15.4.10

Charité escroquée

La plus belle des traditions et la plus repoussante modernité continuent à se faire la guerre au Liban. Et pas seulement dans l’anarchie des grues et des chantiers qui démolissent à mon grand dam les beaux vieux immeubles traditionnels pour les remplacer par des mini-tours dubairotes.

Plus insolite, des charlatans modernes ont décidé de détrousser les charitables citoyens. On parle dans mon vieux quartier d’Achrafieh d’un jeune faux vendeur d’huile d’olive qui se présente chez les bons Beyrouthins plutôt âgés. Il leur demande : « Ou-est ce que vous passez l’été généralement ? ». Ils lui répondent par les noms des villages perchés sur le Mont-Liban ou la bourgeoisie de la ville aime à s’exiler quand la chaleur devient étouffante.

C’est là qu’il attaque. « Mais alors, vous ne m’avez pas reconnu ? ». Les gentils messieurs ou dames – un instant étonnés - ont vite fait de lui répondre : « Mais si, tu dois être le fils d’un tel ? ». Il acquiesce évidemment. « Comme tu as grandi ! », « Comment va ta mère ? ». A ce moment il sait que la bataille est presque gagnée. Il est immédiatement invité à prendre un café et se gave de quelques chocolats ou pates d’amandes dont les vieux salons regorgent.

Il enchaine sur les malheurs de sa mère qui est sous chimiothérapie et sur le manque d’argent pour payer les hôpitaux. La victime est affaiblie, dépitée de ces mauvaises nouvelles sur des gens qu’elle aimait et qu’elle n’a plus revus depuis des lustres. Il abat sa dernière carte : Il vend – à des prix exorbitants – des bidons d’ huile d’olive pour joindre les deux bouts. Meme mon père a failli s’y faire prendre! L’huile est aussi mauvaise et frelatée que l’ame du vieux Beyrouth reste charitable.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Dites moi ce que vous en pensez!!