15.7.20

2020: Quelle année...

Quelle année !
Quelle année... à peine arrivés à sa moitié, nous avons déjà hâte qu’elle se termine ! Un virus nous a tous pris en otage, attrapés par la queue alors que rien ne semblait freiner nos courses respectives, plus folles les unes que les autres. Course au profit, course au succès, course à la croissance ou celle, plus obscure, à l’armement ou au pouvoir. 
À ce propos, heureusement que le virus ne semble pas avoir épargné le populisme. Donald Trump n’en finit plus de se ridiculiser, et avec lui l’Amérique, de cafouillage en calembour, sa démagogie de bas étage jadis dissimulée par la croissance économique est désormais dévoilée : elle est là, béante et obscène au grand jour. Bolsonaro est lui aussi malade du virus, aux sens propre et figuré alors qu’il niait presque son existence. Tout comme Boris Johnson avant lui, hospitalisé après avoir refusé fièrement de porter un masque ou de confiner l’Angleterre. Le virus nous a ironiquement rappelé le danger d’élire des bouffons par colère ou dépit. En cas de crise, on se rend compte qu’il vaut mieux un dirigeant compétent sans charisme qu’une grande gueule qui raconte n’importe quoi. 
Le virus a aussi réveillé des blessures. Je pense bien sûr à la plaie encore béante de l’esclavage ici en Amérique et la nécessité de continuer à lutter contre le racisme et les préjugés. Mais aussi à la blessure économique de cette révolution digitale où quelques brillants milliardaires pèsent insolemment plus que le PNB de certains pays, sans payer d’impôts ou presque, alors que la classe moyenne autour d’eux sombre dangereusement dans la pauvreté. La nécessité d’un retour au keynesianisme se profile. Espérons qu’il puisse sauver nos démocraties. 
Enfin, en Orient, les malheurs s’aggravent. Israël finit d’asservir les Palestiniens en leur volant le très peu de terres qui leur restent dans une impunité inégalée. La Turquie sombre dans l’obscurantisme. Puis mon pauvre Liban natal qui agonise : mal géré, endetté, corrompu et livré à ses démons, le virus est son coup de grâce. Je regardais hier cette vieille photo des années cinquante, montrant mon père trônant fièrement sur l’avant de sa première voiture dans cette montagne si belle. Emblématique d’un Levant disparu, ou d’un monde romantique dépecé par les loups. Cet Orient-là, désormais à genoux, saura-t-il un jour se ressaisir ?

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