On ne connaît pas vraiment New York si on n'a pas vu les Hamptons, l'alter ego de la cité mythique, étalé au bout de Long Island à deux heures de voiture. Une belle surprise est que New York et son Deauville sont comme l'alpha et l'oméga: la métropole la plus urbaine et bruyante est flanquée d'une ribambelle balnéaire des plus sauvages et des mieux préservées. Une lande immense sans aucun immeuble, couverte de pins, de dunes, de belles maisons en bois et de plages de sable fin interminables. Dans les Hamptons, la verticalité oppressante de la ville cède la place aux horizons les plus naturels, les demeures sont cachées dans des pinèdes ou derrière des haies patriciennes, les oiseaux, le vent de l'Atlantique et ses vagues sont les seules sources de vacarme.
Le soir du long weekend de Memorial Day, les gratte-ciel de Manhattan se désemplissent telles des fourmilières évacuées à la hâte, les condos d'uptown se vident et les rues étroites sont prises par une fièvre de départ, on charge les 4x4, on fait tout pour échapper aux embouteillages. Les ponts et les tunnels reliant Manhattan et Long Island noircissent de voitures qui partent vers l'est, à l'assaut de cet anti-Manhattan avec ses villages clairsemés. Ces New Yorkais chanceux fuient leur ville folle, abandonnent leur île hypertrophiée pour se ressourcer de quelques embruns océaniques et de moultes fêtes mondaines.
Fidèle à mon habitude que j'évoquai déjà dans mes articles britanniques, je ne résistai pas à l'attrait d'une baignade même dans l'eau encore glacée de la plage de Southampton. Mon premier été Newyorkais est désormais baptisé.