L'opposition de principe de M. Sarkozy a l'adhesion de la Turquie a l'Union Europeenne est regrettable.
Certes l'entree d'un pays gouverne par des islamistes (moderes), qui ne reconnait pas le genocide armenien, ni la republique de Chypre et dont les militaires tirent encore les ficelles peu democratiques du pouvoir peut faire peur. L'entree de la Turquie dans l'UE ne devrait pas se faire sans que de nombreux minima democratiques comme le respect des populations kurdes et des droits de l'homme en general ne soient remplis.
En revanche, s'opposer a priori a toute possibilite d'entree des Turcs fait le jeu des extremistes, de ceux qui accusent l'Occident d'islamophobie. Il est bien hypocrite de pretendre que Constantinople ne fait pas partie de l'Europe alors meme qu'on y accepte Chypre a 100 kilometres des cotes Syriennes ou Malte plus proche de l'Afrique que de l'Italie. Le refus de M. Sarkozy - meme s'il s'en defend - provient bien d'un probleme de religion. Il ferait mieux de l'admettre plutot qu'essayer de le deguiser.
De plus seules la France et l'Autriche s'opposent officiellement a cette adhesion alors que 22 pays de l'UE y sont favorables ce qui relegue la France a une position delicate de pays islamophobe. Bien en contradiction avec nos ideaux de laicite.
Je ne sais pas si les arguments geographiques ou religieux sont valables dans un sens ou dans un autre. Istambul est en Europe, mais Ankara, la capitale, est en Asie Mineure. La Turquie a une frontiere avec l'Iraq, ce que n'ont ni Chypre, ni Malte.
RépondreSupprimerLa Bosnie, qui est candidate potentiel a l'adhesion a une population musulmane (disons plutot que sa minorite musulmane est la plus importante relativement). Ce qui fait la difference avec la Turquie est la taille du pays, et je comprends tout a fait la position de Sarkozy. Je pense aussi que c'est moins hypocrite de dire ca des le depart, plutot que de faire miroiter a la Turquie une adhesion, qui au final serait refusee par certains autres Etats usant de leur veto. Donner la possibilite a la Turquie d'acceder a un partenariat privilegie me semble une meilleure solution.
L'Espagne a une frontiere avec le Maroc (a Ceuta et Melilla) mais je comprends ton point de vue. Si l'UE etait encore a 12 ou a 15 j'y serais sensible. Le fait est que l'UE actuelle contient 27 nations differentes rend a mon avis le poids de la Turquie moins problematique.
RépondreSupprimeressai
RépondreSupprimerLa démocratie comme condition nécessaire mais pas suffisante.
RépondreSupprimerLa question de l’adhésion de la Turquie est une équation à plusieurs inconnues. Le système politique est un facteur essentiel, la situation géographique un autre, la religion un troisième, il y en a d’autres. Je pense qu’aujourd’hui, il manque beaucoup de chose et finalement si Sarko s’attache à l’argument géographique, c’est juste qu’il s’agit simplement du plus ‘politiquement correct’. Les choses peuvent-elles changer avec le temps ? Surement !
La question à mon avis en appelle une plus générale sur l’Europe, son rôle, son existence, sa signification, sa pérennité. Et surtout de quelle Europe parle-t-on ?
L’Europe zone économique qui permet de concurrencer les Etats-Unis ou la Chine ?
L’Europe monétaire de la zone Euro qui semble protéger dans une certaine mesure ses membres de la crise financière mondiale ?
L’Europe politique qui remet en cause la souveraineté des nations et leurs systèmes démocratiques ?
L’Europe culturelle, artificielle et fatalement dominatrice ?
L’Europe fiscale, l’Europe de la Défense, inexistantes et utopiques ?
L’Europe sociale ?!? (alors la je ne sais même pas ce que ca peut vouloir dire)
L’adhésion à l‘Europe et la participation de ces membres ne peut-elle pas se concevoir « à la carte » comme on choisit ses plats dans un restaurant, en fonction de son régime, de ses finances, des circonstances ? Le menu gastronomique imposé donne parfois la nausée, et sa lecture seul peut parfois couper l’appétit, surtout quand on sait qu’il n’y a pas de chef en cuisine.
Merci Tristan de ta reponse ;-)
RépondreSupprimerLe 'politiquement correct' est exactement ce qui me derange car il ne trompe personne et deguise mal l'islamohobie latente derriere la position francaise.
Mais completement d'accord sur tes autres points. De quelle Europe parle-t'on? On est loin de l'esprit d'"amitie" dans le Traite de Rome et a des annees lumieres des temptations fedralistes de Maastricht. C'est l'Europe zone economique d'abord qui emerge et zone monetaire dans une moindre mesure qui l'emportent haut la main. Et on a plutot un constat d'echec pour ce qui est defense, politique etc. C'est dans ce contexte que l'entree des Turcs me parait moins impossible.