6.11.23

Une seule recette pour le Liban

 Mon dernier voyage au Liban m’a inspiré ces questions. 

Comment expliquer à certains membres aguerris des communautés chrétiennes que leur combat n’est pas un combat religieux, que leur rêve d’un Liban moderne, ouvert sur le monde et respectueux des libertés est un projet civilisationnel et non pas sectaire. Qu’il ne sera pas rendu possible par une sécession ni par un système fédéral. Qu’il n’existera que lorsqu’ils y travailleront avec toutes les élites du pays quelles que soient leurs origines communautaires, chrétiennes, musulmanes, juives ou agnostiques. Et quand d’aucuns s’égarent dans leurs peurs existentielles et islamophobes, j’ai envie de leur rappeler que si on veut vraiment parler de religion, le message de Jésus est le contraire de ce que prêchent les partis « chrétiens ». C’est un message de pardon, d’amour et d’acceptation de l’autre dans sa différence (le bon Samaritain). « Aimer son prochain comme soi-même », envers et contre tout ! Tout comme par ailleurs, l’islam prescrit « d’aimer pour son frère ce qu’on aime pour soi-même » … Ce sont là des messages très éloignés des appels chimériques à la partition et au repli sur soi. 

Comment aussi convaincre la population envoûtée par le Hezbollah que la solution pour développer le Liban ne viendra jamais de l’Est. Que la nécessité de se défendre contre l’impérialisme ne devrait pas nous faire oublier la supériorité civilisationnelle du modèle démocratique occidental. Que la prospérité et la liberté ne viendront pas de l’Iran, de Russie ou de Syrie dans leurs états actuels. Dans ces autocraties en déroute, nous ne trouverons ni universités, ni avancées médicales, ni mode de vie enviable. Rien de bon ne sortira d’États obscurantistes qui peinent eux-mêmes à gérer leurs populations opprimées. Ces autoproclamés « défenseurs contre Israël » seront les premiers à nous lâcher si leurs intérêts les y poussent. L’histoire l’a déjà prouvé.

Et enfin, comment faire pour que cette recette pourtant si évidente puisse s’imposer à tous : celle d’un Liban apaisé, ouvert, neutre, tolérant de toutes les croyances, mais laïc dans ses lois, et surtout à égale distance des puissances impérialistes et des dictatures orientales. Collaborer avec tous sans s’assujettir à quiconque, défendre fidèlement et aimer son concitoyen si différent soit-il, le voilà l’unique chemin possible pour un pays comme le nôtre. 


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