8.12.25

Amender le Pacte National

 Nos divisions profondes, notamment religieuses, nous ont affaiblis et terrassés depuis longtemps. En cet hiver où Israël grignote impunément nos terres, bombarde nos civils et menace d’une nouvelle guerre, il est plus que jamais temps de resserrer les rangs. 


Une solution est possible pour le Liban. Amender le Pacte National et rendre les trois sièges présidentiels rotatifs entre les trois communautés majoritaires. Aux prochaines élections présidentielles, le président de la République sera de confession chiite (oui, ce n’est pas une faute de frappe), le premier ministre maronite et le président du parlement sunnite. Six ans plus tard, le Président de la République sera sunnite,  le premier ministre chiite et la chambre des députés sera gérée par un maronite etc.


Ainsi, les trois communautés auront une place équivalente dans le système et aucune ne pourra prétendre être défavorisée et avoir besoin de milices ou de puissances étrangères pour se protéger. Cet amendement du Pacte doit être immédiatement proposé par Joseph Aoun et Nawaf Salam aux partis confessionnels qui dominent encore le parlement et notamment au Hezbollah pour obtenir en échange la dissolution immédiate de sa branche militaire et le recrutement de ses combattants dans l’armée régulière. Contrairement à ce que nos crispations identitaires nous souffleront, cela renforcera la protection des minorités notamment chrétiennes qui à force de s’agripper a leurs vieux privilèges ont continuellement sombré avec. Seul un Liban uni, inclusif et solidaire peut faire face aux impérialismes qui nous assiègent. Seul un État reconnu et respecté  par tous les Libanais peut réformer le pays. Qu’attendons nous pour agir ? 


4.9.25

Émissaires et Miseres


 Alors que le Liban pensait enfin se ressaisir avec l’arrivée au pouvoir d’un président de la république et d’un premier ministre éclairés et réformateurs , et que nous rêvions tous d’un retour de l’Etat et de la souveraineté, la dernière semaine de débâcle diplomatique nous prouve que nous avons  péché par excès d’optimisme.


La forme et le fond de la réponse américaine aux efforts du gouvernement pour désarmer le Hezbollah et restaurer la souveraineté de l’État ressemblent à une gifle retentissante. En ce qui concerne le fond, tout Libanais sceptique ou opposé au désarmement a désormais la preuve qu’il n’y a aucun engagement de la part des États-Unis à contraindre Israël de se retirer des enclaves encore occupées dans le sud et cesser ses agressions. Pour mettre davantage d’eau au moulin du Hezbollah, la forme adoptée par l’émissaire américain avec nos journalistes est réminiscente de celle d’un commissaire colonial condescendant et méprisant.


À l’heure où l’allié inconditionnel des États-Unis continue impunément, son massacre à Gaza, nous donner des leçons sur  l’animalité ou la civilisation paraît pour le moins consternant. De plus, incapable de s’excuser clairement après son dérapage, M. Barrack nous a au contraire comblé de son arrogance et son complexe de supériorité. 


Pour ceux qui naïvement, croyaient à l’avènement d’une nouvelle ère de prospérité, à l’abri des puissances belliqueuses qui nous entourent, il est clair que la nouvelle donne relève plus d’une tutelle coloniale pro-israélienne après celle des mollahs. Notre pays faible car désuni semble condamné à la misère d’être un vassal pour des tyrans. Il ne nous reste qu’à souhaiter à nos dirigeants le courage et la perspicacité de dégager le Liban de cette nouvelle impasse périlleuse. Et que ces épreuves nous réunissent autour d’eux au lieu de nous déchirer. 

12.6.25

Un électrochoc pour le Liban ?

 


Les urnes ont parlé. La nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques issus de la révolution d’Octobre 2019 à perdu les élections municipales. Se positionner contre les partis sectaires traditionnels sans projet clair ne suffit plus Surtout quand le pays est divisé entre le Hezbollah et ses opposants et que les peurs confessionnelles ont gagné du terrain.


Même s’ils gardent mon soutien,  j’ai reproché aux acteurs de la contestation leur manque de vision et d’unité. Leurs egos et querelles ont pris trop de place dans leur exercice de la vie politique alors qu’ils auraient dû placer l’intérêt général bien avant leurs désaccords souvent mineurs. Espérons qu’il définissent vite une feuille de route pour les élections de 2026 avec de vraies idées et des listes unifiées.


Justement, et pour guérir le Liban de ses divisions sectaires, il faudrait peut être  un traitement de choc. À l’heure où la communauté chiite pense que le désarmement du Hezbollah la marginalisera, à l’heure où les chrétiens se crispent et ont plus que jamais peur de disparaître, pourquoi ne pas crever l’abcès et proposer un projet de réforme du Pacte National instaurant la rotation des trois sièges présidentiels entre les trois principales  communautés. Tous les six ans le président serait à tour de rôle soit maronite, soit sunnite soit chiite. Même chose pour le premier ministre et le président du parlement pour assurer un équilibre. 


Joseph Aoun et Nawaf Salam ont encore la légitimité de proposer un tel électrochoc pour nous débarrasser des armes du Hezbollah et emmener le pays vers un futur moins divisé,  plus serein et prospère. Quand le régime sanguinaire israélien et l’obscurantisme iranien continuent à sévir et profiter de nos dissensions, quand le monde entier traverse une crise profonde et les guerres s’éternisent autour de nous, il est urgent de prendre notre destin en main et innover pour ne pas mourir.


