12.7.12

New York, New York


J'ai toujours aimé New York, son skyline légendaire hérrissé, son énergie contagieuse de Rome moderne où tout a l'air de se passer, ses gens semblant venir de tous les recoins de la planète déversés dans la cité aux avenues et aux rues, comme dans un jeu, éternellement étrangers mais si vite autochtones à la fois. J'étais le touriste fugace de quelques jours, goûtant au grâal cosmopolite l'espace d'un voyage d'affaires, à peine arrivé que je repartai, rêveur, épuisé mais heureux et grisé. Libre.

Mais maintenant que je me prépare à devenir New Yorkais, où est-ce la fatigue des quarante ans qui approche déjà?, je m'interroge. Comment vivrai-je dans cette Babylone bruyante et intense? Manhattan n'est pas une île. Les îles ne ronflent pas, elles ne fument pas, elles ne vibrent pas. Manhattan est comme une vieille baleine échouée, gigantesque, entre East River et Hudson. Sur son dos, on aurait construit comme par erreur, une ville aux mille odeurs, tantôt luxuriantes, parfois nauséabondes. La baleine vit encore, elle souffle et soupire, vrombit et tremble sans cesse. On l'a couverte de gratte-ciels, on l'a taggée, tatouée, enchaînée et ensablée.
Manhattan n'est pas une pomme non plus. Ou alors c'en est une pas très fraîche, qui a fait place aux vers les plus fous, les plus entrepreneurs, les plus créatifs et hyper-actifs à la fois. Ce serait un fruit à la chair magique, qui rend toute entreprise possible, tout défi mineur pour peu que le vers avance dans ses galeries innombrables.

Quoiqu'il en soit, l'inspiration y est garantie. Rendez- vous début septembre, la pensée du jour déménage en Amérique.