28.11.24

Neige et trêve / Snow and truce (scroll down for English)



Une première couche de neige a recouvert cette semaine les sommets du Mont-Liban. Elle est  peut être arrivée comme un bon présage de la trêve qui commence et de l’arrêt des bombardements israéliens.

 

La neige a cela de beau qu’elle cache de son manteau blanc tous les dégâts, les imperfections et les blessures de ce pays. Notre diva nationale Fairuz l’avait chanté : « qu’il neige ou qu’il fasse beau je t’aime Liban jusqu’à l’infini » . 


Toutefois,  on espère que cette nouvelle trêve soit un peu plus pérenne qu’une petite neige précoce. On voudrait une vraie occasion de guérir nos plaies plutôt que les panser. On rêve que l’armée libanaise soit réellement la seule qui contrôle notre sud, que le Hezbollah et les milices variées qui utilisent ce territoire à leur guise pour se battre avec Israël cessent de violer notre souveraineté. Et que la violence israélienne contre notre sud  martyre depuis  plus de cinquante ans puisse enfin cesser. 


Pour que tout cela soit envisageable, la seule solution  est que nos institutions fonctionnent à nouveau et que le Hezbollah accepte de rejoindre le giron de l’Etat et lui rendre ses armes. Que nous élisions enfin un président rassembleur et que nous formions un gouvernement. Parviendrons nous un jour à unir ce pays blessé ? Quand notre neige fondra, l’espoir est qu’elle fasse place à des fleurs plutôt qu’à de nouvelles bombes. 


Snow and truce


A first layer of snow covered the peaks of Mount Lebanon this week. It may have arrived as a good omen of the truce that is beginning and the end of Israeli bombings.


The beauty of snow is that it hides with its white coat all the damage, imperfections and wounds in this country. Our national diva Fairuz sang it: "whether it snows or shines I love you Lebanon until the world ends ". 


However, we hope that this new truce will be a little more lasting than an early snow. We would like a real opportunity to heal our wounds rather than bandage them. We dream that the Lebanese army will really be the only one that controls our south, that Hezbollah and the various militias that use this territory at will to fight with Israel will stop violating our sovereignty. And that the Israeli violence against our martyred south for more than fifty years can finally end.


For all this to be possible, the only solution is for our institutions to function again and for Hezbollah to agree to join the state and surrender its weapons. For us to finally elect a unifying president and form a government. Will we one day succeed in uniting this wounded country? When our snow melts, the hope is that it will give way to flowers rather than new bombs.

Chagrin de Libanais


 Chagrin de Libanais


Quel immense chagrin d’être Libanais ces temps ci.

De voir mon pays s’effondrer encore plus, détruit par cette épidémie de haine et de violence qui nous consume avec le Levant tout entier.

Ce Liban qui m’a enfanté,j’en viens même à me demander si je le reverrai un jour.  Si cette armée suréquipée financée par les plus grands de ce monde  s’arrêtera, avant de tout détruire et nous annihiler. Si nos villages cesseront de brûler et si les colonnes de Baalbek tiendront encore.Si ces avions et drones ne sillonneront plus le ciel et et si cette fumée noire cessera un jour ou pas, d’assiéger notre petit aéroport où il faisait doux de revenir.


Mon pays semble cette fois sur le point de disparaître pour de bon, à coup de divisions et de destructions. En faillite, sans leadership et transformé en champ de ruines. Il est devenu un camp de réfugiés géant pour tous les levantins en détresse, les Syriens depuis 2011, les Palestiniens depuis 1948 et les Libanais eux mêmes, réfugiés dans leur propre pays. 


Dans ces idées noires qui se bousculent, je me surprends à me demander même si je ne suis pas aussi un peu responsable de tout cela. Tout comme beaucoup d’entre nous qui avons préféré partir, vivre nos vies à l’abri, loin de notre terre natale torturée.. Ce faisant, nous l’avons abandonnée à son sort et précipitée dans son malheur. Nous l’avons condamnée à sombrer, déchirée par les influences extérieures. Si nous étions tous restés, aurions-nous pu aider à inverser sa trajectoire mortifère?