3.5.25

Terrifiante Tyrannie


 Une nouvelle page de l’Histoire s’écrit sous nos yeux à une vitesse sidérante. De retour au pouvoir depuis trois mois,  un Néron fait trembler l’Empire et ses partenaires.


Indépendamment de la justesse économique doutable de ses instincts, il a surtout terni l’image déjà dégradée de la puissance américaine par son outrance inédite. Plus grave encore, la plus vieille république démocratique du monde moderne prend des allures de tyrannie. Il fait arrêter des gens au mépris de la Constitution, il a rétabli la loi du plus fort et du plus riche, il a encouragé l’épuration ethnique des Palestiniens et a même déjà parlé de briguer un troisième mandat. Ses projets rocambolesques resteront comme des stigmates dans l’Histoire  du monde. Alors qu’il promettait la prospérité à ses fans bien crédules, il manipule les cours de bourse et enrichit ses amis. 


Je pense aujourd’hui à ceux qui prennent la démocratie pour argent comptant. Qui critiquent le système et refusent parfois de voter. Que ce marasme puisse leur apprendre à quel point  

 une république peut être  fragile. Et à quelle vitesse  tout peut basculer.  Dans les pays où ils hésiteront encore à aller aux urnes, qu’ils se rappellent ce  terrifiant début 2025. 


Et dans notre Liban qui lèche encore les plaies de sa dernière guerre inutile, dans ce pays martyre qui se rappelle aujourd’hui les 50 ans de la guerre civile qui la précipité dans le déclin, puissent les âmes de bonne volonté se remettre au travail ensemble, loin des tyrannies qui se divisent le monde. 


15.3.25

Ploutocrates, Anti-Système et Modérés, trois blocs qui divisent le monde.


Avec l’intronisation fracassante  de Donald Trump auxEtats Unis, une nouvelle division du monde en trois blocs distincts semble se dessiner 


Le premier bloc qui ne fait que gagner du pouvoir est celui de la ploutocratie néofasciste et impérialiste. C’est l’alliance des milliardaires qui rêvent d’ultra capitalisme même si leur programme fait chavirer l’ordre international . Derrière Donald Trump, et Elon Musk, on y retrouve de nombreux oligarques et pétro-monarques , et  de grands patrons réactionnaires qui dans l’ombre des frasques de Trump acquiescent plus ou moins discrètement. Comme Vincent Bolloré en France dont les médias sont soudainement devenus pro-Poutine ou les dirigeants de Walmart ou Target qui ont hâtivement abandonné tout engagement de leurs entreprises en faveur de la diversité.  Ce bloc accueille les fascistes et ultranationalistes de la planète avec un Netanyahu raciste et islamophobe qui an mis sa région à feu et à sang  ou un Poutine qui a dévasté toutes les Russies. 


A l’opposé , un bloc des anti-système qui veulent tout faire sauter a redoublé de virulence. C’est l’alliance des anarchistes ou ultra wokistes et des extrémistes de tout bord qui honnissent les grandes puissances et les classes dirigeantes. De l’ayatollah iranien et des fanatiques  amoureux du martyre en passant par des gauches populistes radicalisées, le spectre est large mais l’outrance est sans limites. Ce bloc anti-système a perdu quelques pions mais il séduit dangereusement les classes ouvrières qui sombrent dans la pauvreté et il gangrène une certaine jeunesse exaltée, déboussolée et qui peine à s’affranchir des réseaux sociaux et des biais de confirmation qu’ils engendrent. Luigi Magione, populaire jeune assassin d’un patron de wall street en est un triste exemple. 


En troisième, arrive le bloc des modérés humanistes, ni fascistes ni wokistes,  attachés à une certaine vision idéalisée du monde où la collaboration et le respect peuvent vaincre l’impérialisme et l’obscurantisme. Victime d’un manque cruel de leadership, ce bloc qui croit encore à l’ONU, ou au développement durable, est affaibli, Il essuie les plâtres de l’affaissement des classes moyennes et du creusement des inégalités, et il recule face aux dictateurs populistes des deux premiers blocs. 


Les trois blocs sont représentés au Moyen Orient.  Au Liban, et contre toute attente, le troisième bloc de modérés a réussi à prendre le dessus avec un Président et un Premier Ministre inclusifs et éclairés. Mais ils sont déjà pris en étau entre l’impérialisme americano-israélien et l’extrémisme religieux pro-iranien qui s’y oppose. Leur marge de manœuvre est donc très serrée. Simultanément, en  Syrie, Ahmad el Chareh semble vouloir rentrer son pays dans le bloc de la raison et de la tempérance après des années d’anarchie. Mais les dangers venus de l’islamisme dont il est lui même issu le pourchassent, sans compter Israël qui grignote son territoire en toute impunité avec le feu vert américain. 


Enfin et sur une note moins défaitiste, les ploutocrates commencent à payer le prix de leur arrogance avec de sérieux revers boursiers aux Etats -Unis. Alors que le Congrès est muselé, la Justice paralysée et les médias dénigrés, serait-ce donc l’ultime contre-pouvoir que représente le S&P 500 qui fera enfin reculer Trump?