Cette guerre interminable entre Israël et ses voisins est un grand mal chronique qui dure depuis plus de 75 ans et qui ne fait qu’augmenter en cruauté et en intensité. Quels que soient nos désaccords sur les origines de ce conflit, qu’elles soient coloniales et suprémacistes pour les uns, ou existentielles et bibliques pour les autres, aucun des protagonistes ne peut nier les horreurs innombrables qu’il a provoquées sur son chemin.
Depuis le 7 octobre 2023, cette maladie grave faites de poussées et de rémissions provisoires est clairement passée à un nouveau stade beaucoup plus critique. Les crimes de guerre s’accumulent. La déshumanisation de l’autre est à son pic. L’ampleur des pertes civiles est exponentielle. Et la passivité, mêlée d’incompétence ou de complicité, des grands de ce monde ressemble à celle d’un mauvais médecin qui nous tue par ses palabres et faux remèdes.
Pour nous,les rares modérés qui résistent encore à la tentation de haïr l’autre, l’amertume est immense. Tout comme cette douleur de voir mon Liban natal à nouveau détruit par cette guerre sans fin. Mon pays est pris en tenaille entre un Iran obscurantiste qui l’utilise comme son kamikaze depuis 24 ans, et un Israël abominable, plus virulent et impérialiste que jamais. Nos compatriotes, devenus chair à canon, sont mutilés ou décimés par le rouleau compresseur, et nos villages et quartiers brûlés une fois de plus, sans aucun résultat, à part celui d’engendrer encore plus de haine et de rancoeur. A cette tristesse s’est rajouté le chagrin de voir nos frères palestiniens massacrés à Gaza par milliers. Jamais de notre vivant n’avait-on assisté à une extermination aussi méthodique de toute une population et de son habitat. Mais en cet anniversaire morbide, et quelles que soient mon dégoût et mon rejet de la politique et de l’idéologie israéliennes, je veux aussi me souvenir de ces centaines de civils israéliens innocents massacrés par le Hamas il y a un an. Je veux penser à ces familles endeuillées et à celles qui attendent encore leurs proches depuis déjà douze mois. Je prie pour ces otages innocents qui croupissent sans espoir, abandonnés par leur gouvernement. Leur douleur est aussi la nôtre.
Au risque d’en irriter certains, je voudrais qu’on éloigne de nous cette obligation de toujours comparer nos peines, ou de justifier les crimes de guerre quand ils nous arrangent. Qu’on n’ait plus jamais peur de montrer de l’empathie, même envers un adversaire. Et qu’on trouve tous un jour le courage de ne pas laisser la rancune et la haine nous prendre indéfiniment en otage. Peut être et seulement alors, pourrions-nous guérir de ce grand mal qui nous dévore.
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