l'équité. Ce qui compte, c'est l'offre et la demande. On n'a là qu'un des côtés choquants de ce système mais il faut bien l'accepter.
Pourtant, au fur et à mesure - serait-ce mon séjour actuel en France qui me rendrait idéaliste? - j'avoue que je commence à penser qu'il y a peut-être des manières de réguler cet aspect du capitalisme qui a visiblement dégénéré.
Mais plutôt que chercher à priver nos traders de leurs bonus ce qui n'aboutirait qu'à les voir émigrer dans les pays anglo-saxons plus complaisants et détruire de la valeur pour l'économie française, je pense que les solutions sont comme souvent dans la régulation du système.
Par exemple, une vraie question se pose: Pourquoi les traders et autres aventuriers de la Finance ne reçoivent-ils pas de salaires fixes significatifs qui reflètent leur expérience et leurs compéténces? Qu'on veuille rémunérer leur performance de façon variable est certes compréhensible mais pourquoi la part de variable est-elle devenue disproportionnée au risque de faire de leur travail et de leur vie une perpétuelle fuite en avant? Pourquoi leurs salaires fixes sont ils si anecdotiques?
Si la machine du risque et de la rémunération s'est emballée, les coupables sont moins les traders que les banques qui font reposer le risque sur leurs employés et leur rémunération. D'où des comportements jusque-boutistes et malsains que l'on connaît. Ne pourrait-on pas penser à des mesures fiscales pour pousser les établissements financiers à réduire la part de vraiable dans la rémunération des traders, en résumé, payer plus de fixe et donc moins de bonus?
A cela, mes amis banquiers me soutiennent que de véritables mesures contre les prises de risque insensées (notamment celles qui consisteraient à forcer les banques à garder dans leur bilan une partie des valeurs qu'elles commercialisent) pourraient significativement réduire les dérapages et la production d'actifs vérolés. Pourquoi de telles mesures ne sont toujours pas à l'ordre du jour? Nos technocrates et faiseurs de loi ne comprennent=il plus rien au monde de la finance?
Les autorités pourraient baisser les niveaux de risques pour les employés dans leur salaire et forcer les banques à prendre elles-mêmes plus de responsabilités ce qui pourrait avoir comme résultat une baisse des niveaux de risque pour toute l'économie et pour la société en général.
Mouais.
RépondreSupprimerD'abord les salaires fixes ne sont pas particulierement anecdotiques en banque pour les metiers dit "front". Je ne connais pas de metier ou de simples salaries sans fonctions de direction aient des salaires equivalents. L'augmentation des fixes est a mon avis un faux debat. Si les salaires moyens et meme medians des salaries seniors (meme moyennement seniors) en banque etaient publics (mais le mot 'salaire' fait moins vendre de journaux que le mot 'bonus'), cela tuerait toute velleite d'apaiser les foules par une augmentation desdites remunerations fixes.
Le debat, plus large, sur les criteres des salaires, est vaste et depasse de beaucoup celui actuel des revenus des banquiers, meme s'il en est un point marquant. Un banquier "vaut-il" plus qu'une infirmiere? Et selon quels criteres? Societaux? D'offre et de demande? Si a defaut on part du principe que du moins dans les banques, il est question d'offre et de demande pour determiner les salaires, je m'etonne qu'avec des revenus potentiels aussi eleves la banque n'attire pas plus de demande, meme "au rabais" (ie. de gens qualifies proposant leurs services au rabais). NB: etant "du serail", je ne donnerai pas mon avis sur ce point precis ici en page ouverte, mon ami ;-)
Le vrai point realiste, a mon sens, dans le debat sur les bonus, est d'aligner ceux-ci sur la rentabilite globale, et sur leur duree complete, des operations engagees par les intervenants; autrement dit, revenir a une version partenariale et non salariale de la banque. Les banques prenaient moins de risques lorsqu'elles n'etaient pas cotees. Pour moi le risque doit reposer sur les salaries, et en cela je diverge avec toi. Je ne vois pas en quoi le fait qu'une banque doive garder dans son bilan une partie des valeurs commercialisees reduirait la prise de risques de ses salaries. Ceci permetrait une baisse du risque systemique, et donc la necessite de "bailouts" ("too big to fail"), ce qui est un vrai plus, certainement, et l'on y viendra, sous une forme ou une autre. Mais ca ne permettra en rien a la grande presse francaise de mettre un terme aux agissements si odieux de ces infames banquiers. Les risques continueront d'etre courus tant qu'ils seront asymetriques (si ma transaction marche, je touche un gros bonus, et si elle ne marche pas, mon employeur perd de l'argent).
Une des variables venant perturber cette equation est la question des bonus garantis, et rachats de primes. Il faut sans doute, si l'on est puriste, legiferer sur ce point. Certainement pas en les interdisant, car cela tuerait les transferts de competences, pour employer une image fleurie. Mais plutot en calquant chez le nouvel employeur un echeancier equivalent.
Enfin bref. Il se fait tard.
Bises a A-I et toi!
salut charles
RépondreSupprimertout d'abord merci de ton commentaire; ça m'a fait plaisir que tu lises mon blog ;-)
juste deux éclaircissements:
- tu m'as écrit: "Si les salaires moyens et meme medians des salaries seniors en banque etaient publics, cela tuerait toute velleite d'apaiser les foules par une augmentation desdites remunerations fixes."
En France en tout cas, les salaires fixes sont bien en dessus de ce que les traders pourraient encaisser dans d'autres professions avec leur profil. Certes ce sont des salaires élevés à l'échelle nationale mais pas suffisamment par rapport au profil et aux compétences ou à la rareté du trader ou du vendeur. D'où peut-être la conviction des banquiers qu'ils perdraient immédiatement leurs bons employés si les bonus étaient gelés.
- tu as aussi rajouté: "Je ne vois pas en quoi le fait qu'une banque doive garder dans son bilan une partie des valeurs commercialisees reduirait la prise de risques. "
Mon point était inspiré de l'avis d'un ex-banquier qui paraissait convaincu que la surproduction et l'échange intempestif de produits financiers basés sur des actifs douteux auraient pu être réduites si les banques devaient garder même un petit pourcentage de cet actif. Alors qu'en l'absence d'une tele contrainte, la tentation de créer, commercialiser des actifs douteux est énorme car il n'y a jamais de retour de flamme. D'où l'énorme fuite en avant du système. Un autre londonien nous a soutenu dès le début du credit crunch que la plupart des banquiers savaient très bien que tout allait s'écrouler mais que l'appât du gain rapide sans possible pénalité avait été le plus fort...
Voilà mon humble avis de non-banquier non expert :-))
J'espère que tu passes de bonnes vacances. A bientôt