Nombreux sont les exemples de pays qui ne se sont mués en véritables démocraties qu’après des siècles de révolutions et de réformes.
Voici donc venu le temps pour le Liban de sortir de sa chrysalide confessionnelle et sectaire dans laquelle il se débat depuis 76 ans.
La nouvelle révolution libanaise a déjà enregistré un tout petit succès: la chute du gouvernement. La route est encore longue avant que l’essai ne soit transformé, mais, contrairenent ce que disent nos pessimistes et conspirationnistes, elle n’est pas impossible.
Il faut d’abord que la raison l’emporte tardivement chez notre président octogénaire et qu’il accepte de nommer un gouvernement de technocrates chargé d’organiser des élections anticipées. Il faut aussi que les députés acceptent la nouvelle donne et votent une loi électorale alors qu’ils risquent d’y perdre leurs sièges. Pas simple.
Après que la nouvelle chambre s’érige en assemblée constituante, il faudra enfin qu’on réussisse à instaurer un État laïc avec une constitution où ce sont les lois qui protègent toutes les communautés et non les anciens caïds. Où tous les citoyens et citoyennes ont les mêmes droits, les mêmes devoirs et les mêmes registres d’état civil. Un pays où on a le choix de se marier à la mairie si on le souhaite. Un pays où les femmes héritent les biens de la même manière que les hommes quelle que soit leur religion. Vaste programme? Utopie? Pas forcément.
Voici quelques idéees impensables il y’a quelques semaines et qui deviennent opportunes aujourd’hui:
- créer une chambre haute (sénat) qui accueillera les chefs des communautés religieuses mais les confinera à un rôle qui protège la liberté de culte et le mode de vie de chacun. Le cardinal, le métropolite les muftis et autres chefs religieux pourront enfin avoir un cadre pour nous combler de leur sagesse sans pour autant avoir le dernier mot, sauf peut être un veto en cas de changements trop radicaux. De quoi rassurer par exemple les chrétiens de ne jamais se faire massacrer ou se retrouver en république islamique (une des peurs historiques qui a entériné le système confessionnel en 1943 et qui les hante toujours).
- La nouvelle constitution devra protéger les libertés et la cohésion nationale de manière très stricte. Et pourchasser toute discrimination et tentative de division sur base sectaire qui devront être assimilée à de la haute trahison. Il s’agit là de décourager les démons du passé et inscrire l’unité nationale comme valeur patriotique.
- Pour aider les religions à rester dans les temples, les discours politiques devront être dénués de toute notion sectaire ou religieuse. Eh oui! Avec un passé comme le nôtre il faudra peut être interdire tout parti politique ouvertement maronite chiite ou sunnite.
- Les religieux ne pourront s’exprimer sur des sujets politiques que dans l’enceinte du sénat. Adieu les sermons politisés du dimanche ou les appels à la lutte politique du vendredi. Plus au Liban ! La liberté d’expression ne pourra donc être totale au moins dans une première phase pour protéger la nouvelle république.
- Le pouvoir exécutif devrait être redonné à la présidence de la république comme en 1943 mais cette fois avec une élection sans preconditions religieuses au suffrage universel à deux tours. Pour éviter toute dérive dictatoriale, la chambre des députés et le sénat pourront destituer ce président en cas de crimes ou d’atteintes à la constitution à l’instar des États Unis. Deux mandats maximum de cinq ans et sans exception nous protégeront des potentiels tyrans.
- Pour ceux qui en doutent, il faut évidemment que la branche armée du Hezbollah soit intégrée dans l’armée libanaise.
Traitez nous de fous mais n’oubliez pas que ce sont toujours les fous qui changent le monde!
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