3.9.20

Tristesse et réconfort

 Le Liban moderne dans ses frontières actuelles a cent ans. Et c’est un bien triste anniversaire. Mais dans l’immense douleur des dernières semaines à la suite de la destruction d’une grande partie de Beyrouth, on peut quand même trouver des bourgeons de  consolation et d’espoir. 

En effet, l’explosion a tout soufflé emportant beaucoup de ce qu’on aimait dans cette ville. Jeunes ou moins jeunes, des Beyrouthins innocents, aimés de leurs communautés sont morts. Les maisons anciennes si belles et qui donnaient un peu de cachet à notre forêt de béton ont péri. Puis comme un symbole de toutes ces pertes réunies, une noble vieille dame, Lady Cochrane Sursock est partie, blessée par l’explosion et peut être éreintée d’avoir vu le patrimoine qu’elle avait défendu toute sa vie bec et ongle, jeté en pâture à l’obscurantisme et son palais si beau complètement ravagé.

Nous ressentons aussi l’humiliation et la nausée de voir l’incompétence de tous nos dirigeants, les uns arrogants essayant de se dédouaner maladroitement d’avoir transformé le Liban en bande de Gaza, l’autre en déni total, dépassé par l’ampleur du désastre, prostré sur son trône devenu strapontin et puis les partis d’opposition aussi peu convaincants, sans programme, sans idées, sans espoir. On a les dirigeants qu’on mérite, nous rappelle-t-on et ça fait mal d’être tombé si bas.


La consolation, elle, vient des gens, ceux qui se sont vite mobilisés dans les rues pour ramasser les débris et aider. Cette société civile qui a saisi l’occasion de se surpasser malgré sa douleur et sa rancoeur pour donner une leçon à tous. La ville a été nettoyée par leurs mains, ces jeunes ne veulent pas renoncer, ils ont encore le courage, ils sont beaux et positifs et ils sont de toutes les appartenances: Il y a des jeunes filles voilées qui ramassent le verre dans des rues de ces quartiers en majorité chrétiens. Il y a des Ali, des Hussein tout comme des Charbel ou des Elie qui s’affairent dans ces vieilles rues dévastées. Il y a ces architectes bénévoles qui aiment toujours cette ville si ingrate et qui sont à son chevet comme des médecins zélés. Il y’a ceux qui réparent de leurs propre mains en maçons improvisés. La consolation vient de tout cela, elle vient des amis personnels devenus amis du Liban et qui ont contribué financièrement à mon petit fonds improvisé pour envoyer de quoi réparer quelques vieilles maisons le plus vite possible. C’est le plus beau réconfort que de pouvoir dire non à la barbarie, non à la culture de la mort et de faire une vraie différence sur place. 


C’est un peu le pari de M. Macron quand il est venu voir Fairouz notre diva si célèbre et planter un petit cèdre dans notre montagne. Ces deux gestes symboliques disent non à la mort de cette idée folle qu’est le Liban, ce pays impossible mais qui concentre en lui toutes les contradictions et les  utopies de notre planète.

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