Alors que le Liban pensait enfin se ressaisir avec l’arrivée au pouvoir d’un président de la république et d’un premier ministre éclairés et réformateurs , et que nous rêvions tous d’un retour de l’Etat et de la souveraineté, la dernière semaine de débâcle diplomatique nous prouve que nous avons péché par excès d’optimisme.
La forme et le fond de la réponse américaine aux efforts du gouvernement pour désarmer le Hezbollah et restaurer la souveraineté de l’État ressemblent à une gifle retentissante. En ce qui concerne le fond, tout Libanais sceptique ou opposé au désarmement a désormais la preuve qu’il n’y a aucun engagement de la part des États-Unis à contraindre Israël de se retirer des enclaves encore occupées dans le sud et cesser ses agressions. Pour mettre davantage d’eau au moulin du Hezbollah, la forme adoptée par l’émissaire américain avec nos journalistes est réminiscente de celle d’un commissaire colonial condescendant et méprisant.
À l’heure où l’allié inconditionnel des États-Unis continue impunément, son massacre à Gaza, nous donner des leçons sur l’animalité ou la civilisation paraît pour le moins consternant. De plus, incapable de s’excuser clairement après son dérapage, M. Barrack nous a au contraire comblé de son arrogance et son complexe de supériorité.
Pour ceux qui naïvement, croyaient à l’avènement d’une nouvelle ère de prospérité, à l’abri des puissances belliqueuses qui nous entourent, il est clair que la nouvelle donne relève plus d’une tutelle coloniale pro-israélienne après celle des mollahs. Notre pays faible car désuni semble condamné à la misère d’être un vassal pour des tyrans. Il ne nous reste qu’à souhaiter à nos dirigeants le courage et la perspicacité de dégager le Liban de cette nouvelle impasse périlleuse. Et que ces épreuves nous réunissent autour d’eux au lieu de nous déchirer.